On peut trouver les Églogues même où elles ne sont pas. Par exemple dans Loin, roman que j'ai relu il y a quelques semaines, et que je vais re-relire le week-end prochain, pour des raisons qui seront (peut-être) révélées d'ici un mois ou deux. La scène hautement “agissante” qui m'a fait reprendre ce roman est celle où, dans le tunnel sous la Manche (un tunnel sous la Manche, déjà, quand on y songe : une cavatine sous les pieds de Don Quichotte) la jeune Ono branle le personnage principal, tout en parlant avec lui.
(Là, l'auteur trahit en quelque sorte son homosexualité : qui aurait envie de parler avec une fille occupée à le branler ?)
Scène pivot et fondatrice pour moi, mais encore une fois je ne peux rien en dire encore.
Le hasard (?) a voulu que je relusse immédiatement après L'Amour l'Automne que j'y prenne un plaisir intense (j'ai l'impression que, tout comme L'Inauguration de la salle des vents, je pourrais bien relire douze fois ce livre (ou seulement sept, comme le nombre d'églogues qu'il contient), et que me frappe une fois de plus, avec une force accrue, la puissance des noms, des noms propres, leur force agissante, l'impérialisme de l'onomastique.
Et je reviens à cette scène “pivot” (au sens éminemment turgide du terme) de l'Eurotunnel. Durant laquelle, du point de vue du personnage principal, Ono m'astique. Découvrant cela, il y eut aussitôt la jouissance d'avoir volé quelque chose à l'auteur, et en même temps de lui avoir ajouté quelque chose, au sens où Nabokov dit qu'un lecteur, etc. Car il me semble difficilement possible, considérant le peu d'attrait que l'argot a aux yeux de Renaud Camus, qu'il ait pensé à ce que je viens de découvrir.
Par conséquent, j'ai, moi, lecteur, ajouté quelque chose à ses livres, à son œuvre. Putain, trop fort, Didier Goux !
Allez, dodo...
(Là, l'auteur trahit en quelque sorte son homosexualité : qui aurait envie de parler avec une fille occupée à le branler ?)
Scène pivot et fondatrice pour moi, mais encore une fois je ne peux rien en dire encore.
Le hasard (?) a voulu que je relusse immédiatement après L'Amour l'Automne que j'y prenne un plaisir intense (j'ai l'impression que, tout comme L'Inauguration de la salle des vents, je pourrais bien relire douze fois ce livre (ou seulement sept, comme le nombre d'églogues qu'il contient), et que me frappe une fois de plus, avec une force accrue, la puissance des noms, des noms propres, leur force agissante, l'impérialisme de l'onomastique.
Et je reviens à cette scène “pivot” (au sens éminemment turgide du terme) de l'Eurotunnel. Durant laquelle, du point de vue du personnage principal, Ono m'astique. Découvrant cela, il y eut aussitôt la jouissance d'avoir volé quelque chose à l'auteur, et en même temps de lui avoir ajouté quelque chose, au sens où Nabokov dit qu'un lecteur, etc. Car il me semble difficilement possible, considérant le peu d'attrait que l'argot a aux yeux de Renaud Camus, qu'il ait pensé à ce que je viens de découvrir.
Par conséquent, j'ai, moi, lecteur, ajouté quelque chose à ses livres, à son œuvre. Putain, trop fort, Didier Goux !
Allez, dodo...
Ono est allé jusqu'au bout?
RépondreSupprimerSi oui, rien a dire.
Si non, c'est Ono m'a stoppé.
Un peu approximatif mais bon, fait chaud!
Mais Ono ne fait rien du tout! C'est le héros qui, tout en expliquant ses théories sur la société qui bride ses libertés, lui fait pleins de choses agréables.
RépondreSupprimerCarine : on n'en sait rien ! Pas de jet de foutre, rien : le romancier nous maintient dans une irrésolution à peine supportable...
RépondreSupprimerCrevette : En êtes-vous sûre, qu'elle ne fait rien ?
Cea dit, ayant relu le passage, vous avez raison : c'est une pétasse...
"C'est une pétasse"^^
RépondreSupprimerEt moi qui m'apprêtais à dire : "c'est un type super!"^^
Non, à mon avis, elle ne fait rien du tout, elle essaie de piger le raisonnement et d'ailleurs il y a un truc qui ne me parait pas très réaliste, c'est qu'elle lui pose des questions tout le long... Normalement, ses idées devraient être quelque peu éparpillées ! Ou alors, c'est que lui est mauvais dans ce qu'il fricote.
Ce qui est drôle, c'est que tous deux gardent la tête froide pendant que le reste s'échauffe peu ou prou. Je trouve le paradoxe délicieux, j'aime cette légèreté dans la gravité du ton (ou de la réflexion)
Sans voir lu une ligne de votre idole, je trouve que ce Camus qui ne cesse de se (ou de se faire) photographier doit être un chouia narcissique. Pourquoi pas? Préférant les belles femmes aux petits vieux chauves, maigres et barbus, je n'y trouve pas mon compte mais d'autres l'y trouvent peu-être?
RépondreSupprimerJe suis ému par votre révérence vis-à-vis du "Grand Homme". D'autant plus que l'oeuve me paraît forcément supérieure à qui l'engendre.
Crevette : ah ben oui, il ne doit pas être très bon, forcément ! Je vous rappelle que l'auteur n'a pas dû branler beaucoup de filles dans sa vie. Donc, forcément...
RépondreSupprimerJacques Etienne : je ne pense pas que les "autoportraits" de Camus aient à voir avec un quelconque narcissisme : ils sont l'image de ce qu'est le journal en écriture.
(Cela étant, s'il publiait des photos der petites brunes à poil, je serais le dernier à m'en plaindre... Mais bon : ne demandons à un écrivain que ce qu'il peut donner, que ce qu'il a envie de donner.)
Quand je parle de "lui", je ne parle pas de Reanud Camus mais du héros de "Loin", je précise tout de même.
RépondreSupprimerEt patatras ! tout ce billet s'effondre sur lui-même ! Car, suite à une remarque de l'auteur lui-même (ailleurs qu'ici), je constate avec horreur que j'ai, tout à fait inconsciemment, inversé radicalement la scène : c'est lui qui branle Ono et non l'inverse !
RépondreSupprimerQuel piètre lecteur je fais, tout de même...
Un livre qui fait mal aux mains quoi...
RépondreSupprimerIl a donc la main entre les jambes d'Ono... Ah les jambes d'Ono... grillées, avec du raifort!
RépondreSupprimerLaurent l'Anonyme
PS: les jambes d'Ono grillées valent bien "Ono m'astique", surtout que c'est lui qui l'astique!