Elle n'est pas la plus belle fille de cet immeuble. Même pas la plus jolie. Je ne sais pas où elle travaille ni ce qu'elle fait. Mais je sais qu'elle est fumeuse, et c'est pourquoi je la vois, deux ou trois fois par jour, en bas : j'aime beaucoup les lois anti-tabac, finalement. Elle est blonde, ordinairement blonde, ni grande ni petite, ni grosse ni mince, ni renfermée ni exubérante, juste souriante et encore sans excès. Mais elle a un visage que je qualifierais de désuet, ou de suranné, sans que cela soit péjoratif – bien au contraire. Elle me donne à chaque fois l'impression de rencontrer l'une de mes arrière-grands-mères qui, de sa jeunesse sépia, aurait sauté d'un bond en notre époque fluo. Aujourd'hui, elle porte une sorte de boléro, ou de chemisier sans manches – je ne sais trop comment dire –, blanc et garni de dentelles sur la poitrine. Ce qui m'a fait penser à Gaston Couté, puisque c'est l'époque dont elle semble venir :
Veux-tu bien me sécher ces pleurs
Les pleurs enlaidissent les belles
Mets ton joli bonnet à fleurs
Et ton devantier en dentelles
Rejoins les jeunesses du bourg
Au bourg où l'amour les enivre...
Puis je suis remonté, tandis que le soleil faisait une percée entre deux gros nuages blancs et comme mousseux de falbalas, eux aussi.
Veux-tu bien me sécher ces pleurs
Les pleurs enlaidissent les belles
Mets ton joli bonnet à fleurs
Et ton devantier en dentelles
Rejoins les jeunesses du bourg
Au bourg où l'amour les enivre...
Puis je suis remonté, tandis que le soleil faisait une percée entre deux gros nuages blancs et comme mousseux de falbalas, eux aussi.
De grâce, restez Mademoiselle. Il veille.
RépondreSupprimerAh, moi qui demandais des instantanés...
RépondreSupprimerMerci !
Et c'est joliment dit, la fille qui venait d'avant. On croise parfois aussi des enfants de 1900, qui ressemblent à ceux des cartes postales qu'on envoyait d'Amélie-les-Bains, tout en rondeur, avec un regard à la fois doux, tendre et tragique.
RépondreSupprimerCharmante photo !
RépondreSupprimerJ'ai raté votre billet à propos de "l'aide humanitaire", dommage.
Bon c'était moi juste avant, sorry.
RépondreSupprimerBen, elle a pas l'air d'un soldat de Tashal cette jolie blonde à qui je ferais avec beaucoup de plaisir, un brin de causette..... Dites lui bonjour de ma part.
RépondreSupprimerElle a un keffieh autour du cou, c'est exprès ?
RépondreSupprimer(la même, sous un autre angle, ICI)
Mr Goux revient à ce qu'il maîtrise le mieux: l'insignifiance.
RépondreSupprimerOn ne risque plus de s'énerver.
J'vous chambre....
Ah, oui, un moment de fraîcheur nostalgique. Elle vous a sûrement fait penser, consciemment ou non, à quelqu'un, ou à un moment, ou à une image, bref à quelque chose de votre passé... A la chanson peut-être, vieux souvenir d'un temps perdu.
RépondreSupprimerJ'aime bien mais je vous trouve de plus en plus nostalgique au fil des billets. Cela change de vos énervements contre les cons mais faites quand même attention à ne pas tomber dans les radotages d'anciens combattants
"La fille qui venait d'avant" il faut reconnaître que c'est une jolie formule.
RépondreSupprimerChristophe : arrêtez de massacrer Verlaine, je vous prie !
RépondreSupprimerSuzanne : j'ai pensé à vous en l'écrivant. D'ailleurs, je vais aller vous le dédier...
Pluton: Catherine tient le billet en question à votre disposition. Et à part ça, ce changement d'hôpital ? (Je préférerais ,une réponse par mail privé...).
Emma : mouarf ! Mais c'est pas grave : vous êtes unis das nos pensées...
PRR : j'imagine sa tête si, demain, je lui dis en effet bonjour de votre part...
Sérieusement, si nous nous croisons, je le fais !
Malavita : vous vous êtes trompé de billet...
Fredi : je m'en fous : on a le droit de me chambrer. Je ne suis ni CSP ni l'autre Bonnet. en plus, je l'ai fait exprès, pour faire plaisir à Suzanne...
Anonyme : merde ! trouvez-vous un nom, bordel !
Fredi : merci. J'en étais moi-même assez content...
À mon avis le communisme et le nazisme ne sont pas exactement la même chose.
RépondreSupprimerJe ne me suis pas trompé de billet : j'ai posté mon commentaire 1/2 heure avant le billet intitulé Ode à Chalamov si l'on en croit les time codes.
RépondreSupprimerSi l'on regarde bien le foulard sur la photo, en effet... à moins que ce ne soit une écharpe en Vichy.(aïe, Vichy, Vichy... ça ne doit pas être un hasard...)
RépondreSupprimerHa! La "fille d'avant c'était mieux" est revenue en tête de gondole.
RépondreSupprimerSuzanne, vous pensez vraiment que c'est le foulard Vichy qui a parlé à l'inconscient de M. Goux?
Ca mérite un démenti ferme et sans équivoque.
Quand le soleil s'est levé là-bas derrière Pantin
RépondreSupprimerÇa n'a été qu'un cri dans le petit matin
"Il fait beau"
Les oiseaux de Paris filochant ventre à ciel
Aux quatre coins d'la ville ont porté la nouvelle
"Il fait beau"
De la Muette à Pigalle, on se l'est répété
Une bonne nouvelle ça vaut l'coup d'en parler
"Il fait beau, il fait beau"
Et tout Paris bientôt fredonne obstinément
Ce refrain de trois mots monotone et charmant
"Il fait beau", tout l'monde est content
Puis le soleil joyeux montant un peu plus haut
En fin de matinée y a quèqu' chose de nouveau
Il fait chaud
Ça s'aggrave d'heure en heure, bientôt nous étoufferons
On a un p'tit peu d'air quand y passe un avion
Il fait chaud
Les femmes sont adorables, comment peuvent-elles ranger
Dans si peu de tissu tant de choses à toucher ?
Il fait chaud, il fait chaud
Partout dans les bistrots on prépare les grands verres
On a beau être content, on s'fait monter de la bière
Il fait chaud, faut jamais s'en faire
Délaissant avant l'heure son torride bureau
L'ami Gaston chez lui est rentré bien trop tôt
Il fait chaud
Il a trouvé sa femme seule avec un monsieur
A part le drap du d'ssus, ils n'avaient rien sur eux
Il fait chaud
Gaston restait sans voix, sa femme ne disait rien
Alors l'autre type a dit "Y a qu' comme ça qu'on est bien"
Il fait chaud, il fait chaud
"Vous croyez ?" dit Gaston, "Je peux vous l'affirmer"
Gaston s'est dévêtu et tout s'est arrangé
Il fait chaud, on peut pas s'fâcher
Puis enfin c'est le soir, assis d'vant leur maison
Les concierges déclarent avec satisfaction
"Il fait bon"
Dans le ciel assombri, les hirondelles font,
En poussant des p'tits cris, une partie d'saute-moucherons
Il fait bon
Puis le soleil pressé disparaît vers Saint-Cloud
'L a l'tour du monde à faire, faut qu'il en mette un coup
Il fait doux, il fait doux
Il a pas d' temps à perdre s'il veut être rev'nu d'main
On compte sur lui d' bonne heure, là-bas derrière Pantin
Il f'ra beau, il f'ra beau
Il f'ra beau
Ca nous plaira bien
De rien...
RépondreSupprimerN'mpêche...Ce texte des Frères Jacques ce n'est rien, rien qu'une chansonnette, qu'un peu de variété du passé. Pourtant qui peut se vanter aujourd'hui d'écrire aussi bien? Tout est palpable la-dedans: la chaleur, l'accablement, les sens érotisés, tout coule avec simplicité comme une évidence.
RépondreSupprimerC'est beau j'trouve.
Ce n'est pas au CSP que l'on écrirait de la sorte.
Texte des Frères Jacques, Frédi ? J'aurais pour ma part plutôt dit Guy Béart.
RépondreSupprimerCela étant, les paroles, ai-je appris à l'instant grâce à ce bon Gougueule, sont de Jacques Grello (désolé pour ce lien un peu macabre, qui mène toutefois à la notice la plus complète que j'aie pu trouver sur cet auteur sur le ouèbe).