jeudi 22 mai 2008

Lucide, le presque centenaire...

Merci à M. Orsoni pour la citation :


« Comme ethnologue, je suis convaincu que les théories racistes sont à la fois monstrueuses et absurdes. Mais en banalisant la notion de racisme, en l'appliquant à tort et à travers, on la vide de son contenu et on risque d'aboutir au résultat inverse de celui qu'on recherche. (...) Que des cultures, tout en se respectant, puissent se sentir plus ou moins d'affinités pour les autres, c'est une situation de fait qui a existé de tout temps. Elle est dans la normale des conduites humaines. En la dénonçant comme raciste, on risque de faire le jeu de l'ennemi car beaucoup de naïfs se diront : si c'est cela le racisme, alors je suis raciste. »

C. Lévi-Strauss et D. Eribon, "De près et de loin", Paris, Odile Jacob, 1988, p. 208.

36 commentaires:

  1. C'est bien pensé, Levi-Strauss, et on peut être d'accord sur le fait d'avoir ou non des affinités ou pas avec des peuples tout comme avec des êtres, mais dans ce cas de figure, c'est une manière de se trouver des excuses, je trouve, et de tourner en rond: l'antiraciste ferait le raciste, au lieu de se dire que c'est le raciste qui fait l'étranger? et, toujours dans le même ordre, va-t-on se dire que c'est l'intelligent qui fait le con ou le contraire?
    A développer donc, monsieur Goux, une réflexion sur la question raciste, à l'image de la très sartrienne interrogation : le juif fait-il l'antisémite, l'antisémite le juif? (http://www.acontresens.com/livres/45.html)

    Belle façon de ne pas se responsabiliser soi-même, me dis-je en lisant cet extrait, mais peut-être sauriez-vous me convaincre du contraire?

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  2. Ah jeune fille, si vous posez la question en vous référant à Sartre sur le champ de l'antisémitisme, il me semble que vous vous tirez d'emblée une balle dans le pied. Sartre, dans les "Lettres françaises" en 44 (septembre je crois) : "je ne me suis jamais senti aussi libre que pendant l'occupation" ; alors à propos de responsabilité, je crois qu'il vous faut d'autres exemples de rectitude intellectuelle et morale.

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  3. Cette Fleur étant sans aucun doute une hypostase de Rouge Nana l'Antéchrist, je me tais. On ne m'y reprendra plus !

    La Fleur fait-elle le fumier, ou l'inverse ?

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  4. Claude LS était beaucoup plus qu'un ethnologue : C'était un vrai philosophe au sens ethnologique du terme (justement) car il avait non seulement un esprit ouvert à plus de 360°, mais en plus tourné vers l'avenir.
    Ces propos confirment ce que je pense de plus en plus et que j'ai sans doute déjà dit par commentaire sinon par billet : Le mot "raciste" est trop moderne, trop intellectuel et trop manipulé par un trop grand nombre de cons maffieux pour être désormais prononcé par des gens sérieux et responsables.
    ON lui préférera "xénophobe" qui est en fait beaucoup plus grec, démonstratif et finalement beaucoup plus sain intellectuellement et politiquement (correct ou pas)
    Le xénophobe est à une société ce que l'anticorps est à nos tripes ou à notre sang : Sa seule fonction est de veiller, de réagir et éventuellement d'éliminer, sachant que notre nature (sinon notre esprit) aura toujours le dernier mot pour commander l'attaque ou donner ses papiers au virus.
    Tout le reste n'est que branlette de trisomique devant un aquarium vide. Ah mais !

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  5. En ce moment Dieu fait petit bras, un ridicule cyclone par ici, un léger tremblement de terre par là, mais attendez qu'il se réveille ! Une bonne grosse météorite de derrière les fagots et six milliards de racistes qui vont s'envoler en poussières, ah ! ça va dégager ...

    iPidiblue et la morale de l'histoire

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  6. Il est toujours amusant de lire des extrémistes de droite prendre leurs casquettes d’intellectuels pour parler du racisme. Le créneau est simple : « S’il y a du racisme, c’est parce qu’il y a des antiracistes ». Non, Messieurs dames, c’est parce qu’il y a des Chinois, des Arabes et des Noirs. Et vous.

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  7. Nicolas : je pense que la question est encore bien plus simple : il y a du racisme parce qu'il y a des hommes, quels qu'ils puissent être par ailleurs.

    Lévi-Strauss (fort éloigné d'être un intellectuel d'extrême-droite !) me semble avoir raison lorsqu'il dit qu'un antiracisme brandi, asséné à tout bout de champ, à propos de tout et n'importe quoi risque d'avoir les effets inverses de ceux recherchés. Ou qu'il prétend rechercher.

    Les autres : je dois filer à Levallois, je répondrai plus tard, du bureau.

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  8. Didier,

    Oui ! Mais il ne faut pas que vos commentateurs rebondissent sur les propos de CLS pour dire des bêtises "intellectuelles d'ED".

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  9. Levi-Strauss disait aussi (mais je ne sais plus dans quel texte) que c'était une erreur d'essayer imposer la coexistence pacifique à des peuples qui avaient du mal à s'entendre, que ça menait à des conflits pires que les guerres locales.
    D'accord avec Martin-Lothar, on dit souvent racisme quand xénophobie conviendrait mieux, mais dans xénophobie, il y a phobie. On peut ne pas aimer les Allemands, l'Allemagne, Wagner, Nietzsche et la fête de la bière sans être germanophobe. Existe-t-il un mot pour dire "non germanophile ? "

    ***

    Par ailleurs, c'est la Saint-Didier aujourd'hui. Le pauvre gars s'est fait tuer à coups de pierres ou de bâton, les historiens sont partagés.

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  10. Non, on a canonisé un Didier??
    Bon alors bonne fête au saint patron des trolls

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  11. Personnelle, le mot "xénophobe" a tendance à me hérisser, comme tous les mots en "phobe" que l'on crée de nos jours à tour de bras. (Philippe Muray parlait de « La cage aux phobes »...), le suffixe en question désignant une peur obsessionnelle et infondée.

    Or, il me semble, par exemple, que l'on peut parfaitement être contre l'adoption pour les couples homosexuels et ne pas pour autant ressentir de phobie à leur endroit.

    Item, on peut ne pas avoir peur de tel ou tel peuple, et même l'apprécier hautement, pour sa culture, sa langue, sa gentillesse, que sais-je encore), et ne pas souhaiter le voir se transporter massivement sur les rives de la Seine.

    Il y a là deux choses très différentes que l'on voudrait à tout prix, de nos jours, amalgamer. C'est précisément cet amalgame que anti-antiracistes refusent, et non le bien-fondé de l'antiracisme en tant que tel.

    Là, je sens que ça va être ma fête, ce qui tombe bien.

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  12. Ah le chiffon rouge... même Georges ! L'instinct grégaire du bovidé, l'entre soi, l'affinité élective dans la normalité des conduites bloguesques !

    Racistes !

    Marcel... ollé !

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  13. Quel adjectif nous propose la langue française pour " j'apprécie de vivre dans un espace géographique régi par des lois qui font que les êtres humains y naissent égaux en droit et je n'ai aucunement envie que ces lois soient remises en question par d'autres êtres humains envers lesquels je n'ai aucun sentiment de supériorité ou de rejet pourvu qu'ils respectent ces lois" ?

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  14. Mais enfin Didier je n'ai jamais parlé de vous adopter ! D'ailleurs je suis célibataire et je ne peux vous laisser seul dans l'appartement sans avoir les moyens de vous faire garder ...

    iPidiblue garde de grands enfants

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  15. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  16. Emma,

    Rassurez-vous ! Didier et moi sommes nos trolls respectifs. Vous pourriez écrire chez moi : "Didier, êtes-vous conscient, (apprécier viendra peut-être), de l'immense patience de Nicolas ? "

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  17. Bon, je vous crois, mais je ne vais pas chez vous, c'est vrai , sans vouloir vous vexer, Nicolas.

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  18. Aaaaaaaaah? Mais alors, Lévi-Strauss est un gros facho? C'est ça? J'ai bon?

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  19. Dom! Qui parle de rectitude? Je ne vous donne pas Sartre en donneur de leçon mais en parallèle sur le fait de se poser les mauvaises questions (peut-être)... D'une certaine façon, je vais rejoindre L-Str.: si vous me prenez pour un con, ne vous étonnez pas que j'y joue un peu (à l'être)... Dans ce sens là, on peut être d'accord.
    (D'ailleurs mon intervention n'avait rien d'hostile, contrairement à celle de georges, à qui je répondrais que c'est le coq qui fait le fumier et non la poule et surtout pas la fleur... gardez vos crêtes que je ne saurais fertiliser, monsieur... et prenez garde qu'on ne se demande si ce n'est pas le georges (pleines) qui ferait le fumier... dixit "la jeune fille")

    De plus, loin de moi l'idée de soupçonner L-Str (que j'ai tant apprécié au lycée...) de "fascisme": (???) c'est décidément à la mode d'utiliser cette insulte à toutes les sauces... dire que des amis anars m'ont traitée de facho un soir où je défendais (seule contre 7 personnes dans un restau où le ton est monté, ouh lala) l'existence de l'école privée en regard de l'école publique, car ils pensaient que j'avais toutes les mêmes idées qu'eux à l'identique, et bien non... vraiment, cette insulte à la con, ceux qui l'utilisent peuvent se la garder pour leur (t)ête... (au fait, bonne (t)ête quand même, mister goux, même si souvent vous m'énervez, je ne venais pas là pour vous faire votre fête)

    Donc rien à dire contre Lévi-Strauss, mais c'est le choix de la citation seule qui pouvait me paraître non (im)pertinente: eu l'impression, mister Goux, que vous cherchiez à vous déresponsabiliser de votre racisme plus ou moins latent (qu'on a tous, je pense, individus noirs ou blancs, et moi comme les autres, mais je lutte, je lutte...)en en soulignant 1) sa qualité de "nature" et 2) le fait que ce sentiment soit si généralement répandu... (pas coupable, si tout le monde ou presque est comme moi).

    Il ne s'agit pas d'acculer (ni d'autres dérivés, merci de rester sérieux sur ce "coup"-là) les gens qui ont des affinités (oh souvent avec les blonds et roux du nord?) avec certains peuples en les désignant à la vindicte du monde comme "racistes", mais d'appeler un chat un chat: imaginer qu'un peuple est un (et que tous ses membres sont identiques et interchangeables) et qu'il ne possède en son ensemble aucune qualité en regard de laquelle on pourrait se sentir solidaire ou avec des affinités, c'est bien désigner des êtres sans faire la part de l'individu, et faire croire qu'on a telle qualité parce qu'on serait de ce peuple ou tel défaut parce qu'on serait de celui-ci. Cette généralisation est bien de l'ordre du racisme. Cela ne signifie pas qu'on méprise des gens ds leur ensemble, mais qu'on attribue à telle population des défauts parce que c'est cette population et pas une autre. Comme si, au sein de cette population, nul ne pouvait trouver grâce aux yeux des racistes.

    En clair, je ne pense pas que ce serait les antiracistes qui feraient les racistes, bien au contraire; les racistes (ou ne se voulant pas comme tels car ils ont une trop haute idée de leur petite personne) le sont tout simplement parce qu'ils n'ont pas envie de penser en individus mais en cellules (beuglantes ou bêlantes) d'un tout: un peuple qui aurait toutes les qualités... (la seule intervention de mlle suzanne pourrait bien en être un épis, quand bien même elle ne se pense pas raciste, mais sans doute, laïciste, républicaine, démocrate, et tout et tout... je suis bien d'accord qu'il faille respecter les lois du pays où l'on vit... cependant cette affirmation est un masque pour des intentions plus "inavouables", on ne veut pas d'un autre différent de nous, tout simplement, et ce n'est pas parce que je dis cela que je suis pour des trucs comme le voile ou la polygamie, par exemple, là je serais encore plus féroce que les lois actuelles, mais accuser un peuple donné de n'être que cela, alors que des milliers voire des millions de membres de ce peuple sont autrement plus moderners et tolérants que nous, c'est de la pure connerie raciste. cqfd)

    Bien sûr, je sais que cette tendance raciste (ou avec les mots que vous voudrez: ayant "plus ou moins d'affinités avec" des peuples, ouh, peut-on faire plus faux-jeton?) est très bien répartie dans le monde, et ses divers masques aussi: le sexisme, les castes (des intouchables en Inde, des forgerons dans certains pays africains: on m'a raconté que même encore maintenant, des amis de fac hésitent à s'assoir sur le même banc que des gens d'autres castes, j'avais un peu de mal à le croire, mais c'est du vécu d'amis, alors...), les classes néoféodales à l'ultracapitalisme d'aujourd'hui, bref, vous en avez des exemples par centaines, donc ne vous (nous) sentons pas seuls quand on vous (nous) soupçonne de racisme, héhé.

    De toute façon, mister Goux, je ne compte pas vous mettre sur la sellette (enfin, jusqu'à maintenant), comme je suis gourmande et que je vais zyeuter de temps en temps vos aristocatnat qui séduisent par l'estomac, dans toutes vos interventions même les plus énervantes, j'y mets le miel volé en pensée à une des recettes de vos soeurs préférées, donc... pas de casse-(f)ête aujourd'hui.

    Mais demain, peut-être?
    Bonne soirée
    Fleur

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  20. Fleur, pardonnez-moi, c'est peut-être l'heure tardive, mais je comprends rien à ce que vous dites...

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  21. Dom, tout de même : la phrase de Sartre à propos de la liberté sous l'occupation, mérite plus de réflexion, un peu plus d'approfondissement, il me semble.

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  22. Je suis étonné de lire qu'aucun des participants n'a lu Lévi-Strauss et que tout ceux qui participent à ce "débat" racontent n'importe quoi. Il suffit de jeter un oeil sur "Race et histoire", résumé copié sur le Wikipedia, pour avoir une petite idée de ce que dit l'anthropologue.

    "Divisé en 10 chapitres, l'essai montre d'abord que le racisme n'est pas fondé scientifiquement : il est absurde de chercher à départager les civilisations selon la couleur de la peau des hommes qui la composent, car cela résulte de leur situation géographique. Selon Lévi-Strauss, il est préférable de les comparer à partir de leurs productions culturelles. Ainsi, le « péché originel » de l'anthropologie a consisté à confondre les races et les civilisations qu'elles ont produites. En fait, il y a peu de races, et elles sont toujours restées les mêmes au cours de l'histoire. Par contre, les cultures se comptent par milliers, et ont beaucoup évolué.

    À partir de ce constat, l'auteur va expliquer pourquoi on ne peut pas comparer les différentes cultures, d'où l'impossibilité de les hiérarchiser. Certaines sont technologiquement plus avancées, mais le progrès n'est pas rectiligne : il existe une part de chance associée à l'inventivité. De plus, une civilisation bénéficie très souvent des progrès et des découvertes des civilisations précédentes : c'est l'histoire cumulative. Ce qui fait qu'une civilisation va déconsidérer les autres relève de ce que les anthropologues nomment « ethnocentrisme », c'est-à-dire la tendance à ne considérer toutes les cultures que par rapport à la sienne. C'est pour cela que plusieurs historiens occidentaux ont fait du « faux-évolutionnisme », comme chercher le Moyen Âge en Orient ou l'époque du Roi-Soleil en Chine. Pour juger correctement d'une culture, il faudrait pouvoir se situer dans son système de valeurs. Il est donc au final impossible de comparer les cultures, et il est alors injustifié de chercher à les hiérarchiser.

    Lévi-Strauss enchaîne ensuite, à partir du septième chapitre, sur l'idée que la domination de l'Occident n'est que technologique, et que cela cause des risques de chocs culturels. En somme, il démonte donc la thèse du racisme et, plus encore, il dépasse largement le sujet qu'il s'était donné en proposant une réflexion sur les différentes cultures, le sens de l'histoire et la place de l'Occident dans le monde."

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  23. J'avais relevé ça lorsque je l'avais lu il y a une douzaine d'années, mais à l'époque, ça n'avait pas pour moi la même résonance qu'aujourd'hui.

    J'ai la flemme de dactylographier le passage en question, mais on pourra également se reporter à un article de Marcel Gauchet, « Les mauvaises surprises de la lutte des classes » (1990), repris dans « La démocratie contre elle-même, Paris, Gallimard, « Tel », 2002, pp.207-228, où Levi-Strauss est d'ailleurs cité (p.221).

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  24. Merci pour l'indication, Skin. Ce qui concerne CLS m'intéresse, ainsi que la pensée de M. Gauchet. Je passerai par la BU la semaine prochaine.

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  25. Didier, c'est soit l'heure tardive (diplomates tous les deux) soit moi (mais je viens de me relire et je ne vois pas ce qui est incompréhensible, mais ce n'est pas grave), à laisser dans les limbes, donc...

    Scheiro: Ce n'est pas tant ce qui est dit par L-S qui semble important aux yeux des gens, semble-t-il. Ce qui leur importe, c'est l'utilisation par de plus en plus de "débatteurs" de citations tronquées pour les tordre selon l'idéologie qu'ils comptent défendre. Or on fait tout dire à une citation tronquée...

    De plus, il serait étonnant que les lecteurs de ce blog, passés tous par au moins le bac, n'aient pas lu (tout comme moi, mais ma mémoire est minée) L-Strauss, au programme de terminale (tjs ou plus maintenant?), et tant aimé par les profs de lettres qu'ils n'attendaient pas qu'on ait à le lire en philo pour nous le conseiller au moins sinon pour l'étudier avec eux. Accusez plutôt notre paresse de ne pas aller dans la nuance, là je pense que vous approcherez plus près du "problème" de l'interprétation des (non pas des rêves! qui parle à ma place, là?) citations et des pensées de "maîtres"...

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  26. Scheiro (bienvenu !) et sk†ns : merci d'avoir élargi et élevé la perspective (qui en avait besoin).

    Fleur : je ne sais quel est votre âge (et ne me permettrais point de vous le demander), mais, lorsque j'étais en terminale, il n'était pas du tout question de Lévi-Strauss. Mais peut-être était-ce dû à un professeur calamiteux qui m'avait, alors, semblé ne rien avoir lu hors de Pascal et d'Alain.

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  27. C'est très conservateur que de vouloir que les cultures différentes ne se cotoient pas. Musulmans et Chrétiens (ce qui vous préoccupent n'est ce pas ?) se sont très longtemps cotoyé en Espagne et cela a donné une troisième voie intéressante !
    Figer le présent, c'est un peu nier l'évolution humaine...
    :-)

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  28. @Fleur: Je comprends bien ce que tu me dis et je suis d'accord avec toi. Les bloggers les plus paresseux, mais qui veulent avoir raison dans les débats, ne reculent jamais devant la désinformation et la manipulation des messages qu'ils font passer. A force de blogguer, mêmes les plus stupides ont appris à copier les journalistes et à faire passer de la pure propagande, mais avec des techniques un peu sophistiquées comme le tronçonnage des citations, ou les citations hors contexte, etc... Effectivement, c'est parfaitement ça et c'est aussi pour ça que les bloggers ne sont pas plus fiables que les journalistes d'opinions, prêts à tout pour faire passer une idéologie ou simplement vendre du papier. Débattre avec des gens malhonnêtes n'a aucun intérêt: on n'apprend rien, on ne progresse pas, on perd son temps. Mais, il semble que les bloggers ont bcp de temps à perdre :-))

    @Didier: Merci pour l'accueil, je repasserai ;-)

    @Pöireau: Séparer les cultures, ce n'est pas ce que dit Claude Lévi-Strauss en tout cas, il dit même le contraire c'est à dire qu'une communauté, un groupe, une ethnie ne peut pas exister sans échange avec les groupes voisins. Qui parle de séparer monde musulman et monde chrétien, où est-ce que tu as lu ça?

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  29. Les habitants des townships sud-africains qui massacrent allègrement les réfugiés en provenance du Lesotho, du Zimbabwé, et j'en passe, parce que ces derniers, disent-ils, "volent leur travail", "leur prennent le pain de la bouche" et "contribuent à augmenter de façon sensible la criminalité" sont-ils racistes ? Sont-ils xénophobes ? Une chose est certaine, ce sont d'épouvantables criminels mais si cela se passait en Europe, quels noms porteraient-ils ?

    @ monsieur Poireau
    L'"Andalousie heureuse" est un mythe 100% musulman !

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  30. Geneviève : le mythe du paradis andalou n'est hélas pas à 100 % musulman : durant plus d'un siècle, nous avons fort complaisamment contribué à lui donner toute la publicité requise. Les Chrétiens espagnols étaient alors à peu près aussi heureux que leurs homologues coptes ou syriaques dans le Moyen Orient d'aujourd'hui. Mais de cela il est préférable de ne point parler, comme on sait.

    Quant aux émeutes et aux vagues d'assassinats en Afrique du Sud, c'est encore pire. Pour ne rien dire de la dégradation inexorable que connaît ce pays. Qui elle-même n'est encore que peu de chose par rapport à ce qu'on peut attendre de l'après-Mandela (je veux dire : lorsqu'il sera mort et, donc, plus trop "encombrant").

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  31. Sheiro, si vous avez lu, de Levi-Strauss "Regard éloigné", vous reconnaîtrez les passages suivants -ont ils un sens différent si on les remet dans leur contexte ?
    "J'invitais donc les lecteurs à douter avec sagesse, avec mélancolie s'ils voulaient, de l'avènement d'un monde où les cultures, saisies d'une passion réciproque, n'aspiraient plus qu'à se célébrer mutuellement, dans une confusion où chacune perdrait l'attrait qu'elle pouvait avoir pour les autres et ses propres raisons d'exister.
    […] en s'imaginant qu'on peut surmonter par des mots bien intentionnés des propositions antinomiques comme celles visant à “concilier la fidélité à soi et l'ouverture aux autres” ou à favoriser simultanément “l'affirmation créatrice de chaque identité et le rapprochement entre toutes les cultures” »

    dans Race et culture:
    […] toute création véritable implique une certaine surdité à l'appel d'autres valeurs, pouvant aller jusqu'à leur refus sinon même leur négation. Car on ne peut, à la fois, se fondre dans la jouissance de l'autre, s'identifier à lui, et se maintenir différent. Pleinement réussie, la communication intégrale avec l'autre condamne, à plus ou moins brève échéance, l'originalité de sa et de ma création. Les grandes époques créatrices furent celles où la communication était devenue suffisante pour que des partenaires éloignés se stimulent, sans être cependant assez fréquente et rapide pour que les obstacles indispensables entre les individus comme entre les groupes s'amenuisent au point que des échanges trop faciles égalisent et confondent leur diversité »

    Et , en prime, un très connu de "Tristes tropiques"

    « En face de la bienveillance universelle du bouddhisme, du désir chrétien de dialogue, l'intolérance musulmane adopte une forme inconsciente chez ceux qui s'en rendent coupables ; car s'ils ne cherchent pas toujours, de façon brutale, à amener autrui à partager leur vérité, ils sont pourtant (et c'est plus grave) incapables de supporter l'existence d'autrui comme autrui. Le seul moyen pour eux de se mettre à l'abri du doute et de l'humiliation consiste dans une “néantisation” d'autrui, considéré comme témoin d'une autre foi et d'une autre conduite. La fraternité islamique est la converse d'une exclusive contre les infidèles qui ne peut s'avouer, puisque, en se reconnaissant comme telle, elle équivaudrait à le reconnaître eux-mêmes comme existants. »

    Suzanne

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  32. Merci beaucoup pour ces extraits Suzanne. J'ai lu "Tristes Trop." et "Race et culture" - seul essai que j'ai encore sous la main - il y a qqs années et plus récemment "La pensée sauvage", mais je n'ai pas lu "Regard éloigné".
    Il me semble que ces extraits reflètent bien les thèses de CLS et je ne vois rien à redire sur les passages que vous collez ici. Pour moi Levi-Strauss est un des meilleurs penseurs du siècle passé et même si, comme l'a démontré Sperber, des remises en causes du système structuraliste sont possibles, je crois que CLS reste encore d'actualité si l'on veut comprendre notre civilisation, savoir comment nous sommes portés par nos mythes et comment nous les entretenons mais encore un tas de choses dans ce domaine.
    Je recopie les passages, merci encore, Suzanne.
    Comme le dit Strauss et ce que confirme la biologie actuelle, les races n'existent pas, donc c'est exact on ne peut parler que de xénophobie ou peur de l'étranger te c'est sur les peurs que certains jouent pour mobiliser les foules comme ont peu le voie en ce moment en Afrique du Sud ou les étrangers, venus du Nord, sont accusés de voler le pain de la bouche des ouvriers sud-africains. Situation classique du bouc émissaire lorsque les choses vont mal.

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  33. À propos de bouc émissaire, il me semble que René Girard a assez fermement remis en cause un certain nombre des thèses de Lévi-Strauss, tout en reconnaissant par ailleurs sa dette à son égard. Des remises en causes que les straussiens ont toujours traité avec un mépris assez indigne.

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  34. Mis à par l'idée de que Girard développe sur le sacré, concept freudien du sacrifice comme acte fondateur de la société, je ne connais pas suffisamment son travail pour savoir en quoi il s'oppose réellement à CLS. Je connais mieux Caillois et là je comprends ce qui oppose ce dernier à Lévi-Strauss. En tout cas heureusement que les théories des uns et des autres sont perpétuellement critiquées et souvent contestées, ce qui est une preuve de bonne santé dans la recherche anthropo. et en sciences sociales. Je sais vaguement que Girard, pour avoir lu récemment un de ses articles, a une conception particulière du rôle du christianisme sur l'avenir du monde, mais pas bcp plus, Didier... désolé ;(

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