mardi 14 octobre 2008

Je sens que je vais passer pour un con...

... Mais tant pis : j'ai vraiment bien aimé ce petit stage de deux jours. J'ai d'abord appris beaucoup de choses, très intéressantes - si, si, vraiment. J'ai aussi passé deux jours avec quinze personnes que je n'aurais autrement jamais rencontrées, et que je ne reverrai sans doute jamais : vous avez beau ricaner, et vous avez probablement raison de ricaner, sur les coups de cinq heures et demie, lorsqu'on s'est dit au revoir, avec ce petit air gêné et adorable que l'on apprend dès la première année de colonie de vacances, j'ai éprouvé une sorte de pincement imbécile et délicieux.

Et puis (désolé Olivier P.), mais j'ai vraiment bien aimé ces deux jours. Même cette bonne Germaine (voir le billet d'hier), à la limite du mongolisme extérieur, mais si pleine de joie fondamentale, qui m'a sauté dessus dès huit heures ce matin (j'étais en avance, elle aussi), pour m'expliquer qu'elle avait perdu sa clé de garage, qu'elle avait appelé son gendre-qu'est-dans-la-police, mais que, finalement, elle avait retrouvé une autre clé du même garage et que tout s'était très bien arrangé et que c'était pour cela qu'elle était là en avance, et que...

Je ne reverrai probablement jamais Germaine, je suppose. Elle m'est toutefois précieuse : son visage disgracieux, son oeil éteint, son sourire vide, tout cela existe désormais. Son mari mort (dans un accident de voiture, il y a 33 ans), elle faisant tourner la boucherie-charcuterie de La Bonneville (où les flics, si on écoute les balbutiements de Germaine, concentrent leurs radars et leurs forces de nuisance justement contre elle), avant de baisser les bras et de prendre sa retraite, parce que, n'est-ce pas....

Qu'est-ce que Germaine a compris du monde ? Elle qui n'a pas réussi à savoir ce qu'elle faisait à ce stage ? Elle qui a fait rire tous ceux qui se pensaient plus intelligents qu'elle, à peu de frais - y compris moi, je dois bien l'avouer. J'ai ri avec les autres : j'aurais aussi bien renié trois fois Jésus, l'époque étant autre.

D'une certaine manière, nous avons communié : je sais que c'est idiot. Néanmoins, mes frères... Dès ce matin, s'échangeaient des regards complices. Complices de quoi ? De rien, forcément. Mais complices. Presque heureux de se retrouver, après une nuit d'éloignement. Et suis-je le seul à ressentir pesamment ce voile de mélancolie, pensant que je ne reverrai jamais aucun de ces gens ? Je pense que non, ce soir.

(Mais je triche et le sais : nul d'entre nous n'y pensera plus demain matin, c'est sans doute heureux. Ou indispensable.)

17 commentaires:

  1. vous n'allez tout de même pas jusqu'à dire qu'ils vont vous manquer, vous êtes donc absout (s?)

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  2. Vous devriez plus souvent rencontrer des gens.
    Ca vous va bien.
    Et c'est agréable à lire, après.

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  3. Comme Audine...


    Sinon n'est-ce pas une erreur cette Jacqueline qui s'est glissée au milieu des Germaine ? Il me semble que vous parlez de la même ?

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  4. Cette petite mélancolie pour ces ex-inconnus d'hier, n'est-elle pas du même ordre que notre émotion pour un Guillaume Depardieu disparu trop jeune ? Je pense que si !
    Quelque chose du lien aux autres là-dessous...

    Ah les colonies de vacances, c'est quand même sacrèment formateur, au final !
    :-))

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  5. re-test. Je reçois tout dans gmail, ça ne va pas du tout !

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  6. Mélina : je ne suis pas "absout", j'ai récupéré 4 points, that's all.

    Yibus : je pense qu'il n'y a plus que vous et moi pour se souvenir de cette chanteuse !

    Audine : merci !

    Zoridae : il y en a au moins une qui suit, c'est encourageant ! Et vous avez raison : je m'en suis aperçu tout seul ce matin et je l'ai aussitôt corrigé.

    Poireau : pas tout à fait tout de même : ces gens, même brièvement et superficiellement, je les ai rencontrés, connus pour ainsi dire. D'autant que ce que je disais à propos du petit Depardieu, c'était plus pour faire mon intéressant qu'autre chose...

    Catherine : ça t'apprendra à écouter Zoridae !

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  7. ==>Mélina,
    Il ne s'agit pas d'absolution. On va à ce stage pour récupérer 4 points et rien d'autre, parce que conduire avec 4 points de plus sur son permis c'est tout de même plus confortable
    S'agissant de justice, la notion d'absolution n'existe pas, puisque les gens présents à ce stage sont coupables. Seule peut exister la notion de prescription (3 ans pour le retrait de points, 5 ans pour effacer l'ardoise)
    Est-il besoin d'un tel stage pour prendre conscience de ça, je ne le crois pas.
    ==>Yibus, je me souviens parfaitement de Lucid Beausonge qui chantait il y a pas loin de 30 ans qu'elle "cherchait un poète de sexe féminin" et qui est retombée depuis dans un anonymat qu'elle partage avec mama Béa, et dont je me demande comment elle a pu un jour en emmerger.
    Si vous pouviez m'expliquer pourquoi exhumer Lucid Beausonge et m'expliquer le rapport avec le permis à points, je vous en saurais gré.
    ==>Audine et Zoridaé
    Didier est écrivain (en bâtiment), pendant ces deux jours de stage, il observe les gens qui sont autour, avec une accuité qui donne dans le cas plaisant un billet plaisant à lire.
    A dire vrai, je regarderai attentivement si je ne retrouve pas quelques traits chromatiques de ladite Germaine dans quelque personnage du prochain BM.

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  8. j'ai encore oublié de cocher pour avoir le suivi

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  9. Zoridae, j'ai bêtement ouvert une boite gmail. Et je voudrais la supprimer...

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  10. Mais... MAIS ALORS... VOUS ETES HUMAIN?!? En voila une bonne nouvelle!

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  11. Didier : un écrivain... en soi-disant bâtiment, ne risque pas d'être inspiré par un petit stage comme vous l'avez raconté.
    Je ne trouve pas que votre modestie exagérée soit utile. Bon, d'accord un orgueil inapproprié (ce qui ne semble pas être votre "genre") serait néfaste, mais après de trop nombreuses séances de flagellation en place publique vous risquez que nous, vos lecteurs, exigions d'être payés, en tant que psychothérapeutes...

    Anna R.

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  12. Mademoiselle Ciguë : à peine, je vous rassure, à peine...

    Olivier : on en reparlera, si vous voulez.

    Anna : j'attends la dernière semaine de décembre, pour vous parler "en vrai"...

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  13. Avant même de lire le billet, le titre m'impose un commentaire : pourquoi dire "je SENS que je VAIS" ?

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  14. Didier,

    Vous ne devriez pas vous laisser aller. Vous hébergez des mômes chez vous (avec des pots de chambre trop grand) et avec ce type de billet vous allez passé pour humain.

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.