Donc, on y est. Pour deux jours. Tout cela est parfaitement ficelé, rien à dire. à l"aurore du premier jour, les mines sont longues ; on sent bien chacun tout prêt à récriminer. Sauf moi - et sans doute quelques autres, mais c'est difficile à savoir, si tôt dans l'épreuve. (Écrivant, cela, les pièces pour piano de Mompou donnent une sorte de légèreté, de virevolte, à ce qui pourrait être pesant si l'on n'y prenait garde. Et d'ailleurs...)
Or, il faut il prendre garde : ce serait une défaite en rase campagne, que de ne trouver rien d'agréable à cet épisode. On l'a accepté, on l'a même à dire vrai sollicité, il importe je crois d'y trouver un bénéfice. Non le bénéfice officiel que l'on nous vante, certes : celui-là est frelaté, languide, étiré sur deux interminables jours, justificateur (et rien d'autre) des 250 € que l'on va pour finir nous réclamer, et que l'on aurait pu, tout aussi bien, glisser par un guichet, en deux minutes, en échange des quatre points précieux que nous sommes venus chercher ici.
Mais enfin, il faut se soumettre à la règle, et, finalement, on le fait volontiers ; on se replie sur les marges. D'abord, on s'intéresse à ce qui se passe ; mieux : on prend le parti, avant même de prendre place, de s'intéresser à ce qui va peut-être se passer ; par peur de s'ennuyer, on en deviendrait presque avide des inconnus qui, 48 heures, vont investir la vie, la nôtre - et nous la leur.
On se replie sur les marges, donc, disais-je. Parce que, tout de même, il y a des moments de vide, des petites plages de temps où l'on n'a plus envie d'aparté humoristique avec son voisin immédiat, où la complicité devient soudain plus difficile, contrainte, presque douloureuse parce qu'on pense qu'il va s'apercevoir, le voisin, de la tricherie. Il ne s'avise de rien, mais l'alerte est chaude. Les marges, donc. Ce peut être la contemplation rêveuse, à peine consciente d'être, du cul de l'une des deux...
(Des deux quoi ? Animatrices ? Organisatrices ? Monitrices ? Directrices ? On ne sait pas. Toujours est-il que l'une, quoique trop blonde pour entraîner votre rêverie bien loin, possède des rondeurs (et un âge) qui vous font par moments traîner le regard vers elle lorsque le discours se fait ronronnant et que la digestion agit. On ne bande pas, à proprement parler, on a juste une ébauche de sourire consentant, en dedans.)
On se surprend, et c'est un peu surprenant, à oublier (alors qu'on ne pensait qu'à cela, le matin, en arrivant) qu'on est ici pour récupérer des points de permis de conduire. On en arrive presque à se dire qu'on pourrait sans doute passer le reste de sa vie à venir tous les jours, dans cette salle hideuse, s'asseoir sur ces sièges malcommodes, pour écouter ces deux femmes discourir sans fin sur les sujets les plus divers ; et que l'on deviendrait tout à fait ami avec les assis qui nous entourent, qu'ils nous deviendraient essentiels, qu'on en arriverait à oublier les autres, les amis d'une vie incertaine parce que trop ancienne, y compris les morts qui n'ont aucune idée du permis à points.
Oui, sans doute, on pourrait presque, ici, commencer un existence neuve.
Or, il faut il prendre garde : ce serait une défaite en rase campagne, que de ne trouver rien d'agréable à cet épisode. On l'a accepté, on l'a même à dire vrai sollicité, il importe je crois d'y trouver un bénéfice. Non le bénéfice officiel que l'on nous vante, certes : celui-là est frelaté, languide, étiré sur deux interminables jours, justificateur (et rien d'autre) des 250 € que l'on va pour finir nous réclamer, et que l'on aurait pu, tout aussi bien, glisser par un guichet, en deux minutes, en échange des quatre points précieux que nous sommes venus chercher ici.
Mais enfin, il faut se soumettre à la règle, et, finalement, on le fait volontiers ; on se replie sur les marges. D'abord, on s'intéresse à ce qui se passe ; mieux : on prend le parti, avant même de prendre place, de s'intéresser à ce qui va peut-être se passer ; par peur de s'ennuyer, on en deviendrait presque avide des inconnus qui, 48 heures, vont investir la vie, la nôtre - et nous la leur.
On se replie sur les marges, donc, disais-je. Parce que, tout de même, il y a des moments de vide, des petites plages de temps où l'on n'a plus envie d'aparté humoristique avec son voisin immédiat, où la complicité devient soudain plus difficile, contrainte, presque douloureuse parce qu'on pense qu'il va s'apercevoir, le voisin, de la tricherie. Il ne s'avise de rien, mais l'alerte est chaude. Les marges, donc. Ce peut être la contemplation rêveuse, à peine consciente d'être, du cul de l'une des deux...
(Des deux quoi ? Animatrices ? Organisatrices ? Monitrices ? Directrices ? On ne sait pas. Toujours est-il que l'une, quoique trop blonde pour entraîner votre rêverie bien loin, possède des rondeurs (et un âge) qui vous font par moments traîner le regard vers elle lorsque le discours se fait ronronnant et que la digestion agit. On ne bande pas, à proprement parler, on a juste une ébauche de sourire consentant, en dedans.)
On se surprend, et c'est un peu surprenant, à oublier (alors qu'on ne pensait qu'à cela, le matin, en arrivant) qu'on est ici pour récupérer des points de permis de conduire. On en arrive presque à se dire qu'on pourrait sans doute passer le reste de sa vie à venir tous les jours, dans cette salle hideuse, s'asseoir sur ces sièges malcommodes, pour écouter ces deux femmes discourir sans fin sur les sujets les plus divers ; et que l'on deviendrait tout à fait ami avec les assis qui nous entourent, qu'ils nous deviendraient essentiels, qu'on en arriverait à oublier les autres, les amis d'une vie incertaine parce que trop ancienne, y compris les morts qui n'ont aucune idée du permis à points.
Oui, sans doute, on pourrait presque, ici, commencer un existence neuve.
Bonne dernière journée de stage. C'est juste pour voir si le suivi remarche...
RépondreSupprimerLa phrase dans votre bannière, vous ne l'auriez pas empruntée à Richard Desjardins, par hasard ?
RépondreSupprimerJe me moque beaucoup de ces mesures, ces étapes qu'il faut passer pour récupérer ses points. Une sorte de rééducation soft, quoi...
RépondreSupprimerPour le moins infantilisant et très certainement avec un effet réel très peu mesurable !
Bon courage dans cette léthargie attentive !
:-))
Je ne voudrais pas paraitre désagréable, mais il y a un grave défaut d'équilibrage des parenthèses dans le premier paragraphe.
RépondreSupprimerIl y a un pot pour la fin du stage ?
RépondreSupprimerVous chariez, là. A vous lire, on croirait presque que vous n'étiez pas content de partir
RépondreSupprimerExtorsion de fonds que ce simulacre. Va falloir que j'y passe un de ces quatre !
RépondreSupprimerExtorsion de fonds que ce simulacre.
RépondreSupprimerPluton, vous donnez, là, une définition critique et circonspecte de cette palinodie.
J'ai encore en mémoire un de ces stages où à la question de l'instructeur :
"Qu'attendez-vous de ce stage?"
Un z'yva lui répond:
"Bin m'sieur, chuis venu racheter 4 points"
Aujourd'hui, encore, je me dis que ce petit con, qui a gardé pendant les deux jours sa casquette Lacoste vissée à l'envers sur la crâne avait raison.
Tiens cet accent me rappelle un sketch des Frères ennemis :
RépondreSupprimer- Allo Sheila ?
- Non , ch'est en face.
Lucide : bravo ! En effet, c'est un extrait de la chanson intitulée Charcoal, dans l'album Boom boom.
RépondreSupprimerPoireau : contre toute attente, c'était vraiment intéressant.
Nicolas : vous avez raison, je vais rectifier ça.
Olivier : bon, j'étais bien content d'en avoir terminé, bien sûr, mais je n'ai pas trouvé cela désagréable du tout.
Pluton : allez-y, vous verrez...
Re-Olivier : dans le questionnaire (écrit), j'ai répondu exactement la même chose (mais sans la casquette).
Je prie pour que le permis à points n'arrive jamais en Belgique... jamais, jamais, jamais...
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