dimanche 24 mai 2009

Les Cahiers de la Petite Dame

Hier soir, discutant avec Catherine et son neveu Adrien, je leur disais que j'avais, depuis quelques jours, envie de relire deux choses : Le Théâtre de Maurice Boissard – recueil des critiques écrites par Paul Léautaud dans différentes revues (NRF, Mercure de France, Nouvelles littéraires...) – et Les Cahiers de la Petite Dame, de Maria van Rysselberghe. Pour Léautaud, pas mèche : l'ouvrage (en deux volumes si ma mémoire est bonne) est indisponible – mais je n'ai pas fait de recherche encore sur les sites spécialisés en livres introuvables.

Pour La Petite Dame, en revanche, je possédais déjà trois des quatre volumes édités par Les Cahiers André Gide à la NRF, et j'ai trouvé le volume manquant sur Amazon, ce qui me réjouit : rien de pire que d'avoir un “trou” dans ce type de lecture chronologique.

Maria van Rysselberghe (1866 – 1959) était la femme du peintre Théo van Rysselberghe (en illustration, portrait de l'une par l'autre), et avait eu, dans sa jeunesse, une brève liaison avec le poète Émile Verhaeren. Elle fut surtout l'amie, la complice, presque la sœur d'André Gide durant plus de soixante ans. Le 11 novembre 1918, la “ Petite Dame ” (1,52 m...) décide de consigner par écrit tout ce qui concerne la vie, la pensée, l'œuvre, etc., du “Bipède”, ainsi qu'elle surnomme Gide ; mais en cachette de celui-ci : en 33 ans de notes, elle remplira 19 cahiers, et l'écrivain ne se doutera jamais de rien. Seuls Jean Schlumberger et Roger Martin du Gard étaient dans le secret, que Maria van Rysselberghe révélera finalement à Gide sur son lit d'agonie, en février 1951, sans avoir la certitude d'être comprise par lui.

Il y a déjà quelques années que j'ai lu ces Cahiers. J'en conserve le souvenir d'un portrait plein de vie, tracé par une femme qui, toujours, se situe très au-dessus des préjugés et de la morale de sa classe et de son époque. Elle est aussi, presque toujours, la première lectrice de Gide, et une lectrice à la fois brillante et très critique, ignorant jusqu'au sens du mot complaisance. Beaucoup d'humour et de verve, n'hésitant pas, çà et là, à égratigner son “Bipède”. Cet ensemble de qualités fait de ces “Notes prises dans un souterrain” un pendant indispensable au Journal de Gide, beaucoup plus gourmé et empesé : l'écrivain cisèle sa propre statue, sans se douter que la Petite Dame, cependant, le croque sur le vif.

7 commentaires:

  1. On s'en tape de tes lectures.

    RépondreSupprimer
  2. J'aime bien la vie de Toulouse Lautrec résumée par Johnny Hallyday.
    "A mon avis ça fera 4 à 0 pour Toulouse"

    RépondreSupprimer
  3. Pascal Labeuche24 mai 2009 à 17:41

    Vous avez le "Théatre de Maurice Boissard" ici : http://www.chapitre.com/CHAPITRE/fr/search/Default.aspx?source=BOOKS&titre=LE%20THEATRE%20DE%20MAURICE%20BOISSARD

    RépondreSupprimer
  4. Gide, ce Mishima français ? Un peu cave comme écrivain mais ça se lit bien.

    RépondreSupprimer
  5. Ah, voilà un billet comme on les aime ! Joli titre, jolie illustration, érudition discrète agrémentée d'anecdotes de bon aloi...
    Réconfortant.
    Vous nous donnerez vos impressions de lecture ?
    (Et si on pouvait même un jour envisager l'éventualité d'un prêt...)

    RépondreSupprimer
  6. On s'en tape : oui, j'arrive assez bien à concevoir.

    Olivier : comme dirait nicolas, jamais de commentaire après l'apéro...

    Pascal, merci à vous : je vais aller voir.

    Pierre : je ne suis pas fou de Gide non plus. Mais les Cahiers de la Petite Dame, c'est vraiment bien. Enfin, je crois me souvenir que...

    Christine : c'est tout à fait envisageable (le prêt).

    RépondreSupprimer
  7. Un un petit extrait du théâtre de Maurice Boissard. Je n'ai pas entendu grand-chose, Est-ce que vous avez les entretiens radiophoniques de Léautaud ? Il y a une bonne heure, je crois, consacrée au théâtre.

    RépondreSupprimer

La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.