En principe, l'Irremplaçable et moi n'étions pas censés prendre l'apéritif ce soir. Pourtant, oui. Pour fêter mon retour sain et sauf de Mogadiscio, où j'ai passé huit mille signes cet après-midi – au péril de ma vie, ou presque, et pour tout juste mille euros : on pouvait bien en dépenser une vingtaine pour se détendre.
Donc, finalement apéritif – toutes les excuses sont bonnes. Nous en venons, après quelques détours, à parler de Renaud Camus. Et je dis à Catherine que, si je ne suis pas le plus brillant lecteur (très loin s'en faut, hélas) de cet écrivain – qui nous occupe l'un et l'autre beaucoup –, j'occupe néanmoins une position sinon unique du moins particulière : celle du type qui, avec l'artiste, peut “causer boutique”. Je ne sais pas si Jean-Paul Marcheschi (c'est un exemple) a déjà “causé peinture” avec l'artisan venu lui repeindre sa cuisine ; mais, moi, il m'est déjà arrivé d'avoir une conversation (brève, il va de soi) avec Renaud Camus, qui doit être à peu près l'équivalent de cela – et c'est ce que, éclusant, j'expliquais tout à l'heure à Catherine.
À quoi rime exactement une conversation “du bâtiment” ? À ceci, par exemple : il y a peu de temps, sur le forum de l'In-nocence, s'est développée une discussion dont l'objet était de savoir si Renaud Camus avait eu raison de se rendre à l'émission télévisuelle de Daniel Picouly, sachant que ladite émission est nulle (mais moins que d'autres) et qu'il y est impossible de parler vraiment. Certains des intervenants considéraient que, au nom d'une pureté que je trouve largement fantasmée, Renaud Camus aurait dû s'abstenir d'y paraître, au motif qu'il est, dans ce genre d'arène, impossible de s'exprimer réellement, de déployer toute la subtilité de sa pensée, etc.
J'ai mêlé mon grain de sel pour faire observer que le seul intérêt, pour un écrivain, de se produire dans ce genre de cirque, n'était certainement pas de s'exprimer, mais, plus modestement, ou plus réalistement, d'essayer de se rendre plus “visible” et, donc, de vendre plus de livres ; c'est-à-dire de gagner plus d'argent. Point de vue d'écrivain en bâtiment, auquel personne n'a daigné répondre, parce qu'il était par trop – je suppose – trivial.
Or, je sais bien, moi, que cet aspect trivial est inséparable du travail de Renaud Camus. Comme il l'était de celui de Balzac, et d'autres. Mon côté “en bâtiment” fait que je n'ai, en effet, que le côté trivial ; il n'empêche que, parfois, malgré les années-lumières qui nous séparent, lorsqu'ils nous arrive de nous croiser, Renaud Camus et moi sommes capables de parler de la même chose – en sachant que nous parlons de la même chose, bien qu'ayant conscience de tout ce qui nous sépare. Un écrivain, me semble-t-il, n'est jamais un “pur esprit”, sinon il ne serait pas écrivain. et il a toujours, forcément, un côté “bâtiment”.
Carburant : Une bière (Goudale, 50 cl) et deux whiskys-Coca.
Environnement musical : Robert Mitchum.
Donc, finalement apéritif – toutes les excuses sont bonnes. Nous en venons, après quelques détours, à parler de Renaud Camus. Et je dis à Catherine que, si je ne suis pas le plus brillant lecteur (très loin s'en faut, hélas) de cet écrivain – qui nous occupe l'un et l'autre beaucoup –, j'occupe néanmoins une position sinon unique du moins particulière : celle du type qui, avec l'artiste, peut “causer boutique”. Je ne sais pas si Jean-Paul Marcheschi (c'est un exemple) a déjà “causé peinture” avec l'artisan venu lui repeindre sa cuisine ; mais, moi, il m'est déjà arrivé d'avoir une conversation (brève, il va de soi) avec Renaud Camus, qui doit être à peu près l'équivalent de cela – et c'est ce que, éclusant, j'expliquais tout à l'heure à Catherine.
À quoi rime exactement une conversation “du bâtiment” ? À ceci, par exemple : il y a peu de temps, sur le forum de l'In-nocence, s'est développée une discussion dont l'objet était de savoir si Renaud Camus avait eu raison de se rendre à l'émission télévisuelle de Daniel Picouly, sachant que ladite émission est nulle (mais moins que d'autres) et qu'il y est impossible de parler vraiment. Certains des intervenants considéraient que, au nom d'une pureté que je trouve largement fantasmée, Renaud Camus aurait dû s'abstenir d'y paraître, au motif qu'il est, dans ce genre d'arène, impossible de s'exprimer réellement, de déployer toute la subtilité de sa pensée, etc.
J'ai mêlé mon grain de sel pour faire observer que le seul intérêt, pour un écrivain, de se produire dans ce genre de cirque, n'était certainement pas de s'exprimer, mais, plus modestement, ou plus réalistement, d'essayer de se rendre plus “visible” et, donc, de vendre plus de livres ; c'est-à-dire de gagner plus d'argent. Point de vue d'écrivain en bâtiment, auquel personne n'a daigné répondre, parce qu'il était par trop – je suppose – trivial.
Or, je sais bien, moi, que cet aspect trivial est inséparable du travail de Renaud Camus. Comme il l'était de celui de Balzac, et d'autres. Mon côté “en bâtiment” fait que je n'ai, en effet, que le côté trivial ; il n'empêche que, parfois, malgré les années-lumières qui nous séparent, lorsqu'ils nous arrive de nous croiser, Renaud Camus et moi sommes capables de parler de la même chose – en sachant que nous parlons de la même chose, bien qu'ayant conscience de tout ce qui nous sépare. Un écrivain, me semble-t-il, n'est jamais un “pur esprit”, sinon il ne serait pas écrivain. et il a toujours, forcément, un côté “bâtiment”.
Carburant : Une bière (Goudale, 50 cl) et deux whiskys-Coca.
Environnement musical : Robert Mitchum.
Je me demande sincèrement quelle est la luminosité dans ces pièces en dehors de juillet et août.
RépondreSupprimerEvidemment à ces dates, c'est enchanteur....Mais en hiver?????
Car j'ai le même problème, vous l'aurez compris:
J'admets ne pas bien comprendre ces commentateurs que vous décrivez. Il ne me semble pas y avoir de honte à gagner sa vie avec ses ouvrages.
RépondreSupprimerS'agit-il d'un rejet des médias de masse qui déformeraient la qualité de l'écrit ?
Malheureusement, si un écrivain veut atteindre le grand public, il faut bien qu'il s'y astreigne...
Renaud Camus ne "passe" pas très bien à la télé quand le style de l'émission est trop haché. Quand le présentateur l'emberlificote pour le ridiculiser et le faire passer pour l'antisémite ou l'impayable nostalgique proustien de service, on le voit bafouiller ou garder le silence. Il n'a pas l'esprit "salon".
RépondreSupprimerDidier, allons. Avouez que vous avez fourni le bâton pour vous faire battre. Vous auriez dû dire que grâce à cette émission, Renaud Camus allait pouvoir toucher un public plus large et mieux diffuser ses idées. Parler d'argent, franchement, c'est d'un vulgaire. Il n'y a que les pauvres qui s'en préoccupent. Vous ne seriez pas pauvre des fois ?
RépondreSupprimerDidier, ce bâtiment là vaut de l'or et, à défaut, beaucoup d'attachement !
RépondreSupprimer@Orage : la brume enveloppante se révèle aussi enchanteresse. D'accord avec vous, on se les gèle mais c'est pour mieux se réchauffer !
Pluton du Sud
« Un écrivain, me semble-t-il, n'est jamais un “pur esprit”... »
RépondreSupprimerJe le pense aussi, mais nous avons un tas de confrères qui se prennent pour des esprits très purs et détachés des contingences. Tristes pantins...
Carburant : kilkenny (440 ml). Et pour madame : Écume, bière des îles (de la Madeleine) (341 ml).
Burps !
Toute la question est de savoir si l'objectif de toucher le plus grand nombre, ou de vendre beaucoup, se marie bien avec la défense ou la revendication d'une certaine forme d'élitisme.
RépondreSupprimerOrage : la première fois, nous y sommes allés en décembre... et il faisait nuit à notre arrivée ! La seconde fois en mai, si je me souviens bien et la bibliothèque offre effectivement des lumières superbe, notamment dans la partie où se trouve le bureau du maître des lieux.
RépondreSupprimerMathieu : tout est affaire de dosage, je pense. Passer à la télé (ou à la radio), oui, mais en évitant tout de même les émissions infamantes...
Suzanne : effectivement, il n'est pas un très bon "débatteur", contrairement à un Finkielkraut par exemple.
Gabriel : non, j'avais fait exprès de parler d'argent de façon directe. Un peu par provocation, je l'avoue...
Pluton : il vaut de l'or... et en nécessite beaucoup !
Yanka : et ceux-là, ne "trient" même pas les émissions où ils vont se vautrer : tout fait ventre...
Vous aussi vous avez des problèmes de chauffage ?
RépondreSupprimerMarcel
Article intéressant cernant bien les problèmes d'une vie d'écrivain, n'omettant pas au passage le côté matériel... on ne vit pas que de l'air du temps...
RépondreSupprimerLe chauffage !!! ah oui, le chauffage !!!
Petite confidence, monsieur goux,
ces étagères dont la couleur miel reflétent un peu de soleil et qui sont couvertes de livres, suffiraient je crois à me réchauffer par moments... vague réminiscence d'une jeunesse en mal de livres...(des livres qui m'ont tellement manqués!!!)
Le rythme imposé par la télévision n'est qu'assez peu compatible de toute manière avec la littérature. Pas de respiration, pas même de retour arrière pour apprécier de nouveau telle ou telle phrase trouvée remarquable mais trop vite évaporée…
RépondreSupprimerEt maintenant, quelques pages de publicité…
:-))