Le titre est une expression de mon oncle/beau-père, pour désigner un lendemain de cuite – c'est-à-dire un lendemain. Je devais vraiment être en vrac, ce matin, car je suis parti de la maison sans :
1) ma montre,
2) mon i-pod,
3) MON LIVRE.
Partir sans un livre ne m'arrive absolument jamais. Sauf, à la rigueur, si c'est pour aller acheter un pack de douze chez l'Arabe de Pacy, en prévision d'une alcoolisation vespérale. (J'ai les meilleurs rapports qui soient, avec l'Arabe de Pacy : je l'appelle "Monsieur", lui aussi, on se serre la main depuis peu, on parle du temps qu'il a fait, qu'il fait et fera ; je sacrifierais d'un cœur allègre 352 Céleste imbéciles pour garder cet Arabe-là en vie et en activité – et il s'en trouve encore pour me penser raciste, pfff !)
Bref. Le plan était d'aller me chercher un sandwich à la boulangerie, puis de prendre unpichet café à la terrasse de L'Ambiance d'à côté. Comme une défilongée (mot en vigueur dans ma famille ardennaise) de lycéens idiots encombrait la boulangerie, je me suis contraint à déjeuner à L'Ambiance. Changement de carte ! Parmi les nouveaux plats, un "filet mignon de porc aux pruneaux", accompagné de spaghettis. L'Irremplaçable cuisinant régulièrement le filet mignon, je me dis que la comparaison sera intéressante – je la pressens à son avantage, n'étant pas d'une objectivité parfaite.
Je suis à mille lieues en dessous de la vérité : onc ne vis un mignon filet aussi dur, aussi sec, aussi rétif à la manducation – et c'est pour ne rien dire de la sauce, gluante à souhait et souffrant d'un défaut de sapidité rédhibitoire. Si Catherine, d'aventure, me sert un truc de ce genre, je la répudie aussi sec (comme le filet).
Néanmoins, le moment est agréable : il fait beau, je suis seul, je parcours un livre (trouvé dans un de mes tiroirs) amusant. Il y a ce léger décalage par rapport à la vie réelle (celle des autres) propre aux "lendemains de la veille" chers à mon tonton Serge. Je vois passer un grand con de trente ans, monté sur patins à roulettes et suivi par son fils, casqué, sur une trottinette : je me demande pourquoi les enfants d'aujourd'hui auraient encore cette hâte à devenir "grands" qui nous a caractérisés, puisque leurs propres parents se comportent comme des demeurés infantiles. Dix minutes plus tard, passent à côté de ma table, un père en shorts (il est vrai qu'à Levallois-Perret, la plage n'est jamais bien loin) et son fils de dix ans en pantalons : inversion des codes, générations de merde.
Finalement, pour accompagner la fin de mon pichet, je me replonge dans mon livre : Dictionnaire des clichés littéraires, d'Hervé Laroche, éditions Arléa. Je souris tout seul, comme un gosse idiot. C'est un peu facile, mais bien observé. Un exemple :
« défendre (se) : se défendre est banal, mais ne pouvoir se défendre est spécialement intéressant. Ne jamais se priver de signaler tout ce que les personnages ne font pas, et encore moins ce qu'ils font mais auraient pu ne pas faire. Robert ne pouvait se défendre d'un pénible sentiment de gêne devant cette franchise inattendue. On sait ainsi trois choses : que Robert éprouve de la gêne ; qu'il a voulu ne pas l'éprouver ; qu'il n'y est pas parvenu. Tout cela sans que Robert se soit confié à quiconque. »
Voilà.
1) ma montre,
2) mon i-pod,
3) MON LIVRE.
Partir sans un livre ne m'arrive absolument jamais. Sauf, à la rigueur, si c'est pour aller acheter un pack de douze chez l'Arabe de Pacy, en prévision d'une alcoolisation vespérale. (J'ai les meilleurs rapports qui soient, avec l'Arabe de Pacy : je l'appelle "Monsieur", lui aussi, on se serre la main depuis peu, on parle du temps qu'il a fait, qu'il fait et fera ; je sacrifierais d'un cœur allègre 352 Céleste imbéciles pour garder cet Arabe-là en vie et en activité – et il s'en trouve encore pour me penser raciste, pfff !)
Bref. Le plan était d'aller me chercher un sandwich à la boulangerie, puis de prendre un
Je suis à mille lieues en dessous de la vérité : onc ne vis un mignon filet aussi dur, aussi sec, aussi rétif à la manducation – et c'est pour ne rien dire de la sauce, gluante à souhait et souffrant d'un défaut de sapidité rédhibitoire. Si Catherine, d'aventure, me sert un truc de ce genre, je la répudie aussi sec (comme le filet).
Néanmoins, le moment est agréable : il fait beau, je suis seul, je parcours un livre (trouvé dans un de mes tiroirs) amusant. Il y a ce léger décalage par rapport à la vie réelle (celle des autres) propre aux "lendemains de la veille" chers à mon tonton Serge. Je vois passer un grand con de trente ans, monté sur patins à roulettes et suivi par son fils, casqué, sur une trottinette : je me demande pourquoi les enfants d'aujourd'hui auraient encore cette hâte à devenir "grands" qui nous a caractérisés, puisque leurs propres parents se comportent comme des demeurés infantiles. Dix minutes plus tard, passent à côté de ma table, un père en shorts (il est vrai qu'à Levallois-Perret, la plage n'est jamais bien loin) et son fils de dix ans en pantalons : inversion des codes, générations de merde.
Finalement, pour accompagner la fin de mon pichet, je me replonge dans mon livre : Dictionnaire des clichés littéraires, d'Hervé Laroche, éditions Arléa. Je souris tout seul, comme un gosse idiot. C'est un peu facile, mais bien observé. Un exemple :
« défendre (se) : se défendre est banal, mais ne pouvoir se défendre est spécialement intéressant. Ne jamais se priver de signaler tout ce que les personnages ne font pas, et encore moins ce qu'ils font mais auraient pu ne pas faire. Robert ne pouvait se défendre d'un pénible sentiment de gêne devant cette franchise inattendue. On sait ainsi trois choses : que Robert éprouve de la gêne ; qu'il a voulu ne pas l'éprouver ; qu'il n'y est pas parvenu. Tout cela sans que Robert se soit confié à quiconque. »
Voilà.
Votre oncle/beau père traduit peut-être ainsi l'expression "the morning after the night before", bien connue des Anglais.
RépondreSupprimerAh, tiens, je ne connaissais pas l'expression anglaise ! Merci...
RépondreSupprimerSi j'en crois l'autre blog, tout le monde perd sa montre, aujourd'hui.
RépondreSupprimerEt pendant ce temps, je siestais ( du verbe siester).
RépondreSupprimerZ'aviez qu'à pas venir à la Comète pendant les vacances de Seb...
RépondreSupprimerC'est sûr, en matière de lendemain de la veille, vous vous défendez pas mal ! :-))
RépondreSupprimer[Mieux qu'un filet mignon, veux-je dire…].
les chaises de ce rade paraissent fragiles cependant
RépondreSupprimerSouvent avec vos billets, on ne peut se défendre d'un sentiment de gêne devant leur franchise inattendue. Ici, par exemple, je pense à l'humiliation du cuisinier de L'Ambiance, s'il visite votre blog…
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