Ce m'est tombé dessus, aujourd'hui, aux alentours de cinq heures de l'après-midi. Un article à faire, concernant un certain Yves Roze – dont je croyais tout ignorer. En réalité, non : ce monsieur s'est, en 1969, appelé Jean-François Michael ; et il a enregistré une chanson, mes frères, qui j'espère l'a rendu milliardaire et s'appelait Adieu Jolie Candy. Premier coup de gong : j'entends cette chanson imbécile (c'était vraiment une chanson imbécile...), trente années s'annulent, d'une certaine manière.
Ensuite : ce garçon était, apprends-je, à cette même époque, en cette même année, le producteur du tube de Michel Delpech : Wight is Wight. Là, je m'effondre. 1969, n'est-ce pas... Wight is Wight. Que vous dire d'autre ? Une chanson sans intérêt, mais infiniment précieuse ; 13 ans j'avais. Les plages algériennes ; Marie-Paule – premier amour – et son petit maillot de bain jaune ; des seins comme des promesses.
Et Michel Delpech – Wight is Wight. En pleine gueule, mes drôles, ce soir. Fredonnant en boucle, comme un gosse idiot. Avec, tout de même, le rire en arrière-gorge : la jolie jeune femme au volant de sa voiture, arrêtée à côté de moi, au feu, et contemplant ce vieux machin, à sa gauche, de l'eau plein les yeux, fredonnant cette idiotie...
Plus tard, sur la route, continuant à chantonner "Dylan is Dylan", et aussi "Viva Donovan", je pensais à vous tous. Dans dix, vingt, trente ans ans, une chanson pareillement stupide vous reviendra aux oreilles, ou simplement à la mémoire. Et vous aurez les yeux embués, une Marie-Paule quelconque vous sautera à la gueule, et peut-être même penserez-vous à moi qui serai mort – mais ce n'est pas sûr (pas sûr que vous penserez, mais sûr que je serai mort, il va de soi). Et le trajet vous paraîtra un peu trop long, et vous ne direz rien à vos enfants, en arrivant à la maison – parce qu'il n'y aura rien à dire, vous verrez.
« vous ne dire rien à vos enfants »La vache ! La syntaxe se sera sacrément dégradée, dans dix, vingt ou trente ans.
RépondreSupprimerMerde ! je viens juste de corriger !
RépondreSupprimerC'est très beau. Vous décrivez avec beaucoup de justesse la cristallisation de notre environnement chansonnier dans notre histoire personnelle et ses affects. Merci !
RépondreSupprimerDidier Goux chantant ému "Wight is Wight"... je suis heureux de ne pas être mort aujourd'hui, juste pour imaginer ça.
RépondreSupprimerIl faudrait faire une série télé de vous, genre "Dexter Goux".
(le plus amusant est que ma mère fredonnait beaucoup Wight is Wight, avec émotion, se rappelant de sa jeunesse, donc du coup, machinalement, je fredonnais la chanson aussi, bien qu'à présent trentenaire. Mais pour "Donovan", j'ai longtemps pensé qu'il s'agissait de "Jason Donovan", le Kylie Minogue en homme. C'est ballot n'est-ce pas).
« Merde ! », etc.
RépondreSupprimerAh, c'était donc ça, une simple erreur de frappe. Je croyais que vous imaginiez les Français de demain parlant comme les Indiens dans les vieux westerns ou comme les porteurs africains dans Tarzan.
(c'est un peu emmerdant, ce nouveau problème récurrent, sur Blogger, qui empêche d'aller à la ligne après une phrase en italiques... ; il va falloir faire d'urgence une pétition)
Vous eussiez pu chanter "69 année érotique" du beau Serge!
RépondreSupprimerAh mais moi j'en ai des centaines, des pareilles. Une vague chanson : un souvenir parfois très précis et des visages, des instants précieux, d'autant plus précieux qu'inutiles.
RépondreSupprimerassez d'accord avec Yanka,
RépondreSupprimer"des instants aussi précieux qu'inutiles"
Delpech, j'ai bien aimé quand j'étais jeune, je l'ai revu il y a peu à la télé, il a toujours un joli sourire... mais il est chauve
Je traverse tellement l'existence avec de la musique autour que je ne sais s'il reste une chanson vierge de toute cristallisation.
RépondreSupprimerÇa a le désavantage de laisser tranquille la nostalgie des époques et le prolifique avantage de recouvrir quasiment toutes les années vécues !
:-))
[De toute façon, mes gosses, ces morveux, me feront la gueule, alors…].
Didier, "vieux machin"... un peu exagéré non ? Et puis, la belle jeune fille, dans trente ans... Bon d'accord, pour l'instant elle nous emmerde, mais bon, ne nous laissons pas abattre !
RépondreSupprimer@Olivier, mais qu'avez vous donc contre les chauves ?!!
Devinette : quel chanteur de cet époque chantait ceci ?
RépondreSupprimer"On allumait une cigarette et tout s'allumait
Et c'était la fête, le quatorze juillet
Il n'y avait jamais un copain de trop
Dans l'équipe à Jojo
Y avait moins de nuits sans guitare que de jours sans pain
On partageait tout et on n'avait rien
Qu'est-ce qu'on était fou, qu'est-ce qu'on s'en foutait
Qu'est-ce qu'on était bien"
Jo Dassin
RépondreSupprimerEt ça y est, Dassin me fait le coup de Delpech avec Goux. On se fait une soirée "vieux cons nostalgiques" ?
RépondreSupprimerMais qu'est ce que c'est que ces trucs en forme de poubelle à la fin de mes commentaires ?
RépondreSupprimerBel instantané.
RépondreSupprimerÉmouvant ce vertige que le temps peut donner…
Tiens ! Un blog de vieux.
RépondreSupprimer@Pluton
RépondreSupprimerRien contre les chauves, mais la chauvitude n'est elle pas un signe du temps qui passe?
Que oui Olivier, que oui !
RépondreSupprimerMarie-Paule, ça serait pas la mère de Balmeyer?
RépondreSupprimerAuquel cas...
Pour Azamael : ne cliquez surtout pas sur le petit symbole en forme de poubelle, sinon votre joli commentaire disparaitra. C'est une forme d'autocensure. Mais il reste quand même alors un mouchard qui avertit les autres lecteurs du blog :
RépondreSupprimer« Commentaire effacé par l'auteur » (l'auteur du commentaire, non pas le "taulier", of course.)
A Didier : merci pour cette chanson qui me replonge dans mes jeunes et belles années. Si on pouvait seulement se rendre compte à quel point tout cela est rapide... mais pas de nostalgie chez moi, et pas l'envie de recommencer non plus : il faut bien laisser la place aux jeunes.
Ah ouais, cette chanson est non seulement bête mais mensongère qui plus est. A Wight, y avait un flic derrière chaque chevelu et c'était déjà la fin des haricots bien entamée.
RépondreSupprimerMusicalement, je n'ai jamais été trop dans mon époque. Il m'arrive quand même parfois déjà d'avoir des bouffées de nostalgie. D'entendre, un peu ému des trucs que je n'écouterai plus jamais...
Assurément.
Des seins à l'état de promesses, c'est comme un zizi à l'état de chrysalide, non?
RépondreSupprimerTiens je relevais la même chose qu'Henri. Des seins comme des promesses... électorales ?
RépondreSupprimerJe partage cette nostalgie éprouvée à l'écoute de chants médiocres. Ce phénomène me renvoie directement au dernier billet de Balmeyer d'ailleurs, qui disait joliment un truc comme ça. (Incapable de citer comme il faut. Y'avait le mot "merde" dedans.)
@Azamael et Didier
RépondreSupprimerChez moi la chanson qui cristallise est de Fugain c'est "un beau roman" dans les années 70. Je crois que c'était le tube de l'été mais quelle année je ne sais plus, je me souviens juste que j'étais sur la plage.
Désolée, ce n'est pas une fille qui me faisait rêver !
« Chez moi la chanson qui cristallise est de Fugain c'est "un beau roman" dans les années 70. Je crois que c'était le tube de l'été mais quelle année je ne sais plus »
RépondreSupprimerPour ce genre de choses, faut demander à Mononc' Ygor qui connaît tous les classiques de ses tendres années. Cette chanson de Fugain s'intitule en fait « Une belle histoire » et est sortie en mai 72 (I was 9 years old). C'est effectivement un des succès de l'été 72, avec le cultissime « Popcorn ».