Oui, je sais : ce genre de billet n'a aucun intérêt pour les âmes en errance qui viendraient à passer par ce blog. Cela étant, je vous ferai observer que tondre sa pelouse n'en a pas davantage ; or, on est tout de même obligé de le faire – sinon, c'est rapidement la savane, les éléphants et les antilopes qui se chamaillent, les lanceurs de sagaies qui déboulent et qui, ne trouvant aucun gibier à leur mesure, finissent par empaler l'Irremplaçable pour un garden-méchoui improvisé, festif et multiculturel : ça fait désordre vis-à-vis des voisins. Donc, il faut tondre, pas à tortiller.
Sauf si, dès le matin, tombe une belle pluie, grasse et drue, sûre d'elle-même et dominatrice, auquel cas le joueur de pelouse n'a plus qu'à remballer son banjo autotracté jusqu'au lendemain. Or, pas de chance, ce matin, la paupière droite à peine déclose, j'ai pu constater qu'il régnait sur la Haute-Normandie un soleil parfaitement imbécile, et quelque peu sarcastique à mon endroit – m'a-t-il semblé.
Par conséquent, après être allé à Pacy-sur-Eure acheter deux baguettes tradition bien cuites (j'emploie ce ton épique à dessein : il s'agit bel et bien d'une épopée moderne), j'ai sorti l'engin de son abri. Pour une fois, j'ai pensé à reconnecter la bougie, ce qui m'a évité d'aller pleurnicher auprès de l'Irremplaçable, comme souvent : « Cath'riiiiine ! Elle est en paaaanne !», puis de me transformer en bibelot d'inanité sonore, lorsqu'elle se contente de remettre le petit capuchon noir, avec un demi-sourire qui en dit long sur l'estime qu'elle me porte – au moins à ce moment-là.
[Ce qu'il y a de presque inquiétant, avec ce type de billet insane, c'est que, au bout de quelques paragraphes, on s'aperçoit qu'on pourrait continuer comme cela indéfiniment – au moins jusqu'à ce que le lapin à la bière soit cuit, en tout cas. C'est limite fout-la-trouille. Non, ne partez pas : c'était une menace en l'air...]
Je n'ai pas non plus omis d'ouvrir l'arrivée d'essence, ce qui m'a permis de ne pas caler au bout de douze mètres. Bref, tout s'est admirablement passé. J'ai bien écrasé deux ou trois merdes de chiens, mais le vent était assez présent pour que je n'en fusse pas plus incommodé que cela. Presque tout le temps, j'ai été escorté par un Monsieur Merle qui se tortorait les bestioles que je débusquais du bout de mes lames giratoires (je sais que rotatives serait sans doute mieux, mais le mot me fait penser à la presse, la presse au boulot, etc. : mieux vaut s'en tenir à giratoires).
Quand tout a été fini, j'étais bien content. En sueur mais bien content.
Sauf si, dès le matin, tombe une belle pluie, grasse et drue, sûre d'elle-même et dominatrice, auquel cas le joueur de pelouse n'a plus qu'à remballer son banjo autotracté jusqu'au lendemain. Or, pas de chance, ce matin, la paupière droite à peine déclose, j'ai pu constater qu'il régnait sur la Haute-Normandie un soleil parfaitement imbécile, et quelque peu sarcastique à mon endroit – m'a-t-il semblé.
Par conséquent, après être allé à Pacy-sur-Eure acheter deux baguettes tradition bien cuites (j'emploie ce ton épique à dessein : il s'agit bel et bien d'une épopée moderne), j'ai sorti l'engin de son abri. Pour une fois, j'ai pensé à reconnecter la bougie, ce qui m'a évité d'aller pleurnicher auprès de l'Irremplaçable, comme souvent : « Cath'riiiiine ! Elle est en paaaanne !», puis de me transformer en bibelot d'inanité sonore, lorsqu'elle se contente de remettre le petit capuchon noir, avec un demi-sourire qui en dit long sur l'estime qu'elle me porte – au moins à ce moment-là.
[Ce qu'il y a de presque inquiétant, avec ce type de billet insane, c'est que, au bout de quelques paragraphes, on s'aperçoit qu'on pourrait continuer comme cela indéfiniment – au moins jusqu'à ce que le lapin à la bière soit cuit, en tout cas. C'est limite fout-la-trouille. Non, ne partez pas : c'était une menace en l'air...]
Je n'ai pas non plus omis d'ouvrir l'arrivée d'essence, ce qui m'a permis de ne pas caler au bout de douze mètres. Bref, tout s'est admirablement passé. J'ai bien écrasé deux ou trois merdes de chiens, mais le vent était assez présent pour que je n'en fusse pas plus incommodé que cela. Presque tout le temps, j'ai été escorté par un Monsieur Merle qui se tortorait les bestioles que je débusquais du bout de mes lames giratoires (je sais que rotatives serait sans doute mieux, mais le mot me fait penser à la presse, la presse au boulot, etc. : mieux vaut s'en tenir à giratoires).
Quand tout a été fini, j'étais bien content. En sueur mais bien content.
Je n'aurai qu'un mot : bravo !
RépondreSupprimergiratoire...
RépondreSupprimerElle sourit d’un air victorieux et tourne avec lenteur sur elle-même, en haussant les seins. – Sa robe est bleu pastel ornée de boutons en émail camaïeu, où sont représentés des attributs Empire – la jupe volantée trois fois en forme, tout en bas. Et son chapeau est fait d’un seul oiseau dont on dirait, tant il est plat, que pendant longtemps quelqu’un de très lourd s’est assis dessus.
Enfin elle cesse de girer, et me dit d’un air grave :
– Pourquoi voulez-vous que j’admire toute cette décadence ? Ça ne vaut pas mieux que Florence ; et vous savez, aussi bien que moi, que Michel-Ange a tué la sculpture.
(P.J.Toulet- Mon amie Nane)
Un peu de Toulet après la tondeuse : je suis preneur...
RépondreSupprimerCa doit donner soif.
RépondreSupprimerPurée, vous aurez pas pu le dire plus tôt, j'ai passé un week end de merde en pensant : "bon sang, où en est la pelouse de Didier Goux".
RépondreSupprimerEt pis d'abord, je croyais que vous les aimiez touffues !
"auriez"...
RépondreSupprimerJe suis béate ...
RépondreSupprimerPouvoir tondre en Normandie un lundi, ça relève presque de la gageure.
Je ne comprend pas cette manie de courrir après une tondeuse, moi la mienne elle a un démareur électrique et je m'assois dessus pour tondre...
RépondreSupprimerfaites gaffe quand même, avec ce post vous commencez à manifester les premiers symptômes d'une perdrialite aigüe :
RépondreSupprimerhttp://ecrivainrouen.over-blog.com/article-31399794.html
Se mettre le visage sous les rotatives, ou les giratoires, c'est risqué non...
RépondreSupprimerNicolas : y a plus que de l'eau, ici...
RépondreSupprimerDorham : pas le droit de tondre le dimanche. Mais c'est vrai que j'aurais pu faire hier un billet préparatoire : ç'aurait été moins brutal.
Flèche : oui, d'ailleurs le temps se gâte, là.
Olivier : mon jardin est trop petit pour une tondeuse-qu'on-est-assis-dessus.
Laure : je ne connaissais pas ce blog, je vais y retourner plus longuement. En attendant, je rétablis votre lien.
Emma : oui, un peu. Sauf si on a pensé à ôté le capuchon de la bougie.
Ah ! Le mustère se lève enfin ! Je comprends comment votre assez faible amour des activités de tonte a pu vous faire choisir de vivre en Normandie. Opter pour Nice ou toute autre région un tant soit peu ensoleillée, je veux dire suffisamment longtemps pour que les graminées acquièrent le degré de sècheresse idéale pour se faire étêter, eut pu vous contraindre à vous activer bien trop souvent.
RépondreSupprimerA quoi cela tient-il d'habiter les régions tempérées !!!
:-))
J'espère que vous passez la "chevauchée de Walkyries" à plein tube quand vous sortez la machine...
RépondreSupprimerLa photo me rappelle le film Phénomènes, de l'été 2008, où l'on voyait un joyeux drille se suicider à la tondeuse^^
RépondreSupprimerMonsieur Poireau : grossière erreur ! Dans le Midi méditerranéen, tout se dessèche à partir de début juin (en gros) et ils sont tranquilles jusqu'à l'année suivante ! Alors que, nous, on tond presque sans interruption de mars à fin octobre.
RépondreSupprimerBalmeyer : évidemment, sans ça, c'est pas humain.
Marine : ah, je ne connais pas ! En revanche, je me souviens de Brain dead, film d'horreur déjanté (néo-zélandais je crois), où le jeune héros transformait une bande de zombis en steack haché à coup de tondeuse.
Didier, j'adore cette photo !
RépondreSupprimerDidier Goux : je ne suis vraiment qu'un jardinier en herbe !
RépondreSupprimer:-))
Chez moi, c'est franchement la savane depuis quelque temps. Au point que j'ai passé une partie de la matinée à scier le carter de ma tondeuse pour couper l'herbe sans la coucher. Je suis très fier de ma nouvelle débroussailleuse.
RépondreSupprimerPluton : je n'étais pas mécontent de ma trouvaille googlesque...
RépondreSupprimerPoireau : et moi, un assassin en herbe...
Coucou : Ah, ça, si on attend trop...
Bravo tonton !! (tu peux venir tondre ici si tu veux, il n'ont pas encore acheté de mouton pour faire le boulot)
RépondreSupprimerMais si voyons Didier! Le dernier chef d'oeuvre(!) de Night SHYAMALAN où l'on voit la nature pousser les quidams au suicide...Fallait voir les gens glousser dans la salle^^
RépondreSupprimerLapin à la bière. D'accord. Mais au four ou à la sauteuse ?
RépondreSupprimer"J'ai bien écrasé deux ou trois merdes de chiens, mais le vent était assez présent pour que je n'en fusse pas plus incommodé que cela"
RépondreSupprimerComment vous y prenez vous pour que ça ne vous gicle pas dessus?
Et le Maître est allé puiser des pleurs au Styx...
RépondreSupprimerVotre coiffeur semble être un garçon plutôt impulsif, Didier Goux.
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup ce genre de billet qui semble justement capable de se poursuivre à l'infini... J'adore connaître régulièrement l'état de votre pelouse, avoir des petites anecdotes dans lesquelles l'Irremplaçable est fière et vaillante... C'est très drôle, c'est bien de commencer la journée comme ça !
RépondreSupprimerBises à vous deux (et aux chiens aussi !)
Nef : nous comptons passer par les Ardennes dans la deuxième quinzaine de juin : tu y seras ?
RépondreSupprimerMarine : moi, ce serait plutôt le sieur Shyamalan lui-même qui me pousserait au suicide...
Pascal Labeuche : cocotte Le Creuset.
Marine : ce sont de vieilles merdes, à moitié desséchées. Et puis, il y a une protection, tout de même.
Christine : il y a une contrepèterie ?
Appas : c'est l'Irremplaçable qui me coupe les cheveux. Et, en effet, à la tondeuse...
Zoridae : vous allez voir que si j'oublie de donner des nouvelles de ma pelouse, je vais m'attirer des réclamations !
Bien sûr qu'on va réclamer !
RépondreSupprimerNon mais ! D'ailleurs je me disais aussi que cela faisait longtemps que nous n'avions pas de nouvelles des chiens... Et compris de feu le précédent !
Pacy-sur-Eure : « La marque BOURSIN, qui fait partie du groupe Unilever depuis 1990, y possède son unique usine. Unilever annonce en septembre 2007 la vente de la marque » (Wikipédia)
RépondreSupprimerConfirmez-voud, excellent ami ?
Je croyais que Boursin avait été racheté par le groupe Bel...
RépondreSupprimerPour ce qui est de Boursin, je ne sais pas si la marque a été rachetée, ni encore moins par qui, mais je confirme que l'usine se trouve bien à Pacy, au bord de l'Eure, sur la route de Louviers (air connu).
RépondreSupprimerEh bien voilà de quoi mettre de l'eau dans votre moulin, cher Didier !http://archives.lesechos.fr/archives/2007/lesechos.fr/11/05/300215797.htm
RépondreSupprimerDésolé je ne sais pas rendre le lien actif dans ce bungalow !
juste pour vous dire que je n'ai pas oublié votre question, et j'en ferai un billet mais c'est plus long que prévu. vous qui êtes un spécialiste du verbe essayez donc de trouver ce que signifie machiste dans un dico !
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