Dans l'une de ses Historiettes, Tallemant des Réaux vient à parler du baron de Panat, gentilhomme dont la naissance pourrait être qualifié de miracle macabre. Sa mère était enceinte de près de neuf mois lorsque, un soir, elle s'étouffe avec l'éclat d'os qu'un gâte-sauce a malencontreusement laissé dans le hachis ; on la voit morte. Elle est enterrée dès le lendemain, en robe d'apparat et toutes ses bagues aux doigts.
Quelques heures après, nuit tombée, un couple de domestiques avides s'empresse d'aller la déterrer afin de lui subtiliser ses bijoux. La servante, qui avait eu à se plaindre de sa maîtresse de son vivant, ne peut résister à l'envie de lui donner un grand coup de poing “sur la nuque du col” ; le coup fait alors ressortir l'os qu'on pensait meurtrier, la morte remonte des enfers à la vitesse d'un cheval au galop dans la baie du Mont Saint-Michel : elle est vivante ! Et, quelques jours plus tard, elle accouche d'un garçon parfaitement formé, le baron de Panat. Dans la même historiette, Tallemant enchaîne sur une autre histoire de revenante, qu'il tient de seconde main. La voici :
A propos de femmes qui sont revenües, on conte qu'une femme estant tombée en lethargie, on la crut morte, et comme on la portoit en terre, au tournant d'une rue, les prestres donnerent de la bière contre une borne, et la femme se resveilla de ce coup. Quelques années après, elle mourut tout de bon, et le mary, qui en estoit bien aise, dit aux prestres : « Je vous prie, prenez bien garde au tournant de la rue. »
Humour garanti d'époque.
En voici encore une autre : c'est celle de la Marie Soleil.
RépondreSupprimerOn la portait en terre ce jour gris et bas comme il en existe en Bretagne, et voilà qu'à l'occasion d'une éclaircie comme il est courant d'en voir en Bretagne aussi, la morte, apercevant un rayon à travers les planches disjointes de son cercueil s'écrie : "Tiens, voilà le soleil !"
Les porteurs tout effrayés posent la bière par-terre, ouvrent le couvercle pour s'apercevoir que la morte est bien vivante. De ce jour, elle reçut le nom de Marie Soleil, et son histoire se raconte de génération en génération dans ce coin de Bretagne.
Mais elle n'a pas accouché d'un baron au sortir de sa bière !
SupprimerElle n'avait pas accouché d'un baron au sortir de sa bière; peut-être juste d'un galopin.
SupprimerNe parlez pas de bière, ça va attirer Jégoun!
Supprimera l'époque on avait le même humour que dans le black métal
RépondreSupprimerSi vous le dites…
SupprimerVous seriez-vous enfin décidé à acquérir Tallemant?
RépondreSupprimerJ'ai commandé ce matin le premier volume de La Pléiade. Pour le moment, je lis (avec délectation) le petit "digest" de 1940 que je possédais déjà.
SupprimerNon, je dis n'importe quoi : ce n'est pas un digest mais le premier volume d'une collection qui en comportait sept ou huit. Enfin bref…
Il manque un Tallemant des Réaux pour narrer avec ce style inimitable les innombrables historiettes de notre époque. N'en doutons point, les escapades scooterisées et nocturnes de l'endive élyséenne auraient un autre relief que la triste relation qui en a été faite dans la presse à scandale.
RépondreSupprimerQui vous dit qu'elles ne sont pas en train de s'écrire, quelque part ?
SupprimerEnterrée dès le lendemain !!! En voilà une bien piètre catholique et le diable aura fait son oeuvre. Pauvre baron.
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