En réalité c'est moi qui, ému par sa triste condition de SBF –
Sans blog fixe, pour les derniers arrivés –, lui ai proposé de l'héberger ici chaque fois qu'il le souhaiterait. Comme il m'a envoyé il y a quelques jours un texte intéressant, c'est bien volontiers que je le publie. En précisant que, de par ma position particulière d'hébergeur, je m'abstiendrai de participer aux éventuels commentaires – de toute façon, ai pas l'temps… Donc, voici :
C'est leulibéralisme
Quand on a un cor aux pieds ces jours-ci, c'est la faute du libéralisme. Le logement est trop cher ? Les TGV tombent en panne ? Le poulet n'a plus de goût ? Pas de doute : c'est leulibéralisme.
Beaucoup de querelles sur le libéralisme viennent de ce que le sens donné à ce mot par les uns et les autres est différent.
Pour les anti-libéraux de 2011, libéralisme signifie mondialisation, pouvoir absolu du marché, effacement des frontières et des nations, immigrationnisme.
Or, on n'est pas libre de donner au mot libéralisme le sens que l'on souhaite. Libéralisme ne signifie pas "tout ce qui va mal dans le monde actuel".
Le libéralisme est une théorie politique fort ancienne, échafaudée par des dizaines de penseurs (qui ont d'ailleurs des divergences notables entre eux), et dont les idées ont été appliquées depuis plusieurs siècles, à différentes époques, dans différents pays. Le libéralisme est un ensemble d'idées, formalisé dans toute une série d'ouvrages. On peut critiquer le libéralisme ; encore faut-il le connaître.
"Le lobby du MEDEF", "les patrons du CAC 40" ne représentent pas le libéralisme. Ils ne s'en revendiquent d'ailleurs pas particulièrement. Le lobby du MEDEF représenterait plutôt le stato-capitalisme incestueux typique du colbertisme français, c'est à dire l'exact opposé du libéralisme.
Si certains penseurs contemporains se réclamant du libéralisme appellent à l'immigration libre, d'autres au contraire ont expliqué pourquoi, au nom même des principes libéraux, l'immigration devait être l'exception et non la règle.
Contrairement à une idée reçue tenace, le libéralisme n'est pas l'abolition de l'Etat, sauf pour des penseurs très marginaux, dont une partie reconnaît d'ailleurs que ses thèses ne sont pas destinées à être mises en pratique, mais simplement à servir d'aiguillon intellectuel.
Pour les libéraux, l'Etat doit se concentrer sur ses missions fondamentales. La défense nationale, la protection de la souveraineté, la protection des frontières, et donc la maîtrise de l'immigration éventuelle font à l'évidence partie de ces missions fondamentales.
Le libéralisme en actes est affaire de conviction des peuples, et à ce titre, aucune évaluation honnête du libéralisme ne saurait être complète sans étude des peuples libéraux convaincus.
Deux de ces peuples sont, sans conteste, les Américains et les Suisses. Pour être honnête, toute évaluation des Etats-Unis et de la Suisse doit prendre en compte les périodes où ces pays ont connu davantage de succès que les autres. Durant ces périodes, ces deux peuples ont été des libéraux de conviction. Durant ces périodes, ces deux pays ont strictement contrôlé leur immigration, et se sont montrés particulièrement patriotes et fiers de leur identité.
En définitive, il y a deux conflits différents. L'un oppose libéraux et anti-libéraux. L'autre oppose les classes qui ont intérêt à la mondialisation, à l'immigration et à l'effacement des frontières, à celles qui n'y ont pas intérêt. Ils ne se confondent pas.
Le libéralisme ne suppose nullement l'immigration. Bien au contraire. La liberté de circulation des capitaux est précisément un moyen d'éviter la libre circulation des personnes. Si vous pouvez investir en Chine, alors vous pouvez y créer une activité économique sans y expatrier la moitié des Français. Si vous pouvez accueillir les capitaux américains, alors vous pouvez profiter de leurs entreprises sans accepter l'immigration de millions d'Américains.
Les Japonais sont pleinement engagés dans la compétition économique internationale. Ils ont pourtant l'une des politiques d'immigration les plus restrictives du monde.
L'immigration de masse ne provient pas, en général, de pays particulièrement exportateurs (ni importateurs) de capitaux. L'immigration de masse est due avant tout, non pas au libéralisme, mais à l'étatisme.
Si les patrons français sont tentés d'employer des immigrés africains, c'est parce que le code du travail est trop épais, qu'il y a un salaire minimum en France, que les entreprises sont obligées de payer des salariés, non seulement à ne rien faire, mais à saboter leur activité (comités d'entreprise, délégués syndicaux).
En Suisse, il n'y a pas de salaire minimum. Résultat : les Français se pressent aux portes de la Suisse pour bénéficier de salaires deux fois plus élevés que chez eux, pour le plus grand bénéfice des Suisses qui profitent d'une immigration respectueuse de la loi, qualifiée et culturellement homogène avec eux.
L'immigration de masse est aussi due à la mondialisation, au fait que les habitants de n'importe quel trou du cul du monde voient à la télévision les richesses de l'Occident ; elle est favorisée par le voyage aérien bon marché, et par l'ethnomasochisme des Occidentaux.
Je ne vois pas ce que le libéralisme a à voir avec l'ethnomasochisme. Je serais curieux qu'on me montre les appels à la repentance anti-coloniale, à l'immigration libre et à l'anti-racisme chez Frédéric Bastiat ou Adam Smith.
L'immigration est aussi due à l'étatisme et à l'Etat-providence. Ce sont les allocations sociales qui permettent à des incapables de vivre sans travailler en Occident, et qui les y attirent de l'autre bout du monde.
On le voit bien aux Etats-Unis. C'est bien la Californie en faillite, l'un des Etats les plus anti-libéraux, les plus socialistes de l'Union, qui attire le plus d'immigrés, grâce à sa généreuse "politique sociale".
Evidemment, on peut, comme le Front national, dire : les prestations sociales doivent être réservées aux nationaux. C'est en effet nécessaire. Cela tombe sous le sens.
Mais ce que Marine le Pen oublie, c'est que ce qui importe, ce ne sont pas seulement les lois ; ce sont les mentalités. Or, la mentalité française, et celle qu'encourage Marine le Pen, c'est l'assistanat, l'Etat-providence, les droits à, les drouâzacquis.
Quand un peuple se vautre dans la lâcheté des drouâzacquis, eh bien il crée les conditions pour que ces drouâzacquis bénéficient aussi aux zimmigrés. La logique politique de l'assistanat crée une classe parasitaire de fonctionnaires et d'hommes politiques qui a intérêt à importer en masse une clientèle d'immigrés, pour justifier et maintenir leurs postes, leurs émoluments et les votes qui les garantissent.
Elle crée une mentalité qui estime normal de procurer, sur fonds étatiques, logement, médecins, école, nourriture, eau, gaz, électricité, transports publics, téléphone, Internet, télévision numérique, cinéma, théâtre, vacances, avortement, changement de sexe (et même caravanes pour les jeanduvoillage), gratuitement ou à prix subventionnés, à ceux qui sont "trop pauvres" pour les payer du fruit de leur travail.
Comment voulez-vous, dans un tel climat, expliquer aux zimigris que ce n'est pas pour eux ?
Le responsable de l'immigration de masse parasitaire, ce n'est pas le grand patronat du CAC 40 (comme le croient les lecteurs de F.desouche sur la foi de dix secondes de vidéo en noir et blanc de M. Bouygues sur You Tube). C'est la mentalité française de l'irresponsabilité, du ressentiment, de la jalousie sociale et de "l'entitlement" (le sentiment que tout vous est dû). Autrement dit, le socialisme.
Quand on méprise l'hygiène, il ne faut pas s'étonner d'être envahi de poux et de microbes. Même si on ne les a pas invités. Qui se ressemble s'assemble.
Quand les Américains avaient une éthique du travail et de la responsabilité, leurs règles d'immigration étaient impitoyables, et seuls restaient ceux qui parvenaient à survivre. Depuis que l'Etat-providence y a fait les progrès que l'on sait, les Etats-Unis importent délibérément des Somaliens, l'un des peuples les plus inutiles et les plus nocifs de la terre, avec les conséquences qui ne se font pas attendre.
Si vous aviez dit aux Américains, en 1890, que Washington ferait des lois pour convaincre des Somaliens d'immigrer, et leur permettre de le faire de façon prioritaire par rapport à des Anglais, ils auraient renversé leur gouvernement.
La crise financière actuelle est une crise de l'endettement étatique, c'est à dire une crise provoquée par l'excès de dépense publique. Autrement dit, le contraire de ce que prescrit le libéralisme.
C'est pourquoi il faut distinguer le libéralisme... et leulibéralisme.
Robert Marchenoir
(Suscité par une conversation chez Hoplite.)