jeudi 31 mars 2011
mercredi 30 mars 2011
Iegor Gran ou l'écologie pénitentiaire
« Ce livre raconte comment je ne me suis pas retenu. »
Tel est le texte imprimé sur la quatrième de couverture du dernier livre d'Iegor Gran, écrivain français d'origine russe dont j'ignorais tout encore avant-hier. Ce livre qui semble être son neuvième – shame on me… – est qualifié de récit et s'intitule L'écologie en bas de chez moi, ce qui est un excellent titre. Comme je l'ai commencé il y a une heure, dans la salle d'attente du bon docteur Gozlan – lequel est depuis une quinzaine d'années mon colmateur de molaires, mon polisseur d'incisives, mon crocheteur de canines attitré –, où je n'étais que peu en avance et lui pile à l'heure, je n'ai pas dépassé la troisième page, ce qui est, convenez-en je vous prie, un peu juste pour vous dire tout le bien que je vais sans doute en penser dans les chapitres à venir. Nous y reviendrons, donc. En attendant, je ne puis résister au plaisir de vous citer la dernière phrase du petit texte que Gran a placé en exergue de son récit. Il provient d'un “test d'écocitoyenneté”, distribué aux visiteurs du salon “Planète mode d'emploi” qui se tint à la porte de Versailles en septembre 2009 :
« Et pensez “déchets” à chaque fois que vous faites vos courses : vous parviendrez sûrement à limiter encore plus le volume de votre poubelle. »
Relisez-la lentement, deux ou trois fois si nécessaire. Jusqu'à ce que vous apparaisse avec une netteté impitoyable la gueule hallucinée de la bobo-ménagère qui, poussant son Caddie dans les allées de son hyper, ne peut plus voir dans les rayonnages que de futurs déchets. Et jusqu'à ce que vous soyez capable d'imaginer votre poubelle s'offrant la fantaisie de rapetisser.
mardi 29 mars 2011
Jean-Luc Mélenchon hante-t-il mes rêves ?
Au point que, léthargique comme je l'étais, je me demande si je n'ai pas rêvé ce que j'ai cru entendre.
dimanche 27 mars 2011
Finalement, elle a raison, la Céleste…
Et on ferait, après guerre, de bouleversantes cérémonies à la mémoire de tous les héros qui n'en seraient pas revenus, ça occuperait à plein temps les fanfares et les orphéons. Non, parce que, les brigades internationales, en général, ç'a tendance à dépoter grave, dans le genre viva la muerte.
samedi 26 mars 2011
Mais quel salaud, ce Baudelaire !
« On l’oublie : le talentueux Gustave Flaubert (qui occupa tant le Sartre du très 3°âge !) et l’immense romancier social Émile Zola (si courageux dans l’Affaire Dreyfus) furent, entre autres, de pitoyables calomniateurs de la Commune de Paris. Et le magnifique poète Charles Baudelaire aussi ! »
Évidemment, des trois, c'est tout de même Baudelaire le plus coupable, puisqu'il lui a fallu, lui, pour calomnier l'intouchable Commune, sortir de la tombe où il pourrissait gentiment depuis déjà quatre ans. Mais rien d'impossible à cela
vendredi 25 mars 2011
Et si on découvrait l'Amérique pour changer ?
[Rajout de huit heures vingt : merci à Paul ! ]
Toujours est-il que j'ai eu la surprise, il y a une petite heure, de découvrir un auteur qui, en 1986, utilisait encore l'expression concernée dans son sens ancien. Voici la pièce à conviction :
« Jusqu'alors, les colons cherchaient à amasser de l'or, sauf à vivre d'échanges avec les indigènes, à cueillir des fruits sauvages et à chasser le gibier. Smith découvre que pour survivre il faut travailler et que les colons ne peuvent pas se contenter d'être des prédateurs. »
Moyennant quoi, pour faire plaisir à John Smith, nos colons un peu feignasses sur les bords vont finalement se décider à bâtir les États-Unis d'Amérique. Les deux phrases que je viens de citer se trouvent en effet à la page 12 – premier volume de l'édition Points-Seuil – de l'histoire de ce pays qu'a écrite André Kaspi sous le sobre titre de Les Américains. Livre dont nous aurons probablement l'occasion de reparler, notamment lorsque l'auteur abordera les fameuses guerres-pour-du-beurre auxquelles se livraient en toute innocence les gentils Indiens avant l'arrivée des ignobles blancs, qui leur ont piqué leurs flèches en caoutchouc pour en leur en refiler des vraies-qui-piquent à la place : comme c'est Dame Clomani qui le dit, ce doit être vrai. Je vous tiens au courant.
Ces petits métiers qui disparaissent – ou pas
« Et sinon, vous faites quoi ? Dans la vie, j'veux dire…
– Je suis partenaire de façadiers, Monsieur !
– Ah ouais, quand même… »
Une minute plus tard, je roulais au train d'un autre camion qui, par voie d'affichette culière, a exigé de savoir ce que, moi, je faisais pour la planète. Je lui ai mentalement adressé un doigt d'honneur et j'ai tourné à droite sans mettre mon clignotant.
jeudi 24 mars 2011
Petit exercice d'auto-satisfaction
Donc, j'aime bien mon blog. Je l'examine avec toute l'objectivité possible, le contemple du dehors, en admire les courbes, les pleins et les déliés, comme si nous n'avions jamais été présentés encore ; je tente un moment une lucidité acerbe, mais rien à faire : ce blog emporte pleinement mon adhésion.
D'abord il est bien équilibré (s'il était un homme destiné à déclencher certaines moiteurs féminines, et que j'avais été moi-même un écrivain en bâtiment des fifties, j'aurais écrit : bien balancé) : on y parle de moi – mais pas toujours et avec une adorable et piquante distanciation – et du monde – mais pas toujours non plus et avec une non moins piquante distanciation. Ce blog est très distancié, mais on ne sait pas trop de quoi ni exactement à quelle distance. Il y a des billets powétiques, et ça c'est rare dans la blogosphère. Qu'est-ce qu'un billet powétique ? Quelques lignes, ne signifiant à peu près rien, avec des mots qu'on n'utilise pas tous les jours et des tournures de phrases un peu prout-ma-chère. Il faut aussi, et surtout, que ç'ait l'air powétique. Que le blogo-visiteur passant par là puisse se dire : « Oh, p'tain, je viens de lire de la powésie et j'en ai inondé mes braies ! Chuis trop brillant, comme gars powéteux. » Exemple de billet powétique.
Il a aussi des billets politiques. Vous ne pouvez pas les rater : c'est ceux qui font du bruit et qui puent. Sur les blogs de gauche, les billets politiques exhalent des parfums de rose et des soupirs de vierge chlorotique du XIXe siècle – mais ici, ça braille et ça schlingue.
Ah, et puis il y a les billets vie quotidienne. Ceux que le taulier balance quand il lui semble avoir un peu exagéré son côté nazi. Par exemple, quand ce boulledogue goebbelsien s'avise qu'il vient de passer trois jours à cogner sur les nègres envahisseurs, les bougnouls musulmans et les niacoués fourbissimes, et qu'il trouve malin, histoire de rafraichir la nauséabonditude de l'atmosphère, de vous balancer un petit billet sur sa tondeuse à gazon. Ou sur la mangeoire des piafs. Parce que, évidemment, ce porc sournois vous a fait croire qu'il nourrissait les oiseaux tous les hivers, alors que… Et puis non, laissez, c'est trop horrible.
Et, naturellement, il y a les brames cul-cultureux. Les billets-sur-livres, si on peut dire. Car le taulier achète des livres ou le fait dire. Il recopie intelligemment les quatrièmes de couverture en changeant trois ou quatre mots (c'est son métier) et hop ! un billet.
Tout cela vous donne un blog riche, aéré, à la fois de bon ton et légèrement canaille. On ne s'y ennuie jamais – en tout cas moi. Et c'est bien le principal.
Un nouveau mot, entièrement libre de droits
Les nouveaux électeurs “décomplexés” du Front national ?
Des néoséabonds.
mercredi 23 mars 2011
Compissons allègrement les vieilles haridelles communistes !
« Le but idéal de l’extrême droite est un État Dictatorial, antidémocratique par essence. Tel qu’il fut réalisé par Mussolini et, pire, Hitler. Avec les conséquences que l’on sait. Ce modèle n’est pas mort en 1945 : son poison avait contaminé Staline dès le début des années 30, puis contamina pas mal de dictatures - de la Grèce des colonels aux régimes d’Amérique latine, d’Afrique, d’Asie (Chine, Birmanie, Corée du Nord…), avec la complicité active du grand Capital… »
Eh oui ! Si Staline a éliminé Zinoviev, Kamenev, Trotski et quelques dizaines de millions d'autres, s'il a multiplié les camps d'extermination par le froid et instauré la délation généralisée, c'est parce qu'il a été contaminé par les idées de Hitler, avant même que celui ait commencé de les mettre en œuvre ! Trop forts, ces ivrognes communistes, comme dirait mon ami XP. Et pas repentants pour deux ronds, hein, vous remarquerez. Crapule je fus, crapule je reste, droit dans mes chaussettes russes ! Ils portent au revers la petite main rouge et dégouttante de sang : Touche pas à mon Pol Pot ! Et après ça, ils osent encore distribuer à tous les coins de rue leurs brevets de nauséabonderie. Vivement qu'ils crèvent, nom de d'la, vivement !
Comme il arrive que nos deux grands esprits se rencontrent, ce matin, alors que je mijotais silencieusement ce que vous venez de lire, XP dégoupillait dans son coin la grenade défensive suivante :
« Devient-on un porc quand on est communiste ou, tout au contraire, se fait-on communiste quand on est un porc ?
Si les communistes ont fait mourir cent millions de personnes dans des camps de concentration, ça prouve que ça n’a pas marché, le communisme, ou tout au contraire que les choses ont rigoureusement fonctionné comme ils l’ont voulu ?
Quand on est toujours communiste en dépit des cent millions de morts et des camps de concentration, c’est parce qu’on pense que ça ne se reproduirait plus si l’on tentait de nouveau l’expérience, ou tout au contraire parce qu’on en veut encore, des morts et des camps de concentration ?
Pour qui sait les lire, la réponse à ces questions métaphysiques peut se trouver tout entière dans les faits divers, comme d’habitude : (La suite est ici) »
Le Conseil d'État donne un p'tit coup d'pouce à Marine Le Pen
Ce que je ne comprends pas c'est pourquoi on devrait limiter cette mesure aux seuls clandestins. Il est d'une timidité, ce Conseil ! Et discriminant avec ça ! Ç'aurait pourtant de la gueule d'entendre un juge déclarer en plein tribunal : « Monsieur Machin, vous êtes condamné à vingt-huit ans de prison pour le viol, le meurtre et le dépeçage suivant les pointillés de Ginette Lacaze, votre voisine de palier. Par conséquent vous disposerez, à compter de ce jour, de trois semaines pour vous présenter à la centrale de Saint-Modernœud-le-Haut, dans le but de vous y faire incarcérer. N'hésitez pas à sonner plusieurs fois, le gardien est un peu dur d'oreille. »
lundi 21 mars 2011
My name is Bond ; Nausea Bond.
dimanche 20 mars 2011
A voté ! (Le suspense est à son acmé.)
Quand on est ressorti de la mairie, et tandis qu'on déambulait sous le soleil entre les sépultures récentes et anciennes du cimetière jouxtant l'église, Catherine m'a avoué qu'elle n'avait finalement pas pu résister au plaisir de glisser un bulletin dans l'enveloppe. Et je lui ai confessé avoir fait la même chose.
Parce que, finalement, le vote blanc c'est trop nase.
[Pour la photo, ne vous mettez pas la rate au court-bouillon à en chercher le pourquoi : c'est simplement que j'aime beaucoup Sarah Palin, notamment pour sa faculté à rendre Modernœud écumant de rage sitôt qu'on prononce son nom.]
Revenir de croisade chauve et sans griffes
Le grand-père et le petit-fils auront eu au moins un point commun, celui d'être des rois croisés. Philippe Auguste participe au début de la troisième croisade, en 1190-1191 ; période durant laquelle, sous les murailles de Saint-Jean-d'Acre qui refuse de se laisser prendre, le roi de France passera plus de temps à se crêper le chignon avec Richard d'Angleterre dit Cœur de Lion qu'à massacrer du Sarrasin.
[On notera la fabuleuse virtuosité humoristique de Didier Goux qui, dans une même et courte phrase, parvient à placer crêper et sarrasin : ne lui manquent que les œufs et la poêle.]
Se crêper le chignon est d'ailleurs une expression malencontreuse car, peu de temps après leur arrivée en terre sainte, les deux rois seront frappés d'alopécie et perdront conséquemment leurs cheveux et leurs ongles.
Quant à Saint Louis, il se croisera deux fois : la première en 1249, et il sera fait prisonnier comme un glandu quelconque ; la seconde en 1270, et il en mourra sans faire d'histoire – ou plutôt en en faisant une, superbe : la nôtre.
Une autre particularité de ces deux grands rois très-chrestiens est qu'ils connaissaient fort bien les abords de l'autoroute A 13 – Louis parce qu'il était né à Poissy et Philippe en raison de sa mort à Mantes. Et l'on se prend à rêver que ces deux splendides voyageurs d'Orient, s'ils avaient vécu à nos époques, auraient pu tout aussi bien pourfendre du Sarrasin sans quasiment sortir de leur jardin. Mais le pape ne les aurait probablement pas laissés faire – et la Halde non plus, lanturlu.
vendredi 18 mars 2011
Il faut en finir avec le colonialisme français !
La tutelle coloniale qui pèse sur le magnifique peuple bucco-rhodanien doit cesser !
Bon, avant, tout de même, il faudra penser à mettre en place un convoi de rapatriement (avec sas de décontamination à l'arrivée en terre française) pour Emma et Pluton. Et peut-être aussi pour le Guérini socialo, qui occupe très bien Arnaud Montebourg…
jeudi 17 mars 2011
Les gamineries d'Asnières-Gennevilliers
Ensuite, quand Marwan a parlé, vous chargez un quelconque Manac'h de barbouiller tous les orifices de vaseline anesthésiante, pour faire passer. Et Manac'h va vous parler comme il se doit de jeunes et d'adolescents. Comme ça semble ne plus suffire et que la terminologie commence à faire marrer tout le monde, le gars Manac'h va franchir une étape de plus et faire de ces bandes de sauvages d'authentiques enfants. Pas encore des bébés, mais on est sur le bon chemin. Ce qui justifie qu'il parle alors d'une Guerre des boutons. Ensuite, bien entendu, il lui est facile de sourire de pitié envers ces pauvres autorités qui perdent décidément leurs nerfs pour un rien et décrètent des couvre-feu pour deux ou trois malheureux poignardés lors d'une simple guerre des boutons – laquelle avait d'ailleurs commencé, en début d'article, par être une guerre de clochers (mais les Manac'h en mission commando ne sont pas tenus à une quelconque cohérence), ce qui fleurait bon le terroir, la France villageoise d'avant. Et puis, c'est quand même plus attrayant que carnage tribal ou sulfatage ethnique.
De toute façon, tout cela n'est pas bien grave puisqu'il ne s'agit après tout que du Nième épisode d'un “vieux contentieux entre les deux villes”, toujours selon l'insubmersible Marwan Mohammed. Lequel, étrangement, est le seul protagoniste de cette histoire à avoir un nom. Et un nom qui ne fleure pas tellement la querelle de clochers ni la guerre des boutons. À la fin la question demeure : pourquoi donc est-on allé chercher précisément celui-là pour nous parler d'une simple escarmouche entre garnements de deux villages voisins de la France des culottes courtes ?
Nucléaire : crash test japonais réussi
La suite de l'article d'XP est à l'endroit habituel.
mercredi 16 mars 2011
Nous restions trois, quand par un brutal abandon…
Un coup de fil de Brice vient de m'apprendre que nous ne sommes plus que deux : Olivier, la nuit dernière, n'a pas cru bon de tenir tête à la crise cardiaque qui s'est présentée à lui. Il a manqué de cœur à l'ouvrage, pourrait-on dire – et ce n'est qu'une demi-surprise au fond. Nous n'avons jamais été amis, lui et moi, mais nous nous faisions rire l'un l'autre, et les couteaux de la saine émulation sont toujours restés dans les étuis ; ce qui est déjà beaucoup. On aurait pu fêter à trois nos trente ans de non-amitié l'année prochaine : raté. On restera à deux, Dominique et moi ; deux à se tenir les coudes et à serrer les miches. Déjà bien heureux d'avoir encore des coudes et des miches.
(Photo d'Irrempe.)
Les trois grandes religions monothéistes, “croquées” par Robert Marchenoir
mardi 15 mars 2011
Pour moi ce sera deux tournées de blanc
Eh bien, pour moi, ce sera “blanc”, même si je suis cruellement déçu d'avoir à le dire. Enfin, au premier tour, en tout cas, je suis sûr. Bon, d'abord, l'absence de candidature écologiste m'a évité d'avoir à me demander si par hasard je ne leur accorderais pas mon suffrage : on se doute qu'après l'obscénité antinucléaire dont ils font preuve depuis les successives catastrophes japonaises de ces derniers jours j'étais pourtant très tenté…
J'espère que Carole ne m'en voudra pas mais, étant un garçon à principes, il est hors de question que je puisse accorder ma voix à une candidate “présentée par le parti communiste français” – donc, poubelle. Restait les trois autres.
Le maire de Pacy-sur-Eure, conseiller général sortant, fait partie de l'UMP. Sauf que, à lire son tractounet, on a l'impression nette qu'il n'a pas les couilles de l'avouer, puisqu'aucun sigle de parti politique ne figure nulle part. Par conséquent, s'il a lui-même honte de s'afficher UMP, qu'il ne compte pas sur moi pour le décomplexer.
Ensuite vient le parti socialiste. Eux ils osent s'afficher tels. Le candidat n'a pas une mauvaise tête et, pas plus tard que la semaine dernière, Catherine et moi avons mangé des crêpes avec sa suppléante, ce qui crée des liens, forcément. Seulement voilà : ces gens veulent “défendre les intérêts et les valeurs du canton avec un nouveau souffle solidaire”. Déjà je ne savais pas qu'un canton pouvait s'enorgueillir de valeurs, de valeurs particulières, et ensuite pas davantage qu'un conseiller général puisse avoir le souffle solidaire. Bref, leur jargon m'a fait rejeter loin de moi la tentation socialiste – d'autant plus facilement qu'ils parlent entre autres de construire des logements sociaux dans les centres-villes et les centres-bourgs, et qu'on sait parfaitement à quel type de populations sont attribués, quasi exclusivement désormais, ces logements dits sociaux. Un petit couplet nauséabond qui m'amène à passer à la dernière liste.
Il s'agit bien entendu du Front national, représenté ici par Lydie Braconnier (dans une région de chasseurs : bonjour la bourde…). Souriante et plutôt accorte, Lydie. Seulement, elle ne dit pas un mot, ni d'elle-même ni de ses projets pour le canton, se contentant de reproduire, au dos de son tract, un petit mot passe-partout de Marine Le Pen, et des propositions tellement “génériques” qu'elles pourraient tout aussi bien convenir à n'importe quel département de France plutôt qu'au nôtre. Donc, poubelle aussi. Si c'est comme ça qu'ils veulent s'enraciner, les pourfendeurs d'allogènes, c'est mal parti pour eux.
Après ce rapide et dévastateur tour d'horizon, il me restait donc le choix entre l'abstention et le vote blanc. Ma flemme naturelle me poussait bien sûr vers la première option, lorsque Catherine m'a fait fermement savoir qu'il n'était pas question que je la laisse aller faire toute seule la guignolette citoyenne à la mairie, dimanche prochain.
Ce sera donc un coup de blanc.
lundi 14 mars 2011
Tout et son contraire : c'est ça, la qualité Mediapart !
On en déduira soit que la paralysie complète est l'état normal et quotidien du Japon, soit que les “journalistes” de Mediapart sont des jean-foutre. En ce qui me concerne, l'hésitation fut brève.
Lectures pour tous et notamment pour moi
En revanche, je me promets beaucoup de bonheur du Frédéric de Hohenstaufen de Jacques Benoist-Méchin, commencé hier matin, notamment parce que je vais pouvoir établir des comparaisons avec la biographie du même empereur par Kantorowicz. Et puis, il y a le plaisir de lire un historien infréquentable (songez : collaborateur au point d'avoir été condamné à mort à la Libération, c'est du brutal…) et, ce faisant, de renforcer l'opinion que les cons ont de moi – plaisir raffiné s'il en est. Enfin, la joie de constater que cet historien est aussi un écrivain. Qu'on en juge (c'est moi qui souligne) :
« (…) Aussi Innocent III trouva-t-il plus sage de se réconcilier avec Gaultier de Pagliara. Mettant un terme à sa disgrâce, il l'invita à reprendre sa place de chancelier. Gaultier ne se le fit pas dire deux fois : il rentra aussitôt à Palerme, dans un grand branlebas d'évêques et de chanoines. »
Ce réjouissant et savoureux branlebas d'ecclésiastiques, à lui seul, méritait bien la grâce qu'accorda Vincent Auriol à notre historien en 1947.
dimanche 13 mars 2011
Le rap c'est l'avenir, là dis donc !
Diallo, rappeur du 19eme (Paris) par rCk-
samedi 12 mars 2011
L'islam est l'islam est l'islam : y a pas d'débat !
C'est reposant, un monde où l'on peut faire tout seul les questions et les réponses, sans même bouger de son fauteuil.
vendredi 11 mars 2011
Jacqueline Fihey, Ébroïcienne de garde et contorsionniste à ses heures
La laïcité est aussi la construction d'un espace commun qui dépasse les différences tout en assumant la diversité.
Il est vrai que, quelques lignes plus haut, elle avait évoqué avec le même sérieux un ressenti d'inopportunité du prêt de la salle : ça vous blinde un caractère et vous fortifie une syntaxe.
Ensuite, Jacqueline pleurniche, comme il est de son rôle de le faire, tout en ânonnant les mantras habituels. C'est ici.
Je crois que je fais très bien, en allant à Évreux le moins souvent possible.
jeudi 10 mars 2011
Tu aimes les crétins totalitaires ? tu vas adorer Fred Quillet !
« Nous savons que ce parti est un mouvement qui utilise la haine de l'autre, le refus de l'étranger sur le sol. Nous savons que ce parti est composé de mouvances fascistes, monarchistes, identitaires et que sais-je encore de plus infame ? et nous connaissons le fonctionnement quotidien des militants actifs qui consite à mentir et à raconter n'importe quoi sur la situation des étrangers. Nous savons aussi que le FN a des connexions internationales avec d'autres mouvements d'extrème droite et que cette organisation gagne du terrain un peu partout en Europe.
« Le front national est un parti dangereux. Les thèses qui y sont développées sensibilisent de plus en plus de gens dégoutés par ce système politique. "Achtung, achtung" ils ne faut pas qu'ils reviennent !
« Nous devons nous organiser et nous mobiliser pour contrecarrer le plan du clan Le Pen et de ses sbires. Il n'y a pas de fatalité ! mobilisons-nous. Et soyez-en certains, ce n'est pas notre haine de l'autre qui réglera les problèmes politiques. C'est en nous mobilisant contre cette haine de l'autre que nous construirons une société plus juste et plus sereine. »
Fred Quillet
mercredi 9 mars 2011
Comme elle doit être contente, Madame Olympe !
Les vieilles traditions de l'aube
Quant à moi, après avoir lancé la cafetière – j'ai un faible marqué pour cette expression incongrue –, je me suis installé dans mon fauteuil habituel pour la plus agréable heure de lecture que l'on puisse, à mon sens, s'accorder dans une journée : celle que l'on prend seul, dans une maison endormie, tandis que les formes du monde apparaissent lentement de l'autre côté des baies. On est averti du lever de rideau par les coups de clairon du merle qui, de même qu'il s'arroge chaque soir le monopole de l'extinction des feux, décide unilatéralement tous les matins du moment où il convient de quitter les branches nocturnes pour la cabane à graines – et tout le monde obéit, c'est une merveille.
Le lecteur, lui, poursuit sa route à travers la Fin de l'histoire de M. Fukuyama, en se disant qu'il aurait pu tout de même se choisir quelque chose d'un peu plus glamour pour renouer ainsi avec les vieilles traditions de l'aube.
lundi 7 mars 2011
L'amusant fabliau des cocus de l'athéisme
Peut-être faut-il chercher le secret de cette haine toujours prête à se dégueuler elle-même dans la conscience plus ou moins nette que ces amusants personnages ont de leur incurable infériorité par rapport à ces croyants qu'ils espèrent en vain atteindre (aussi en vain que Goudurix frappant sur le crâne du chef dans Astérix et les Normands) et qui se moquent bien de leurs prévisibles éructances. Penser que jamais ils ne pourront démontrer que ce sont eux qui ont raison, se dire que personne ne pourra, chez le catho d'en face, infirmer cette foi qui les fait trépigner de fureur, on comprend bien que cela doit leur être insupportable. Et c'est pourtant ainsi : si Dieu existe, les athées militants auront l'air de cons au moment de leur mort ; et s'il n'existe pas, nul n'en saura rien et personne ne viendra détromper le croyant, qui raflera donc la mise. Pour de petits jeunes gens qui, comme Modernœud, sont habitués à avoir toujours raison simplement parce qu'ils l'ont décrété, il y a là quelque chose de fort douloureux, pour ne pas dire d'inacceptable.
Se retrouver cocu devant l'éternité quand on l'est déjà politiquement avec une si belle régularité, vous avouerez…
Le N°1 des blogueurs de gauche appelle à voter Marine Le Pen !
samedi 5 mars 2011
France 2 ou les charmes désuets de la télévision soviétique
Le mal est cette interdiction absolue que se fait la télé à elle-même de ne jamais dire les choses telles qu'elles sont. La virtuosité, elle, est double. Il y a d'abord celle du journaliste qui, juxtaposant deux informations apparemment sans rapport l'une avec l'autre, permet l'émergence d'une troisième, qui est celle qui compte, celle qui éclaire mais que l'on n'a justement pas le droit de dire. L'autre virtuosité, c'est celle du brave téléspectateur qui, chaque jour davantage, réussit à entrevoir des lambeaux de vérité dans ces méandres – à se faire gymnaste, chaque soir plus souplement acrobate.
Ainsi, hier soir, la pitoyable Marie Drucker lançait un reportage en mode dramatique (on ne sourit plus) : à Pierrefitte-sur-Seine, en Seine-Saint-Denis, on commençait à manquer dramatiquement de médecins, parce que, par dizaines, tous quittaient la commune dès que l'occasion leur en était donnée, las qu'ils étaient de subir de régulières agressions et de devoir transformer leurs cabinets en annexes de Fort Knox. Qui les agressait ? Pourquoi les agressait-on ? Quand ce phénomène avait-il commencé ? Que faisait la police ? Les questions ne furent jamais posées par le reporter, elles ne furent pas non plus abordées par les médecins interrogés, si bien qu'il planait sur tout cela un étrange climat de fatalité tragique, voire de malédiction divine.
Mais, dans les dernières secondes du reportage, le journaliste en voix off attirait notre attention sur le fait suivant : il était particulièrement dramatique que Pierrefitte en vienne à manquer de médecins, et notamment de pédiatres et de gynécologues dans la mesure où elle est la ville de France où le taux de fécondité est le plus élevé.
Et, là, comme par miracle, le téléspectateur soviétisé pouvait remettre dans le bon ordre toutes les informations qu'on venait de lui donner, aussi celles qu'on ne lui avait pas données, les faire se mirer les unes dans les autres – et s'apercevoir, ébloui de lui-même, qu'il comprenait parfaitement ce qui se jouait à Pierrefitte-sur-Seine.
À la fin, il lui restait toutefois une question en suspens : le journaliste ayant cru bon de parler de ce taux de fécondité miraculeusement élevé, alors que rien ne l'y obligeait, l'avait-il fait par bêtise modernodale ou au contraire dans un certain esprit de résistance ?
vendredi 4 mars 2011
Brain dead ou une journée de réflexion socialiste
– le matin, de vous alarmer à grands cris de la montée inexorable des intentions de vote en faveur du Front national ;
– l'après-midi, de vous scandaliser des efforts faits par Nicolas Sarkozy pour détourner quelques milliers d'électeurs de ce même Front National ?
On imploserait du cortex pour moins que ça, non ? Il est vrai que nul n'ayant jamais exigé la moindre cohérence de ces gens-là (« Indignez-vous ! on s'occupe du reste… »), ils peuvent se permettre d'oublier à l'heure du goûter ce qu'ils ont dit pendant le brunch : pour la détente neuronale, ça aide.
Les grands bonshommes verts auront ma peau (billet raciste)
Le bureau où je somnole en attendant ma tâche a des fenêtres qui donnent sur cette petite place située à l'embouchure du pont de Levallois et dévolue au maréchal Juin. Juste en face se trouve le bâtiment tout en vitres réfléchissantes occupé par l'organisme de crédit Cétélem. Lequel, par une aberration mentale que j'ai du mal à m'expliquer, a un jour décidé que la plus belle représentation qu'il pouvait donner de lui-même était ce bonhomme feuillu, à la bouille ronde et au sourire figé, faisant vaguement penser à un François Hollande végétal. Ensuite, portés par une espèce d'enthousiasme bizarre et un peu inquiétant, ses concepteurs en ont fait peindre un sur la façade.
Hilare.
L'index gauche tendu vers la porte de Champerret.
D'une hauteur de cinq étages.
Juste en face de mes yeux torves.
Depuis trois mois.
Parfois je me sens las…
mercredi 2 mars 2011
Galliano est-il antisémite ? On s'en tape !
Ça ne me gêne pas du tout que les gens soient antisémites, ou contre les pédés, les Arabes, les muz, les chrétiens, les blancs. Mieux, je considère que c’est leur droit de le dire.
Dans un monde normal, la question qu’on se poserait est la suivante : les sorties de Galliano font-elles courir le moindre risque à un seul Juif?
La réponse est bien évidemment non. La notion d’«incitation à la haine raciale» est une connerie sans nom.
Et puis, Hitler étant le tabou absolu, il est bien normal que des provocateurs et des excentriques s’amusent à franchir le pas, en état d’alcoolémie avancée. En général, ça passe avec l’acné. À 50 balais, c’est plus inquiétant pour l’auteur de la provoc, mais ça, c’est le problème de Galliano, pas celui des juifs.
Moi, ça ne me dérange pas que les Indigènes de la République soient des racistes anti-blancs, ou que Mélenchon soit un nostalgique des camps socialistes… C’est leur droit. Ce qui est gênant, c’est l’absence de liberté d’expression qui interdit de leur répondre ou de ne pas débattre avec eux en expliquant pourquoi. Ils ne bénéficient pas de la liberté d’expression, mais au contraire de l’absence de liberté d’expression. S'il y avait un premier amendement en France, Mélenchon et Besancenot feraient 0,2%, parce qu’ils ne pourraient pas ouvrir la bouche sans qu’on leur réponde « goulag ». Ils feraient le score du parti communiste américain.
Raison supplémentaire de détester les gens qui adhèrent à ce genre de mouvements ; ils savent plus ou moins inconsciemment que leur liberté d’expression implique que la nôtre soit réduite.
Je ne crois une seconde à la sincérité d’un juif qui se prétendrait blessé par une simple phrase balancée à la terrasse d’un café quand, dix kilomètres plus loin, le port de la Kippa est tout simplement interdit dans des quartiers entiers, voire des villes entières.
Qu’est-ce que ça peut faire à un juif qu’un type regrette qu’Hitler n’ait pas fini le boulot ? Lui foutre les boules cinq minutes, lui faire de la peine… C’est moins grave qu’une jambe cassée… De même, qui ça empêche de dormir ici que la fille des Indigènes de la République nous déteste ? Ils voudraient être aimés par elle, qu’on la force à nous faire des bisous, qu’on la rééduque pour qu’elle ait envie de nous faire des bisous ? Non, ce qui est embêtant, c’est qu’on ne puisse pas répondre à un soldat du camp du bien bon teint qui dit la même chose de façon moins cash.
mardi 1 mars 2011
La musique qu'on mérite
Sinon, le XXIe siècle peut vous proposer la troupe des Enfoirés exécutant des numéros en costumes au profit des gargotes coronariennes : c'est bien aussi.
Stéphane & George – le bègue et le gaga
« En ce début d’année 2011, la France et l’Angleterre se sont chacune offert leur succès populaire. Indignez-vous, de Stéphane Hessel, reste en tête des ventes et dépasse le million d’exemplaires vendus, tandis que, de l’autre côté de la Manche, le film The King’s Speech ("Le Discours d'un roi", en VF), retraçant le combat de George VI contre son bégaiement, bat les records du box office. Les lecteurs français se sentent héroïques à moindre coût (trois euros). Les spectateurs anglais, aux côtés desquels j’ai eu le privilège de regarder The King’s Speech, se mouchent à chaque fois qu’un acteur prononce les mots « Your Majesty ». Résultat, tout le monde est enthousiaste. La presse est unanime. Difficile en effet de critiquer ces deux chef-d’œuvres : en France, on ne touche pas à un héros de la Résistance, qui plus est ambassadeur. En Angleterre, on ne plaisante pas avec le père de l’actuelle souveraine, Elizabeth II.
« Et pourtant, ces deux succès sont deux navets, qui en disent long sur la déroute morale des peuples européens, partagés entre mièvrerie sentimentale et nostalgie narcissique. » (…)