jeudi 21 novembre 2024

La yourte au chat


 Autant l'avouer : quand Catherine a fait l'acquisition de cette espèce d'abri pour félins sans-papiers, j'étais un peu sceptique quant à son attrait sur Petit Loup. Comme pour me donner raison, il l'a d'abord ostensiblement négligé, en ressortant en toute hâte dès que Catherine l'y installait, dédaignant ostensiblement les pièges qu'elle ourdissait pour l'y attirer.

Finalement, sur un coup de tête dont il serait vain de chercher à déterminer les puissants ressorts, le chat a décidé que cette sorte de yourte mongole serait dorénavant à lui, chez lui, et il est allé s'y installer sans que l'on ait besoin de l'en prier.

C'est moi qui ai décidé que ce cocon pelucheux serait une yourte. J'ai bien fait : depuis neuf heures ce matin, il neige sur le Plessis ; assez dru, même s'il serait sans doute exagéré de parler de “peaux de lapins”. Disons des peaux de hamsters et n'en parlons plus. En tout cas, ce n'est pas ce temps ouaté qui risque d'inciter Petit Loup à mettre le museau dehors.

mercredi 13 novembre 2024

Un dernier écho, puis le silence


 J'ai bien fait d'ouvrir La Fin de l'homme rouge de Svetlana Alexievitch juste après en avoir fini avec Les Chuchoteurs d'Orlando Figes : s'ils sont très différents de conception et d'écriture, ces deux livres remarquables ressortissent malgré tout au même genre, que j'appellerai faute de mieux la “littérature de temoignage(s)”. 

Il s'agit, dans les deux cas, d'aller au devant de ces fameuses et difficilement saisissables “vraies gens”, afin de les faire parler d'eux-mêmes avant qu'ils ne disparaissent, de tenter de comprendre quel regard ils portent sur leur propre vie et sur l'époque où le hasard les a fait naître. De plus, il se trouve que les deux livres se font plus ou moins suite chronologiquement, celui de Figes couvrant la période allant du coup d'État léniniste jusqu'au “dégel” khrouchtchevien, tandis que celui de Mme Alexievitch débute avec l'arrivée au pouvoir de Gorbatchev, mais enrichi par de nombreux “coups de sonde” dans la préhistoire brejnévienne, voire stalinienne.

Enfin, ces deux livres “soviétiques” peuvent également être rattachés à celui de Daniel Mendelsohn, Les Disparus, qui, lui aussi, ô combien, était une sorte de corps à corps avec la mémoire des encore vivants et l'ombre ténue mais tenace des sacrifiés.

lundi 11 novembre 2024

Pensées impies


  Je me demandais tout à l'heure pourquoi le 11 novembre continuait à être jour férié, alors qu'il ne reste aucun ancien combattant vivant de la Première Guerre, et ce depuis déjà quelques années. À qui rend-on désormais hommage ? On me dira qu'il est bon, pour l'édification de nos chères têtes crépues, de perpétuer le souvenir de bla bla bla. Certes. Mais, à ce compte-là, pourquoi ne pas décréter férié le 27 juillet en mémoire de Bouvines, le 14 septembre pour commémorer Marignan, et ainsi de suite ?

La question, d'ailleurs, ne devrait pas tarder à se poser aussi pour la Seconde Guerre, les plus jeunes de ses rares anciens combattants survivants — deux ou trois mille à peine — devant désormais frôler le centenariat. D'autant plus que, à la victoire finale contre l'Allemagne nazie, la France n'a pris qu'une part infime, en dépit des gesticulations d'un de Gaulle.

On viendra m'objecter que l'on persiste bien à ne point travailler le 25 décembre, afin de célébrer une naissance s'étant produite il y a plus de deux millénaires. Mais quand toutes les raisons de célébrer Noël viendraient à s'évanouir, il en resterait toujours au moins une, et non des moins agissantes : celle d'emmerder jusqu'à la gauche nos islamolâtres-sous-X.

Plaisir qui, à l'instar du Paris des âges anciens, vaut bien une messe.

vendredi 8 novembre 2024

L'Amérique en trans


 Les inondations espagnoles sont un aimable pipi de chat, à côté du raz-de-marée à mèche blonde qui a déjà commencé à ravager l'Amérique. Il faut s'attendre à du pogrom et du meurtre de masse comme s'il en neigeait. Déjà, désespérément plus lucides que vous et moi, certains s'y préparent, en tirant toutes les sonnettes d'alarme leur passant à portée de phalanges. Ainsi, tel ravagé-sous-X :

« si vous ne suivez pas beaucoup de personnes trans, sachez que nous on a passé la journée à voir les trans américain-es de notre tl se demander s'iels avaient d'autre choix que de détransitionner ou se tuer. c'est là qu'on est. »

Je ne suis pas trop expert en détransitionnement, je le reconnais. Mais, pour ce qui est de se tuer, c'est parfaitement inutile : chacun sait bien que, dès le 21 janvier de l'année qui menace — ou à la rigueur le 22 si le 21 tombe un dimanche — L'Attila-à-la-houppe va envoyer ses armées dans toutes les villes américaines afin qu'elles massacrent tous les dégenrés à la mitrailleuse lourde. En incendiant au passage toutes les officines avortifères.

C'est pour tenter de s'armer contre ces horreurs se profilant que l'université de Harvard, comme me le signalait il y a un instant un mien et jubilant ami, vient de décider la suspension de certains cours, afin de permettre à ses étudiant.es de surmonter leur traumatisme électoral.

J'ai peur que la mesure ne suffise point. Et je sais bien que, si j'étais moi-même étudiant à Harvard en ces temps de cauchemar, je songerais sérieusement à me désétudiantiser dare-dare. Je n'hésite pas à le proclamer à son de trompe.

C'est là qu'on est.

vendredi 1 novembre 2024

De divers voyages vers l'Est

Daniel Mendelsohn, 1960 — 20..

 Cet homme nous aura beaucoup promenés en octobre.