J'aimerais tout de même comprendre ce qui peut se passer (ne pas se passer serait peut-être plus exact, maintenant que j'y songe) dans la cervelle de ces jeunes gens qui s'obstinent à me présenter comme un écrivain raté, moi qui ai dit souvent et clairement que je ne me considérais nullement comme un écrivain. Je vois bien que leur but est de me blesser, de ces fleurets épointés, mais enfin ils devraient de temps en temps se demander comment on pourrait être un écrivain raté sans être écrivain.
Bon, je me suis bien amusé tout de même, non à cause du billet, qui ne me concernait nullement et se trouvait être assez pesant, mais grâce aux commentaires dont j'ai eu les honneurs. Entre Rosaelle, en pleine rechute de palestinolâtrie, qui compare subtilement Finkielkraut à Céline, jusqu'au petit clown Bibi qui ne se remet pas de l'articulet qu'il m'a consacré voilà bien deux ans, et qui le replace à la moindre occasion, en passant par le gars DuSchmoll – les pseudonymes de tous ces gens sont un parfait révélateur de la manière dont ils se conçoivent vraiment – qui, donc, me ressert la tambouille réchauffée de l'écrivain raté, la basse-cour du camarade Cui Cui était particulièrement bien achalandée aujourd'hui.
Cui Cui lui-même est un cas intéressant, avec ses grandes protestations de modestie qui ne camouflent que très partiellement l'envie et l'aigreur qui le possèdent. Je me demande si son grand drame, au fond, c'est de ne jamais parvenir, malgré des efforts méritoires, à se rendre antipathique. Cui Cui est gentil, il le sait, et ça le rend furieux. Mais comme il est gentil, sa fureur fait long feu et ses balles à blanc vont se perdre dans le feuillage, loin au-dessus des têtes de son placide gibier.