mercredi 30 avril 2014

Le volatile et sa basse-cour


J'aimerais tout de même comprendre ce qui peut se passer (ne pas se passer serait peut-être plus exact, maintenant que j'y songe) dans la cervelle de ces jeunes gens qui s'obstinent à me présenter comme un écrivain raté, moi qui ai dit souvent et clairement que je ne me considérais nullement comme un écrivain. Je vois bien que leur but est de me blesser, de ces fleurets épointés, mais enfin ils devraient de temps en temps se demander comment on pourrait être un écrivain raté sans être écrivain.

Bon, je me suis bien amusé tout de même, non à cause du billet, qui ne me concernait nullement et se trouvait être assez pesant, mais grâce aux commentaires dont j'ai eu les honneurs. Entre Rosaelle, en pleine rechute de palestinolâtrie, qui compare subtilement Finkielkraut à Céline, jusqu'au petit clown Bibi qui ne se remet pas de l'articulet qu'il m'a consacré voilà bien deux ans, et qui le replace à la moindre occasion, en passant par le gars DuSchmoll – les pseudonymes de tous ces gens sont un parfait révélateur de la manière dont ils se conçoivent vraiment – qui, donc, me ressert la tambouille réchauffée de l'écrivain raté, la basse-cour du camarade Cui Cui était particulièrement bien achalandée aujourd'hui.

Cui Cui lui-même est un cas intéressant, avec ses grandes protestations de modestie qui ne camouflent que très partiellement l'envie et l'aigreur qui le possèdent. Je me demande si son grand drame, au fond, c'est de ne jamais parvenir, malgré des efforts méritoires, à se rendre antipathique. Cui Cui est gentil, il le sait, et ça le rend furieux. Mais comme il est gentil, sa fureur fait long feu et ses balles à blanc vont se perdre dans le feuillage, loin au-dessus des têtes de son placide gibier.

mardi 29 avril 2014

Force 4

Château de Ratilly-Treigny, Yonne.

Dans les magazines de mots croisés que m'a légués mon père (ça commence mal, c'est faux : mon père ne m'a rien légué du tout, c'est ma mère qui a mis ces minces volumes entre mes mains, parce qu'elle n'aime pas que les choses payées se perdent) ; dans ces magazines, donc, que je noircis consciencieusement depuis quelques mois, en ayant la très agréable et douce impression de vieillir plus vite que mes contemporains, toutes les quatre ou six pages apparaît une grille muette. Une grille muette est une grille ordinaire dont on a effacé les cases noires, c'est-à-dire où le cruciverbiste ne peut s'appuyer sur la longueur du mot pour tenter de le trouver : il doit déterminer à la fois le mot et sa terminaison. « C'était les préférées de ton père. » Sachant cela, oracle maternel rendu, j'ai décidé qu'elles me resteraient inaccessibles, ces muettes, et depuis je les contourne avec une sorte de génuflexion mentale qui peut s'apparenter à du respect, de la crainte, de l'amour, et sans doute d'autres sentiments qui m'échappent un peu sur le moment : il faut bien laisser au père une supériorité quelconque, une terre dont il reste maître, où existe encore la possibilité d'être enfant pour ceux qui s'attardent ; et, après tout, celle-là doit bien en valoir une autre.

Mon père et moi, l'un mort, l'autre très momentanément vivant, nous contemplons désormais à travers des grilles ; certaines sont en effet muettes, mais d'autres parlent.


Poste-scripte-homme : j'ai oublié de préciser que le château qui illustre ce billet faisait la couverture du magazine dont j'achève les grilles en ce moment même.

Complainte d'un phoque au Plessis-Hébert


C'est celle que se fredonne à voix basse, entre pastis et pastis, le phocidé abandonné, lorsqu'il imagine sa blonde faire un show au bord du Saint-Laurent – comme ce fut le cas au mois de mars.

dimanche 27 avril 2014

Après la purge


Comme il était prévu, la lecture du livre de Fumaroli, Chateaubriand – Poésie et Terreur, m'a ramené vers les Mémoires d'Outre-Tombe. Cette œuvre a pour moi un point commun avec le Don Quichotte de Cervantès : j'ai dû en lire trois fois la première moitié et ai toujours calé à l'orée de la seconde ; idem pour l'Espagnol. Cette fois, je n'ai point commis l'erreur de reprendre le livre da capo, mais suis allé directement à la fin de la troisième partie, c'est-à-dire aux journées de juillet 1830. C'est ce qui m'a permis, au chapitre 15 (Le Choléra) du Livre trente-cinquième, de tomber sur un paragraphe entrant en curieuse résonance avec mon court billet de ce matin. Le voici :

« Si tous les hommes, atteints d'une contagion générale, venaient à mourir, qu'arriverait-il ? Rien : la terre, dépeuplée, continuerait sa route solitaire, sans avoir besoin d'autre astronome pour compter ses pas que celui qui les a mesurés de toute éternité ; elle ne présenterait aucun changement aux habitants des autres planètes ; ils la verraient accomplir ses fonctions accoutumées ; sur sa surface, nos petits travaux, nos villes, nos monuments seraient remplacés par des forêts rendues à la souveraineté des lions ; aucun vide ne se manifesterait dans l'univers. Et cependant il y aurait de moins cette intelligence humaine qui sait les astres et s'élève jusqu'à la connaissance de leur auteur. Qu'êtes-vous donc, ô immensité des œuvres de Dieu, où le génie de l'homme, qui équivaut à la nature entière, s'il venaît à disparaître, ne ferait pas plus faute que le moindre atome retranché de la création ? »

Il n'empêche que je persiste à trouver la première moitié des Mémoires, celle qui, en gros, se clôt à la disparition de Napoléon, supérieure à la seconde. 

Les dividendes du ré-actionnaire


On pourrait parfois se demander, nous autres, les membres de plein droit du réactionnariat international, si, au cœur de notre incessante déploration du monde tel qu'il s'écroule, de la civilisation comme elle se désagrège, et ainsi de suite, ne viendrait pas se lover discrètement, au contraire de la pose que nous prenons, le désir plus ou moins bien camouflé de voir réellement ce monde s'abîmer en effet, l'envie pas toujours bien contrôlée que disparaissent pour de bon les anciens parapets et, ainsi, de contempler avec une certaine satisfaction nos survivants allant s'écraser au pied des falaises, coupables à nos yeux d'avoir traité nos alarmes par le mépris ou le brocard. En une phrase : ne feignons-nous pas de nous alarmer d'une chose qu'en réalité nous appelons de nos vœux ? Ce serait humain, d'ailleurs : quel extrême vieillard n'accueillerait avec des tressaillements de joie et de gratitude l'annonce du météore qui s'apprête à pulvériser la Terre, ou, au moins, à en éradiquer toute vie consciente ? Au moment de lâcher son dernier râle, la mort des autres, mieux : leur disparition générale, à la suite de la sienne, serait son dernier rêve vraiment doux.

samedi 26 avril 2014

Formule de la modernité

Marc Fumaroli (1932), de l'Académie française.

À propos de tradition et de traduction, Marc Fumaroli en vient, dans son livre consacré à La Fontaine, à parler des Modernes de diverses époques et des aberrations qui les infectent, des mirages dont ils sont les proies. Il écrit (p. 292) :

« L'amour-propre collectif des contemporains les enferme et les étouffe. Il les porte à croire que l'humanité commence avec eux et se résume à eux. C'est la clôture de l'âge de fer. Les poètes, qui veulent par définition libérer et se libérer de cet enfermement, deviennent alors des gêneurs. La Fontaine a vu poindre cette vanité péremptoire. Il s'élèvera en 1687, dans son Épître à Pierre-Daniel Huet, contre la doctrine des “Modernes” qui veulent faire croire à la génération née avec Louis XIV qu'elle et son roi se suffisent à eux-mêmes […]. »

C'est alors qu'il a cette formule résumant parfaitement nos Modernes à nous, nos Modernes terminaux, qui les prend tous ensemble pour les amener d'un seul mouvement en pleine lumière, tels poissons dans la nasse :

« Ils se croient le seul passé auquel le futur ait droit. »

vendredi 25 avril 2014

Pendant le Grand Siècle, la beuverie continue…

C'est une scène étonnante, que Marc Fumaroli nous donne à découvrir à la page 276 de son livre consacré à La Fontaine. On y parle de cette société d'écrivains à laquelle le fabuliste s'était adjoint, et qui, après la disgrâce de leur mécène commun, Fouquet, se replie plus ou moins sur elle-même, se tenant à bonne distance de ce Louvre où ils ne sont pas, ou pas encore, en odeur de sainteté. Fumaroli écrit ceci :

« Ils se retrouvent dans des cabarets littéraires, ou bien chez Molière à Auteuil. Ils s'amusent ensemble, après le Chapelain décoiffé, à composer avec Racine Les Plaideurs. Ils sacrifient ensemble à Bacchus, à Vénus. Ils peuvent aussi connaître de singuliers accès de mélancolie, inconnus dans le Paris de Tallemant des Réaux, comme dans cet épisode que racontent Grimarest et Louis Racine, et qui aurait conduit Chapelle, Boileau et Racine à se jeter après boire dans la Seine, à Auteuil, si Molière ne les avait pas reconduits doucement chez lui, où ils s'enivrèrent de plus belle. »

Outre le fait que je n'avais jamais entendu parler que l'unique comédie de Racine pût être le résultat d'une collaboration, et Fumaroli ne dit pas d'où il sort cela, je trouve que c'est un puissant ressort pour la rêverie, que d'imaginer Racine et Boileau, déjà aux trois-quarts saouls, titubant sur les berges du fleuve dans le dessein d'aller s'y noyer, d'en finir une bonne fois, avec cet emportement brusque et tout d'une pièce que l'on voit souvent aux ivrognes. Des questions se pressent aussitôt. Molière était-il, ce soir-là, d'humeur moins noire ? Ou moins ivre ? Le fait d'habiter à deux pas l'a-t-il incité à préférer son lit à celui de la Seine ? Mais on lui sait gré d'y avoir conduit les trois autres – car n'oublions pas Chapelle. Et l'on reste sur cette image, de ces quatre illustres achevant de se technicolorer la devanture, en lichant tous les fonds de flacons passant à leur portée, et peut-être en refaisant le monde que le Grand Roi avait déjà commencé de leur concocter.

jeudi 24 avril 2014

Le Poète et le Roi


Le livre que Marc Fumaroli a consacré à La Fontaine, à quoi j'ai fait allusion il y a quelques jours ici même, ce livre est en tous points remarquable d'érudition non pédante, c'est-à-dire de compréhension intime de ce et de ceux dont il parle. Il donne naturellement envie de revenir au fabuliste lui-même – et l'on a déjà, hier, commandé le premier des deux volumes de La Pléiade qui contiennent ses œuvres complètes… –, mais aussi de découvrir celui-ci – on a aussi commandé Le Page disgracié de Tristan L'Hermite – ou de relire celui-là, et ce sera peut-être Le Roman comique de Scarron, qui doit somnoler quelque part entre les rayonnages.

On se dit aussi que lire d'autres livres de l'auteur ne serait sans doute pas une perte de temps. Et, désireux de ne point trop mettre à mal les finances communes, sous peine de risquer le sort du surintendant Fouquet – orthographié Foucquet par Fumaroli –, on ressort de sa niche le Chateaubriand, Poésie et Terreur, que l'on avait acheté et lu au moment de sa sortie : voilà toujours une relecture qui ne coûtera rien, hors le temps qu'on lui consacrera. Mais naturellement, ce serait trop facile d'en être quitte à si bon compte. Parce qu'on vient, malencontreusement, de faire allusion à Fouquet, on sent poindre comme un début de désir, celui de jeter un coup d'œil au petit livre que lui a consacré Paul Morand, au début des années soixante, très exactement en 1961, trois siècles exactement après la disgrâce, le procès et l'enfermement définitif à Pignerol. Finalement on se retient ; par crainte qu'en notre époque de Moscovici, de Sapin et de Montebourg, la personne du surintendant ne se révèle un tantinet écrasante, et de comparaison peu flatteuse.

mercredi 23 avril 2014

Du mou de veau sous la coiffe


Dans son billet du jour, l'excellent Hashtable, l'homme qui fait grincer les dents des gauchistes avec le plus de talent, l'impeccable pourfendeur de socialisme, Hashtable, donc, note que la cote de popularité de notre cher président se rapproche dangereusement du “Q.I. mono-symbolique” de l'irremplaçable Aymeric Caron. Je ne suis pas fou de François Hollande, comme les plus pertinents l'ont peut-être deviné, mais je n'irais pas, tout de même, jusqu'à lui souhaiter une cote à un seul chiffre. Hashtable est un garçon cruel, finalement.

mardi 22 avril 2014

Les jolies surprises du livre d'occasion


Tout commence par une semi-plaisanterie, qui devrait m'expédier à Marne-la-Vallée ; on en débouche sur Château-Thierry, grâce à quoi on fait, bien entendu, une allusion à La Fontaine. Là-dessus, par une sorte de capillarité littéraire, on commande chez Price Minister le livre que Marc Fumaroli – qu'on a aimé par le passé à cause de (ou grâce à) Chateaubriand – a consacré au fabuliste poète. Et le livre arrive.  Il est accompagné de la feuille rituelle, que l'on appelle, je crois, un récapitulatif de commande, comme il y en a chaque fois. Mais, là, il y a un ajout de l'expéditeur, à l'encre bleue, à droite de la feuille, qui dit ceci :

« Merci Didier pour votre commande et… bonne lecture de cet ouvrage qui a appartenu à Madeleine Milhaud, comédienne, metteur en scène, femme de lettres et épouse du grand compositeur français Darius Milhaud ! »

Donc, d'une manière certes fort ténue, mon existence vient, pour une poignée d'euros, de rejoindre celle de Darius Milhaud. J'en ai ressenti une sorte de début de vertige. Le livre de Fumaroli est paru en 1997, Milhaud était mort depuis 23 ans (m'apprend Wikimachin). J'ignorais qu'il fût marié, et donc qu'il eût une veuve. Mais, soudain, cette femme, Madeleine, prend consistance dans ma vie, et je me surprends à manier plus délicatement les pages de ce livre que je ne le ferais d'un autre.

lundi 21 avril 2014

Objurgation à mes amis blogueurs de gauche

Douze paires de pieds, pas une seule tête : les “antifas” tels qu'en eux-mêmes…

Autant le dire sans détour et d'emblée : je suis inquiet. Je ne comprends pas ce qui se passe, ou plutôt j'ai peur de le trop bien comprendre. Depuis ce matin, j'erre à travers la gauchosphère comme une âme perdue : rien. J'ai eu beau fouiller la blogoliste de Nicolas avec la dextérité d'un enfant rom vous faisant les poches dans la rame du métro de six heures : rien. L'absence est si criante qu'elle prend des allures de malédiction ; pis : de renoncement. Bon sang, camarades, réveillez-vous donc, avant qu'il ne soit minuit : nous sommes le 21 avril !

Depuis deux lustres et des broquilles, vous m'aviez habitué à être fidèles à cette grande date de l'universelle déploration, à commémorer dans l'émotion indignée la méchante claque qu'un grand progressiste frisé se vit infliger un dimanche par un horrible fasciste monoculaire. Chaque année, à peine décrochés les poissons de papier que l'on m'avait épinglés dans le dos, je comptais les jours qui me séparaient de celui-ci, ému à l'avance de cette communion résistante qui allait nous empoigner tous, ragaillardi à la perspective de ce grand méchoui de bête immonde et de ventre encore fécond qui allait nous réunir au son des tambours républicains et des binious alternatifs. Ah ! oui, vraiment : quelle belle fête c'était là !

Et aujourd'hui, le silence. Rien que l'angoissant silence. Comme si, de 2013 à maintenant, le ventre était devenu stérile et que la bête apprivoisée sautait désormais dans des cerceaux enflammés sur la piste de Bouglione en quêtant les applaudissement des petits enfants inconscients.

Bon Dieu, dites-moi que ce n'est pas vrai, que ce n'est pas pour toujours ! Assurez-moi que c'était juste une distraction passagère et qu'on va remettre ça l'an prochain ! Si vous ne le faites pas pour vous, faites-le au moins pour moi…

Joie tranquille du silence


On devrait toujours se lever à quatre heures du matin, après s'être mis au lit vers six heures du soir. Cela permet d'éviter les films approximatifs que la télévision propose, et, le lendemain, de sentir palpiter avec lenteur ce grand silence opaque, dans la maison et autour d'elle. Et puis, il y a encore la mine intensément surprise, presque scandalisée, du chien qui n'a pas pour habitude d'être tiré de son panier à des heures encore si profondément nocturnes.

Les jeux de Pâques : que font-ils ?


Réponse demain…

samedi 19 avril 2014

Un nouveau blog en lien


C'est violent, grossier, excessif, adolescent, foutraque, overdosé en vitamines illicites, les billets sont trop longs et partent dans tous les sens ; mais, pour l'instant au moins, ça m'amuse.


jeudi 17 avril 2014

La solution castrothéodoricienne


Évidemment, si mes patrons s'obstinaient dans leur volonté démente d'aller se réfugier chez Mickey, il y aurait toujours la solution de l'exode en direction de Château-Thierry, après avoir vendu la maison du Plessis. Je me retrouverais alors dans une situation exactement symétrique à celle qui est la mienne aujourd'hui, à savoir habiter à environ 70 ou 80 km de mon lieu de travaux forcés, mais cette fois à l'est d'icelui.

Château-Thierry présente à mes yeux de multiples et chatoyants attraits, dont celui de faire de moi un Castelthéodoricien n'est pas le moindre. Considérons aussi qu'avec à peine plus de quinze mille habitants, il s'agit d'une cité à visage et de proportions humains. En outre, comme elle appartient à la Picardie, cela ferait revenir Catherine dans le berceau ancestral, ce qui n'est pas rien. Ajoutons qu'elle est l'une des soixante-quatre communes françaises à avoir reçu la Légion d'honneur, et que c'est en ses murs que Charles Martel fit enfermer le dernier Mérovingien, le justement célèbre Thierry IV : un double patronage qui me plaît autant qu'on peut l'imaginer. Et s'en ajoute un troisième, encore plus flamboyant : celui de Jean de La Fontaine, qui vit le jour ici même. Si, enfin, on considère que l'un des deux marchés se tient le vendredi matin, jour où Catherine dispose de Liselotte à sa guise, on se dit qu'on n'est pas loin d'avoir trouvé le havre parfait, le seul léger bémol étant que le maire “divers gauche” a été reconduit dans ses fonctions le mois dernier – mais enfin, il est peut-être très bien, cet homme, ne soyons pas sectaire.

Maintenant, le plus dur reste à faire : convaincre le jeune Lagardère d'aller réellement nous installer à Marne-la-Vallée. Pas gagné…

mercredi 16 avril 2014

Je n'irai pas à Marne-la-Vallée


Il en est question, ai-je appris avant-hier : que ce pauvre groupe, ce misérable Lagardère à fleuret épointé, déménage vers ce riant cauchemar, cette chose qui n'existe pas. Marne-la-Vallée. Je ne sais qui a trouvé ce nom, mais c'était un génie ou un con. Donner un nom aussi absurde, aussi contraire aux lois de la langue, à un endroit qui n'existera jamais, il y fallait du génie. Ou une connerie tendue à l'extrême – on ne le saura jamais.

Bref, il se pourrait que, pour économiser trois picaillons, mes patrons, montrant par là le mépris qui est le leur pour nous autres, nous balancent dans ce cloaque de l'extrême Est parisien, reconnaissant d'une certaine manière, par la proximité avec le dieu Mickey, que nous sommes des guignols sans importance. D'une certaine manière, l'idée m'amuse : imaginer les “filles” de Elle, les “grand reporters” de Match, les “penseurs” du JDD, et autres outres gonflées de leur insignifiance, obligés de prendre le RER pour aller travailler, les imaginer se mêlant à tous ces gens qu'ils n'ont jamais vus mais dont ils sentiront bientôt les relents, eh bien oui, cela m'amuse beaucoup.

Mais je n'irai pas. J'en parlais tout à l'heure avec Catherine, et nous sommes tombés d'accord : quelles que puissent être les conséquences, financières ou autres, nous n'irons jamais habiter à Marne-la-Vallée ; jamais ! Nous avons passé l'âge de plonger dans ces cloaques.

Plutôt crever.

lundi 14 avril 2014

Considérations philologiques et digestives

Retourner le téléviseur ne serait-il pas plus simple ?

Chez un blogueur qui est une blogueuse – je le sais : je l'ai rencontrée –, je tombe sur cette phrase : « Mon idée c'est de mieux digérer et pour cela de manger un peu plus léger et un peu plus calmement. » Aussitôt, les questions se pressent dans mon esprit, tels des staliniens dans une manif parisienne de début de week-end : Qu'est-ce qui peut pousser une femme que l'on a connue équilibrée d'apparence à avoir des idées à propos de sa digestion ? (En dehors du fait qu'elle avoue lire Elle toutes les semaines, ce qui est en soi un signe alarmant, je l'accorde.) En plus de ces idées digestives, se forme-t-il également en elle, depuis quelque temps, des concepts respiratoires ? Des monades urinaires ? Des prolégomènes à toute menstruation future ? C'est effrayant, quand on s'y penche un peu.

Et puis, autre chose : pourquoi donc vouloir manger, comme ça, du soir au lendemain matin, plus léger et plus calmement ? Pourquoi pas plus légèrement et plus calmement ? Ou plus léger et plus calme ? Ou même plus légèrement et plus calme ? Tout ces formules sont-elles rigoureusement équivalentes, ou bien ces infimes variations syntactiques auront-elles des répercussions sur les idées de digestion de la dame ?

Pour la suite, je vous la laisse découvrir seuls, moi je ne peux plus ;  c'est trop horrible, cette course à l'abîme, je préfère détourner mes grands yeux embués. Mais je persiste à penser qu'une femme qui en arrive à se masser le cuir chevelu dans l'espoir d'une bonne digestion devrait instamment cesser de lire Elle.

dimanche 13 avril 2014

Idéal pour la plage


Idéal, car imprimé sur du papier spécial que les grains de sable ne rayent pas ; idéal parce qu'il y a moins de personnages que dans les romans russes et qu'on s'y retrouve toujours comme chez soi, même après la baignade ; idéal car tellement nauséabond qu'il vous masquera opportunément les relents de sueur et d'ambre solaire de vos contemporains les plus fâcheux. C'est à voir ici.

vendredi 11 avril 2014

De la supériorité des homosexuels

Si je me souviens correctement des Illusions perdues de Balzac, adaptées à la télévision et vues par moi vers 1965 ou 66, la dame à gauche doit être Anne Vernon, c'est-à-dire Mme de Bargeton dans la série dont je viens de parler.
Comme il n'y a vraiment rien à regarder, j'ai suggéré à Catherine ce film : Arsène Lupin contre Arsène Lupin. Édouard Molinaro, 1962, Jean-Claude Brialy et Jean-Pierre Cassel. J'ai vu ce film ; il y a au moins quarante ans ; évidemment à la télévision. J'en conserve le souvenir d'une légèreté, d'une grâce ; celles de ses deux acteurs principaux. Du coup, je vois bien l'avantage de l'un sur l'autre : Brialy, homosexuel de stricte obédience, s'est effacé sans laisser de trace derrière lui ; Cassel, hétérosexuel malencontreux, nous a laissé Vincent, mauvais acteur à tronche de racaille, aussi lourd que son père était léger, aussi scarabée qu'il était libellule. Est-ce la faute de Jean-Pierre, cet elfe ? De Vincent, ce caterpillar boueux ? Non, évidemment : on ne peut reprocher au fils sa vulgarité contemporaine, ni le fait qu'il soit arrivé dans le métier au moment où le cinéma français était d'autant plus mort qu'il était grassement subventionné.

Il n'empêche que Brialy triomphe.

jeudi 10 avril 2014

Désespérance de vie


Swann, 1er avril 2001 – 10 avril 2014.


Pensée du matin, chagrin


Si l'homme est parfois monstrueux, la femme est toujours menstrueuse.

mercredi 9 avril 2014

On ne badine pas avec les blogs


Ce n'est pas moi qui l'ai qualifié ainsi : beau jeune homme au regard vide. Je me fous des jeunes hommes, quel que soit le contenant de leur regard ; ce sont des filles malicieuses, parmi mes commentatrices, qui ont trouvé que… Voilà, reportez-vous à l'image.

(Et en plus, n'est-ce pas, ce “bandeau” qui me rappelle mes 16 ans : Tout est politique. Crétin, va…)

Il n'empêche que ce Musset-là, en dehors du fait qu'il ne sera jamais écrivain (il suffit de le lire, je vais donner des liens, éventuellement) est un garçon intéressant, à plus d'un titre. D'abord, en effet, il aime poser : regardez-moi ce regard acéré, au-dessus de ce col largement ouvert, et ce bouc viril, si je puis risquer ce pléonasme : on en frissonne, non ? Ça doit bander de partout, sous la photo, n'est-il pas ? Déclencher des mouillances adolescentes tant que ça peut…

Bon, on s'en fout. S'il était présent, le sieur Musset nous dirait sans doute qu'il ne veut être jugé que sur son intelligence, ses écrits, etc., et certainement pas sur cette image qu'il arbore à tous les coins de son blog. Fort bien, jugeons-le donc sur ses écrits.

On ne va évidemment pas passer la nuit à relire notre cocotte Seb, on va se contenter de son dernier billet. Qui commence ainsi : « Reconnaissons que depuis qu'avoir Euro RSCG au gouvernement, ça a quand même une autre gueule, celle du loup. Fini les atermoiements, les fausses pudeurs et les propos contradictoires Maintenant, avec le gouvernement de com' back ça file droit, enfin droite. »
Le gras est de Seb, le lien aussi, bien évidemment. Qui comprend ce que notre écrivain a écrit dans ces quatre lignes ? Personne, je le savais.

Comme j'ai une certaine estime pour mes lecteurs, je ne ne reproduirai pas la suite du billet en question. Je mets un lien, pour les plus vicieux d'entre vous. Un billet de M. Musset, c'est toujours un texte trois fois trop long par rapport à ce qu'il a à dire : c'est aussi à cela qu'on voit qu'il ne sera jamais écrivain. Mais, surtout, vous le vérifierez facilement, comme ce beau jeune homme au regard vide n'a rigoureusement rien à dire, il multiplie les liens menant vers tout et n'importe quoi, ce qui fait riche et cache la merde au chat, à savoir que ce Musset-là (paix à l'âme du vrai) pense finalement comme tout le monde, et se roule dans cette satisfaction d'être en tout point conforme à la modernité la plus modernante.

Certains d'entre vous vont me dire : mais pourquoi consacrez vingt lignes à cette parfaite andouille ? Bonne question. Je ne sais pas trop. Sans doute pas parce qu'il est con, ce que je sais depuis des mois. Alors ? Vous le saurez demain.

Natchèze ou Natché ?


Comment s'appelle réellement le peuple éponyme du roman de Chateaubriand ? Plus exactement, comment son nom se prononce-t-il ? Longtemps et d'instinct, j'ai opté pour Natchèze. Puis, j'ai rebasculé vers Natché, au prétexte que, en français, le z final ne se prononce à peu près jamais (J'aime assez la ville d'Avoriaz, voyez, parce que, contrairement à celle de Batz, on n'y risque jamais le raz-de-marée, même en demeurant chez un habitant du rez-de-chaussée…). J'ai été, hier, grandement conforté dans cette nouvelle attitude sonore par le fait que, dans les dernières pages d'Atala, Chateaubriand lui-même utilise à deux ou trois reprises l'orthographe Natché. Mais voilà qu'aujourd'hui, y repensant, je réalise que, s'il le fait, c'est chaque fois lorsqu'il met le mot dans la bouche de l'un de ses personnages – je ne sais plus lequel. Donc, si l'auteur prend la peine de cette modification typographique, c'est peut-être bien pour souligner le fait que cet individu est seul à prononcer ainsi, à rebours de la normale, laquelle serait donc la prononciation ouverte.

Pendant ce temps, sur son Grand Bé, pour tuer le temps jusqu'à la survenue des orages désirés, François-René sourit à demi, avec l'air de celui qui en sait plus long qu'il ne veut bien dire.

mardi 8 avril 2014

L'héritage des mots


Le seul héritage tangible de mon père que j'ai eu jusqu'à présent, ce sont les sept ou huit magazines de mots croisés que ma mère a tenu à me remettre : quand l'homme s'arrête et se couche, les abonnements continuent de courir… Mon père aimait bien remplir ces grilles (moins que son frère aîné, le père de Catherine, mais tout de même) ; il le faisait généralement après le déjeuner et le café qui suivait, sur la table de la cuisine, devant la fenêtre ; j'ai repris depuis peu cette habitude, mais en la déplaçant vers le soir, lorsque j'en ai assez de lire et que l'heure du dîner tarde un peu à venir : de digestif qu'il était chez le père, le cruciverbiage s'est fait apéritif chez le fils.

En ayant terminé un hier, j'ai ouvert tout à l'heure le volume suivant. Surprise – et léger sursaut – en constatant que les premières pages n'étaient plus vierges ; je n'y reconnus guère l'écriture paternelle, mais on ne calligraphie pas pareil selon qu'on remplit des cases ou déroule des phrases. Feuilletant rapidement, j'arrive à la page 44 (sur 84). Cette grille-là était faite en son tiers supérieur, et muette en dessous. J'aurais pu passer directement à la page suivante, mais, avec un rien de grandiloquence, je me suis dit qu'après tout il était bien normal que les travaux abandonnés par une génération soient achevés à la suivante. Et j'ai commencé à poser des lettres dans les cases blanches.

Puis, je suis arrivé à ce mot de trois lettres  – le quatrième du 16 vertical –, dont mon père avait eu le temps de placer l'A initial. J'ai cherché, page de gauche, la définition ; elle disait : « Elle nous quitte en nous laissant froids. »

C'était l'âme.

lundi 7 avril 2014

Un grand merci, Monsieur Faguet !


Ce volume consacré au XIXe siècle, des Études littéraires d'Émile Faguet (1847 – 1916), je l'ai commencé par sa fin, parce que j'étais impatient de voir ce que cet académicien bien oublié avait à dire de Balzac ; je l'ai trouvé d'une sévérité excessive, et surtout cédant un peu trop à la propension courante (mais peut-être ne l'était-elle pas en cette année 1887, date de l'écriture de cette étude ?), qui consiste à opposer Honoré, gros balourd à peu près stupide, à Balzac, créateur de génie à la puissance inégalée. Néanmoins, quelques remarques judicieuses et deux ou trois vues pénétrantes m'ont empêché de refermer sans appel le volume passablement défraîchi (publié sans date visible par Boivin et Cie, anciennement librairie Furne, rue Palatine à Paris…) que j'avais entre les mains ; je l'ai repris à son début, c'est-à-dire à Chateaubriand.

Il me faut donc adresser un grand merci à M. Faguet pour ces pages-là. Longtemps, j'ai vécu comme presque tout le monde, c'est-à-dire fort paresseusement, dans cette idée instillée par l'école qu'il fallait certes visiter les Mémoires d'outre-tombe et la Vie de Rancé, à la rigueur l'Itinéraire de Paris à Jérusalem, mais que l'on pouvait sans remords laisser tout le reste de l'œuvre à sa vénérable poussière. Esprit dénué de la moindre originalité, c'est bien ce que j'avais fait. Et soudain Faguet vint. En quelques pages, à mes yeux au moins, il fit reprendre des couleurs aux Natchez, de bonnes joues aux Martyrs ; de là me prirent des désirs d'Amérique, des nécessités de rédemption. Comme dormait dans le rayon le plus bas de ma bibliothèque, celui où les lecteurs de presque soixante ans ne descendent plus qu'avec d'extrêmes prudences, un volume contenant les Natchez, réaugmentés de René et d'Atala, c'est par eux que je vais revenir à Chateaubriand, séance presque tenante.

Pour le coup, injustice collatérale, ce pauvre M. Faguet devra patienter un peu dans les limbes où je l'ai replongé ; à moins que je ne me livre à un délicat panachage entre l'Enchanteur et son exégète.

dimanche 6 avril 2014

Mélancolie des chutes


Depuis quelques heures le cerisier est tout en neige, il lâche ses pétales comme un nuage ses cristaux ; ils tombent sur le gazon en un plumetis hasardeux, et qui doit tout aux rafales. Mais c'est une neige timorée, elle s'excuserait presque, on la sent prête à cela, car les fleurs se doutent que le temps joue contre elles, quand les flocons gardent toujours cette ressource de s'adosser à des glaciations lointaines, qu'ils espèrent comme nous les redoutons.

samedi 5 avril 2014

Les vrais écologistes ne sont pas verts, et inversement


Je tombe bien malgré moi sur cette phrase, prononcée par la grosse dame qui préside désormais aux destinées de ce ramassis de guignols rétrogrades finement nommé EELV : « Nous reviendrons un jour au gouvernement, pas pour nous faire plaisir, mais parce que la France a besoin d'écologie et pour faire de l'écologie, il faut des écologistes. »

Tout d'abord, j'espère pour la grosse dame que ce salmigondis est la transcription hâtive d'une déclaration faite oralement ; sinon, on peut préparer le goudron et les plumes, avant de l'expédier aux États comme dinde de Thanksgiving. Ensuite, il faudrait tout de même rappeler, de temps à autre (et c'est pourquoi je le fais ici) que l'écologie est une science, que les écologistes sont les savants qui maîtrisent et font avancer cette science. À ce titre, les verts-miceaux n'ayant rigoureusement aucune compétence en ce domaine, sauf preuve du contraire qui tarde à être produite, il y a bel et bien usurpation de nom et de compétences.

Remarquez que cela participe d'une tendance plus générale de notre temps, en lequel un professeur d'histoire s'auto-qualifiera volontiers d'historien, un vulgarisateur de philosophe, etc. Le temps n'est plus loin, on le sent, où les professeurs de dessin se nommeront eux-mêmes peintres et ceux de musique musiciens. D'un autre côté, dans la mesure où un certain nombre de clodos se font appeler comédiens de rue, sans faire éclater de rire personne, dans un sens comme dans l'autre, on ne voit pas pourquoi tout ce petit monde se gênerait. Je suis presque sûr qu'en cherchant bien on devrait parvenir à dénicher trois ou quatre journalistes se pensant écrivains.

Dans lequel j'approuve ceux qui désapprouvent

Le Quai d'Orsay fait peau neuve.

« Le parti de l’In-nocence désapprouve totalement le rattachement du ministère du Commerce extérieur à celui des Affaires étrangères. La diplomatie de la France n’a déjà que trop tendance a être étroitement soumise aux intérêts commerciaux prétendus du pays. En soulignant une sujétion qui porte gravement atteinte à la dignité et même à l’indépendance de notre patrie, le rapprochement des deux ministères risque fort de consacrer officiellement, en fait, le rattachement du ministère des Affaires étrangères à celui du Commerce extérieur et à réduire notre présence dans le monde à celle d’une entreprise cherchant sans grand succès à s’attirer des clients. »

vendredi 4 avril 2014

Il n'y a plus d'abonné au numéro que vous avez exigé


Un ami me disait tout à l'heure par mail : « Quel dommage que vous ayez horreur du téléphone ! J'avais envie de parler de Proust… » Ce n'est pas que j'en aie horreur, mais plutôt que je ne parviens pas vraiment à le maîtriser. En un mot, et le phénomène s'accroît avec le temps, je suis presque incapable de réaliser cette opération ne posant aucun problème à 99 % de mes contemporains : m'entretenir naturellement avec une personne qui n'est pas là. Quand c'est le cas, néanmoins – parce que je sais, en garçon bien élevé, me plier aux impératifs de mon époque –, j'ai l'impression étrange et peu agréable que chacune de mes phrases, y compris les plus anodines, résonne comme une déclaration. Ce qui me coupe toute envie d'aller plus avant.

Bien entendu, je ne dis rien du téléphone portatif, dont la pratique, les rares fois où il m'est arrivé de m'y soumettre, m'a toujours paru profondément humiliante. Au moment où le téléphone a commencé de faire son apparition dans les appartement privés, au début du siècle dernier, une dame “née” disait à l'un de ses amis qui venait de se faire installer un poste : « Ainsi donc, on vous sonne et vous accourez ? » (Je ne me rappelle plus le nom de la dame en question, mais l'ami auquel il est fait allusion plus haut doit s'en souvenir, lui.) Le petit boitier portatif a démultiplié cette dépendance ; et surtout, d'un acte strictement privé, intime presque, comme le sont encore plus ou moins l'accouplement ou la défécation, il a fait une manifestation publique, dont je m'étonne que nous soyons si peu à voir l'éclatante obscénité. 

Surtout, je me demande bien par quel maléfique miracle, il est devenu, en une poignée d'ans, si indispensable, si vital, pour la quasi totalité des peuples d'Occident et d'ailleurs, d'être perpétuellement, volontairement, joyeusement joignables. Je mets un point d'honneur, sans doute un peu puéril, je l'accorde, à l'être le moins possible ; c'est ce qui fait que, quand Catherine est absente, comme en ce moment même, je laisse volontiers sonner la machine, pour faire croire que je n'y suis pas non plus. C'est une liberté que l'on peut s'accorder chez soi, mais allez donc laisser interminablement carillonner votre portatif lorsque vous êtes dans une salle de restaurant ou une voiture de train ! Non, rien à faire, il vous faut répondre, encore et encore. Répondre à quoi ? À qui ? Le plus souvent à rien ni à personne.

jeudi 3 avril 2014

Le Monsieur qui cause de moi…

Didier G. le jour de sa communion solennelle, en mai 1969.

J'ai les honneurs du Salon du Père Joseph, cette éminence qui n'est jamais grise… Ça commence comme ça : 

« Un état des lieux implacable, en forme de triptyque, « Ce qui fut », « Ce qui advint », « Ce qui reste », débouchant sur une manière d’envoi, « À vous, les mômes ». Envoi au sens propre du terme, celui par lequel les poètes d’antan concluaient leurs ballades. Tel François Villon, dont deux vers de la Ballade des pendus servent de motif final. Chacun des volets, constitué de textes courts, récits, descriptions, portraits, fictions, paraboles. Des instantanés, des réflexions inspirés par le monde comme il va, par la vie et les expériences de l’auteur. Des démonstrations imparables et des paradoxes. Ainsi se présente ce livre au titre provocateur dont on sent bien qu’il a été longuement mûri et prend valeur d’une manière de bilan. […] »

Et ça continue par là.

mercredi 2 avril 2014

L'horreur…


Catherine me dit : « Tu penses que tu aurais le courage d'aller jusqu'au Monoprix ? »

Moi (prudent) : …

Elle : « Ce serait pour acheter du tarama et de ces petites barquettes de fromages bataves découpés en cubes, qu'on a bien aimés la dernière fois. Comme on va sûrement prendre l'apéro ce soir… »

Ça parait à peine croyable, mais j'y suis allé. Au Monoprix de la place Pompidou de Levallois. Il est vrai que je n'avais rien d'autre à faire, et que le Monoprix de la place Pompidou de Levallois est à un jet de pierre de mon bureau. Je trouve très facilement le tarama (juste à votre droite en entrant dans le magasin).  Les fromages sont un peu plus loin en suivant l'allée du tarama. Ça devient tout de même un peu plus compliqué, néanmoins je trouve : une sorte de placard réfrigéré à portes transparentes. Là, je vois ce qu'elle veut dire, mon épouse : de rectangulaires barquettes transparentes, en plastique (évidemment, soyons modernes), avec, dedans, de petits cubes de fromages exotiques quoique septentrionaux. J'ai le choix : d'un côté, édam au cumin ; de l'autre, mimolette et édam sans cumin (là, on joue sur la couleur des petits cubes). Lâche comme on me connaît, je prends une barquette de chaque ; et je rentre à la maison. 

C'est seulement en déballant mes cadeaux, sur l'établi de la cuisine, que j'avise le slogan inscrit au bas du film transparent fermant l'une des deux barquettes (celle au cumin) :

Vive l'apér'Hollande !

J'ai hésité : je fous le fromage à la poubelle ? Je le donne aux chiens, qui ont bien senti qu'il se passait un truc susceptible de leur être favorable ? Ou je décide qu'Hollande n'existe pas, et je croque le fromage ?

Indice : le fromage était bon.

Un livre au titre engageant…


Je viens tout juste de le commander. Stephen Hecquet est en quelque sorte le “hussard oublié”, si on le met en regard des écrivains dont il était proche : Blondin, Laurent et surtout Nimier. Affligé d'une malformation cardiaque, Hecquet savait qu'il ne vivrait pas longtemps (ce qui explique sans doute en partie son peu de renommée, mais pas entièrement dans la mesure où Nimier, lui non plus, n'a fait de vieux os). Il est mort en 1960, à 41 ans.