Comme il était prévu, la lecture du livre de Fumaroli, Chateaubriand – Poésie et Terreur, m'a ramené vers les Mémoires d'Outre-Tombe. Cette œuvre a pour moi un point commun avec le Don Quichotte de Cervantès : j'ai dû en lire trois fois la première moitié et ai toujours calé à l'orée de la seconde ; idem pour l'Espagnol. Cette fois, je n'ai point commis l'erreur de reprendre le livre da capo, mais suis allé directement à la fin de la troisième partie, c'est-à-dire aux journées de juillet 1830. C'est ce qui m'a permis, au chapitre 15 (Le Choléra) du Livre trente-cinquième, de tomber sur un paragraphe entrant en curieuse résonance avec mon court billet de ce matin. Le voici :
« Si tous les hommes, atteints d'une contagion générale, venaient à mourir, qu'arriverait-il ? Rien : la terre, dépeuplée, continuerait sa route solitaire, sans avoir besoin d'autre astronome pour compter ses pas que celui qui les a mesurés de toute éternité ; elle ne présenterait aucun changement aux habitants des autres planètes ; ils la verraient accomplir ses fonctions accoutumées ; sur sa surface, nos petits travaux, nos villes, nos monuments seraient remplacés par des forêts rendues à la souveraineté des lions ; aucun vide ne se manifesterait dans l'univers. Et cependant il y aurait de moins cette intelligence humaine qui sait les astres et s'élève jusqu'à la connaissance de leur auteur. Qu'êtes-vous donc, ô immensité des œuvres de Dieu, où le génie de l'homme, qui équivaut à la nature entière, s'il venaît à disparaître, ne ferait pas plus faute que le moindre atome retranché de la création ? »
Il n'empêche que je persiste à trouver la première moitié des Mémoires, celle qui, en gros, se clôt à la disparition de Napoléon, supérieure à la seconde.
Pascal dit plus fort, et en dix mots. Mais c'est agréablement écrit.
RépondreSupprimerConcernant Don Quichotte, je vous félicite d'être allé jusqu'à la moitié. La plupart des lecteurs s'arrêtent, comme fait le lecteur de Bible qui ne va généralement pas plus loin que la Genèse, aux premiers chapitres.
RépondreSupprimerMême le film de Terry Gilliam sur Don Quichotte n'a pas pu être achevé, c'est pour dire...
SupprimerPour ce qui me concerne, j'affirme que le lendemain de ma disparition, tout le monde m'aura oublié, ce en quoi ils auront bien raison.
RépondreSupprimerVous avez bien de la chance de pouvoir vous permettre des affirmations aussi péremptoires.
SupprimerQuant à moi, il me semble qu'ils sont déjà très nombreux ceux qui n'ont pas attendu "le lendemain de ma disparition" pour m'oublier.
Et après la murge? Que se passe-t-il?
RépondreSupprimerPardon Monsieur Goux mais on dirait que, ces derniers temps, vous avez été comme contaminé par Yves Paccalet, auteur très pessimiste de "L'humanité disparaîtra, bon débarras !". J'espère que ce n'est pas le cas car la lecture du pamphlet de ce Khmer vert m'avait, à l'époque, particulièrement minée...
RépondreSupprimerEnfin si c'est Chateaubriand qui nous promet, avec beaucoup de style, notre anéantissement ultime "ça passe mieux".
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RépondreSupprimerDidier, il y a encore un connard (sans doute le même abruti de toujours) qui se fait passer pour moi.
SupprimerLe connard vient de se volatiliser…
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