lundi 31 décembre 2007

2007 n'aura pas été totalement stérile (mais il était temps)


31 décembre 2007 :
l'Irremplaçable invente la HLM
pour oeufs de caille et de saumon
(sous l'oeil admiratif d'Amélina).

Blandine attendra la nouvelle année

En principe, je devrais avoir déjà commencé le nouveau Brigade mondaine - c'est du moins la tâche que je m'étais fixée : écrire le premier chapitre aujourd'hui et demain. Compte tenu de la manière digne (ou plutôt indigne) dont nous avons enterré l'année, hier, à Levallois, cette pétasse de Blandine restera dans les limbes une journée de plus, si ce n'est deux.

Ça lui apprendra.

dimanche 30 décembre 2007

Son nom d'idier Goux dans Levallois désert

Ce matin, en entrant dans Levallois-Perret et son décor futuriste version années quatre-vingts (immeubles aux arêtes vives, tout en vitres-miroirs), j'ai eu la même impression étrange et plutôt agréable : celle d'être le seul survivant d'une catastrophe quelconque dans une cité absolument déserte de vie - Charlton Heston dans Le Survivant. Ce n'était hélas qu'une impression fugace : au 10 de la rue Thierry-Le Luron, il y avait de la vie, il y avait de l'humanité, et pas forcément de la plus haute...

J'en profite pour signaler à ceux qui l'ignoreraient que le film auquel il vient d'être fait référence est (médiocrement) adapté d'un court mais superbe roman fantastique de Richard Matheson, intitulé Je suis une légende, qui doit exister en collection de poche.

samedi 29 décembre 2007

Debout, ému et fier, dans les plis du drapeau

Demain, dimanche, pendant que les salauds de pauvres de gauche se prélasseront sur leur misérables paillasses, voire s'emploieront génitalement à infester leur banlieue pourrie d'enfants putatifs et nettement surnuméraires, je serai, moi, à Levallois, travaillant avec modestie mais opiniâtreté au redressement de la France éternelle, ainsi que l'attend de moi, de nous tous, notre glorieux et bien-aimé Président.

C'est tout.

Maman ! Ça y est !

Terminant le synopsis de mon prochain chef-d'oeuvre, je me suis dit que, parmi mes chers Innombrables, certains seraient peut-être curieux, ou amusés, de voir à quoi ressemblait un scénario de "roman populaire" (en tout cas lorsque j'en suis le responsable). J'ai conscience que c'est dramatiquement long, mais, après tout, nul n'est forcé d'aller jusqu'au bout, ni même d'y jeter le moindre coup d'oeil. Bref, c'est comme d'habitude...



BLANDINE ET LES FAUVES




Le thème : Blandine de Castellas est issue d’une famille noble totalement désargentée mais très imbue de son lignage. Elle a 36 ans. 18 ans plus tôt, son père l’a littéralement « vendue » à Antoine Devaux, de 20 ans plus âgé qu’elle, richissime homme d’affaires (on verra quoi plus tard). Celui-ci entretient plus ou moins toute sa belle-famille (on lui fait miroiter que le nom et le titre (vicomte) de Castellas pourraient lui revenir, en l’absence d’autres héritiers), non seulement les parents de Blandine, mais également ses deux frères.
Deux histoires imbriquées, parallèles et qui vont se contrarier l’une l’autre :
1) Blandine veut se débarrasser de son mari afin de rester maîtresse de sa fortune.
2) Antoine Devaux (au premier chapitre) tue la « fiancée » de l’un des frères de sa femme parce qu’elle est enceinte (il a la trouille d’être dépossédé du titre et du nom).



Les personnages :


- Blandine de Castellas : 36 ans. Longue liane blonde, peau diaphane, yeux pâles. Cache une volonté de fer sous un air constamment alangui, pour ne pas dire maladif. Très « aristocrate » d’allure. Elle méprise son mari. D’un commun accord, ils ont cessé tout rapport sexuel dès la première année de leur mariage, lorsque Blandine a appris qu’elle était stérile. Son mari la tient pour frigide.

- Antoine Devaux : 57 ans. Négociant en vins en gros à l’origine (commerce hérité de son père), il a multiplié l’affaire par cent en se concentrant sur les produits haut de gamme et en misant tout sur l’ouverture des marches européens de l’est, puis, plus récemment, chinois. Il a abandonné le commerce proprement dit du vin pour diversifier ses activités et ne plus être qu’intermédiaire.Il connaît beaucoup de monde à Moscou, jusque dans l’entourage de Poutine. Il lui arrive même d’être secrètement consulté par les gens du quai d’Orsay.
Sa faille, c’est son goût inextinguible de la noblesse, de la « dorure », lui, commerçant de l’ombre. Un désir contredit par ses goûts érotiques, qui le poussent vers les femmes les plus vulgaires et les plus grosses possibles (brunes exclusivement) ---> expérience d’adolescence.
Petit homme sec, effacé en apparence, terne même. Petits yeux noirs fureteurs et perçants, calvitie prononcée, lèvres minces, perpétuellement pincées. Fume le cigare (ce que Blandine ne supporte pas).

- Louis de Castellas : le frère aîné de Blandine, 39 ans : tient un « restaurant » (en fait une boîte échangiste). C’est lui qui a mis une fille enceinte : son « bras droit », Coralie Valbert. Louis est une sorte de beau gosse hâbleur, assez vulgaire au fond sous son vernis aristo, mais exerçant une grande séduction sur les femmes. Il s’est essayé dans plusieurs sortes d’affaires (toutes financées par Devaux), sans aucun succès. Son resto échangiste est nettement déficitaire. Il le tient avec Coralie (voir sa fiche plus loin).

- Charles de Castellas : 28 ans, le benjamin, pédé comme un phoque. Travaille officiellement pour son beau-frère. C’est lui qui fournira ses « fauves » à Blandine. Ressemblant étonnamment à sa sœur, fin, cultivé, mais totalement velléitaire, musicien raté et le sachant, il s’est laissé embauché par son beau-frère aux « relations publiques », de guerre lasse, pour avoir la paix avec ses parents. Il a plus ou moins appris le russe au lycée, d’où la raison de son embauche. En fait, Devaux le paie pratiquement à rien foutre, sauf, parfois, lorsqu’il s’agit de se mettre un gros client homo dans la poche, ce qui arrive rarement. Mais, du coup, Charles connaît lui aussi beaucoup de Russes, notamment à Paris et à Londres.

- Les parents Castellas (qu’on ne verra probablement pas), qui vivent dans leur hôtel particulier d’Uzès (dont Devaux assure l’entretien, ainsi que le petit château situé entre Uzès et Nîmes). Lui, près de 80 ans, elle 68. Lui a été une vraie terreur pour ses enfants et, d’une certaine manière, l’est encore, même s’il n’est plus qu’un vieillard cloué sur un fauteuil roulant. Elle est une bigote fadasse qui a passé sa vie à trembler devant son mari.

- Coralie Valbert : 27 ans. Superbe jeune femme blonde, sensuelle, faux airs de Scarlett Johansson. Très ambitieuse, avide même, elle a compris tout l’intérêt de mettre le grappin sur Louis de Castellas, héritier du nom et du titre de vicomte. En plus, Blandine ne pouvant avoir d’enfant, il y a sûrement quelque chose à faire du côté du magot de Devaux…
D’employée au restau échangiste, elle vient de passer associée. Et elle est enceinte de trois mois, des œuvres de Louis. Elle croit son heure arrivée. C’est le cas, en effet, mais pas celle qu’elle pense…

- Angèle Gropius : 38 ans. L’assistante personnelle de Devaux. D’origine germano-italienne, elle a la stature teutonne alliée à la « brunitude » charnue d’une mama italienne. Amoureuse de son patron, elle subit tous ses caprices (y compris sexuels bien sûr), mais est également au courant de tous ses secrets (professionnels et privés) ou presque. Elle était au courant de la grossesse de Coralie (non, pas sûr, à voir ensuite).

- Les deux « fauves » russes : Vladimir Petrovitch Verkhovensky (le chef) et Lev Illitch Kraskine (la brute).

- Sonia Petrovna Verkhovenskaïa : soeur de Vladimir, amante de Blandine. Brune, de type caucasien.

- Monique Blanchot : l’appât. Les Russes la tiennent à cause de son frère qui leur doit du blé (drogue ou jeu, on verra).



Découpage


Chapitre premier : Jour J. Jeudi.
1) Scène au bureau d’Antoine Devaux, après la fermeture. Secondé par Angèle Gropius, il fait passer un « test d’embauche » bidon à Audrey Vuillard, une jeune banlieusarde obèse, recrutée sur internet et attirée là par le fric. Il la baise durant l’entretien et jouit au moment où il lui annonce qu’elle est recalée…
2) Il se rend au rendez-vous qu’il a chez Coralie. Laquelle veut lui soutirer encore du fric pour le restau de Louis. Celle-ci tente de le séduire pour parvenir à ses fins. Comme il se montre insensible à ses charmes, elle s’énerve et finit par lui dire qu’elle est enceinte de Louis et qu’il lui a toujours dit que, si elle lui donnait un fils, il l’épouserait. Donc, elle lui met le marché en main : « j’avorte sans rien dire à personne, si vous me refilez un million d’euros ! » (Mais on ne dit pas pourquoi au lecteur.) Affolé par ce qu’il apprend, Devaux la massacre à coups de tisonnier. Puis, comme pour pratiquer un avortement symbolique, lui enfonce l’instrument dans le vagin jusqu’au milieu du ventre. Ensuite, fouillant dans les tiroirs, il trouve tout un tas de photos de Coralie en train de partouzer, il les répand sur son corps (pour faire croire à un peurtre d’amant jaloux ou un truc du genre).
Puis, il file, en embarquant le MacBook de sa victime, avec l’idée de le jeter à la Seine..
Sans s’apercevoir qu’il est guetté par une ombre fluette qui, sitôt après son départ, s’engouffre dans l’immeuble dont il vient de sortir…

Chapitre II : J + 1.
Chez les flics. Brichot absent pendant la semaine de Noël. Boris et Géraldine se voient confier l’affaire. On file à la morgue. La routine, quoi…
Puis, chez la morte. On trouve son agenda (électronique ou non), sur lequel est noté à la date de la veille : « RV avec Fouquet : il faudra bien qu’il casque s’il tient au titre ! » Il faut chercher du côté de ce Fouquet, donc…
Ne pas oublier l’histoire des photos répandues sur son corps. Par les voisins, on apprend que Coralie bossait dans un restau échangiste, mais nul ne sait où. Boris décide de montrer les photos à Trucmuche, inspecteur de la BM spécialiste de ce genre d’endroits, pour qu’il localise où elles ont été prises.

Chapitre III : J + 1.
1) Devaux à son bureau avec Angèle. Elle le « soulage » de sa tension (femme amoureuse, elle pige qu’il y a quelque chose qui ne tourne pas rond). Elle ne pose aucune question lorsqu’il lui fait jurer de dire qu’ils sont restés à travailler à la comptabilité de l’année jusqu’à une heure du matin passée. Devaux, trop tendu, décide de rentrer chez lui.
2) Présentation de Blandine, de ses rapports avec Devaux, de leur passé, etc.

Chapitre IV : J + 1, soirée
L’inspecteur Trucmuche (d’après les photos) a localisé « Chez Jeanne et Louis », un restau échangiste de la rue Machin, tenu par Louis de Castellas. Géraldine et Boris s’y rendent comme un couple ordinaire, histoire de flairer l’ambiance. (Là, petit « reportage » sur le lieu ---> Le Donjon de Toulouse ?) Puis, discussion sérieuse avec Louis. Lorsqu’ils lui apprennent la mort de Coralie, il accuse le coup salement. En revanche, lorsqu’ils lui apprennent qu’elle était enceinte de plus de deux mois, par contrecoup, il a l’air presque soulagé qu’elle soit morte (ce qui le met au rang des suspects). Il a beau dire que, vu leurs mœurs, n’importe qui pourrait être le père, les deux flics ont bien vu que, dans la boîté échangiste du sous-sol, c’était préservatif obligatoire…
Enfin, lorsque Boris lui parle du rendez-vous qu’aurait eu Coralie avec un certain Fouquet, Louis pâlit, puis se rssaisit et affirme ne connaître personne de ce nom. « Regardez dans son ordi, suggère-t-il alors : c’est là qu’elle consignait toute sa vie. »
Sauf que, les flics en sont certains : il n’y avait pas d’ordi chez Coralie…

Chapitre V : J + 1, soirée.
1) Présentation de Charles, chez lui (fin de baise homo ?). Blandine, appelée par son frère arrive. Charles lui apprend que son mari a très probablement tué Coralie, la maîtresse et associée de leur frère Louis. (Il le sait car il l’a fait suivre, mais on ne dit pas encore dans quel but.) Incompréhension totale de Blandine : pourquoi Antoine aurait-il fait ça ? En tout cas, si c’est vrai, il est temps (dit-elle à Charles) de faire passer leur plan en phase active, et vite. (Mais, là encore, on ne dit pas de quoi il s’agit.)
2) Blandine se rend au restau échangiste pour voir Louis et tenter de contrôler un peu cette situation imprévue. Louis est « dans son bureau », apprend-elle du barman, avec un couple. En l’attendant, Blandine descend à la boîte où la soirée bat son plein. On la montre voyeuse, ses regards plutôt portés sur les femmes, mais sans insister du tout. Et elle repousse avec beaucoup de gentillesse les hommes qui tentent de l’entreprendre. (Cela pour préparer les chapitres VII et surtout IX.)
Finalement, à bout de patience, Blandine force la porte du bureau… et tombe sur Corentin et Géraldine. Quand Boris lui demande ce qu’elle a fait hier soir, sans réfléchir elle répond qu’elle a passé toute la soirée à la maison avec son mari (elle veut protéger Antoine et elle improvise dans l’urgence). Puis, les flics se cassent.
Louis apprend à sa sœur que Coralie était enceinte, selon toute probabilité de lui. Blandine comprend alors pourquoi Devaux l’a tuée. (Mais peut-être qu’on ne dit pas encore cette raison, à savoir qu’un héritier dans la famille de Castellas ruineraient les prétentions nobiliaires qu’on lui a fait miroiter.) Bien entendu, Blandine ne dit pas à son frère que c’est probalement Antoine qui a tué sa collaboratrice et maîtresse.
Ce qui taraude Louis, c’est ce Fouquet (lui non plus ne dit rien à sa sœur, faute de bien comprendre ce qui se passe). Pourquoi Coralie avait-elle pris rendez-vous avec Fouquet sans lui en parler avant ? (Le lecteur doit piger que, contrairement à ce que Louis a dit aux flics, il sait très bien qui est Fouquet…)
Moi, en revanche, à ce stade, je ne sais plus trop qui est qui, mais bon…

Chapitre VI : J + 4. Lundi 31 décembre
Le week-end a passé. Les flics (rejoints par Brichot rentré de congés) ont reconstitué la famille Castellas. Se sont aperçus que le lien unique était Antoine Devaux (époux de Blandine, employeur de Charles, pourvoyeur de fonds de Louis). Boris et Géraldine se rendent à sa société.
Devaux étant en « rendez-vous extérieur » et en retard, ils sont reçus par Angèle. Qui, comme le lui a demandé son patron, annonce que, le soir du meurtre de Coralie, Devaux et elle sont restés bosser ici jusqu’à une heure du matin.
Or, ça ne colle pas du tout avec les déclarations de Blandine Devaux, qui, elle, a affirmé avoir passé toute la soirée à son domicile avec son mari…
Au cours de l’entretien, coup de fil de Devaux qui annonce qu’il est bloqué je ne sais où et qui s’excuse auprès des flics de ne pouvoir les recevoir avant la fin de l’après-midi.

Chapitre VII : J + 4.
On découvre les trois tueurs russes (les deux hommes et la sœur de l’un d’eux). Entrevue entre eux et Blandine. Charles, qui sert d’intermédiaire, s’éclipse très vite : assez trouillard, il préfère ne rien savoir de ce que sa sœur va demander aux tueurs qu’il a recrutés à sa demande…
Tout de suite, Blandine va recevoir un choc en découvrant Sonia. Une sorte de coup de foudre, mais qu’elle n’identifie pas comme tel, n’ayant jamais eu conscience de la moindre attirance pour les filles (elle est même persuadée aimer les hommes, même si, à la réflexion, elle n’a quasiment aucun rapport charnel avec eux, et jamais très satisfaisants). Mais, du coup, cela le met dans un très grand état de réceptibilité amoureuse. Au point que lorsque les deux tueurs lui font des avances explicites, elle se donne à eux, sous les yeux de Sonia. (Il faudra bien montrer que ce qui l’excite, ce n’est pas les hommes qui la possèdent, mais le regard de Sonia sur cet accouplement. En fait, Blandine se donne à Sonia par l’intermédiaire des deux Russes : elle lui offre son plaisir. Car elle jouit, en plus !)
Un accord verbal est ensuite conclu, une avance est donnée par Blandine (qui est dans une sorte d’état second).
En chute de chapitre, elle révèle elle-même l’identité de l’homme qu’elle souhaite voir mourir. (Elle le révèle aux lecteur, pas aux Russes qui le savent depuis déjà plusieurs semaines : il épient Devaux depuis un bout de temps pour tout connaître de ses habitudes, trajets, etc. : au chapitre I, c’est Sonia qui le suivait.)
Antoine Devaux, son mari.

Chapitre VIII : J+4, fin d’après-midi.
1) Entretien d’embauche fait par Devaux, dans l’entreprise vide (on est le 31 décembre, tout le monde est barré). Un vrai, celui-là. Du moins le croit-il. Car, en fait, il s’agit de Monique Blanchot, qui doit servir d’appât aux Russes. Elle a le physique pour (brune plus que plantureuse, quelque chose d’à la fois vulgaire et vicieux, très « peuple ») et elle est « tenue » par les Russes (voir sa fiche). Elle allume savamment Devaux, mais se refuse à lui et, sous couvert de timidité, de pudeur, ou je ne sais quoi, on verra, lui donne rendez-vous chez elle pour le soir-même. Elle griffonne son adresse sur un post-it.
2) Les flics arrivent (Corentin et Brichot : Géraldine est restée dehors, dans la voiture). Au moment où ils entrent, ils entendent Monique Blanchot murmurer, juste avant de sortir du bureau directorial un truc du genre « à ce soir, chez moi mon gros vicieux ». Trouvant ça bizarre, et ne voulant rien négliger, Corentin alerte Géraldine par portable. Laquelle suit la grosse vache et la voit rejoindre dans un bistrot un type qu’elle identifie comme étant Charles de Castellas (les flics ont des photos de toute la famille, tu penses bien !). L’entretien est rapide et la gravosse ne tarde pas à se casser ; Géraldine, voyant Charles sortir son portable, entre dans le bistrot et, s’installe au comptoir, à moins d’un mètre de lui. Elle l’entend dire un truc du style : « Blandine ? C’est moi. Bon, tout est OK avec la fille pour ce soir. » De plus en plus bizarre, moi j’trouve…
3) Pendant ce temps, interrogatoire de Devaux. Qui n’est pas du tout convaincant lorsqu’il doit s’expliquer sur sa soirée passée à la fois avec son assistante et sa femme. Mais, enfin, il parvient tout de même à s’en tirer. Mais les soupçons s’alourdissent…

Chapitre IX : J + 4.
On retrouve Blandine de Castellas. C’est le moment où on dévoile tout ce qu’elle a manigancé pour éliminer son mari et toucher le jackpot (ce con de Devaux a rédigé un testament en son unique faveur). Il faut bien expliquer, là, que si elle a chercher à fournir un alibi à son mari, c’est parce qu’il ne l’arrangerait pas du tout qu’il soit emprisonné pour meurtre durant de longues années : ça bloquerait son héritage. Ce qu’il faut, c’est qu’il meure.
Le grain de sable, c’est sa soudaine passion pour Sonia Verkhovenskaïa, qui lui ôte toute prudence. La preuve : au lieu de se tenir peinarde chez elle, elle ne peut s’empêcher de filer au refuge des tueurs pour la revoir. Par chance, Sonia est toute seule et les deux femmes s’envoient en l’air comme des petites folles.
Ou plutôt non : Blandine, « révélée » à elle-même par l’experte Sonia, devient en effet folle d’amour, mais la Russe, elle, garde la tête froide. Elle entrevoit que cette aristo hystérique pourrait bien être sa planche de salut (pour se dérober enfin à l’emprise tyrannique de son frangin). Donc, elle joue à fond le jeu de l’amour passion.
Sous l’effet des sentiments qui la tourneboulent, revirement complet dans le cerveau de Blandine. Elle décide soudain de tout arrêter. Tuer son mari est devenu tout à fait inutile, la fortune a cessé de compter ! Elle se bâtit un petit roman Harlequin dans sa tête : elle va avouer à Antoine sa passion pour Sonia, elles vivront ensemble dans une aile de leur immense maison et Devaux subviendra à leurs besoins. Vu qu’ils n’ont plus de vie de couple depuis longtemps, Blandine ne voit aucune raison pour qu’Antoine n’accepte pas de souscrire à ce scénario. Un petit bonheur, simple et tranquille, quoi. Seulement, il lui faut maintenant arrêter la machine…
2) Trop tard, ma belle ! Antoine Devaux, tremblant d’excitation, se rend chez Monique (« l’appât »), où il se fait proprement kidnapper par les deux Ruskofs.

Chapitre X : J + 5.
Chapitre assez court, je pense. Chez les flics. Dans un premier temps, ils apprennent (par Blandine ? Par Angèle ? A voir à l’écriture) la disparition d’Antoine Devaux. Se rendent au siège de sa société (donc, plus logique, peut-être, qu’ils apprennent la disparition par Angèle Gropius). L’assistante leur file l’adresse de Monique j’ai-oublié-quoi-et-j’ai-la-flemme-de-remonter (le post-it du chap. VIII).
Ensuite, nos trois connards se rendent chez la grosse vache, qui avoue son rôle dans le rapt de Devaux et l’existence des Russes (mais elle ne sait évidemment pas leurs noms, où ils crèchent, leur groupe sanguin, etc.). Elle leur apprend que c’est Charles de Castellas qui est à l’origine de tout (croit-elle : elle ne connaît pas Blandine).

Chapitre XI : simultanément au précédent.
1) De plus en plus folle d’amour, Blandine a ramené Sonia chez elle. (NB : elle ne sait pas que l’enlèvement de son mari a déjà eu lieu, mais son absence ne peut la surprendre, étant donnée leur vie très libre.) Voyant tout ce luxe autour d’elle, la Russe comprend qu’elle ne doit absolument pas laisser passer sa chance. Et elle décide de trahir son frère et l’autre brute qui va avec.
2) Coup de fil des Russes, justement. Ils exigent le paiement de la totalité AVANT d’exécuter leur prisonnier. Sinon, ils le remettront en liberté après lui voir révélé QUI était à l’origine de tout cela. (Là, expliquer, pour la vraisemblance de la menace, que les tueurs n’en ont rien à foutre de s’être montrés à visage découvert : ils peuvent en quelques heures se carapater en Russie où personne n’ira les retrouver.) Blandine décide d’aller au rendez-vous avec, dans son cerveau en pleine ébullition amoureuse, l’idée de leur leur remettre une somme supérieure à celle prévue afin qu’ils consentent à relâcher son mari en effet, mais sans rien lui dire (ou alors en lui inventant une histoire de règlement de comptes mafieux, on verra sur le moment). Important : elle ne dit pas à Sonia ce qu’elle a en tête.
3) Dès qu’elle est seule, Sonia prend la décision de contacter les flics afin de leur « donner » son frangin. Elle sait que celui-ci, s’il est pris, ne trahira pas ses commanditaires : ce sont des choses qui ne se font pas, chez les tueurs bien élevés (surtout s’ils veulent conserver leur crédibilité professionnelle). Ainsi, elle restera seule avec cette conne en surchauffe de Blandine, qu’elle pourra manœuvrer comme elle le veut en la menant par le bout du clitounet. Et à elle les pépettes !
Sauf qu’avant de toucher le pactole il faut trouver un moyen de contacter les « bons » flics. Mais, pour ça, Sonia a son idée (elle a bien de la chance !)…

Chapitre XII : Un peu plus tard.
1) Bon, là, d’une manière ou d’une autre, il faut que Boris Corentin, qui n’est pas la moitié d’un con) pige que c’est Antoine Devaux l’assassin de Coralie Valbert. Comment ? Grâce au mot laissé par la morte à propos de « Fouquet » et du « titre » auquel il pourrait bien dire adieu. Tout repose évidemment sur des enchaînements d’idées. Devaux aspire au titre de vicomte ---> Devaux-le-Vicomte ---> Fouquet : surnom que les enfants Castellas ont trouvé amusant de lui donner, étant donné qu’il est, en quelque sorte, leur « surintendant de finances ». Là, il faut rendre la « révélation » de Corentin point trop artificielle, mon drôle !
La question est la suivante, à ce stade : quel lien peut-il y avoir entre l’assassinat de Coralie Valbert et la disparition soudaine de son meurtrier (s’il y en a une ?) Corentin décide qu’il faut repartir du « contact » de Monique Machin (l’appât), puisque Géraldine, on s’en souvient, les a surpris en grande conversation au bistrot. On l’appelle, il répond et assure les policiers qu’il ne bouge pas de chez lui, qu’il les attend.
2) Nos trois amis se rendent chez Charles de Castellas qui, bien entendu, s’est fait la malle. On décide de pousser jusqu’au restau de Louis, mais sans s’annoncer, cette fois. Les deux frères sont là, en effet. Évidemment, ils nient tout en bloc (ce que Louis n’a aucun mal à faire, vu qu’il est le seul innocent dans l’affaire), mais il est visible que Charles se ratatine à vue d’œil dans son Rasurel. Les flics se font pressants…
3) C’est alors que déboule Sonia Verkhovenskaïa, qui leur déballe tout (en échange de sa liberté, grosso modo : rendre ça moins abrupt).
(NB : là, je suis un peu emmerdé car, depuis hier, j’ai totalement oublié quelle raisonnement avait bien pu conduire la Russe jusqu’au restau du frangin ! Peut-être dans le chapitre précédent, Blandine lui aura-t-elle dit un truc lui laissant penser je ne sais quoi… A régler quand on y sera.)
Évidemment, Sonia leur livre une version « édulcorée » de l’enlèvement, passant totalement sous silence le rôle de Blandine et de Charles (qu’elle feint de ne pas reconnaître). Mais comme les flics connaissent déjà une partie de la vérité, ils n’ont pas grand-mal à rassembler les pièces du puzzle (moi, par contre…).
À la fin du chapitre, toute la lumière est faite. Sonia, comprenant que c’est foutu, lâche Blandine. Elle cherche à s’enfuir mais est finalement maîtrisée (petite bagarre de filles avec Géraldine ?).

Chapitre XIII : Même jour, plus tard.
Bon, comme d’habitude, on laisse les choses dans le flou et le chapitre s’organisera en fonction de ce qui précède, en courts sous-chapitres alternés. Mais, en gros, il se passe ceci :
1) Blandine est détroussée et violée par les deux tueurs (ou pas violée si le bouquin est déjà trop long).
2) Intervention musclée des flics, bagarre, danger de mort pour l’un ou l’autre, Corentin sauve la situation, etc.
3) Dans une des chambres, Blandine découvre la tête tranchée de son mari, tué par les Russes avant son arrivée. Elle pige qu’ils avaient probablement l’intention de la zigouiller aussi. (Non, mieux : ils le lui ont annoncé froidement lorsqu’elle est arrivée, pour faire monter la un peu la tension.)

Chapitre XIV : J + 7 ou 8.
Épilogue. On reprend tous les protagonistes et on dit ce qui va leur arriver. On dégage la morale de l’histoire. Ça pourrait se passer chez Géraldine, ce qui permet de sortir du formol mes personnages annexes, mais je l’ai déjà fait plusieurs fois. On verra si j’ai besoin de longueur ou de faire bref.


Maintenant, yapuka...

Au nord, toute !

À M. Rogémi, grâce à qui j'ai ce livre entre les mains


Bravant le risque de passer pour un ridicule poseur aux yeux de mes lecteurs les plus sourcilleux, je succombe au plaisir de vous livrer ceci :

" À la fin, chacun se jugeait soi-même selon le code unique sans plus solliciter la vigilance des autres, se déclarait coupable et s'enfermait dans sa propre prison intérieure, le coeur et l'âme transformés en cachot nu et lisse d'où le prisonnier volontaire sortait définitivement métamorphosé. Ainsi avaient péri, de nation en nation, le goût de la singularité, la soif des différences fondamentales et jusqu'à la merveilleuse haine qu'engendraient naguère nos bienfaisantes inégalités divines. Quelles que fussent sa race, sa culture et ses origines, le même type d'homme peuplait désormais les deux tiers de la planète et le plus effrayant, c'est qu'il semblait satisfait ! " [Je souligne.]

(Jean Raspail, Septentrion, 1979, rééd. 2007.)

À moi, Hildegard !

L'Irremplaçable, récamièrement allongée sur le canapé, lisant un magazine féminin à la con :

- Tiens ! ça pourrait t'intéresser, ça : un nouveau site internet consacré à la jouissance girly : films érotiques d'Asia Argento, infos sur les sex-toys, les forume de rencontres, etc.

Moi, debout, me servant un café : - Ouais... À mon avis, il ne doit rien y avoir de bien nouveau, là-dedans...

Elle (un peu ironique) : Tu en trouveras, des femmes qui signalent à leurs maris des sites de cul inédits !

Moi (sentencieux à fond les manettes) : - Et tu en trouveras des maris qui font la fine bouche et rechignent à y aller voir...


Le tout sur fond de Vêpres pour la fête de sainte Ursule, de Hildegard von Bingen : on n'est pas plus snob...

vendredi 28 décembre 2007

Chiens d'infidèles !

Trouvant sans doute que notre vie manquait de piquant, d'aventure, l'Irremplaçable nous avait concocté aujourd'hui un déjeuner à très haut risque. Carrément blasphématoire et sacrilège, n'ayons crainte de le dire.

En effet, les yeux dilatés par une horreur très-sainte, j'ai vu arriver devant moi une assiette fumante. Les fumées de l'Enfer, à n'en pas douter. Car cette femme inconsciente (démoniaque ?) n'avait pas reculé devant la confection d'un couscous accompagné de boulettes de porc !

Avalant tant bien que mal le plat impie, je voyais déjà des hordes de barbus dépenaillés et de rappeurs encagoulés aiguiser les coupe-coupe dans le jardin, lorsque je me suis rendu compte que la situation, la nôtre, était encore pire que ce que je pensais. En effet, avec le reste de l'animal-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, l'Irremplaçable avait confectionné, pour un repas ultérieur, des fricatelles, assaisonnées d'épices orientales.

Or, nul n'ignore, et les enturbannés moins que tous autres, que les fricatelles sont un met nous venant du Danemark, ce pays abject où la moitié de la population est occupée à dessiner des caricature de certain bédouin du haut Moyen Âge, afin de faire rigoler l'autre moitié.

Depuis ce funeste repas, je tremble à chaque fois qu'approche de la grille un gamin chevauchant son tricycle : et s'il s'agissait d'un vélo-suicide monté par un petit garçon piégé ? (Ou l'inverse ?)

On a eu beau tenter d'apaiser le juste courroux de ces braves religieux en dînant d'un bouillon au vermicelle et au poulet, je ne me sens pas encore tout à fait rasséréné...

Pensée désagréable (mais pas de mon fait)

" Les générations actuelles sont les plus médiocres que la France ait jamais connues. On ne saurait les justifier qu'aux dépens de la France. Je préfère justifier la France à leurs dépens.

"(...) Il m'est indifférent de ne pas me trouver d'accord avec ces générations. Je crains plutôt d'elles de nouveaux Munich, elles ont Munich dans le sang. "


(Georges Bernanos, Français, si vous saviez..., 4 septembre 1946.)

jeudi 27 décembre 2007

J'aime beaucoup ça, mais pas en public

Il y a un certain nombre d'activités auxquelles j'adore me livrer (quoique pas tous les jours), à la seule condition que ce soit sans témoin, dans le secret profond et tiède de l'intimité conjugale, lorsqu'il fait bien nuit.

Manger de la soupe en fait indéniablement partie.

Pour le dîner d'aujourd'hui, l' Irremplaçable avait mitonné (et c'est bien le mot : ç'a dû cuire pendant cinq plombes...) une soupe aux pois, que nous autres, Français-de-France, appellerions plutôt une soupe aux haricots - enfin, par chez moi en tout cas. Avec poireaux, carottes, poitrine de porc, boulettes de viande, pain rassis et, bien sûr, de fondants petits haricots blancs et ronds (comme moi certains soirs, donc). C'était délicieux, ça tenait au corps, il n'y avait pas pour plus de cinq euros d'ingrédients : une vraie potée de salauds de pauvres comme je les aime - le genre de plats qui vous fait rapetisser presque jusque dans vos langes initiaux.

Oui, j'adore la soupe, vraiment. Mais il ne me viendrait jamais à l'idée d'en commander une dans un restaurant. D'abord parce qu'elles s'y présentent, ces braves soupes rougeaudes et hilares, travesties en chichiteux potages, quand ce n'est pas en étiques consommés : là, c'est carrément bouche en cul-de-poule et face-à-main - la gerbe.

De même, si l'on m'en sert une assietté lors d'un dîner, même entre amis proches, mon plaisir se trouvera tout gâché de cette compagnie.

La raison est que j'aime qu'une soupe soit bien chaude, et même très chaude, voire trop chaude. Dans ces cas-là, pour que votre langue ne ressorte pas du repas aussi cloquée qu'un crapaud-buffle, il importe d'aspirer de l'air en même temps que chaque cuillerée. Ce qui produit immanquablement ces gouleyants slurp ! slurp ! qui dégoûtaient fort ce grand crétin bourgeois de Brel, ainsi qu'il en fait le tonitruant aveu dans ce sommet de niaise enflure intitulé Ces gens-là.

Manger une soupe bien chaude sans produire le moindre petit slurp ! est à la fois une funeste hérésie et une frustration pénible. Un peu comme si, lors de notre prochaine rencontre, Scarlett Johansson entreprenait de me polir le chinois avec un gant Mapa.

(Encore que, finalement, en y réfléchissant de plus près...)

mercredi 26 décembre 2007

31 décembre 1999

À Sniper


Dans un commentaire au message intitulé Toujours ça de fait, Sniper affirme que rien ne fut pis que le 31 décembre 1999 (dans le genre "réjouissances populacières d'Homo festivus", supposé-je qu'il l'entend (merde ! comment j'écris, moi ?). Eh bien ! pour l'Irremplçable et moi, cela reste au contraire le souvenir d'une merveilleuse (et je pèse mon mot) soirée. Partez pas : j'explique.

Déjà, comme nous vivions alors à l'écart d'un petit village de l'Orne profonde (parfois appelée Ornière), Homo Festivus pouvait toujours s'accrocher pour venir nous déloger de notre tanière. Ensuite, s'il s'y était risqué, il se serait considérablement gelé les roubes, vu que, pour cause de tempête-du-siècle, nous étions sans chauffage depuis la nuit du 25 décembre et venions de passer, à cinq ou six personnes, six jours massés devant la cheminée du salon, emmitouflés dans des couvertures, des pulls, ce que vous voudrez.

Dans la journée du 31, Élodie et Adeline, les deux filles de l'Irremplaçable, ayant repris le chemin de la capitale (pour aller se frotter à tous les petits Festivus en rut, suppose-t-on), nous nous retrouvâmes seuls tous les deux. Et c'est alors que, Catherine, la nuit déjà tombée, étant partie acheter je ne sais quoi à Mortagne-au-Perche, le miracle se produisit.

Deux archanges vêtus d'une combinaison EDF (une pour chaque, tout de même) vinrent d'aventure frapper à mon huis afin de s'enquérir si nous étions dûment pourvus en électricité. Du bout de mon index violacé, je désignai muettement les douze bougies réparties dans la pièce. Les deux archanges (étaient-ils psychostases ? Voire psychopompes ? Oncques ne l'appris...) m'assurèrent qu'ils allaient remédier à cet état de choses, ce dont je les remerciai sans en croire un mot.

Or, il advint qu'une vingtaine de minutes plus tard, la lumière fit en effet retour dans notre humble chaumière. Mon premier réflexe fut d'aller remettre le chauffe-eau en marche, d'allumer TOUTES les lampes de la maison, de brancher le radiateur électrique d'appoint de la salle de bains, avant de prendre une douche - ce que ni l'un ni l'autre n'avions fait depuis trois jours (trois jours seulement car, à mi-calvaire, j'avais invité tout mon petit monde dans le meilleur hôtel de Mortagne, afin que nous puissions nous défaire de moult crasse accumulée).

Et, lorsque l'Irremplaçable revint au logis, le coeur gros de la sombre froidure qui allait de nouveau planter ses griffes dans sa tendre chair innocente, elle découvrit la maison illuminée et son homme revêtu de ses plus beaux habits du dimanche (sans doute, aussi, un premier verre à la main, mais je ne me souviens pas).

Croyez-le ou non (vraiment, faites comme vous le sentez : je m'en contre-pignole), nous passâmes l'une des plus inoubliables soirées de notre déjà longue existence, pourtant fertile en intenses bonheurs.

Chabada-bada, chabada-bada...

Toujours ça de fait...

Le 26 décembre m'a toujours semblé être une date magnifique : elle prouve que Noël est derrière nous. Bien sûr, il reste encore à passer le douloureux cap du 31 décembre - minuit, et la stupide explosion de joie qui salue le non événement. Mais, enfin, en ce joli 26 du mois ultime, la moitié est déjà faite de ce parcours du combattant festif. Courage, mes frères, courage...

mardi 25 décembre 2007

Déculturés nous serons

J'arrive du forum de l'in-nocence. Le nouvel éditorial de Renaud Camus sur le forum est évidemment passionnant, même si, pour un lecteur assidu, il ne dit rien de très neuf, se contentant de brasser (et aussi d'organiser) des thèmes qui lui sont familiers. Il me gêne que ce texte soit constellé (non, le mot est tout de même exagéré) de fautes. Je crois qu'il est impossible à un auteur de se relire efficacement, de ce point de vue : il y faut un oeil extérieur, quelqu'un qui, au fond, se moque du contenu, de l'intelligence du propos, afin de pouvoir se concentrer sur la langue elle-même, sur ses recoins. L'auteur, lui, ne le peut pas, car, à chaque relecture, il est happé par le sens de ce qu'il a écrit, cherche à l'améliorer, à l'approfondir, et perd de vue les scories qu'il a déjà laissées passer à la relecture précédente.

Je proposerais bien à l'auteur de me charger de ce travail, mais, outre que je dispose de peu de temps, je suis à peu près persuadé qu'il refuserait.

L'éditorial se termine par une sorte de plaidoyer pro domo concernant le forum de l'in-nocence, comparé, de manière tout de même un peu acrobatique, aux monastères du haut Moyen Âge, protégeant la culture antique face aux déferlements barbares. Disant cela, je ne critique pas la comparaison entre les époques : je suis de plus en plus persuadé que nous vivons, en effet, un déferlement barbare et que nous n'y survivrons pas - ce qui, au bout du compte, est sans grande importance, à l'échelle d'une vie individuelle. Mais je trouve un peu rapide l'assimilation du forum de l'in-nocence à un monastère bénédictin du huit ou neuvième siècle.

Cependant, qu'en peut-on savoir ? Il n'est pas impossible, en effet, que soient en train de se former, ici ou là et de manière encore embryonnaire, les poches de résistance de demain face à ce que Renaud Camus appelle La grande déculturation. Résistance toute passive, d'archivistes, de bibliothécaires, de gardiens du temple invisible, et confiante dans l'écoulement du temps, ainsi que l'étaient les communautés chrétiennes en ces siècles.

Par chance - mêlée d'une certaine lâcheté soulagée -, nous n'en verrons rien, en tout cas pas le plus pénible.

Demain, les chiens

Ce soir, on a liquidé les restes car, comme tout le monde, l'Irremplaçable avait prévu, hier, un menu de réveillon pour huit alors qu'on était deux. Donc, il restait du saumon gravelax, de la crème fouettée de quoi contenter tout un club d'échangistes SM, de merveilleux oeufs de caille en gelée, du tarama et... et...

Et un foie gras aux figues "maison" relativement raté, au point que Catherine, qui a une certaine idée d'elle-même, ne l'avait pas servi hier soir. On l'a goûté tout à l'heure : elle a eu raison. Il va de soi que tout cela était dix fois meilleur que ce que l'on peut ingurgiter dans un grand nombre de restaurants, sans même parler des recettes que certaines greluches croient utiles de mettre en ligne avec force roucoulades et rengorgements satisfaits.

Néanmoins, nous étions nettement en deçà de ce que l'Irremplaçable est capable de produire. Conséquemment, Swann et Bergotte, pour Noël, ont eu l'honneur et l'avantage, alors qu'ils sortaient de table, de savourer chacun deux toasts au foie gras, cependant que certains humains, dans le même temps, se pèlent le jonc sous des tentes de fortune (et très laides), sur les quais de la Seine et autres fleuves. Ce qui tendrait à prouver, soit :

1) que Dieu n'existe pas,

2) qu'il se fout ouvertement de notre gueule.

Là-dessus, have a good night, sleep tight, et toutes ces sortes de choses.

Dans l'esprit de Noël...

Le comble de la radinerie ?

Partir pour la Thaïlande avec ses propres enfants.

lundi 24 décembre 2007

8 H 30 : réveillon bouclé !

Comme je vous imagine, mes drôles, les paupières déjà lourdes, face à cette soirée qui n'a même pas encore commencé. Imaginez la joie : la mienne est finie ! Apéro à six heures, continuation sur la table du salon, accompagnés vaillamment que nous fûmes (c'est du belge) par les sonates pour piano de Mozart, pas d'enfants, pas de cadeaux à déballer, pas de grands-yeux-z'émerveillés, ni de rires argentins : le bonheur à l'état pur.

Avec, tout de même, de petits cornets de homard (en feuilles de filo, les cornets) agrémenté d'une légère mayonnaise rehaussée de citron, de feuilles de coriandre, et saupoudré d'un peu de piment. Puis, du gravelax, saumon macéré à la scandinave, sur tranches de pain de seigle, accompagné d'une crème fouettée garnie de petits morceaux de cornichons Malossol. Après cela, le clou (à mon avis) : des oeufs de caille en gelée, avec oeufs de saumon, chaque oeuf étant posé sur une tranche de pomme de terre violette dont le nom est en train de m'échapper (virelotte ?).

Pour faire glisser gentiment tout cela, l'Irremplaçable s'arsouilla au Champagne, tandis que je fus Pouilly (les latinistes me comprendront).

Il y eut aussi de petits tortillons de pâte feuilletée au fromage et des toasts de tarama, dont les chiens profitèrent plus que nous - car c'est Noël pour tout le monde.

Il va de soi que tout (y compris le pain) était fait "maison" : on n'est pas des bêtes. Désormais, il est neuf heures : excellente soirée à vous tous.

La Rançon de la gloire



En octobre 1994, l'Irremplaçable Concubine devenait l'Irremplaçable Épouse.
France Dimanche était là...

Camus pas-Albert-l'autre...

Je me permets d'ores et déjà, avant même d'en avoir achevé la lecture, de vous recommander le long texte consacré par l'écrivain à ce qu'il appelle La Grande Déculturation.

J'en profite pour vous souhaiter à tous un excellent Noël, qu'il soit recueilli ou noceur.

samedi 22 décembre 2007

Blogokado

Ce matin, Dame Factoresse a déposé dans la boîte qui lui est spécialement réservée une enveloppe rembourrée (un peu comme moi, mais sans la moindre trace d'alcool dans les tissus) contenant un DVD sur lequel semble être, si j'en crois l'inscription, enregistré le film Little Miss Sunshine, dont il a naguère été question ici, en commentaires. Joint à la rondelle, un petit mot me souhaitant un noyeux Joël sans signature.

Deux personnes, dans les commentaires en question, ont fait allusion à ce film dont j'ignore (encore) tout : MM. Chieuvrou et Sniper.

Alors, lequel des deux ?

À moins qu'il ne s'agisse d'un tierce luron qui agit dans l'ombre... tire les ficelles... manipule tout son petit monde...

Et que recèle, au juste, ce mystérieux disque ? Allez savoir...

Je remercie vivement son expéditeur, pendant que j'ai encore toute ma raison (oui, bon...)...

Pensées désagréables, le retour

Vous l'avez sans doute remarqué comme moi : par les temps qui sont les nôtres, il est devenu très délicat de détester les étrangers. Ce bon vieux et solide mépris pour les exogènes, qui fit les beaux jours et la robuste gaillardise de notre douce France serait-il donc condamné à disparaître ? Ou à se renfermer dans le secret des cerveaux et des coeurs ? Allons donc ! ne nous laissons point aller à de si douloureuses perspectives ! Car la solution est là, toute simple...

Oui, ceux qui le désirent vont pouvoir continuer à détester, mépriser, voire haïr les étrangers, si cela leur chante. Ils pourront même exprimer leurs justes et nobles sentiments à haute voix, sans qu'aucune association de squatters ne remue seulement le bout d'une oreille - qu'elles ont pourtant fort chatouilleuse. La recette miracle est d'une évidence biblique.

Il faut changer d'étrangers !

Car il en va des allogènes comme des champignons de nos prés et sous-bois : certains sont très dangereux, d'autres benoîtement inoffensifs. Apprenons à les différencier, ami lecteur.

Pour commencer, le candidat à la détestation et à la haine devra se résigner à éliminer de sa liste tout étranger ayant la peau plus foncée que la sienne (sauf en cas de bronzage ou d'UV), c'est dur mais absolument indispensable. De même, il est fortement conseillé de ne pas trop détester les étrangers venant de pays pauvres : ces gens-là sont souvent crédités d'un coeur d'or au point de donner tout ce qu'ils n'ont pas, mais ils seront surtout prompts à vous traîner en Correctionnelle. Enfin, on aura soin d'éviter de dire tout le mal qu'on pense des pays envoyant chez nous de lourds bataillons de leurs ressortissants excédentaires : le nombre fait la force, c'est connu, mais développe également l'arrogance, le sans-gêne, l'agressivité.

D'une manière générale, on se gardera de détester tous les étrangers qui, à une date relativement récente, ont été rebaptisés des "jeunes" (sans doute afin qu'on puisse les reconnaître plus facilement), pour concentrer sa haine sur ceux ayant gardé leur ancienne appellation : c'est plus sûr.

J'entends déjà certains parmi vous protester que, dans ces conditions, il ne va nous rester personne à accabler de notre sain mépris, et que, à ce compte, on a aussi vite fait de se mettre à aimer tout le monde. C'est en effet la solution de désespoir choisie par une frange non négligeable de la population, mais, le dieu des chrétiens en soit loué, elle n'est pas la seule, et, en y regardant de plus près, il reste encore quantité d'étrangers innocemment haïssables.

Les Scandinaves, par exemple. Blafards, blonds, riches, très peu nombreux sous nos latitudes : innocuité garantie. Faites l'expérience, juste pour voir : vous entrez dans votre bistrot favori et vous clamez au comptoir que non, vraiment, ces connards de Norvégiens, vous ne pouvez pas les blairer. Personne ne mouftera. Même la trentenaire morose qui parcourt le Libé du jour devant sa théière vide ne lèvera pas le nez de son torchon en vous entendant. Avec les Scandinaves, c'est la haine tranquille, la détestation "vieille France" qui perdure.

Même chose avec les Taïwanais. Tout le monde se fichera que vous méprisiez ou non les Taïwanais. Et, même, avec un peu de chance, si ça vient à se savoir, vous décrocherez peut-être d'intéressants contrats en Chine populaire.

On peut éventuellement se risquer sur le Latino-Américain, mais c'est déjà plus aventureux : notre lectrice de Libé risque de froncer le sourcil, surtout si vous avez commis l'imprudence de choisir un Latino dont le pays ploie sous le joug d'une dictature sanglante ou, pis encore, pro-américaine.

L'Allemand ou l'Anglais, en revanche, sont haïssables en toute sécurité. L'Anglais parce qu'il fait grimper le prix des maisons dans le Périgord, l'Allemand parce que votre grand-père a passé trois ans de sa vie au stalag : voilà des haines que personne ne songera jamais à vous reprocher.

Mais le fin du fin, le top of the pops, c'est bien sûr le Monégasque. Pour un authentique xénophobe solide sur ses bases, le Monégasque est un véritable don de Dieu : il croule sous l'or, il vit dans un décor de crème fouettée et de sucre candy, on ne le voit quasiment jamais en France, en tout cas certainement pas dans votre bistrot. Clamez votre haine du Monégasque et, aussitôt, vous serez bruyamment et chaleureusement approuvé.

Peut-être même que vous réussirez à vous taper la lectrice de Libé.

En revanche, ne faites surtout pas remarquer que la plupart des Monégasques sont Arabes : vous ruineriez d'un coup des années d'efforts et de dissimulation.

vendredi 21 décembre 2007

Remède, alors !

À Jean-Pat'...


" En fait une lecture de rentrée dont j'avais mis la fin de côté pour le plaisir ou en cas d'aller mal, comme un bon remède dont on préfèrerait garder un fond dans l'armoire à pharmacie, par crainte d'en manquer en cas de crise qu'il peut soigner. L'avoir repris est sans doute bon signe. " (C'est moi qui souligne.)

Pas sûr, pas sûr...

Pensées désagréables

Dans l'existence d'un être humain ordinaire surviennent mille petits désagréments, dont on se remet très facilement, mais qui, sur le moment, sont tout de même très irritants. Les accidents sur l'autoroute en font indubitablement partie.

Prenons un exemple, choisi parfaitement au hasard. Vous venez d'abattre à bout portant une journée de travail, montez dans votre automobile, vous réjouissant de n'avoir qu'une heure de route avant de retrouver votre chaud domicile conjugal de... disons du Plessis-Hébert, nom ridicule pris au hasard sur la carte. Bon. Et, là, paf !...

Accident sur l'autoroute A 13. Vous voici contraint de parcourir cinq ou six kilomètres, parfois davantage, à vingt ou même quinze à l'heure, sous prétexte que deux abrutis qui n'auraient même pas dû naître se sont emplâtrés, à force de zizgaguer sans visibilité entre les trois files du ruban d'asphalte susnommé. Vous faisant perdre une bonne quarantaine de minutes, cependant que, chez vous, les glaçons imprudemment sortis du congélateur par une attentive Irremplaçable sont en train de fondre irrémédiablement.

La moindre des choses, chacun en conviendra, serait qu'au moins un des deux conducteurs soit mort, lorsque vous parvenez enfin à la hauteur de l'accident en question. Ou, à défaut, grièvement blessé, se tordant de souffance sur la bande d'arrêt d'urgence, l'humérus jaillissant de la viande, la jambe à angle droit, à défaut une gentille petite éventration, bref : un truc qui, en passant, vous console de vos presque trois quarts d'heure d'énervement.

Quand le bouchon est vraiment énorme, on se prend à rêver des trucs pas racontables. Que le fils unique de l'abruti zigzaguant, assis à l'arrière, est mort sur le coup ; que la mère, par conséquent, va quitter le père, devenir folle de douleur, terminer à l'asile de Mantes-la-Jolie (je ne sais pas s'il y en a un, mais c'est là qu'a eu lieu l'accident) ; et, pour finir, rongé par le remords, le chauffard va crever dans les deux ans, bouffé par le cancer de son choix.

Ce sont des pensées réconfortantes, inutile de le nier, mais, malheureusement, on ne peut jamais être sûr, bien entendu. S'il se trouve, ce sera juste quelques tôles froissées. Éventuellement, si Dieu est de notre côté, une petite tétraplégie robotavive. Mais comment savoir ? Pas mèche ! Alors, on continue à s'énerver au volant, fatigué de passer du point mort en première, et retour.

Le pire de tout est que, souvent, quand on arrive enfin au lieu de l'accident, les pompiers, les flics, les ambulances et les dépanneuses ont déjà eu le temps d'escamoter le décor de la fugitive tragédie, et il ne vous reste plus que les panneaux peints de la comédie quotidienne - qui ne vous consolent de rien, que vous ne voyez même plus.

Et personne, même, ne songe à applaudir les acteurs disparus.

Quand vous arrivez à bon port, les glaçons, eux, sont complètement fondus - et, de toute façon, l'heure de l'apéro est passée depuis longtemps.


jeudi 20 décembre 2007

Injuste châtiment

L'Irremplaçable : - Je crois que je peux mettre la soupe dehors...

Moi : - Pourquoi ? Qu'est-ce qu'elle a fait ?

Frémir d'avenir

Photo : Irrempe, ce matin, Le Plessis-Hébert


3,1,2... 3,1,2... le monde moderne, c'est merveilleux !

Ainsi, grâce à ce paradis dans lequel nous avons tous sauté à pieds joints, je veux parler du 21e siècle après Jean-Claude, l'Irremplaçable et moi-même - mais surtout elle - venons d'inventer un nouveau moyen de communication conjugale qui devrait logiquement devenir suffisamment tendance pour faire très prochainement son apparition dans les pages d'Elle.

Sous le fallacieux prétexte que je passe ma vie devant l'ordinateur commun, Catherine a fait l'acquisition d'un Mac book absolument budgétivore superbe. Dès que ce rutilant appareil à la mine innocente a fait son entrée, notre vie a radicalement changé.

Pour commencer, l'Irremplaçable n'en branle plus une, scotchée qu'elle est, dès potron-minet, devant son écran ridiculement petit. À peine le temps d'aller s'ébrouer une demi-heure au bois voisin avec les cadors, pour y prendre quelques photos givrées (elle est dans son élément, se confond presque avec le paysage...), la voici de retour devant l'infernale machine.

Scotchée, disais-je... Au point que se lever de son fauteuil, franchir les dix mètres qui séparent la maison de la Case, pour me dire de vive voix ce qui vient de traverser son cerveau chancelant, est devenu trop pénible ; au-dessus de ses forces, ce petit pélerinage de Compostelle. Alors, elle a trouvé le truc ; et, moi, triste mâle à la dérive, j'ai bien dû me résoudre à m'y plier.

Désormais, on se parle par boîtes mail interposées, quant ce n'est pas sous forme de commentaires sur nos blogs respectifs.

Cela m'a fait repenser à Face aux feux du soleil, ce roman d'Isaac Asimov dans lequel des humains très peu nombreux, vivant en solitaires dans les immenses domaines d'une planète excentrée et servis part des armées de robots, en arrivent, au fil des générations, à ne plus supporter le contact avec un autre individu de chair, ni même l'idée de ce contact.

Franchement, je ne sais pas ce qu'il en est pour vous, mais, personnellement, je n'éprouve pas une hâte frénétique à la perspective de devoir entrer, un jour ou l'autre, dans le 22e siècle.

Polycarpe, priez pour nous !

Il m'enchante qu'en 1877 Gustave Flaubert envoie deux exemplaires de ses Trois contes, tout juste sortis, l'un à Jules Levallois, l'autre à Camille Pelletan - moi qui, durant un an, ai vécu rue Camille-Pelletan, à Levallois.

Il est encore plus beau que cet envoi ait eu lieu précisément le 27 avril, jour où l'écrivain avait accoutumé de fêter dignement saint Polycarpe, qu'il considérait comme son patron. Dignement et assez curieusement, puisque la fête de cet évêque de Smyrne, martyrisé en 167, est officiellement célébrée le 23 février - date de laquelle il a du reste été depuis éjecté par saint Lazare, sans crier gare.

mercredi 19 décembre 2007

Don Dinero

Les fonctionnaires ont tout de même un énorme privilège - ou avantage - par rapport aux gens du privé (en tous cas à ceux que, comme moi, ce genre de choses accable), c'est qu'ils n'ont jamais à négocier leur salaire. En tout cas, pas à titre individuel, ainsi que je vais être amené à le faire ces jours prochains, du fait de l'augmentation de mon nombre de jours de travail ET d'un probable changement de statut (oh ! rien de glorieux, je vous rassure...).

C'est le type de discussion qui me répugne invinciblement et où, par surcroît, je sais être d'une nullité crasse. Si bien qu'au désagrément d'avoir à affronter l'épreuve s'ajoute la certitude de l'enflure finale.

La sodomie façon cosaque, et même pas un petit baiser avant pour humaniser l'affaire...

mardi 18 décembre 2007

Les petites filles (top) modèles

Il me semble que les vous-autres qui viennent régulièrement s'abîmer les yeux ici savent à peu près ce que je pense de l'hystérie anti-pédophilie qui ne cesse de se développer depuis un certain nombre d'années. Un gouvernement qui aurait l'idée d'organiser un référendum au sujet du rétablissement de la peine de mort pour les tripoteurs de petites filles ferait assurément un triomphe. Bref.

Ce qui m'étonne davantage (encore que...), c'est que, dans le même temps, tout le monde semble trouver charmant que l'on organise des concours de "mini-miss", qui consistent à maquiller et à habiller des gamines impubères en putes de réverbères, avant de les faire défiler sur une scène, devant des bataillons d'adultes assis en rangs et chargés de les évaluer. Jusqu'aux parents qui se montrent crevant de fierté lorsque leur nubile progéniture se trouve acceptée à l'une de ces épreuves, pour être ensuite exhibée comme sujet d'admiration, et, donc, comme objet de désir. Car c'est bien de cela qu'il s'agit.

S'étonner, ensuite, que le nombre d'adultes pédophiles soit en augmentation (ce qui reste d'ailleurs à prouver) relève de la plus pure tartufferie.

Ou de la plus basse connerie.

lundi 17 décembre 2007

Sur le vif (dialogue)

Elle : - Essaie de faire vite, je n'ai plus beaucoup de batterie...

Lui (compatissant et inquiet, saisissant l'ordinateur portable) : - Tu n'as vraiment plus beaucoup de batterie du tout ?

Au premier janvier, la vie devient dure...

Mais pourquoi ? POURQUOI ? POURQUOI ? POURQUOI ? Simplement parce que, à cette date, votre héros quotidien passe de deux à TROIS jours de travail hebdomadaires. Et qu'il ne sait pas s'il va tiendre (du verbe tiender), forcément. Donc, si vous n'avez plus de nouvelles de moi, ici même, à compter, disons... du mois de février, vous saurez que j'aurai succombé à la surcharge, que le cheval sera tombé au champ d'honneur de labeur.

D'un autre côté, lorsque je suis entré à ce même journal qui m'emploie encore, plus par charité qu'autre chose, peut-on raisonnablement imaginer, je travaillais les mercredis, jeudis et vendredis, ce qui va de nouveau être mon lot : retour aux sources, rajeunissement, nouveau cycle ? On verra, hein...

Évidemment, à l'époque, il n'y avait pas les Brigade Mondaine. Mais, bon : six bouquins, c'est quoi, dans le fond, si on prend la peine d'y réfléchir, hmm ? De la bricole, mes drôles, je vous l'affirme bien haut, de la bricole !

Donc, hauts les coeurs, bas les fronts, droit devant, sabre au clair, pied au plancher, chacun sa bite et son couteau, et Dieu pour tous !

Et qu'Il nous ait en Sa sainte garde.

Sinon, gare à ses divines miches.

dimanche 16 décembre 2007

La Tournée des blogpotes

Ça nous est tombé dessus sans prévenir. Vendredi dernier, 7 décembre, vers cinq heures, j'étais tranquillement plongé dans Notre jeunesse, de Péguy, avec, devant moi, la perspective d'un week-end des plus tranquilles. Une demi-heure plus tard, c'était le branle-bas de combat des bagages et des choses-à-ne-pas-oublier. Et, le lendemain matin, neuf heures, les chiens dans le coffre, nous partions pour le Gard, sans l'avoir crié (oui, oui, je sais...), sans même avoir pris la peine de téléphoner pour réserver un quelconque gîte - mais, en plein mois de décembre, le risque était mesuré.

Du trajet lui-même il n'y a guère à dire. J'étais au volant, l'Irremplaçable voyageait en Corée l'absente, à ma droite, me relisant les passages les plus drôles, n'hésitant pas à houspiller l'auteur lorsqu'il avait négligé de réserver des chambres dans tel ou tel hôtel écossais. Le tout ponctué de pauses café, d'arrêts pipi-de-chiens, de haltes restaur'hâtives : l'autoroutine, en somme.


I
Chez Georges

Le dimanche a démarré très fort, puisqu'on a inauguré la journée en paumant Swann et Bergotte dans la garrigue environnant Malataverne, le hameau dépendant de Lussan, où nous avons nos habitudes depuis une dizaine d'années. Après les avoir récupérés, on a roulé jusqu'au superbe village où vit Georges. Superbe village qui compte au moins un restaurant acceptable, ce qui tombait bien puisque nous projetions de déjeuner en compagnie de notre hôte, ce qui fut fait, pour le plus grand profit de chacun. Repas arrosé d'eau claire, il me semble important de le préciser car ce fut le seul...

J'avais naturellement oublié à Malataverne les cinq ou six CD apportés exprès pour Georges, ce qui nous a fourni l'occasion de repasser brièvement chez lui, deux jours plus tard, avant de quitter le Gard. Car, entre notre départ du Plessis et ce déjeuner, notre emploi du temps s'était mis à métastaser velu...


II
Avec la princesse des vents

Comme nous étions partis sans avertir personne, nous avions bien entendu envisagé la possibilité que Georges ne fût point là. "Pas grave, avait alors décrété l'Irremplaçable, on n'aura qu'à aller faire deux ou trois bizettes à Mélina Loupia." Laquelle Mélina vit, comme on sait, dans la région de Carcassonne. Le fait d'avoir vu Georges ne nous a cependant pas empêchés de mener à bien ce projet adventice. Et, mardi matin, nous voilà partis, avec les chiens, en direction de la joyeuse cité chantée par Trenet. En faisant un large détour par la Montagne Noire, histoire de se pourrir la journée avec ses trois mille cinq cents soixante-deux virages pénibles.

Carcassonne est actuellement une ville en pleins travaux, autant le savoir : pour aller du point A au point B, le touriste ignorant de la ville se retrouve passant par toutes les autres lettres de l'alphabet. Et c'est au bord du nervous breakdown qu'ils finissent par poser leurs bagages et leurs clébards dans leur chambre de l'hôtel du Donjon, sis intra muros comme on semble ne pas dire ici.

Pour dîner, nous avons rendez-vous avec Mélina et son Copilote dans un restaurant qu'ils ne connaissent pas plus que nous et dont le nom est Robert Rodriguez. La première surprise est de constater que la porte de la gargote en question est fermée à clé et que nous sommes invités par voie d'affichette à sonner, afin qu'on vienne nous ouvrir. "C'est un restau d'échangistes ! " s'exclame tout de go l'Irremplaçable.

En fait, non. C'est plutôt un restau désert puisqu'il n'y aura pas d'autres clients que nous quatre, ce soir-là. Si j'ai un conseil à vous donner, c'est bien, lorsque vous passerez par Carcassonne, de casser votre tirelire (oui, on n'est pas tout à fait dans le "premier prix"...) et d'aller goûter les saveurs des somptueux produits apprêtés par ce Rodriguez-là. Moi, je retournerais volontiers à Carcassonne rien que pour lui. La soirée fut animée, bavarde, arrosée, prolongée autant que la décence le permettait.

Le lendemain, ayant dû refuser une invitation à déjeuner chez Mélina Loupia, pour cause d'emploi du temps de président de la République française, nous devions tout de même passer chez elle pour y prendre un café.

Pour aller chez Mélina, c'est tout simple. Vous voyez où se trouve le trou du cul du monde ? Ben, encore plus loin. Trente kilomètres de Carcassonne, une plombe et demie de virages. Mais, à l'arrivée, la récompense de découvrir un très joli village, installé le long d'une petite rivière enjambée par un pont romain. À l'entrée du dit village, sur une butte où soufflent à l'année longue des vents à écorner les boeufs, la maison de Mélina Loupia. Après le café et la traditionnelle promenade dans la rue principale (et à peu près unique) du village, nous remettons le cap sur Malataverne, avec crochet par chez Georges, pour y déposer les CD oubliés l'avant-veille. Car la tournée des blogpotes n'est pas terminée...


III La branche franc-comtoise

Au cours du voyage aller, le samedi, l'Irremplaçable s'était soudain avisée que l'autoroute A 6 ne passait qu'à 80 kilomètres de Besançon, où vit depuis peu sa soeur cadette, Nathalie. Ce qui constitue une sorte de retour aux sources, puisque le patronyme Goux est originaire du Jura : là-bas, il en pleut autant que de la cancoillotte, c'est dire. Durant une journée et demie, on a fait le plein de cholestérol, des fois qu'on aurait de la peine à en trouver sur le chemin du retour. Pour contrebalancer (ou tenter de), on s'est appuyé la grimpette à la citadelle fortifiée par Vauban, où je me suis chopé un vertige assez carabiné. On est même allé faire les imbéciles devant les petits singes du zoo qui s'y trouve logé. Vous trouverez plus de détails chez notre hôtesse.

Je ne sais pas pourquoi, mais après ces agapes en rafales et les quelque 2200 kilomètres passés au volant, je me sens un peu fatigué, ce jour. Au départ, je voulais vous gratifier de quelques-unes des cent cinquante photos prises par l'Irremplaçable, mais vous avez aussi vite fait d'aller les voir chez elle.

Voilà, demain boulot.

samedi 15 décembre 2007

Même pas morts...

Nous voici de retour au Plessis-Hébert, après une semaine assez fatigante mais très agréable. Je compte vous bricoler un petit récit de voyage, peut-être ce soir, mais plus sûrement demain : suis un peu en vrac, là, tout soudain...

vendredi 14 décembre 2007

Rien que des menteries !

Bon, bon, j'avoue : aucun travail urgent ne m'a contraint au silence, Manue et Guillaume Cingal ont parfaitement raison sur ce point - ce fut glandouille à tous les étages ! Ce qui a provoqué cette menterie éhontée est le fait que, pour une raison n'ayant rien à faire ici, je ne voulais pas que notre équipée fût connue avant son commencement.
Pour l'heure, l'Irremplaçable et moi sommes toujours dans le Jura, à la frontière du Doubs ou quasi, nous gavant de fromages, de saucisses et autres produits gras, que nous faisons glisser avec force rasades de vin d'Arbois.
Nous rentrons demain, comme j'ai déjà eu l'honneur de le dire ici, la vie va reprendre son cours normal, du moins est-on en droit de le penser.
Que la nuit vous soit douce. Si elle ne l'est pas, je m'en remettrai.

jeudi 13 décembre 2007

coucou !

Juste un petit mot pour vous faire patienter, mes chers innombrables ! L'Irremplaçable et moi venons d'arriver en Franche-Comté, en provenance du Gard et de l'Aude : promis, je vous raconte tout, dès notre retour en Normandie, samedi en fin de journée...

vendredi 7 décembre 2007

Sur ma gueule

L'écrivain en bâtiment se retrouve avec un boulot imprévu et à faire rapidement. Par conséquent, s'il n'apparaît plus ici durant quelques jours, les incurables optimistes ne devront pas forcément en déduire qu'il est mort (même si la chose reste évidemment envisageable...).

De la saoulographie métropolitaine

L'idée m'est venue en lisant le dernier billet de Manou. Qui se trouvait toute perdue parce qu'elle a mis une petite heure à retrouver sa voiture rue du Louvre, pur cause de deux ou trois verres en trop (en trop par rapport à quoi d'ailleurs ? Bref...).

Cela m'a rappelé une extrême fin de nuit que, je le crains, les provinciaux comprendront moins bien que les Delanoländer actuels et mêmes anciens. Pour les aider, voixi un petit vade mecum.

Donc, ce jour-là (surtout, ne me demandez ni le mois ni même l'année...), je suis sorti de mon dernier établissement à hôtesses ("bar à putes", en français de l'époque) entre sept heures et demie et huit heures (du matin), totalement épongé (épongé financièrement, je pense qu'on l'aura compris). Je me trouvais dans le quartier de l'Étoile et n'allez surtout pas me demander comment j'avais échoué là. Il s'agissait juste de rentrer chez moi puisque, par chance, nous étions un jour où je ne travaillais pas.

J'habitais alors (il serait plus juste de dire : "je cuvais alors") rue de Sully, numéro 11 - immeuble en pierres de taille début de siècle, fort respectable hormis ma présence, à Charenton-le-Pont - métro Charenton-Écoles.

Il va de soi, les Vélibristes d'aujourd'hui me comprendront, qu'espérer affrêter un bahut à huit heures du matin relevait de la pure utopie. Je me décidai donc, malgré mon état nauséeux, ma démarche flottante, mon teint verdâtre et mon haleine de trappeur, pour le métro. L'affaire était simple, sur le papier, comme disent les cons d'aujourd'hui : je prenais la direction "Château de Vincennes", je descendais à "Reuilly-Diderot", je prenais la correspondance pour "Créteil-Université" et je descendais à Charenton--Écoles (c'est là que les bouseux me lisant sont priés de se rerporter au vade-mecum obligeamment fourni plus haut...). Trajet d'autant plus simple que je le prenais tous les jours pour aller gagner ma pitoyable existence, laquelle se gagnait au métro "Sablons", trois stations plus à l'ouest que "Charles-de-Gaulle-Étoile". (ça va, on suit ?)

Donc, je grimpe dans la rame de la ligne numéro 1, trouve par miracle une place assise parmi des tas d'abrutis au teint clair et à l'haleine fraîche partant gagner le-pain-de-chaque-jour... et m'endors du sommeil du pochtron juste.

Mon réveil est curieux, comme dans un rêve. Le métro est arrêté dans un endroit sombre, une sorte de boyau vaguement effrayant, je suis seul dans le wagon. Et, en sens inverse de la marche, un homme marche tranquillement, à l'extérieur de la rame.

Je ne sais pas si vous avez déjà essayé de penser avec la gueule aussi pâteuse que je l'avais ce matin-là, mais, franchement, il faut y mettre du sien. Je finis par comprendre que j'ai raté la correspondance "Reuilly-Diderot", que j'ai même dépassé le terminus "Château de Vincennes", et que le zombi que je viens d'entr'apercevoir est juste le conducteur de la rame qui remonte le courant pour repartir dans l'autre sens, direction "Pont de Neuilly". Well...

Un sourire s'épanouit sur ma trogne aux couleurs incertaines et changeantes : j'ai juste à attendre que la même rame me ramène à "Reuilly-Diderot" : on ne va pas me destabiliser aussi facilement, tout de même ! J'ai passé l'essentiel de la nuit à résister (du moins le supposé-je : on verra sur le relevé CB...) aux avances diaboliques de succubes appointés, ce n'est pas un agent mâle de la RATP qui va me coller les flubes ! Donc, le métro repart en sens inverse, et je me rendors illico.

Lorsque j'ouvre un oeil, la rame est arrêté à la station "Sablons", celle où je descends lorsque je suis censé allé travailler, la dernière avant le terminus de l'époque : "Pont de Neuilly". Là, une vague angoisse point. L'impression un peu destabilisante d'être devenu le pitoyable héros d'une nouvelle de Julio Cortàzar, celui qui ne ressortira jamais du métro où il s'est bien imprudemment engagé.

Néanmoins, tentant de faire bonne figure au milieu des costard-cravate et des pouffes-patchouli, je grimpe vaillamment les escaliers, les redescends de l'autre côté, attends la rame suivante, repars, me rendors. (Je sais : ça devient lassant pour le lecteur. Mais, pour l'acteur, ça devenait franchement terrifiant...)

Preuve possible de l'existence de Dieu, j'ouvre un oeil : la rame est arrêtée, portes ouvertes, à la sation "Reuilly-Diderot", pile ma correspondance. Je bondis titube hors du wagon. Un intense sentiment de triomphe m'envahit alors : j'ai (presque) vaincu les éléments adverses. Ne me reste qu'à prendre ma correspondance - ce que je.

Lorsque le métro s'arrête, j'ai la surprise de me découvrir en plein ciel, plutôt que dans un boyau bétonneux, comme il est de règle dans le métropolitain. Je constate rapidement que je me suis ren-ren-ren-rendormi et que me voilà au terminus de la ligne, à savoir "Créteil Université", où je n'ai strictement rien à branler.

Cete fois, mon côté Grégoire Samsa me saute un peu à la gueule et j'envisage les solutions les plus extrêmes. Finalement, je choisis la moins extrême : je repars en sens inverse, mais sans m'asseoir. Je vais parcourir quatre ou cinq stations (vous compterez vous-mêmes), accroché à la barre, tel un marin à son mât de misaine au centre du triangle des Bermudes. Et finirai, enfin, par descendre à la station "Charenton-Écoles". Il était dix heures et demie, j'étais parti des Champs-Élysées aux environs de sept heures et demie.

Le pire, c'est que ça ne m'a même pas dégoûté des putes. Mais, du métro, un peu, oui.

Nous autres, Français

"Le réaliste rabaisse la vie pour vous épargner la peine de la surmonter. Il ne vous suffit plus que de vous laisser tomber dans la vie les pieds joints. Le zèle qu'assume auprès de vous l'homme pratique, positif, est exactement le même que celui de l'adolescent trop précoce - si précoce qu'il ne s'arrêtera plus de pourrir - auprès de jeunes compagnons à qui, dans un coin sombre, il apprend ce que c'est que l'amour - rien que ça mon vieux - avec des gestes. Le monde est aux mains de ces aigres potaches. Le leur laisserons-nous ?"

Georges Bernanos.

jeudi 6 décembre 2007

Blogger fume la moquette

Non seulement Blogger, notre hébergeur bien aimé, est repassé à l'anglais sans crier gare (without shouting station), mais, en plus, je ne suis plus averti par mails des commentaires qui atterrissent ici - à part les miens, ce qui me fait une belle jambe (except mines, that makes me a beautiful leg). Pardon à tous ceux dont les géniaux aperçus m'échapperaient de ce fait...

Mécontemporain

" Ce sera un grand malheur pour l'humanité dans son âge moderne, un malheur qui ne sera peut-être pas réparé, que d'avoir eu en mains cette matière, que d'avoir été conduite par le progrès peut-être inévitable de sa technique industrielle à être libre, à être maîtresse, à tripoter librement cette matière qui se prête à tout, qui ne se donne à rien, qui se prête à tous, qui ne se donne à persnne, cette matière libidineuse, sans astreinte, presque sans résistance. À ce jeu en ce temps-ci une humanité est venue, un monde de barbares, de brutes et de mufles ; plus qu'une pambéotie, plus que la pambéotie redoutable annoncée, plus que la pambéotie redoutable constatée : une panmuflerie sans limites ; un règne de barbares, de brutes et de mufles ; une matière esclave ; sans personnalité, sans dignité ; sans ligne ; un monde non seulement qui fait des blagues, mais qui ne fait que des blagues, et qui fait toutes les blagues, qui fait blague de tout. Et qui enfin ne se demande pas encore anxieusement si c'est grave, mais qui inquiet, vide, se demande déjà si c'est bien amusant."

(Charles Péguy, Deuxième élégie.)

Dialogue d'hombres

Il y a des jours où je t'envierais presque. J'envie ta mort. Pas d'avoir dû mourir : le fait de l'être, simplement. Mourir, on ne peut pas savoir, n'est-ce pas ? Bardés de diplômes et de blouses fraîchement repassées, les médecins disent : "Il n'a pas souffert." Qu'en savent-ils ? Il est possible, après tout, que le fait de mourir engendre la plus grande douleur concevable. Ou, au contraire, une pure et intense jouissance : se délivrer de la vie comme de quelques centilitres de foutre.

Être mort, c'est autre chose, forcément. Un état, une simple constatation, inchangeable. Une absence de conscience - donc, rien. Ou, à l'inverse, la conscience aiguë de l'immobilité éternelle. Et s'il n'y avait que cela...

Peut-être aussi, et surtout, la perpétuelle sensation de la dégénérescence. À rebours de l'immobilité, l'incessante mouvance du corps qui se délite - l'acceptation (ou l'impuissant refus ?) d'être rongé des vers ; les parties se disjoignent, on se désassemble par morceaux sans signification, au hasard des humus, des taux d'hygrométrie.

Tu sais tout cela, et je te l'envie - surtout le soir. Ou bien tu ne sais rien du tout et je te l'envie pareil. En réalité, et tout "esprit fort" que je me veuille, il m'est difficile de te concevoir ne pensant pas, ne sachant rien. Peut-être, déjà, parce qu'il m'a toujours paru que tu savais davantage que moi. Par nature, presque par décret - par obligation qui m'était faite.

Or, ce n'est probablement pas vrai. Ce ne l'était pas, déjà, et ce l'est devenu de moins en moins, forcément. J'ai bien dû apprendre trois ou quatre bricoles, durant ces vingt-deux ans, non ?

Eh bien ! elles me sont pénibles et lourdes, ces choses que je sais et que tu ignores, sache-le. Je voudrais, parfois, pas toujours, oublier ce que j'ai appris en dehors de toi, l'annuler, faire que cela n'ait pas eu lieu. Et ce n'a pas eu lieu, peut-être. J'ai rêvé de vivre, si cela se trouve - mais comment en être certain ? Ce n'est pas sur toi que je peux compter pour lever le doute, même si le doute t'est devenu étranger.

*****

Il est possible que j'aie eu tort d'aller cogner du talon au plafond de ta demeure étroite. L'oubli vague où je t'avais relégué était peut-être préférable, allons savoir. Ou alors, attendre ; sagement. Les morts ne se rejoignent probablement pas - tu sais bien que je suis resté bloqué sur cette idée. (Une idée ? Allons !) Une chose plus certaine encore est qu'un vivant ne peut pas choisir de sauter à pieds joints dans un caveau, même d'élection.

*****

Il n'empêche que j'ai déclenché des forces agissantes, quoique immobiles et silencieuses, avec lesquelles je suis salement emmerdé, maintenant. Tu vas trouver cela un peu bête, je suppose, mais j'ai retrouvé ton sourire, que je m'étais appliqué à perdre.

Ce n'est même pas exactement cela. J'ai tout perdu : tes gestes, attitudes, façons, paroles, rires, regards - et même sourires. Ce n'est pas contradictoire : je t'ai inventé un autre sourire, un faux, un devenu vrai ; un sourire de toi mort, qui ne va pas très bien à ton visage de vivant. Mais qui se souvient de ton visage de vivant ?

As-tu eu un visage de vivant ? Qui peut affirmer, aujourd'hui, que tu as été vivant ? Bien sûr, nous sommes quelques-uns à pouvoir témoigner. Mais témoigner de quoi ? De ton existence ? Mais où est passée ton existence ? André, peut-être, pourrait dire que tu as vécu, et que tu vis encore. Mais il ne le fera pas, j'en prends le pari. Quant à moi... Je ne vois pas bien ce que je pourrais affirmer à ton sujet. Tout pourrait finalement se résumer à la rue du Sommerard - mais qui peut encore comprendre cela ?

*****

La logique, vois-tu, serait de s'arrêter là. De mettre un terme à toute chose. En tout cas, à ces infinies palabres qui, au fond, ne te concernent que de très loin, ou de très profond, de très avant.

J'ai déjà essayé une fois, tu le sais. Deux jours après, j'ai repiqué au truc. Plus de blog, nouveau blog : même maladie de parole, même silence de ta part.

Recommencer pour de bon ? Tu y gagnerais quoi ? Et moi ? Nous ? Ne plus te parler, maintenant que j'ai repris le fil ? Refermer le marbre une seconde fois ?

J'essaie de cerner sur ton visage, la chair de mémoire que je plaque sur ton visage, ce que tu peux bien en penser. Je ne cerne rien, que le vide.

*****

Tu es le vide.

mercredi 5 décembre 2007

La vie peut aussi être un sacerdoce

Pas forcément ce soir. Pas forcément pour tout le monde en même temps. Pas forcément insupportable, ni même très lourd à endosser. Par forcément jusqu'à la nuit noire. Du reste, les lampadaires veillent, il n'y a plus de nuit vraiment noire, le sacerdoce joue de cela.

Mais, demain, on verra.

La lecture peut être un sacerdoce

Il n'est pas toujours très simple de lire dans un endroit public. À cause des femmes qui passent. Elles ne sont pas pas forcément très belles, ni très jeunes - mais elle sont capables d'être fortement attirantes au moment assez rare où elles épandent leurs effluves. Simplement parce qu'elles n'en savent rien, et vous ignorent à cet instant précis. Et votre regard se lève du livre, votre esprit s'évade du texte vers la chair, qui n'en vaut pas la peine, et va très vite disparaître.

C'est fait : elle a disparu ; vous replongez dans votre livre - trop tard : il n'existe plus qu'à peine.

Princes, entendez bien...

" Le soir venu, je retourne à la maison et j'entre dans mon étude : à l'entrée, j'enlève mes vêtements de tous les jours, pleins de fange et de boue, et je mets mes habits de cour royale et pontificale. Et, vêtu décemment, j'entre dans les cours anciennes des hommes anciens où, reçu aimablement par eux, je me repais de cette nourriture qui seule est la mienne et pour laquelle je suis né : je n'ai pas honte de parler avec eux et de leur demander les raisons de leurs actions et, à cause de leur humilité, ils me répondent. Pendant quatre heures de temps, je ne sens aucun ennui, j'oublie tout mon chagrin, je ne crains pas la pauvreté, la mort ne m'apeure pas ; je me transfère totalement en eux. "

Machiavel, lettre à Francesco Vettori, 10 décembre 1513.

mardi 4 décembre 2007

La menace se précise

Un jour, tout finira par se savoir.


Vous verrez...

Surtout, ne changeons rien...

Dans le Figaro de ce matin, les résultats d'une enquête réalisée par le Boston College auprès de 215 000 enfants pris dans 40 pays, afin d'évaluer leurs capacités de lecture. La France se classe au 27e rang. Loin devant nous, la Russie, Hongkong, Singapour, la Bulgarie, etc.

Mais, surtout, que nos dignes "professeurs des écoles" ne changent rien.

lundi 3 décembre 2007

Pour faire revenir LinaLoca...

À ellle
À Carlos


Madrilaine : Gros pardessus permettant de supporter l'hiver castillan.

Castillâne : Burro de Madrid

Andalose
: Perte du sud espagnol.

Gallichienne : Grosse salope vaguement portugaise (et encore).

Granada ou l'Hardeur : roman pornographique écrit par Nabokov

Carman : Opéra singulier.

Burgosse : Enfants de vieille (Castille).

Castaniet : refus soviétique du folkore espagnol.

L'horreur à l'état pur

Ce matin, arrivant à Levallois, entrant dans l'ascenseur, me saisit une terreur pure. Le 19 décembre prochain, le groupe Lagardère "invite les enfants de 6 à 12 ans à une après-midi [Le groupe Lagardère ne sait évidemment pas que l'on doit dire UN après-midi...] au bureau en compagnie de maman ou papa."

15 h : Début des animations
16h30 : Grand goûter
18h30 : Fin de Mômes en Fête

[J'ai évidemment respecté les majuscules et poncutations.]

Voyant cela, ce matin, j'ai été pris d'une terreur carabinée, je vous prie de le croire. Jusqu'à ce que je me rende compte que cette ignoble réalité allait se produire un MERCREDI, soit un jour où je resterai confortablement au Plessis.

Pour le coup, ma journée s'en est trouvée considérablement ensoleillée : pas d'enfants... et surtout pas de MÈRES, ces êtres considérablement répugnants et mortifères.

dimanche 2 décembre 2007

Madame la Souris

Hier soir, à six heures tapantes, tandis que Carlos et moi devisions en sirotant une boisson faiblement alcoolisée et connue comme le houblon, l'Irremplaçable est descendue au sous-sol nourrir les chiens et les chats. Elle remonte une dizaine de minutes plus tard, excitée comme une puce.

Sur l'établi, à environ un mètre cinquante de la couchette des félidés, qui contemplaient le spectacle d'un oeil parfaitement indifférent, s'ébattait une souris. Elle avait, nous explique Catherine, repéré le gros sac de graines de tournesols, en principe destinées aux piafs, et se tortorait gentiment un petit goûter. Un peu plus loin, toujours sur l'établi, Madame la Souris (soyons simenonien, que diable !) avait commencé à se confectionner un petit plumard à sa taille, à base de poils de chiens ramassés dans le sous-sol. (Plumard à base de poils : il fallait oser, hein ?)

Une femme de modèle courant se serait mise à pousser des cris perçants et hystériques à la vue de la bestiole (grotesque misogyne, sors de ce corps !) ; pas l'Irremplaçable. Pourtant, une fois installée sur le canapé du salon, elle restait préoccupée par la découverte de notre nouveau locataire. Elle n'a pas tardé à nous révéler le souci qui la taraudait.

Qu'est-ce que cette malheureuse souris allait bien pouvoir boire ? Si elle tentait la gamelle d'eau des cadors, elle risquait de s'y noyer...

N'y tenant plus, Catherine est donc redescendu au sous-sol, afin de déposer sur l'établi une petite assiette métallique préalablement emplie d'eau fraîche.

Et, depuis ce matin, elle a commencé à collectionner religieusement les croûtes de fromage, dont Bergotte et Swann ne savent pas encore qu'ils seront désormais privés.

Si jamais il s'agit d'une femelle, et qu'elle nous gratifie tantôt d'une portée de souriceaux, on envisage de faire suivre une formation de baby-sitter aux deux greffiers, de façon à ce que la mère puisse aller gambader dans l'herbe l'esprit tranquille.

On vous tient au courant, de toute façon.