Ça nous est tombé dessus sans prévenir. Vendredi dernier, 7 décembre, vers cinq heures, j'étais tranquillement plongé dans Notre jeunesse, de Péguy, avec, devant moi, la perspective d'un week-end des plus tranquilles. Une demi-heure plus tard, c'était le branle-bas de combat des bagages et des choses-à-ne-pas-oublier. Et, le lendemain matin, neuf heures, les chiens dans le coffre, nous partions pour le Gard, sans l'avoir crié (oui, oui, je sais...), sans même avoir pris la peine de téléphoner pour réserver un quelconque gîte - mais, en plein mois de décembre, le risque était mesuré.
Du trajet lui-même il n'y a guère à dire. J'étais au volant, l'Irremplaçable voyageait en Corée l'absente, à ma droite, me relisant les passages les plus drôles, n'hésitant pas à houspiller l'auteur lorsqu'il avait négligé de réserver des chambres dans tel ou tel hôtel écossais. Le tout ponctué de pauses café, d'arrêts pipi-de-chiens, de haltes restaur'hâtives : l'autoroutine, en somme.
Le dimanche a démarré très fort, puisqu'on a inauguré la journée en paumant Swann et Bergotte dans la garrigue environnant Malataverne, le hameau dépendant de Lussan, où nous avons nos habitudes depuis une dizaine d'années. Après les avoir récupérés, on a roulé jusqu'au superbe village où vit Georges. Superbe village qui compte au moins un restaurant acceptable, ce qui tombait bien puisque nous projetions de déjeuner en compagnie de notre hôte, ce qui fut fait, pour le plus grand profit de chacun. Repas arrosé d'eau claire, il me semble important de le préciser car ce fut le seul...
J'avais naturellement oublié à Malataverne les cinq ou six CD apportés exprès pour Georges, ce qui nous a fourni l'occasion de repasser brièvement chez lui, deux jours plus tard, avant de quitter le Gard. Car, entre notre départ du Plessis et ce déjeuner, notre emploi du temps s'était mis à métastaser velu...
Comme nous étions partis sans avertir personne, nous avions bien entendu envisagé la possibilité que Georges ne fût point là. "Pas grave, avait alors décrété l'Irremplaçable, on n'aura qu'à aller faire deux ou trois bizettes à Mélina Loupia." Laquelle Mélina vit, comme on sait, dans la région de Carcassonne. Le fait d'avoir vu Georges ne nous a cependant pas empêchés de mener à bien ce projet adventice. Et, mardi matin, nous voilà partis, avec les chiens, en direction de la joyeuse cité chantée par Trenet. En faisant un large détour par la Montagne Noire, histoire de se pourrir la journée avec ses trois mille cinq cents soixante-deux virages pénibles.
Carcassonne est actuellement une ville en pleins travaux, autant le savoir : pour aller du point A au point B, le touriste ignorant de la ville se retrouve passant par toutes les autres lettres de l'alphabet. Et c'est au bord du nervous breakdown qu'ils finissent par poser leurs bagages et leurs clébards dans leur chambre de l'hôtel du Donjon, sis intra muros comme on semble ne pas dire ici.
Pour dîner, nous avons rendez-vous avec Mélina et son Copilote dans un restaurant qu'ils ne connaissent pas plus que nous et dont le nom est Robert Rodriguez. La première surprise est de constater que la porte de la gargote en question est fermée à clé et que nous sommes invités par voie d'affichette à sonner, afin qu'on vienne nous ouvrir. "C'est un restau d'échangistes ! " s'exclame tout de go l'Irremplaçable.
En fait, non. C'est plutôt un restau désert puisqu'il n'y aura pas d'autres clients que nous quatre, ce soir-là. Si j'ai un conseil à vous donner, c'est bien, lorsque vous passerez par Carcassonne, de casser votre tirelire (oui, on n'est pas tout à fait dans le "premier prix"...) et d'aller goûter les saveurs des somptueux produits apprêtés par ce Rodriguez-là. Moi, je retournerais volontiers à Carcassonne rien que pour lui. La soirée fut animée, bavarde, arrosée, prolongée autant que la décence le permettait.
Le lendemain, ayant dû refuser une invitation à déjeuner chez Mélina Loupia, pour cause d'emploi du temps de président de la République française, nous devions tout de même passer chez elle pour y prendre un café.
Pour aller chez Mélina, c'est tout simple. Vous voyez où se trouve le trou du cul du monde ? Ben, encore plus loin. Trente kilomètres de Carcassonne, une plombe et demie de virages. Mais, à l'arrivée, la récompense de découvrir un très joli village, installé le long d'une petite rivière enjambée par un pont romain. À l'entrée du dit village, sur une butte où soufflent à l'année longue des vents à écorner les boeufs, la maison de Mélina Loupia. Après le café et la traditionnelle promenade dans la rue principale (et à peu près unique) du village, nous remettons le cap sur Malataverne, avec crochet par chez Georges, pour y déposer les CD oubliés l'avant-veille. Car la tournée des blogpotes n'est pas terminée...
Au cours du voyage aller, le samedi, l'Irremplaçable s'était soudain avisée que l'autoroute A 6 ne passait qu'à 80 kilomètres de Besançon, où vit depuis peu sa soeur cadette, Nathalie. Ce qui constitue une sorte de retour aux sources, puisque le patronyme Goux est originaire du Jura : là-bas, il en pleut autant que de la cancoillotte, c'est dire. Durant une journée et demie, on a fait le plein de cholestérol, des fois qu'on aurait de la peine à en trouver sur le chemin du retour. Pour contrebalancer (ou tenter de), on s'est appuyé la grimpette à la citadelle fortifiée par Vauban, où je me suis chopé un vertige assez carabiné. On est même allé faire les imbéciles devant les petits singes du zoo qui s'y trouve logé. Vous trouverez plus de détails chez notre hôtesse.
Je ne sais pas pourquoi, mais après ces agapes en rafales et les quelque 2200 kilomètres passés au volant, je me sens un peu fatigué, ce jour. Au départ, je voulais vous gratifier de quelques-unes des cent cinquante photos prises par l'Irremplaçable, mais vous avez aussi vite fait d'aller les voir chez elle.
Voilà, demain boulot.
Du trajet lui-même il n'y a guère à dire. J'étais au volant, l'Irremplaçable voyageait en Corée l'absente, à ma droite, me relisant les passages les plus drôles, n'hésitant pas à houspiller l'auteur lorsqu'il avait négligé de réserver des chambres dans tel ou tel hôtel écossais. Le tout ponctué de pauses café, d'arrêts pipi-de-chiens, de haltes restaur'hâtives : l'autoroutine, en somme.
I
Chez Georges
Chez Georges
Le dimanche a démarré très fort, puisqu'on a inauguré la journée en paumant Swann et Bergotte dans la garrigue environnant Malataverne, le hameau dépendant de Lussan, où nous avons nos habitudes depuis une dizaine d'années. Après les avoir récupérés, on a roulé jusqu'au superbe village où vit Georges. Superbe village qui compte au moins un restaurant acceptable, ce qui tombait bien puisque nous projetions de déjeuner en compagnie de notre hôte, ce qui fut fait, pour le plus grand profit de chacun. Repas arrosé d'eau claire, il me semble important de le préciser car ce fut le seul...
J'avais naturellement oublié à Malataverne les cinq ou six CD apportés exprès pour Georges, ce qui nous a fourni l'occasion de repasser brièvement chez lui, deux jours plus tard, avant de quitter le Gard. Car, entre notre départ du Plessis et ce déjeuner, notre emploi du temps s'était mis à métastaser velu...
II
Avec la princesse des vents
Avec la princesse des vents
Comme nous étions partis sans avertir personne, nous avions bien entendu envisagé la possibilité que Georges ne fût point là. "Pas grave, avait alors décrété l'Irremplaçable, on n'aura qu'à aller faire deux ou trois bizettes à Mélina Loupia." Laquelle Mélina vit, comme on sait, dans la région de Carcassonne. Le fait d'avoir vu Georges ne nous a cependant pas empêchés de mener à bien ce projet adventice. Et, mardi matin, nous voilà partis, avec les chiens, en direction de la joyeuse cité chantée par Trenet. En faisant un large détour par la Montagne Noire, histoire de se pourrir la journée avec ses trois mille cinq cents soixante-deux virages pénibles.
Carcassonne est actuellement une ville en pleins travaux, autant le savoir : pour aller du point A au point B, le touriste ignorant de la ville se retrouve passant par toutes les autres lettres de l'alphabet. Et c'est au bord du nervous breakdown qu'ils finissent par poser leurs bagages et leurs clébards dans leur chambre de l'hôtel du Donjon, sis intra muros comme on semble ne pas dire ici.
Pour dîner, nous avons rendez-vous avec Mélina et son Copilote dans un restaurant qu'ils ne connaissent pas plus que nous et dont le nom est Robert Rodriguez. La première surprise est de constater que la porte de la gargote en question est fermée à clé et que nous sommes invités par voie d'affichette à sonner, afin qu'on vienne nous ouvrir. "C'est un restau d'échangistes ! " s'exclame tout de go l'Irremplaçable.
En fait, non. C'est plutôt un restau désert puisqu'il n'y aura pas d'autres clients que nous quatre, ce soir-là. Si j'ai un conseil à vous donner, c'est bien, lorsque vous passerez par Carcassonne, de casser votre tirelire (oui, on n'est pas tout à fait dans le "premier prix"...) et d'aller goûter les saveurs des somptueux produits apprêtés par ce Rodriguez-là. Moi, je retournerais volontiers à Carcassonne rien que pour lui. La soirée fut animée, bavarde, arrosée, prolongée autant que la décence le permettait.
Le lendemain, ayant dû refuser une invitation à déjeuner chez Mélina Loupia, pour cause d'emploi du temps de président de la République française, nous devions tout de même passer chez elle pour y prendre un café.
Pour aller chez Mélina, c'est tout simple. Vous voyez où se trouve le trou du cul du monde ? Ben, encore plus loin. Trente kilomètres de Carcassonne, une plombe et demie de virages. Mais, à l'arrivée, la récompense de découvrir un très joli village, installé le long d'une petite rivière enjambée par un pont romain. À l'entrée du dit village, sur une butte où soufflent à l'année longue des vents à écorner les boeufs, la maison de Mélina Loupia. Après le café et la traditionnelle promenade dans la rue principale (et à peu près unique) du village, nous remettons le cap sur Malataverne, avec crochet par chez Georges, pour y déposer les CD oubliés l'avant-veille. Car la tournée des blogpotes n'est pas terminée...
III La branche franc-comtoise
Au cours du voyage aller, le samedi, l'Irremplaçable s'était soudain avisée que l'autoroute A 6 ne passait qu'à 80 kilomètres de Besançon, où vit depuis peu sa soeur cadette, Nathalie. Ce qui constitue une sorte de retour aux sources, puisque le patronyme Goux est originaire du Jura : là-bas, il en pleut autant que de la cancoillotte, c'est dire. Durant une journée et demie, on a fait le plein de cholestérol, des fois qu'on aurait de la peine à en trouver sur le chemin du retour. Pour contrebalancer (ou tenter de), on s'est appuyé la grimpette à la citadelle fortifiée par Vauban, où je me suis chopé un vertige assez carabiné. On est même allé faire les imbéciles devant les petits singes du zoo qui s'y trouve logé. Vous trouverez plus de détails chez notre hôtesse.
Je ne sais pas pourquoi, mais après ces agapes en rafales et les quelque 2200 kilomètres passés au volant, je me sens un peu fatigué, ce jour. Au départ, je voulais vous gratifier de quelques-unes des cent cinquante photos prises par l'Irremplaçable, mais vous avez aussi vite fait d'aller les voir chez elle.
Voilà, demain boulot.
Ebé dis-donc.
RépondreSupprimerLa princesse des vents, alors celle-là on me l'avait jamais faite mais qu'est-ce que je l'aime.
des bizettes, merci, et euh.. tout ça.
Et à l'ouest, jamais ne venez ?
RépondreSupprimerDe rien, chère Mélina, de rien...
RépondreSupprimerLarkéo : ça dépend de ce que vous appelez l'ouest : on est déjà en Normandie, n'est-ce pas...
Si c'est la Bretagne, j'aimerais beaucoup.
RépondreSupprimerC'est la Bretagne ! Bon d'accord la Bretagne sans manoir XVe, sans bruyère dans la lande embrumée mais la Bretagne perdue oubliée du mitan où pas un touriste n'ose mettre ses pieds...Mais pas trop loin des huitres de Cancale et de quelques monuments mégalithiques de première et au milieu des prés (comme en Normandie, c'est pour pas trop dépayser le Normand qui sommeille en chacun)
RépondreSupprimerZauriez pu pousser un peu plus loin quand même.... j'ai un jambon qui sèche et du rioja qui s'ennuie moi...
RépondreSupprimerOui, c'est ça : on poussait jusqu'à Madrid en partant de Carcassonne, puis, en quittant Besançon, on faisait un petit crochet par la Bretagne ! Vous voulez ma mort, ou quoi ?
RépondreSupprimerBon content quand même que vous ne soyez pas mort ... c'est qu'on ne peut pas mourir tous les mois non plus, hein ...
RépondreSupprimerPar contre, une fois que vous étiez à B'sançon (c'est plutôt comme ça qu'ils prononcent), vous remontiez presque tout droit jusqu'au Nord que plus haut c'est plus la France, je ne comprends pas, je ne vous ai pas vus, pourtant ...
Et voilà : Dunkerque, maintenant !
RépondreSupprimerNan nan c'est pas b'sançon, c'est b'sac
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