Il y a un certain nombre d'activités auxquelles j'adore me livrer (quoique pas tous les jours), à la seule condition que ce soit sans témoin, dans le secret profond et tiède de l'intimité conjugale, lorsqu'il fait bien nuit.
Manger de la soupe en fait indéniablement partie.
Pour le dîner d'aujourd'hui, l' Irremplaçable avait mitonné (et c'est bien le mot : ç'a dû cuire pendant cinq plombes...) une soupe aux pois, que nous autres, Français-de-France, appellerions plutôt une soupe aux haricots - enfin, par chez moi en tout cas. Avec poireaux, carottes, poitrine de porc, boulettes de viande, pain rassis et, bien sûr, de fondants petits haricots blancs et ronds (comme moi certains soirs, donc). C'était délicieux, ça tenait au corps, il n'y avait pas pour plus de cinq euros d'ingrédients : une vraie potée de salauds de pauvres comme je les aime - le genre de plats qui vous fait rapetisser presque jusque dans vos langes initiaux.
Oui, j'adore la soupe, vraiment. Mais il ne me viendrait jamais à l'idée d'en commander une dans un restaurant. D'abord parce qu'elles s'y présentent, ces braves soupes rougeaudes et hilares, travesties en chichiteux potages, quand ce n'est pas en étiques consommés : là, c'est carrément bouche en cul-de-poule et face-à-main - la gerbe.
De même, si l'on m'en sert une assietté lors d'un dîner, même entre amis proches, mon plaisir se trouvera tout gâché de cette compagnie.
La raison est que j'aime qu'une soupe soit bien chaude, et même très chaude, voire trop chaude. Dans ces cas-là, pour que votre langue ne ressorte pas du repas aussi cloquée qu'un crapaud-buffle, il importe d'aspirer de l'air en même temps que chaque cuillerée. Ce qui produit immanquablement ces gouleyants slurp ! slurp ! qui dégoûtaient fort ce grand crétin bourgeois de Brel, ainsi qu'il en fait le tonitruant aveu dans ce sommet de niaise enflure intitulé Ces gens-là.
Manger une soupe bien chaude sans produire le moindre petit slurp ! est à la fois une funeste hérésie et une frustration pénible. Un peu comme si, lors de notre prochaine rencontre, Scarlett Johansson entreprenait de me polir le chinois avec un gant Mapa.
(Encore que, finalement, en y réfléchissant de plus près...)
Manger de la soupe en fait indéniablement partie.
Pour le dîner d'aujourd'hui, l' Irremplaçable avait mitonné (et c'est bien le mot : ç'a dû cuire pendant cinq plombes...) une soupe aux pois, que nous autres, Français-de-France, appellerions plutôt une soupe aux haricots - enfin, par chez moi en tout cas. Avec poireaux, carottes, poitrine de porc, boulettes de viande, pain rassis et, bien sûr, de fondants petits haricots blancs et ronds (comme moi certains soirs, donc). C'était délicieux, ça tenait au corps, il n'y avait pas pour plus de cinq euros d'ingrédients : une vraie potée de salauds de pauvres comme je les aime - le genre de plats qui vous fait rapetisser presque jusque dans vos langes initiaux.
Oui, j'adore la soupe, vraiment. Mais il ne me viendrait jamais à l'idée d'en commander une dans un restaurant. D'abord parce qu'elles s'y présentent, ces braves soupes rougeaudes et hilares, travesties en chichiteux potages, quand ce n'est pas en étiques consommés : là, c'est carrément bouche en cul-de-poule et face-à-main - la gerbe.
De même, si l'on m'en sert une assietté lors d'un dîner, même entre amis proches, mon plaisir se trouvera tout gâché de cette compagnie.
La raison est que j'aime qu'une soupe soit bien chaude, et même très chaude, voire trop chaude. Dans ces cas-là, pour que votre langue ne ressorte pas du repas aussi cloquée qu'un crapaud-buffle, il importe d'aspirer de l'air en même temps que chaque cuillerée. Ce qui produit immanquablement ces gouleyants slurp ! slurp ! qui dégoûtaient fort ce grand crétin bourgeois de Brel, ainsi qu'il en fait le tonitruant aveu dans ce sommet de niaise enflure intitulé Ces gens-là.
Manger une soupe bien chaude sans produire le moindre petit slurp ! est à la fois une funeste hérésie et une frustration pénible. Un peu comme si, lors de notre prochaine rencontre, Scarlett Johansson entreprenait de me polir le chinois avec un gant Mapa.
(Encore que, finalement, en y réfléchissant de plus près...)
une tite soupe pois cassés avec des lardons fumés, entre la puree et la soupe, bien brulante oui...et les mains sur le ventre affalée contre le dossier de la chaise...rhaaaa bonheur!
RépondreSupprimerMa défunte mamie buvait son café bouillant, avec un assez bruyant mouvement de la langue aspirant l'air pour refroidir le liquide. Tout comme vous la soupe quoi. Je dois dire que j'ai toujours eu du mal à comprendre le principe, mais je me suis dit que vous seriez ravi d'apprendre que mon arrière grand-mère Noémie (décédée à presque 106 ans) faisait de même.
RépondreSupprimerSi vous aimez les slurp ! bien sentis, un film japonais s'impose à vous (sans Scarlett Johansson toutefois, qui ne s'était pas encore lostée en translation au Pays du Soleil Levant, et même sans Chinois – tout au moins sans Chinois avec majuscule, pour les autres, je ne serai pas aussi affirmatif) : le très savoureux Tampopo, de Juzo Itami, sorti en 1985.
RépondreSupprimerEt une assiette vide en est la preuve, comme disait une pube débile de mon enfance pour de la nourriture pour chats difficiles à base de viande de kangourou :
http://www.youtube.com/watch?v=1XyoAZFREnY
Oui, je sais, c'était l'occasion ou jamais de me rattraper en jouant les grands princes mais, désolé, je n'ai pas le dévédé.
Bon, Sniper, vous savez ce qui vous reste à faire...
Une fois de plus, mon lien ne fonctionne pas en ces lieux...
RépondreSupprimerDe toute manière, mieux vaut voir le film en entier que de le découvrir par de courts extraits.
Vu qu'il ne reste plus grand'chose à dire après d'aussi fortes paroles, et comme il n'y a, de toute façon, plus grand monde pour faire la causette, c'est décidé, je me couche.
Disons que je préfère souffler jusqu'à l'hyperventilation et moi aussi, je tombe par terre.
RépondreSupprimerDes bizettes
@ Cécile : la "soupe aux pois" dont je parlais est plutôt une soupe aux haricots, n'ayant rien à voir avec celle de pois cassés (que j'adore tout utant).
RépondreSupprimer@ Lola-V. : Je doute d'égaler le record de Madame votre aïeule, même si ma propre grand-mère marche gentiment sur ses 98 printemps. Et vous avez raison, pour le café : ma mère fait la même chose.
@ Chieuvrou : Tampopo, oui ! je l'ai vu deux fois quasiment coup sur coup : une première fois seul, à la télé, très tard, et le surlendemain avec Catherine. J4ai beaucoup aimé (avec le regret de ne pouvoir goûter les différentes soupes du film, tout de même).
@ Mélina : souffler AVANT est utile mais ne suffit pas : il faut absolument y ajouter une ventilation interne simultanée !
Je ne sais pas ce que vous donnez comme auteur des Brigades Mondaines (oui, je sais, jamais lu, c'est maaaaal ...), mais vous pourriez vous recycler dans l'écriture gastrononique. Vos descriptions et vos superlatifs font rêver ... "retourner dans ses langes initiaux" ... Génial !
RépondreSupprimerVous molissez, Didier, je suis très déçu ! Je ne sais pas si c'est l'effet de la soupe aux pois mais voilà que vous demandez grâce pour les terroristes de l'amour des enfants, ceux de l'arche de Zoé !
RépondreSupprimerJe suis tout désorienté, où suis-je ? Est-ce la bad influence de la blonde Clémentine ?