Depuis deux jours, j'avais comme une impression bizarre. Après l'obtention de l'Oscar par Jean Dujardin, je m'attendais à des débordements d'enthousiasme, des explosions de triomphe, ou au moins à l'expression d'une légitime satisfaction. Et puis non, rien. Ou pas grand-chose, en tous cas dans la blogosphère. C'est pratiquement comme s'il ne s'était rien passé. Je sais que mes amis gaucho-progressistes ont déjà, de ce silence, leur bonne raison toute fourbie : ils ont mieux à faire, des questions autrement importantes à examiner, un nabot à virer, un chamallow à élire, etc. Oui, oui, je sais bien ; mais non. Il y avait autre chose, je le sentais ; il fallait chercher ailleurs la cause de cette étrange retenue, de ces détournements de regards s'efforçant au naturel. Finalement, à force de réfléchir, j'ai trouvé, évidemment (sinon, je ne serais pas occupé à écrire ce billet).
C'est Dujardin, le problème. Un type qui a commencé à la télévision, donc à la solde des iniques abrutisseurs de peuples qui, dans l'ombre, tirent les ficelles de la grande décervelance mondiale. Un garçon qui a la tête d'un Français d'ancienne conception, avec un petit quelque chose – ô la méchante circonstance aggravante ! – d'américain dans la décontraction élégante : un zeste de Cary Grant, si j'ose. Et le malheureux, alourdi par les handicaps que je viens de dire, pousse la provocation jusqu'à s'appeler Dujardin. Du-jar-din. Et pourquoi pas Dubois, à tant faire ? Ou Perrochon ? N'hésitons pas à le dire : il nous a gâté le cocorico, l'animal, avec sa desoucherie en bandoulière ! Et l'on se prend à soupirer ses regrets, quand on songe aux sanglots de fierté reconnaissante qui, par chez nous, auraient accompagné l'annonce de l'Oscar remporté par un Jamel ou un Omar.
Non parce que, vraiment, n'est-ce pas, Dujardin…