Depuis hier, une mini-polémique a pris naissance, dans les commentaires de
mon billet du matin, notamment entre Georges et Suzanne. Je n'y ai à peu près pas participé, pour la simple raison que je comprends leurs deux points de vue et serais bien en peine de trancher entre eux. Georges a tout à fait raison, à mon sens, lorsqu'il peste contre le “tout se vaut” actuel : une religion en vaut une autre, toutes les coutumes sont rigoureusement équivalentes, du passé faisons table rase, etc. Il va de soi (il devrait en tout cas) que je considère devoir marquer un certain respect, voire une sorte de
dévotion laïque, envers la religion catholique, alors que je me sens tenu à rien de pareil envers l'islam, lequel ne relève que du domaine du
tolérable, et encore à certaines conditions sévères, contraignantes et intangibles. De même, il me semblerait normal, et même souhaitable, que l'on familiarisât les écoliers de France avec le christianisme – y compris lorsqu'ils sont issus d'une autre confession – mais pas avec l'islam (ni le bouddhisme, ni le taoïsme, etc.), lequel ne peut relever que d'un intérêt individuel, volontaire – et à ce titre parfaitement respectable bien entendu. Enfin, tout comme Georges je crois, je ne pense pas que l'on puisse dire que l'islam est “la deuxième religion de France”, sous prétexte que, actuellement, il se trouve sur notre sol des gens pour le pratiquer, s'en revendiquer, le brandir. L'islam
n'est pas une religion de France et, pour ma part, je souhaite bien sûr qu'il ne le devienne jamais, eu égard à ses nombreux effets secondaires qui semblent toujours tendre à devenir premiers au bout d'un certain temps d'incubation.
D'un autre côté, Suzanne n'a pas tort de se placer sur un terrain davantage “utilitaire”, si je puis dire, et de souligner que, quoi qu'on fasse, il y a très peu de chance que l'on revienne au temps où les enfants se signaient naturellement lorsqu'ils pénétraient dans une église. Que, par conséquent, il faut lutter contre l'islam et ses empiètements en tenant compte de la situation présente, au coup par coup, comme il vient d'être fait pour cette stupide et répugnante affaire de visite de mosquée dans le cadre des journées du patrimoine. Et, si besoin est, en s'appuyant sur ce fameux concept de
laïcité qui, tout absurde qu'il est, peut en effet se révéler efficace – au moins dans un premier temps.
Au fond, et parce qu'elles ne se situent pas sur le même plan, les positions de Georges et Suzanne me semblent parfaitement compatibles, celle du premier formant en quelque sorte le socle culturel, l'assise philosophique (et
ziva que je te dérape dans les grands mots !), sur lesquels pourrait et devrait s'appuyer fermement tout combat plus ponctuel et “ciblé”. Le premier sans la seconde se condamne à l'impuissance, à la déploration sans effet (et c'est un travers dans lequel je n'ai moi-même que trop tendance à tomber, je le sais bien), tandis que la seconde sans le premier sera obligatoirement contournée et neutralisée, voire balayée, y compris grâce à des arguments d'une mauvaise foi insigne et, si besoin est, contradictoires entre eux.
En clair, il ne faut se priver de personne ni céder sur rien. D'autant moins que l'ennemi ne manque pas d'alliés (que l'on appelait “collabos” en d'autres époques) ; lesquels, privés de toute transcendance par défaut de religion, se sont enfoncés depuis longtemps dans une eschatologie purement séculaire ; par elle, en raison de ses effets gravement débilitants, ils sont désormais tout prêts à se laisser esclavagiser ou
dhimmiser par leurs conquérants putatifs, au nom de lendemains toujours déjà radieux, et pour peu que ces mêmes conquérants, ou “remplaçants”, leur donnent l'assurance qu'ils vont bel et bien mettre à bas cette civilisation qui les a produits, et qu'ils haïssent parce qu'ils se haïssent eux-mêmes de façon irrémédiable et probablement névrotique.
Malheureusement, et là je rejoins de nouveau Georges plutôt que Suzanne, je crains que, face à une religion conquérante et totalitaire, ce malheureux concept de laïcité ne fasse pas du tout le poids. Simplement parce que notre désormais sacro-sainte laïcité, baudruche aussi artificielle et aussi peu “porteuse” que celle des droits de l'homme, montrera vite ses limites et surtout sa complète vacuité : à part pour cette ultra-minorité que constituent les Européens, le terme même de laïcité reste indéchiffrable et opaque à l'ensemble de l'espèce humaine.