mercredi 30 novembre 2011

mardi 29 novembre 2011

Le chevalier des Touches était-il gay ?


Il y a chez Barbey d'Aurevilly certaines exagérations qui, lorsqu'on les rencontre pour la première fois, ou la deuxième, peuvent paraître ridicules, au point d'oblitérer la lecture durant une minute ou deux. Elle surviennent le plus souvent, ces outrances, lorsqu'il s'agit d'exalter le courage ou la force d'un personnage – généralement mâle mais pas toujours. Et puis, à force de les voir revenir, une atmosphère nouvelle se crée, étrange, inattendue, mal définissable. Jusqu'à ce qu'on comprenne à quoi, par elles, nous ramène Barbey : aux épopées médiévales, aux chansons de geste, dans lesquelles il n'est pas rare qu'un chevalier, d'un seul coup d'épée, tranche tout uniment et par le milieu le cavalier ennemi et son cheval. Cet exemple m'a surgi à l'esprit juste après avoir lu le passage suivant du Chevalier des Touches (GF-Flammarion, p. 142), dans lequel il est question du chouan Juste Le Breton :

« Un jour, ici, sur la place du Château, il était entré à cheval chez un de ses amis qui logeait Hôtel de la Poste, et, ayant monté ainsi les quatre étages, il avait forcé à sauter par la fenêtre son cheval, qui, en tombant, se brisa trois jambes et s'ouvrit le poitrail, mais sur lequel il resta vissé, les éperons enfoncés jusqu'à la botte, n'ayant pas, pour son compte, une égratignure ! »

On veut bien que les plafonds de l'Hôtel de la Poste aient été particulièrement bas (mais alors comment faisait Le Breton pour circuler sous eux, juché sur sa monture ?), mais tout de même, ce saut de quatre étages…

Dans le même roman, il est question du chevalier éponyme ramenant un certain M. Jacques d'Angleterre jusqu'aux côtes normandes, dans une coque de noix tenant plus du radeau précaire que de la barque. Et il est dit que, pour s'alléger au maximum, les deux hommes se servirent pour ramer de la crosse de leurs deux fusils. Je ne suis pas un expert en aviron, certes, mais…

Enfin, pour revenir au Le Breton sauteur d'obstacle de tout à l'heure, lors de l'attaque de la prison de Coutances – où les douze sont venus délivrer des Touches, qui doit être guillotiné le lendemain –, il saute sur la sentinelle pour l'empêcher d'alarmer. Puis, au lieu de la tuer, il la maintient en l'air en la serrant au cou durant tout le temps que dure le coup de force de ses camarades

En réalité, la question qui me trotte, ayant refermé le roman, est celle de savoir si des Touches est homosexuel ou non. Peut-être d'ailleurs suis-je le dernier, pour cause de lecture tardive, à enfoncer cette porte depuis longtemps ouverte. Mais enfin… cette insistance suspecte de l'auteur à parler de sa beauté toute féminine – laquelle d'ailleurs inspire une sorte de sourde répugnance à Mademoiselle du Percy, elle-même assez “virile” dans son aspect –, à indiquer le peu d'intérêt qu'il montre aux jeunes femmes qui peuplent le récit, et au contraire à valoriser l'amitié indéfectible et étroite entre le chevalier et le mystérieux M. Jacques… Surtout, il y a cette étrange scène presque finale, lorsque, pour sauver le chevalier réfugié dans sa chambre, la très prude et très vierge Aimée de Spens se dénude entièrement devant sa fenêtre, afin de faire croire aux poursuivants de des Touches qu'elle est bel et bien seule chez elle : ne le fait-elle pas parce qu'elle sait que son protégé ne tentera rien pour lui ravir son innocence ? Que le regard qui ne manquera pas d'effleurer son corps ne peut rien avoir de sacrilège ? Bien sûr, on pourrait aussi imaginer qu'au contraire elle s'efforce de le tenter, parce qu'elle éprouve du désir pour lui. Mais d'une part cela ne cadre pas avec ce personnage, si entier et solennellement promis de fraîche date au fameux M. Jacques. Et d'autre part, même si elle avait voulu le tenter, le fait est qu'elle n'y réussit pas du tout.

Je me demande ce qu'en pense Renaud Camus, tiens

lundi 28 novembre 2011

Scandale : les étrangers restent des Français de seconde zone !

Ne reculant devant rien pour me faire souffrir, je viens de lire un dix-millième billet prônant l'octroi du droit de vote aux étrangers résidant en France. Inutile de revenir sur la profonde et sotte aporie que constitue cette mirobolante idée. Non, ce qui m'étonne chaque fois c'est plutôt l'incohérence des arguments avancés. Tenez, dans le billet que je viens de lire, on nous dit :

Les résidents étrangers de longue durée installé à côté de chez vous participent à la vie de la cité comme vous et moi.

Or, non, justement, ils n'y participent pas comme vous et moi, pour la simple et suffisante raison qu'ils n'ont pas le droit de vote. Je suppose que l'on veut signifier qu'ils participent à la vie économique de “la cité”, comme il est dit si drôlement. Mais alors je m'étonne que nos braves amis gauchistes, qui font profession de mépriser et haïr tout à la fois l'argent, ramènent la vie de la cité à sa seule composante économique et monétaire. Paradoxe qui est d'ailleurs confirmé quelques lignes plus bas :

Ils y demeurent, y travaillent et y payent leurs impôts. Leurs enfants, souvent nés en France, vont à l'école publique. Ils sont parties prenantes de la construction de l’avenir de notre pays.

En quoi le fait de payer des impôts serait-il suffisant pour devenir citoyen d'un pays ? D'un pays où, de surcroît, environ la moitié des citoyens n'en paient pas ? S'ils paient des impôts (si certains paient des impôts…) c'est simplement pour pouvoir bénéficier des nombreux services gratuits que leur offre, comme à tout le monde, et fort généreusement, leur pays d'accueil. Ce qui, d'ailleurs, est naïvement avoué dès la phrase suivante, où l'on nous dit que leurs enfants vont à l'école publique : c'est précisément pour cela qu'ils paient des impôts, comme vous et moi. (Et on passera sur le fait que nul, à ce jour, n'a jamais encore été capable de nous dire comment on devait s'y prendre pour réussir à construire un avenir…) 

Et puis, bien entendu, comme à chaque fois, l'auteur termine en nous précisant doctement que ce projet ne concerne que les élections locales, et qu'en aucun cas ces étrangers ne pourront se transformer d'électeurs en élus. Ah ? Et pourquoi donc ? Qu'est-ce qui motive cette soudaine timidité ? Si les étrangers-qui-paient-des-impôts participent à la fameuse “vie de la cité”, il me semble que, du même coup, ils participent aussi à celle de l'État, non ? Et vous leur interdiriez de choisir leur député ? Leur président ? Xénophobes, va ! Et au nom de quel distinguo qui m'échappe prétendez-vous leur barrer l'accès à la mairie de leur commune (où leurs enfants vont à l'école publique) ? Du Conseil général de leur département (où ils paient des impôts comme vous et moi) ? De l'Assemblée nationale ? De l'Élysée ?

Mes bonnes âmes, je suis désolé de devoir vous le dire, mais vous êtes d'une incohérence qui frôle la faiblesse mentale. Ou bien si vous faites du comme-vous-et-moïsme à géométrie variable ? Ce serait moche, vraiment. D'autant qu'on en arriverait presque à se demander si, au fond de vous-même, vous ne considéreriez pas les étrangers comme des Français de seconde zone. Ce qui serait encore plus moche.

Heureusement, nos braves amis ont toujours, en dernier recours, l'argument imparablement massue pour nous faire taire ; lequel peut s'exprimer à peu près ainsi : d'autres pays d'Europe l'ont fait, alors pourquoi que pas nous ? 

Le “pourquoi que pas”, c'est l'avenir de l'Europe. Un avenir à construire, évidemment : retroussez vos manches, rangez vos truismes et sortez les truelles.

Vives inquiétudes au sujet de Nicolas J


Voilà au moins vingt-quatre heures qu'il n'a pas fait de nouveau billet sur son gadget stupide…

Le pronostic vital serait-il engagé ?

La blogosphère tremble…

dimanche 27 novembre 2011

Mais quel embêtement, cette extralucidité des morts !

Grands Normands – sous-titré Études sentimentales – est une sorte de vagabondage littéraire auquel s'est livré Jean de La Varende, dans les années trente du siècle qui nous fuit. Le livre comprend deux douzaines de petits textes, initialement publiés ailleurs, qui parlent de Barbey d'Aurevilly, Flaubert et Maupassant. Dès la seconde page de son introduction, on tombe sur cette anecdote que je n'ai pas cru devoir garder pour moi seul (je précise que j'ai scrupuleusement respecté la ponctuation parfois déconcertante de l'auteur) :

« J'ai connu la princesse de M… Elle trompait outrageusement son confiant mari. Après la mort du prince, cette ardente personne tint, à toute force, malgré les supplications de sa famille et les pleurs de ses enfants, à épouser son dernier amant, hélas ! si jeune. Quelqu'un lui dit : “ Mais voyons… épargnez-nous ce scandale… Du temps du pauvre Guy, vous n'aviez pas de tels scrupules… ”. Le conseilleur lui proposait, en somme, de continuer… La princesse eut cette réponse : “ Du temps où Guy vivait, j'arrivais à lui cacher mes liaisons. Maintenant qu'il me voit, ce n'est plus possible ”… Je salue, bien bas, la princesse moustachue, et remariée. »

Voilà pour le sourire. Quant aux opinions, très tranchées, de La Varende à propos des romans de Flaubert, elles me déconcertent et m'incertisent, dans la mesure où elles sont à l'exact opposé de celles que je pense avoir, lui mettant Salammbô au sommet de la pyramide, alors que ce Flaubert-là, le Flaubert “peplum” m'a toujours profondément ennuyé. Le pire est que ses arguments me troublent, et que me semble bien proche le moment où, soupirant et résigné, je vais devoir relire le roman, en tentant de le faire avec les yeux de La Varende. Et en sachant, moi aussi, qu'il me verra.

C'était à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d'Hamilcar…

samedi 26 novembre 2011

De la Vendée à Vichy : balade révisionniste


Il est des magazine qui ne coûtent pas très cher à l'achat, mais qui se révèlent finalement onéreux, en raison de ce que l'on pourrait appeler les “dépenses induites” ou encore les “frais dérivés” Il en va ainsi de la Nouvelle Revue d'Histoire – NRH pour les pratiquants. Dès le premier feuilletage rapide du numéro de novembre-décembre (oui, la dame est bimestrielle…), j'ai su que je ne résisterais pas à l'appel de la commande pour deux des ouvrages recensés. Tout d'abord le livre de Reynald Secher intitulé Vendée. Du génocide au mémoricide, dans lequel, nous dit-on, l'auteur montre, en s'appuyant sur des archives jamais encore exploitées par les historiens, que le massacre global des Vendéens fut bel et bien programmé sciemment par les dirigeants de la Convention, Robespierre au premier chef – génocide qui fut ensuite tout aussi sciemment occulté par les historiens, à commencer par Michelet qui a ouvert la brèche de dénégation dans laquelle tous les autres ou presque se sont engouffrés.
Pour que cet ouvrage ne se sente pas trop seul dans son petit panier Amazon, je lui ai adjoint la copieuse Nouvelle Histoire de Vichy, de Michèle Cointet. Parce que je commence (euphémisme) à être exaspéré de voir cette période de l'histoire traînée à tout bout de champ devant tous les tribunaux progressistes, par des belles âmes dont on comprend, après lecture de deux ou trois lignes de leur charabias idéologique, qu'ils n'ont pas la moindre idée de ce qui a pu se passer alors, des tenants et aboutissants, des causes et des effets, tout satisfaits qu'ils sont de remâcher des slogans souventes fois déglutis. On me dira que, moi non plus, je ne connais à peu près rien de cette époque ? C'est vrai, d'où la commande du livre de Mme Cointet.

Ma hâte est telle de recevoir ces deux livres que je songe dès à présent à rebaptiser ce blog. Peut-être l'appellerai-je Didier Goux habite Vichy, ou bien C'est mon chouan, ou encore, plus lapidairement, Vendée Blog – mais pour ce dernier, je suis presque sûr qu'il existe déjà, du côté de La Roche-sur-Yon ou de Fontenay-le-Comte.

jeudi 24 novembre 2011

Mais regarde donc où tu mets les pieds, bon sang !


J'aime beaucoup cette citation de Christopher Caldwell, trouvée chez dxdiag :

L'Europe est devenue une société multiethnique dans un moment d'inattention.

Et il y a des moments qui durent… mais qui durent…

Ne cherchez pas dans les pianos ce qu'il n'y a pas


Hier, suite à un embouteillage épouvantablissime, dû à des causes sans intérêt mais tragiquement conséquentes, il m'a fallu deux heures et demie pour franchir les dix-huit derniers kilomètres me séparant encore de Levallois. Passé le premier quart d'heure où je fus immobilisé avec tous mes petits camarades d'infortune à l'intérieur du souterrain de l'A 14, il m'apparut que la gaîté primesautière de Charles Trenet, qui m'accompagnait depuis Le Plessis, n'allait pas tarder à entrer en conflit violent avec l'humeur nouvelle que je me sentais poindre. Je l'ai donc fait taire et remplacé par la Passion selon saint Matthieu, dirigée par Karajan.

Eh bien, je vous le dis pour le jour où il vous arrivera semblable mésaventure cauchemardesque, Jean-Sébastien Bach est un remède souverain contre les tortures de l'existence moderne, du moins contre celles qui se vivent à l'intérieur d'une automobile. Et s'il n'a pas tout de même le pouvoir de faire sauter les bouchons, il vous permettra de regarder celui dans lequel vous serez englué d'un peu au-dessus.

mardi 22 novembre 2011

Deux ruines parmi les ruines – mais avec de l'esprit

Hier après-midi, alors que, lestés d'un excellent déjeuner pris à l'auberge voisine, le sire de Marchenoir et moi-même cheminions en devisant parmi les splendides restes de l'abbaye de Jumièges (“deux ruines parmi les ruines”, ne manqueront pas d'ironiser d'aucuns), que l'Irremplaçable dans le même temps fixait de son œil implacable sur sa pellicule virtuelle,  me vint au détour d'une phrase le terme de réactionnariat. Comme notre hôte me fit l'honneur de le trouver drôle et assez bien venu, je me suis décidé à le mettre en circulation – libre de tous droits, comme c'est l'habitude de la maison.

S'en serve qui voudra.

samedi 19 novembre 2011

Redressez-vous, mes frères !

Je découvre seulement maintenant un journal bi-mensuel qui existe pourtant depuis 1946 et s'appelle L'homme nouveau – publication catholique qui, après un premier feuilletage, me semble d'excellente tenue et point trop progressiste. Le dernier numéro paru, daté d'aujourd'hui même, consacre son dossier principal à Jean Duns Scot, théologien de l'Immaculée Conception mort en 1308, ce qui devrait inciter chacun de vous à se ruer vers le kiosque le plus proche pour en faire l'emplette – je plaisante. Une autre partie est consacrée à la trop fameuse pièce “iconoclaste” intitulée Sur le concept du visage du fils de Dieu (entre nous soit dit, si la pièce est toute écrite dans le même style pataud que ce titre, ça doit valoir son pesant de colombins). Dans cette page figure un encadré, Lâchez-nous la phobie !, que je vous recopie séance tenante :


« Christianophobie par ici, cathophobie par-là, le champ lexical des médias cathos tourne en boucle. Encore une fois, nous nous mettons à la remorque culturelle et sémantique du monde. Dans une reconfiguration médiocre et branchée du terme de xénophobie, l'absurde concept d'homophobie fit son apparition. Nous nous sommes alors tous gaussés de cette façon de torturer la langue pour servir l'idéologie ambiante. Quelque temps après, c'est l'islam qui allait chercher, dans la sémantique homosexuelle, son droit à gémir et à se faire plaindre, comme communauté discriminée, en inventant l'islamophobie. Pas certain d'ailleurs que le prophète ait beaucoup aimé cet emprunt sémantique à la communauté gay. Et voilà que gogo catho veut lui aussi son droit à gémir et à se faire plaindre, et nous invente la cathophobie ou la christianophobie. Alors soyons clairs entre nous, ce bricolage conceptuel sonne complètement faux pour dire le rapport de Jésus au monde, de l'Église au monde, donc du chrétien au monde. Nous ne sommes pas une communauté en mal de reconnaissance qui se “victimise” pour exister. Le Christ ne se plaint pas d'être une victime, il choisit de l'être, et se donne librement par amour. Peut-on imaginer sainte Blandine dénoncer dans l'arène la cathophobie lyonnaise ! Aucun des martyrs n'a revendiqué le droit d'être aimé du monde, seulement celui d'aimer Jésus. Il ne s'agit pas ici de justifier les attaques contre le Christ ou l'Église, ou de justifier l'inaction des chrétiens mous ; il s'agit juste de se défaire d'une sémantique ridicule, menteuse, réductrice et manipulatrice, qui ne peut signifier ni l'Histoire du salut ni l'incommensurable amour de Dieu pour nous. »


Ça fait tout de même du bien, par les temps, d'entendre des gens qui refusent les pleurnicheries convenues et hypocrites, non ? Enfin, moi, ça m'en a fait. Et ce court billet d'humeur m'a remis en mémoire le “commandement” qui est le mien depuis déjà un petit bail : Refusez en toute circonstance d'utiliser les mots de l'ennemi.

Et je retourne à Jean Duns Scot.

vendredi 18 novembre 2011

Un livre qui vaut de l'or – et pas qu'un peu


Ce billet publicitaire ne s'adresse qu'aux quelques personnes qui auraient, pour des raisons qu'il ne m'appartient pas de juger, un peu d'argent sale à blanchir. En effet, non seulement le livre présenté ci-dessus est scandaleusement cher (alors même que l'auteur ne gagnera pas un centime à sa vente), mais en plus on peut le lire gratuitement ici. Alors, évidemment, il y a les photos de Catherine, et le côté “sur papier” qui immortalise le babillage. Mais enfin, à votre place, je passerais mon chemin.

Sinon, pour les vrais blanchisseurs dont je parlais, ça se joue par là.

(Pour avoir reçu hier les trois versions de l'ouvrage, je crois être en mesure d'affirmer que c'est celle “avec jaquette” qui est la plus satisfaisante à l'œil…)

jeudi 17 novembre 2011

Un cheyen de ma cheyenne

L'un des commentateurs attitrés de ce blog s'étonnait tout à l'heure, et en ayant la gentillesse de paraître s'en inquiéter, de mon relatif silence ici même. J'en suis moi-même assez surpris, mais qu'y puis-je ? Que dire, que raconter ? De quoi, grand Dieu, vous entretenir ? De ce clin d'œil imbécile et figé du gros bonhomme vert sur le mur vitré d'en face, qui me donne parfois l'impression d'habiter l'un de mes propres cauchemars ? De mon vénéré patron qui, loin de vouloir se débarrasser de moi comme on aurait pu espérer qu'il le fît, semble avoir dans l'idée de me faire travailler davantage ? Du reste, tout le monde, ces temps-ci, paraît vouloir me faire travailler – il doit y avoir un virus dans l'air, je ne vois pas d'autre explication.

Je pourrais aussi vous parler du pitoyable film (White feather – La Plume blanche) que nous vîmes l'autre soir, l'Irremplaçable et moi, et qui nous provoqua une série de fous rires purement nerveux. C'était, prétendument, l'un des premiers westerns à prendre le parti des Indiens ; moyennant quoi ces Cheyennes passaient à longueur de pellicule pour de parfaits crétins, affublés de noms grotesques : Jour naissant, Cheval américain, Main cassée, Petit chien… Vers le milieu de cette navrante pantalonnade, afin de nous désennuyer un peu, je me suis mis à tricoter une petite histoire parallèle, se déroulant au sein de la tribu des meteos (prononcez mété-hausse) : la douce et pure Couverture nuageuse, fille du grand chef Anticyclone des Açores, tombait amoureuse du gentil comptable blanc Maurice Durand ; hélas, leur amour était rendu impossible par le cousin apache (équivalent chez les Indiens de notre “cousin germain”) de Couverture nuageuse, le terrible et cruel Ciel de traîne qui, avec l'aide de son frère de sang, Alerte orange, déclenchait des tsunamis de fer et de feu pour faire chier les Visages-Pâles. À la fin, la malheureuse Couverture nuageuse, voyant s'anéantir tous ses espoirs de coups de bite à l'occidentale, changeait de nom pour s'appeler désormais Dépression stationnaire et entrer dans un vénérable couvent indien, installé dans l'enceinte d'une magnifique tente gothique. Quand à Maurice Durand, de désespoir il s'abîmait dans le travail, passait le concours pour devenir commissaire aux comptes et le réussissait.

Mais quel serait l'intérêt de vous faire perdre votre temps avec ces conneries ?

lundi 14 novembre 2011

La politique par-dessus le marché


Dans la France d'avant, les candidats aux diverses élections proposées tentaient de vendre leurs salades sur les marchés. Aujourd'hui, ils font campagne contre les marchés : le camelot scie la branche sur laquelle il était juché – et la grande distribution de tracts se fait désormais en tête de gondole.

dimanche 13 novembre 2011

Journée de la gentillesse : distraire les hérissons

Aujourd'hui, me dit-on, c'est la journée de la gentillesse. C'est bête car justement, ce matin, je me sentais d'une assez belle équanimité – le soleil sans doute, qui, en l'absence de tout tilleul intempestif, vient désormais inonder ma terrasse, avec la générosité d'un gouvernement socialiste aspergeant les subventions sur les officines alentour. Mais depuis que je sais devoir être gentil jusqu'à ce soir minuit, uniquement parce qu'un sphincter anal appointé en a décidé ainsi, ça me donne envie d'écrabouiller un hérisson ; ou d'injecter patiemment du cyanure dans chacune des graines de tournesol dévolues aux mésanges ; ou bien de mélanger mes déchets en plastique avec les ordures ménagères afin de niquer sa race à la planète ; ou encore de torgnoler sans cause mon épouse légitime – mais là j'aurais un peu la crainte du retour de boomerang.

Bien sûr, je pourrais aussi aller lire tous les blogs qui passent à ma portée et exposer au taulier, calmement et en détail, ce que je pense exactement de sa prose et de lui. Mais ce serait choisir la solution de facilité. Or, la journée de la facilité c'est pas aujourd'hui, ne mélangeons pas tout. Et puis ce serait oublier que la pire méchanceté que l'on puisse faire à un blogueur est de n'aller pas le lire.

Je sens bien que je ne trouverai rien ; rien de vraiment flamboyant. Il me reste à espérer que, parmi les grappes de chasseurs qui parcourent en ce moment même la campagne, il s'en trouvera un assez obligeant pour, croyant viser un lapin ou un chevreuil, estropier gravement son voisin ou son beau-frère, lui-même armé. Ce serait au moins gentil pour les gens du Samu qui aiment à se rendre utiles le dimanche, et ça distrairait les hérissons.

vendredi 11 novembre 2011

Les coupeurs de bois ou Pavane pour un tilleul défunt

Le massacre a été perpétré hier, pendant que j'avais le dos tourné ; mais j'en suis tout de même le premier coupable…

Les gentils tondeurs de pelouse ont muté en ces sortes de gremlins grimpeurs et armés…

De leur passage il nous reste un tas de bois, un arbre tronçonné dont notre voisin se chauffera l'hiver prochain.

mardi 8 novembre 2011

La Varende, de la Révolution à nos sombres jours

Irrempe – abbaye du Bec-Hellouin
« Ce qui fit encore plus de mal que la courte épilepsie révolutionnaire, fut la suite, la séquelle. Les plus sûrs furent touchés. Un immense découragement sévissait, un besoin de disparaître, une annihilation de la ferveur. La Restauration consacra la Révolution ; la société ne se rétablissait point, ni la société religieuse, ni la société civile : sa maladie avait été trop forte ; ce ne fut qu'une fausse convalescence dans laquelle nous nous débattons encore avant la culbute définitive. La Bande Noire eut beau jeu, ces démolisseurs architecturaux ; les propriétaires, épuisés, leur livraient leurs murs. On dirait que, d'avoir abattu tant de magnificences, la France ne fût plus capable d'invention, elle qui avait créé tant de styles et mené l'Europe artistique. La niaiserie s'ajoutait à la jactance. »

Jean de La Varende, L'Abbaye du Bec-Hellouin, Plon, 1948, p. 29.

Et puisque nos lectures sont lavarendiennes, suivons encore leur auteur dans l'une de ses Promenades, recueil de chroniques parues entre 1955 et 1959 dans La Nation Française, que les éditions Charles Hérissey ont eu la bonne idée de republier en un volume – lequel aurait assurément gagné à être plus soigneusement relu et davantage corrigé.

Lorsque l'un de ses courts voyages conduit notre gentilhomme normand jusqu'au cœur de la Bretagne, et même en sa capitale, il s'y désole de ce que la perspective qu'offrait les quais de Rennes à son souvenir soit désormais presque anéantie par l'érection d'un “gratte-ciel sans toit”, trop absurdement haut pour n'être pas dommageable au paysage urbain dans lequel on l'a inscrit de force. Ce gratte-ciel, sitôt la virgule passée, La Varende le qualifie de silo à locataires

dimanche 6 novembre 2011

Une double mauvaise nouvelle



Stéphane Hessel est toujours vivant.


Les vieillards sont finalement des gens bien décevants, allez. Toujours à faire le contraire de ce qu'on espérait d'eux.

vendredi 4 novembre 2011

Misères et splendeur d'une verticalement défiée

Je l'ai relu une fois, puis une autre, lentement, afin de m'assurer que je n'étais pas devenu brutalement dyslexique des yeux. Mais non, tel était bien le titre qui, prochainement, s'étalera sur six colonnes dans un prestigieux hebdomadaire parisien. Il s'agit du témoignage d'une lectrice qui affirme :

« Grâce à ma ressemblance avec Mimi Mathy,
je me sens enfin bien dans ma peau… »

Oui, je sais, allez-y franchement : moi aussi j'ai éclaté de rire, et les personnes qui m'entourent. Je vous laisse quelques secondes pour récupérer…

Il n'empêche que l'histoire de cette pauvre femme est un implacable révélateur de la misère spirituelle en milieu festif. Elle commence par expliquer que son mètre trente-trois lui a valu de demeurer transparente aux yeux des garçons, l'adolescence venue : cruel mais prévisible. Ensuite, les hommes se mettent à la draguer, mais, dit-elle en substance, c'est encore pire, car ce sont des pervers qui veulent juste se taper une naine pour assouvir leurs “obscurs fantasmes” et ne s'intéressent pas à elle – à elle en-tant-qu'être-humain, comprend-on : névrose tout spécialement féminine et assez répandue. On apprend ensuite, presque accessoirement (ils semblent n'être que des sortes de béquilles à sa souffrance), que cette dame a un compagnon qui l'aime et qu'ils ont eu ensemble deux enfants en tous points adorables. Néanmoins, rien à faire : le mètre trente-trois est toujours là pour l'empêcher d'être pleinement heureuse…

Mais voici qu'un jour, sur la suggestion toute innocente de son compagnon, elle se teint en blonde. Là, du jour au lendemain, tout le monde s'aperçoit qu'elle ressemble à Mimi Mathy (ce qui est malheureusement vrai : j'ai les photos sous les yeux) et on commence à lui demander des autographes. C'est le commencement du bonheur : ce que ni le compagnon ni les enfants n'avaient pu totalement faire, le public va y parvenir en un clin d'œil. L'acmé de cette soudaine et géante félicité est représentée comme il se doit par un passage dans une émission de télévision – consacrée aux sosies de stars, on l'aura deviné –, lequel multiplie le public en question par cent, par mille – et parachève le bien-dans-sa-peauïsme de l'ex-naine devenue reflet de vedette.

La conclusion est double et d'une logique sans faille : le reflet désire d'une part donner des spectacles au profit d'une association œuvrant en faveur des enfants malades ; et, par ailleurs, elle veut préparer un “one woman show” qui lui permettra, dans quelques années, espère-t-elle, de “vivre de sa nouvelle image”. Le beurre caritatif et l'argent du beurre showbizuel : un mètre trente-trois de pure modernité.

mercredi 2 novembre 2011

Le journal le plus difficile à lire : Charpie Hebdo

Ce qui vient d'arriver à Charlie Hebdo est sans doute fort regrettable, en tout cas pour l'équipe de ce pitoyable follicule. Mais, par notre très sainte laïcité, qu'est-ce que c'est drôle ! Et tellement riche d'enseignements pour tout le monde, d'expériences en tous genres ! 

Riche d'enseignements pour les fossiles de l'hebdomadaire concerné, d'abord. Depuis le temps qu'ils ânonnent que tous les “extrémismes” religieux se valent, ils savent depuis la nuit dernière que ce n'est pas tout à fait exact.

Riche d'enseignements pour ceux qui en appellent encore et toujours, sur le ton de l'invocation pré-orgasmique, à ces braves et insubmersibles musulmans modérés, qui sont évidemment l'écrasante majorité et qui ne demandent qu'à vivre en paix parmi nous, et qui sont bien entendu les plus farouches défenseurs de la liberté d'expression et de la laïcité réunies : ceux-là peuvent depuis ce matin écouter le pieux silence observé par cette écrasante majorité pacifique et la totalité de ses représentants, en réponse à l'attentat.

Oui, vraiment, il y aurait matière à leçons de toutes sortes. Sauf que, sauf que… Sauf que, indécrottable réac que je suis, je n'ai évidemment rien compris ! Tout faux, le vieil islamophobe qui voit du méchant musulman partout !  Ce n'est pas ça, mais pas ça du tout, voyons ! Tout ce que la blogosphère compte de gauchistes aliénés est monté au front, comme un seul Poilu à roulettes, pour nous exposer la vérité profonde de ce fait-divers. Je prends l'un de ces guignols presque au hasard :


« On sait à qui profite le crime. Et ce n’est certainement pas aux musulmans, ni même à ceux qu’on voudrait désigner comme tels pour la seule couleur de leur peau ou leur patronyme pas très catholique… Du pain béni pour le front national, la droite dure de ce pays, et tous les réacs qui vont ainsi pouvoir s ‘en donner à cœur joie… La parole raciste et xénophobe va pouvoir trouver là sa zone favorite de liberté d’expression…
Bien sûr, quelle que soit l’origine de cet incendie (l'enquête nous le dira, et nous saurons nous en souvenir…), je ne peux que condamner l’acte criminel en soi. Mais gardons nous pour l’instant de toute interprétation hasardeuse : nous ne savons rien, bon sang ! Gardez votre calme ! Il faut savoir raison garder… »

Eh oui, il a raison, notre ami : gardons-nous, bon sang, gardons-nous ! Il en bégaie  de décontenançage, le pauvre garçon ! Et nous qui nous lancions joyeusement dans toutes les explications hasardeuses passant à notre portée : quelle erreur, que cette précipitation ! Bon, certes, tout en sachant raison garder, on peut tout de même, d'ores et déjà, pour tuer le temps, décréter que la droite “dure” va s'en donner à cœur joie, que tous les réacs dansent la farandole depuis l'aube, que les racistes relèvent le mufle – et que si ça se trouve c'est eux qu'ont fait le coup. Ce serait d'ailleurs logique, puisque, notre petit ludion nous l'affirme : le crime ne peut pas profiter aux musulmans. On se gardera bien de lui expliquer que le “crime” n'a pas été perpétré pour profiter à qui que ce soit, qu'il n'est probablement que la résultante prévisible de la bêtise violente et du fanatisme de ses auteurs. Non, on ne lui dira rien, on le sent encore trop fragile.

Il ne faut pas désespérer Legoland.

Pour être happy, soyons few : l'agenda 2012 qu'il faut avoir !


Bon, je ne vais pas vous faire l'article, vous diriez que je ne suis pas objectif. Il n'empêche que cet agenda est une belle réussite. Chaque double page correspond à une semaine de l'année : à gauche la partie utilitaire, à droite une superbe photo prise par l'auteur (c'est bien le moins, sinon on se demande à quoi elle aurait servi…) et elle-même illustrée par une phrase judicieusement tirée des Écritures.

On peut le feuilleter par là-bas. Et même l'acheter.

mardi 1 novembre 2011

C'est un peu fort de keffieh !

L'Unesco, cette officine de l'ONU phagocytée par les musulmans activistes (de l'ONU elle-même désormais aux mains des pays les plus rétrogrades et des régimes les plus sanguinaires de la planète) vient de reconnaître la Palestine comme “membre à part entière” d'elle-même – c'est-à-dire de rien. Que la Palestine soit membre à part entière de rien ne devrait surprendre personne, puisque la Palestine n'est à la vérité pas beaucoup plus que rien – mais un rien mis sous tutelle par une bande de chameliers ivres appelée le Hamas. Que la France – mon pays, la France – se soit abaissée à cette mascarade, ait présenté son cul d'aussi gente manière, me fait dire qu'en effet nous devons être mûrs pour être gouvernés par un François Hollande. Peut-être même que Ségolène Royal nous eût mieux convenu.

Heureusement, l'Amérique, même plombée par le calamiteux Obama, vient de frapper du poing sur la table, semblant se souvenir qu'elle existait toujours, contrairement à nous. Étrangler l'Unesco, et l'ONU avec elle, au moyen des cordons de sa propre bourse me paraît être une heureuse initiative. Que nous nous serions honorés de soutenir et d'appuyer. Mais on ne se débarrasse pas aussi facilement d'un long passé de fiotes pro-arabes. Or, c'est malheureusement le nôtre.