Quand on pense qu'il existe des abonnés netlicards qui ignorent quels bijoux cinématografico-télévisuels sont à leur disposition ! Je pense par exemple à cette mini-série (6 épisodes) coréenne : Parasyte : The Grey. Le pitch vaut le détour, comme on dit chez Michelin.
Au début, il se met à pleuvoir sur un coin de Corée des sortes de boules de billard hérissées de pointes ; lesquelles s'ouvrent bientôt pour laisser sortir des genres de limaces véloces, qui n'ont rien de plus pressé que de s'introduire dans l'oreille du premier humain qui passait bêtement pas là.
(On nous signalera par la suite que d'autres boules de billard grosses de limaces ont aussi atterri en Europe et aux Amériques, Nord et Sud, mais curieusement on n'en entendra plus parler du tout.)
La limace prenant le contrôle de l'humain, on se dit que les scénaristes du Matin Calme sont en train de nous refourguer ces bons vieux Bodysnatchers, mâtinés d'une pointe d'Alien. On n'aura pas tort…
Les limaces sont drôlement fortes, il faut leur reconnaître ça. À peine installées dans un cerveau humain (ou ce qui en tient lieu), elles sont, quasiment dans la seconde suivante, capables d'exploser la tête de leur hôte, puis d'en faire jaillir quatre ou cinq yeux ainsi que de musculeux tentacules de dix ou quinze mètres de long ; lesquels peuvent prendre n'importe quelles forme et consistance, acquérir instantanément le tranchant d'un fer de hache, la dentition acérée d'un museau de barracuda, le moelleux d'un fondant aux fraises, que sais-je encore, comme des T 1000 venus directement de Terminator II. On voit que l'affaire est sérieuse...
Qu'est-ce que ces parasites fichent là ?
Ce que ces parasites sont venus faire chez nous : nous bouffer. Boulotter de l'humain est apparemment leur seul moyen de survie, ces imbéciles étant en outre incapables de se reproduire, alors qu’ils présentent, à la moindre alerte, de nombreux membres turgescents et pénétrants.
Contre eux, une espèce d’unité spéciale de la police, Grey, s’est mise en place : des limaçophobes déterminés et surarmés (car les parasites, c’est leur bon côté, se laissent très facilement tuer par balles ou même au couteau de cuisine). L’unité est bien sûr dirigée par une femme : on a beau être coréen, on est netflicard avant tout.
En face d’elle, une autre jeune femme qui, pour des raisons assez nébuleuses, est devenue une mutante. C’est-à-dire qu’elle a bien été parasitée par une limace auriculaire, mais que, désormais, les deux cohabitent dans le même corps, limace et pétasse prenant les commandes chacune à son tour, tout à fait gentiment.
Que dire de plus ? Que, contre toute attente, l’intrigue est plutôt bien construite (une fois qu’on a admis le principe de base, qui est stupide), mais heureusement persillée par des invraisemblances de détail et des naïvetés qui permettent au spectateur de rire un bon coup, tandis que, sur l’écran, les parasites agitent leurs corps humains pour envoyer dans toutes les directions leurs gros et visqueux tentacules cérébraux afin de massacrer leurs futurs repas.
Qui va gagner, des humains ou de leurs envahisseurs limaciers ? On s’en fout complètement : je rappelle qu’il s’agit de Coréens, c’est-à-dire des êtres qui nous sont à peine moins étrangers que les escargots décoquillés qui leur bouffent les lobes cérébraux. Ce qui est amusant c’est de les regarder se démener, les uns et les autres, en s’efforçant de croire au scénario qu’ils ont eu la faiblesse d’accepter.