jeudi 4 avril 2024

Debout, les morts !


 Je termine à l'instant le J'accuse d'Abel Gance. Qu'en dire ? J'ai eu l'impression de voir plusieurs films sous un seul titre. D'abord un film de guerre (la première heure se déroule durant le dernier jour de la guerre de 14), impressionnant souvent, si l'on supporte les acteurs de cinéma de l'époque qui, sauf les quelques meilleurs, surjouent comme au théâtre. Impressionnant parce que Gance a repris beaucoup d'images de son premier J'accuse, réalisé à partir d'août 1918. C'est-à-dire des images tournées sur les lieux même des combats et pendant ceux-ci.

Ensuite, hélas, vient le second film, se déroulant durant les vingt années suivantes. L'histoire est improbable, assez artificielle. Mais aurait-elle été excellente que, de toute façon, les acteurs auraient suffi à tout flanquer par terre. Victor Francen, qui incarne le héros, est mauvais comme un cochon (je me suis surpris plusieurs fois à imaginer ce qu'un Gabin, par exemple, aurait pu faire à sa place). Quant aux principales actrices du film, elles sont encore pire, au point de déclencher, au bout d'un moment, une sorte d'hilarité nerveuse dès qu'elles se mettent à jouer “dramatique” ou “émouvant”... c'est-à-dire pratiquement dès qu'elles ouvrent la bouche.

Enfin arrivé le troisième film, mi-fantastique, mi-SF. C'est la célèbre séquence où, devant l'imminence d'une nouvelle réjouissance franco-allemande (et plus, si entente cordiale), Victor Francen, alias Jean Diaz, débarque à l'ossuaire de Verdun et fait se lever tous les morts de leurs tombes : c'est Walking Dead version Poilus.

Évidemment, on ne saurait reprocher au Gance de 1938 l'approximation de ses effets spéciaux, qui ne sont qu'une surimpression d'images. Il y a même des passages assez forts, lorsqu'il filme de véritables “Gueules cassées”, des anciens combattants défigurés embauchés par lui comme... figurants. Tout cela avec, en fond sonore, les imprécations de Victor Francen, dont on ne parvient pas à savoir s'il tente de jouer un Jean Diaz fou à lier ou plutôt possédé par un genre de démon pacifiste et nécrophile.

J'ai l'air négatif, comme ça, à première lecture. Ironique et négatif. Néanmoins, je persiste à penser que J'accuse est un film qu'il faut avoir vu au moins une fois.

Va comprendre, Charles, va comprendre...

5 commentaires:

  1. Ce n'est pas assez narratif. Ou avez vous pécho ce film ? Amazone ? NetFixe ? Je me le ferai bien.

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  2. Va être temps que Catherine revienne et se mette au choix des fictions à voir...

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    1. Pour les repas aussi…

      Je vais la rechercher demain matin à Roissy.

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  3. Dans tout Abel, il y a un Caën qui a l’oeil disait le vert Adam à l’acre Ève.

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.