Ceux qui ont lu le billet d'hier se souviennent qu'à partir de 1987, lançant un adieu plein d'allégresse à mes cauchemardesques réveillons de naguère, je décidais de me réfugier, chaque 31 décembre, dans la maison de Sologne où vivaient alors mes parents ; ce qui implique que je m'y trouvais encore le premier janvier. Ce jour-là, aux environs de midi, mon père annonçait qu'était venu le moment de l'apéritif. Ma mère et moi confortablement installés au salon, il allumait la télévision, pour le concert viennois du Nouvel An : c'était la tradition pour eux, ce l'est devenu pour moi à compter de cette année-là, où la philharmonie de Vienne était dirigée par Karajan. Depuis, chaque année ou presque, il m'a été donné de porter la même croix.
Tout se déroule toujours merveilleusement durant la presque totalité du concert, surtout si l'apéritif est richement servi. Le ciel commence de s'assombrir quand retentissent les premières notes du Beau Danube bleu de M. Johann Strauss le fils ; mais ce ne sont encore que de gros nuages, menaçants, certes, mais continents.
L'orage éclate lorsque entre en scène, pour la parade finale, M. Johann Strauss le père avec sa terrifiante Marche de Radetsky. J'ai beau m'efforcer de penser à autre chose : au verre que je vais reprendre, au déjeuner qui mijote, au livre homonyme de Joseph Roth, rien n'y fait ; j'envisage d'opter pour la fuite, mais ne le puis : un sortilège puissant me cloue au fauteuil, mon pied gauche commence à marquer la mesure ; et le rythme diabolique m'entre dans la cervelle comme opinel en motte de beurre : padada padada padada dada… (Ou, en version plus “terroir” : tagada tagada tagada tsoin tsoin…)
C'est fichu, même un exorcisme pratiqué selon le plus rigoureux rite romain n'y pourrait rien : je sais que, durant trois jours au moins, je vais fredonner cette fucking marche du matin au soir ; d'ailleurs j'ai déjà commencé.
Plaignez-moi, infortunés frères de l'année qui s'ouvre ! Ou, au contraire, maudissez-moi pour ceci :
Je me suis pris à frapper dans mes mais de concert avec les auditeurs de ce palais viennois lors de cette Marche de Radetsky au grand dam du chat qui ne comprenait plus rien et qui ne se souvenait pas que l'année précédente je l'avais déjà réveillé sur le même air (mémère)
RépondreSupprimerLes chats ni les chiens ne comprennent jamais rien à nos humeurs festives, que voulez-vous.
SupprimerJoseph Radetzky était un réactionnaire pur sucre alors un peu de respect. Cette marche est même le seul morceau de musique célèbre dédié à un réac.
RépondreSupprimerhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Joseph_Radetzky
Cela dit, excellent billet et bonne année !
Cela dit, ce bon Joseph ne peut guère être tenu pour responsable de sa marche…
SupprimerJe ne sais pourquoi mais cette marché me fait toujours le même effet, celui de taper dans les mains, merci pour ce moment.
RépondreSupprimerC'est fait pour ça !
SupprimerJ'adore la Marche de Radetsky, évidemment (tagada tagada tagada tsoin tsoin…) et plus encore le Beau Danube bleu ! C'était bien, cette année ?
RépondreSupprimerMoi aussi, j'adore. Il me semble que Zubin Mehta a été parfait (et il est d'une jeunesse étonnante pour ses 78 ans : il faut Wikipédia pour le croire). Ce qui est toujours aussi navrant, ce sont les "chorégraphies" modernes (« des petits pédés en costumes noir et blanc », dixit Catherine…) qui, depuis quelques années remplacent les couples vêtus en Swann et en duchesse de Guermantes qui valsaient merveilleusement.
SupprimerJe ne savais pas le nom de cette mélodie, en revanche je reconnais le tagada tagada tagada tsointsoin.
SupprimerJe te vous ai mis le billet sur Facebook, tiens, ça vous apprendra à taper dans vos mains !
RépondreSupprimerEh ! oh ! je n'ai pas tapé dans mes mains, moi ! j'ai juste battu la mesure avec le pied gauche…
Supprimerl'an prochain, faites comme moi, cherchez le cochon !
RépondreSupprimerc'est l'an dernier que j'avais fait cette découverte folklorique : les fleuristes déposent des petits cochons de massepain (il parait que c'est le porte bonheur du nouvel an en Autriche) dans les décorations florales
cette année c'est à 12:55/40:38 de la video sur culturebox.francetvinfo.fr (on est pas obligé de mettre le son)
attention faut ouvrir l’œil, le petit cochon rose est dans une rose rouge !
Eh bien, j'ai au moins appris quelque chose aujourd'hui !
SupprimerLa traversée du Plessy au son du " tagada tagada tagada tsoin tsoin" rien de tel pour un bon apéro
RépondreSupprimerMeilleurs voeux
Pareillement en retour.
SupprimerEt la fête se prolonge (ou se devance) avec la pub télévisuelle de "Maison du Monde".
RépondreSupprimerBonne année !
Qu'est-ce que c'est que ça encore ?
SupprimerVous n'avez pas vu la pub pour la chaîne Maison du Monde ? Elle utilise en illustration sonore cette marche.
SupprimerAllez faire un tour en montagne. Vous serez ras des skis et parfait pour un glissando.... Ce qui vous soulagera.
RépondreSupprimerLe jour où me verrez à la montagne et sur des skis, vous serez devenu un hétérosexuel militant.
SupprimerCes applaudissements synchronisés d'une foule quasi uniforme me font penser à la fin d'un discours du camarade Gromychose du soviet suprême. Quant à la bande son, faut-il qualifier ce bruitage de musique ?
RépondreSupprimerCe qui est bien, avec vous, c'est qu'on n'est jamais ni déçu ni surpris.
SupprimerLe degôche n'a aucun gout, ni esthétique, ni musical ni, bien sur, politique; c'est bien connu...
SupprimerC'est bien connu.
SupprimerDixit le commentateur de la télé : 1000€ la place ( pour les plus chères) pour ce concert . Ça fait combien par "claqué" de main ?
RépondreSupprimerPas très cher, finalement. Et je suis surpris que ce ne soit pas plus.
SupprimerDepuis le temps, je me disais bien que nous devions avoir quelque chose en commun ! C'est le concert du Nouvel an de Vienne - y compris Le beau Danube bleu et même La marche de Radetzky - que je regarde chaque année sans doute depuis les débuts de l'Eurovision. A mon fils qui me disait que l'exercice était tout de même un peu convenu, il a fallu que j'explique ce qu'était une tradition.
RépondreSupprimerEn fait, quand je parle de 1987, j'aurais dû évoquer une "reprise" de tradition. Car, ce concert, je crois bien me souvenir que mes parents l'écoutaient déjà, en Allemagne, sur notre premier poste Grundig (ou Blaupunkt ?) en noir et blanc.
SupprimerD'après le site internet www.vienna-concert.com , les retransmissions télévisées ont lieu depuis 1959.
RépondreSupprimerLes places à vendre sont tirées au sort. 1er prix pour une place dite "en pied" : 30€.
Pour la première fois depuis des décades j ' ai raté le concert du nouvel an : ( Shame on me , pour
RépondreSupprimerfrangliser une peu ... mais ça me fait d ' ordinaire le même effet qu ' à vous , M . Goux !
Pour finir , je vous souhaite , ainsi qu' à votre régulière , une excellente année , sans trop de soucis
de santé , mille sabords !
Jérôme
Vite fait, avant mon départ pour Londres. Bonne année à toi et, bien sûr, à Catherine, malgré l'horreur dans lequel tu tiens tous ces salamalecs festifs. Moi aussi d'ailleurs.
RépondreSupprimerJe pense que dans ma vie antérieure, je n’ai jamais manqué un concert de Vienne et quand je ne pouvais être devant la télé, je l’enregistrais à la radio. Je me souviens très bien du vieux Karajan (dont ce fut, il me semble, la dernière apparition en public) présentant ses voeux, chancelant, accroché à un bastingage de fortune. Magnifique souvenir aussi du Beau Danube dirigé par Harnoncourt, mais surtout, de la Polka des Forges hurlée par les Petits Chanteurs de Vienne (je crois qu’ils étaient dirigé par Maazel).
RépondreSupprimerCela étant, tous mes voeux Didier pour ce nouvel an, pour vous, pour Catherine et à tous les vôtres itou.
La photo qui illustre le billet est celle de Karajan ce jour-là (1er janvier 1987).
SupprimerBonne année à vous et aux vôtres.
Cru reconnaître, parmi les musiciens, sur la photo qui illustre ce billet, les bobines de Hollande, Fabius, Juppé, Montebourg...
RépondreSupprimerSerait temps que je dise à l'âme du vin qui chante dans les bouteilles qu'elle me lâche un peu la grappe.
(quant aux voeux, vu qu'il vous sera difficile de faire un meilleur score qu'en 2014, je préfère encore fermer ma gueule).
Je viens de repérer Hollande, mais n'ai pas le courage de chercher les autres…
SupprimerOh putain (oups), j'viens de voir Mélenchon aussi... Vite, un sprite, un chouepsse, une limonade!
RépondreSupprimerJe crois me souvenir qu'il y avait une époque où le concert de Vienne ( mais je confonds peut-être avec un autre ?) , c'était encore pire : lorsque Pavaroti , Domingo, et un Espagnol dont j'ai oublié le nom poussaient la chansonnette...
RépondreSupprimerVotre blog est épatant, Goux ! Grâce à vous et vos photos, j'apprends et constate que François Hollande était violoncelliste avant de faire la carrière que l'on sait !
RépondreSupprimerQuel type, ce Goux !
Anton (ci-dessus) a également reconnu Fabius, Juppé et Montebourg ; j'avoue ne pas les avoir cherchés…
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