Ce matin, Dorham fait un billet dans lequel il évoque Richard Anthony. Il se moque gentiment de lui parce qu'il était gros : ce n'est pas très gentil. Gros, il l'était en effet – et doit l'être encore, même si plus pour très longtemps –, mais ce n'est pas là-dessus que Dorham se trompe. Il commet l'erreur de la plupart des gens pour qui un personnage public n'existe que s'il passe à la télévision au moins une fois par semaine : les autres, comme notre Richard, seraient donc des has been. Il faudrait savoir ce qu'on entend par là exactement ; mais enfin, si je me cantonne à une traduction littérale, l'expression semble désigner des gens qui ont été ; dans le cas présent, accoler l'étiquette à M. Anthony signifierait qu'il a été chanteur, dans un passé relativement lointain et indifférencié (avant la naissance de M. Dorham, en gros).
Rien n'est plus faux. Comme un certain nombre d'autres disparus-des-écrans, Richard Anthony n'a jamais cessé d'être chanteur, de vendre des disques, de donner une centaine de récitals par an, devant des salles pleines et enthousiastes, etc. Seulement, on ne parlait plus de lui dans les journaux et revues nationaux, il ne passait en effet plus à la télévision et, au lieu de se produire au Palais des Sports de Lyon, il était plutôt à l'affiche de la salle des fêtes de Vouziers (Ardennes). Les gens du cru se voyaient annoncer l'événement par cinquante lignes et une petite photo dans leur quotidien local, ils découvraient quelques affiches désuètes sur leurs murs, et c'était tout. Il n'empêche que, le soir du spectacle, la salle était systématiquement pleine (si elle ne l'était pas, c'est qu'il y avait un match de football au stade d'à côté). Il en est longtemps allé de même pour des has been tels que Dave, C Jérôme, et d'autres, qui ont toujours vécu fort confortablement de leur petite industrie mélodique, alors même qu'on les croyait, que Dorham aurait pu les croire, en maison de retraite, voire au cimetière.
Il y a longtemps que vous n'avez vu Adamo à la télévision ? Oui, hein ? Pour autant, je me contenterais très volontiers du dixième de ce peut lui rapporter le métier qu'il continue d'exercer.
Les has been se portent bien, ne soyez pas inquiets pour eux. À part Richard Anthony, tout de même.
Et le plus drôle, si je puis dire, c'est que même après leur mort, certains "has been" continuent à vendre des disques. Je jurerais que Richard Anthony en fera partie.
RépondreSupprimerSouvent, la mort relance, même, si je puis dire.
SupprimerCe soir, au village, c'est Gilbert Bécaud qui sera là. Et la salle sera pleine.
RépondreSupprimerAvec Dranem en lever de torchon ?
SupprimerC'est drôle d'enlever les commentaires sur un blog, ça fait un peu récital de campagne, le type arrive avec son papier devant la salle qui l'attend car elle le connait, il le sort, le lit, et puis s'en va sans un bruit.
RépondreSupprimerEt ça te critique les vrais artistes qui en chient pour gagner leur vie...
J'ai eu la même impression en lisant ce billet de Dorham : entonner pour la cent millième fois "J'entends siffler le train" dans la salle des fêtes de Vouziers, un dimanche de décembre (juste le jour où la clim est en panne), c'est beaucoup plus héroïque que de ricaner tranquillement sur son blog sur "les ravages de la nostalgie"...
SupprimerJe crois qu'il ricanait assez gentiment, et même avec un arrière-goût de nostalgie.
SupprimerQuelle connaissance du sujet ! Vous devriez faire journaliste dans la presse people
RépondreSupprimerJ'y songe, dans une prochaine vie.
SupprimerNombreux sont en effet les artistes autrefois fameux qui, loin d'avoir cessé leur métier, tracent leur route loin des projecteurs. Et si ça se trouve, ils adorent se produire dans des petites salles de province bondées.
RépondreSupprimerEt comme dirait Chantal Goya (ou quelqu'un d'autre...), "Mieux vaut être has been que never has been".
Jean-Christophe Averty : Mieux vaut être un has been qu'un has never been.
SupprimerMerci pour cette précision.
SupprimerLe meilleur exemple de ces has-been, c'est encore Frédéric François. Jamais de promo en radio ou à la TV, et toujours des salles pleines. En plus, son public est composé à 95% de femmes, le rêve pour les abonnés de Meetic.
RépondreSupprimerUn bon petit film sans prétention sur ce thème
Bon, je ne suis peut-être pas très objectif, j'adore Delpech, moins que AC/DC tout de même.
Excellent exemple, que ce François-là : j'aurais dû le citer.
SupprimerMon commentaire ne vise pas ce bon Dorham que je sais plutôt bienveillant, mais pour beaucoup, les chanteurs qui ne font pas le buzz et qui enb outre ont le front de chanter en français, sont des has been. Pire, alors que l'électronique est là pour nous faire oublier que la musique c'est avant tout affaire d'instruments et de musiciens, et que les paroles n'ont plus la moindre importance, ces chanteurs continuent malgré tout d'attirer des foules, désespérément leucodermes qui plus est. Et il n'est pas rare de trouver un articulet assassin dans les Inrocks, ou autre feuille de chou du genre, raillant la meute de franchouillards qui se pressent pour achter leur billet de la tournée "âge tendre et tête de bois". C'est vrai quoi, à quoi bon se vautrer dans la nostalgie d'une France passée, fantasmée la plupart du temps, l'âge du journaliste attestant de sa parfaite méconnaissance de l'époque, mais ce n'est pas grave.
RépondreSupprimerFort heureusement, mes enfants s'ils ne boudent pas certains artistes actuels, aiment aussi écouter Radio Nostalgie, fredonner de vieilles chansons de Françoise Hardy, de Dutronc, Laforêt, mon aînée (24 ans) étant la plus perverse puisqu'elle ne déteste pas Fréhel, Piaf et quelques autres goualeuses de la grande époque.
Moi, à l'âge de votre fille, et même bien plus jeune, je me shootais à Piaf et à Bruant, alors…
SupprimerJ'ai écrit un commentaire qui a été supprimé. Pourquoi?
SupprimerMireille.
Je l'ignore : je n'en trouve de trace nulle part…
SupprimerCertes, mais lorsque vous aviez l'âge de ma fille, le rap, l'électro et autres saloperies décérébrantes n'existaient pas encore et la musique était jouée par des musiciens.
SupprimerRichard Anthony est une assez mauvaise illustration de la chanson française, puisque tous ses grands succès ( dont le fameux train qui siffle) sont des adaptations de chansons américaines
Supprimer.
L'inverse est assez rare, mais existe : le fameux "My way", de Paul Anka, puis de Franck Sinatra, est la version américaine de la chanson de Claude François "Comme d'habitude".
Mais c'est ça, la grandeur de la France, mon cher : on prend un rastaquouère égypto-syrio-irako-judéo-anglais, on lui fait chanter des airs américains hâtivement traduits, et hop ! tout ça fait un excellent chanteur français !
SupprimerJe suis frappé par le grand nombre de chanteurs français à succès venus d' Egypte : Richard Anthony, Dalida, Claude François, Georges Moustaki...Mais cela va cesser, c'était du temps où l' Egypte était sous influence culturelle française .
SupprimerD'un autre côté, comme la France est en train de passer sous influence arabe, les chanteurs venus d'Égypte pourraient bénéficier d'une seconde chance.
SupprimerMarrant votre billet. Aujourd'hui, j ai acheté un CD, ce qui est assez rare, un double CD à 4,99 euros et dedans, y a que des "has been has been", que des DCD quoi, ou presque: Ferré, Bécaud, Piaf, Trenet, Montand, Aznavour, Bourvil, Boby Lapointe, barbara, Cora Vaucaire, dalida, etc... une compil de has been enchanteresse
RépondreSupprimerLe mélange a l'air curieux, comme ça,à première vue. Il ne dois pas y avoir que de la pomme.
SupprimerHormis Boby Lapointe, tout le reste de la liste à tendance à me faire saigner les oreilles...
SupprimerQuant à moi, je ne puis supporter plus de quinze ou vingt secondes de Bobby Lapointe sans me mettre à hurler et à cogner sur tout ce qui bouge. Comme quoi…
SupprimerAvec ma tendrevepoyse,nous sommes.allés à l'Olympia écouter Hugues Aufray, salle comble , par contée qu'est devenu Daniel Gérard, le Bob Dylan français.
RépondreSupprimerJe crois que ce vieux Danyel (avec un y…) participe aux grandes tournées collectives, du genre Âge tendre et tête de bois. Et puis,bon : il doit approcher des 80 piges, votre Bob Dylan français ; il a le droit de se reposer un peu…
SupprimerEn effet, ce billet ricanait un peu mais de manière bienveillante. Et ce que vous dites dans votre billet est vrai. A ceci près qu'il ne me semble pas l'avoir nié dans mon billet. C'est davantage du cirque médiatique dont je me moquais. C'est sans doute pour cela que j'évoque davantage la pauvre Danièle Gilbert que Richard Anthony. Et ce billet était aussi, en effet, paradoxalement nostalgique. J'y évoque les samedi soirs devant la télé, lorsque j'étais gosse, en compagnie de mes parents. Je détestais ces émissions de variétés, mon père également mais je revois ces soirées avec bien plus de tendresse maintenant. Nous étions un peu grotesques, comme toutes ces autres familles, massées devant leur télévision. Un peu grotesques et un peu mesquins et cruels. Il me semblait que le billet était assez clair sur ce point.
RépondreSupprimerJe réponds aussi vite fait à deux de vos commentateurs. Certes, il n'est pas possible de laisser un commentaire sur mon blog. C'est un choix. Je lis pas mal de blogs mais je n'en commente plus aucun. Les réseaux sociaux ne m'intéressent plus vraiment en tant que tels et les rapports qu'ils génèrent non plus, à quelques exceptions près. Personne n'est obligé de venir me lire ; je ne fais d'ailleurs rien pour.
Je crois que j'avais assez bien "reçu" votre billet. Mais il m'a fourni un point de départ et, ensuite, j'ai sans doute un peu dérivé de ce que vous disiez (pas certain que cette phrase soit bien française,mais enfin…).
SupprimerNe faites pas le modeste, Dorham. Vos billets sont très bien, mais on aimerait y répondre, de temps en temps. Comme pour le dernier par exemple, qui à mon avis n'a pas encore tout à fait compris qu'une bonne opération militaire peut tout à fait être chrétienne. Mais on a l'impression que l'idée fait son chemin. Attention à ce christianisme désincarné, mystique, martyrophile et qui nous entraîne au fond du gouffre, genre "il faut accueillir tous les clandestins du monde" !
SupprimerEt je demande pardon à Didier Goux que je squatte sans délicatesse pour vous atteindre. Ouvrez donc les commentaires !
Non, non, pas de problème, allez-y.
SupprimerD'ailleurs, je devrais faire ça, tiens : à chaque fois que Dorham ferait un nouveau billet, j'en ferais un ici, qui s'appellerait "Commentaires pour Dorham", où tous ses lecteurs viendraient s'exprimer. Et il ne pourrait même pas s'empêcher de venir les lire, voire d'y répondre…
En relation directe avec le billet de Dorham, celui de Richard Millet.
SupprimerOui, je constate avec joie que Richard Millet est entièrement d'accord avec moi. Je le soupçonne d'ailleurs d'épier mes interventions et de s'en inspirer.
SupprimerOn a déjoué un attentat, mais au passage une femme y a a laissé la vie. On en parle à peine, c'est une sorte de victime collatérale, presque une bavure ; elle était au mauvais endroit au mauvais moment, quel triste destin !
SupprimerQuant au "suspect", ses voisins sont unanimes : c'était un étudiant discret et sans histoires, un type sympa, serviable, pas du tout un fanatique. On ne comprend pas, il a dû péter un plomb, c'est pas possible autrement ! "Tournez, tournez rotatives / pour les âmes sensitives..."
Ah, j'oubliais : "pour Aurélie, une marche blanche est prévue dimanche à 11h45"...
SupprimerOh, ma pique n'était pas bien méchante, j'essayais juste de traduire l'effet que cela m'a fait de voir que les commentaires étaient fermés.
SupprimerA propos des réseaux sociaux, quels types de rapports génèrent ils ? Et ce commentaire peut on le classer dans les rapports sociaux générés pas les réseaux sociaux ?
La question est sérieuse.