Et surtout, il y a cette douceur, certains soirs, de paraître maîtriser le temps ; mieux : de le stopper ; un très court instant, en ce moment même. Catherine, récupérée souffrante et manchote, est allée se coucher, après deux larmes de whisky que le très-excellent Dr Pluton l'a encouragée à prendre. Comme elle ne peut, pour quelques jours, que dormir assise, je lui ai arrangé des montagnes d'oreillers, et ce fut une répétition de l"époque assez proche où nous serons très vieux, si nous y parvenons ensemble. Le soleil s'attarde, l'obliquité de ses rayons incite évidemment à penser à la fin de toute chose, mais les derniers chants d'oiseaux semblent aller à l'encontre de cette vision naturellement pessimiste de notre vie humaine. Il est possible, pendant que j'écoute L'Offrande musicale, que Catherine grimace de douleur en tentant justement d'amoindrir celle qu'elle ressent par un mouvement millimétrique : je n'en sais rien, je suis ailleurs, loin, à deux pièces d'elle, avec cette puérile impression de veiller. Le vent léger vient de s'éteindre, tout se tait sauf Bach et le cliquetis de mes doigts sur ce clavier qui n'est pas le mien. Une sorte de paix s'étend sur le monde. Mais des bruits de moteurs, doucereux, me parviennent.
Courage à ta grosse. Je n'ose l'interroger par SMS pour savoir ce qui lui arrive.
RépondreSupprimerOpération, avant-hier, de l'épaule droite, comme elle avait subi celle de la gauche fin 2014 : pas grave mais très invalidant. Cela dit, ce matin, la douleur a presque miraculeusement reflué et le moral, chez la manchote, est au beau fixe, comme le ciel.
SupprimerMerci gros toi-même ! tu peux, les sms je réponds quand je suis réveillée. pratique
SupprimerEh bien voilà : enfin une séquence poétique réussie, un petit moment d'éternité saisi. On y est.
RépondreSupprimerLa photo aide, aussi.
Le pastis a aidé également.
SupprimerUn jour dans la rue, je vis venant vers moi, un homme poussant une femme dans un fauteuil roulant. Et le voilà qui s'arrête, s'avance vers elle, se penche et lui donne un baiser. Et elle me voyant, et voyant que j'avais vu, en parut toute gênée. Arrivée à sa hauteur, je lui dis : "Vous avez bien de la chance, madame !" Et l'homme s'étonnant : " Ah ! Vous trouvez quelle a de la chance ?" "Oui, monsieur", lui dis-je .
RépondreSupprimerLe fauteuil roulant est notre avenir à tous, plus ou moins assuré.
SupprimerJe me récite depuis quelques jours, ces deux vers, que j'ai eu du mal à apprendre pour ces messieurs de l'Hôpital neurologique, histoire de les éblouir avec mon à-propos :
Supprimer"Que serez vous demain, Eves octogénaires,
Sur qui pèse la griffe effroyable de Dieu ?"
Quelle horreur ! Je me suis encore trompée ! Voici donc les vers tels que Baudelaire les a écrits :
Supprimer"Où serez-vous demain, Eves octogénaires,
Sur qui pèse la griffe effroyable de Dieu ?"
Promptes rétablissements à Dame Catherine et comme disait Jacques Brel dans une de ses chansons:" Mourir la belle affaire, oh mais vieillir, vieillir!"
RépondreSupprimerD'un autre côté, je me demande tout de même si je ne préfère pas vieillir…
Supprimermerci
SupprimerMes meilleurs vœux de bon rétablissement vont à Madame Goux. Le beau soleil qu'on nous annonce pourra sans doute amoindrir un peu la peine : souffrir pour souffrir, autant le faire dans les meilleures conditions possibles !
RépondreSupprimerSans parler de la misère qui serait moins pénible au soleil !
SupprimerMerci et oui, vue sur le jardin ensoleillé c est bien agréable.
SupprimerJ'ai eu un peu peur en lisant que Catherine ne pouvait dormir qu'assise ( pensant à des trucs de cardio, type œdème du poumon), mais puisqu'il ne s'agit que de douleurs "mécaniques", ça passera forcément tôt ou tard.
RépondreSupprimerComme dans la chanson de Johnny ? (Que j'œdème, que j'œdème…)
SupprimerMonsieur Arié, c'est ce que dis aussi, juste de la mécanique. Pas grave même si douloureux.
SupprimerLa pharmacopée actuelle est sans limite, naturelle comme il se doit, de l'eau, du malt, de l'orge, du sulfate de morphine, le tout assaisonné de quelques molécules annexes...
RépondreSupprimerBon rétablissement!
Du houblon pour l'amertume ?
SupprimerMoi, comme je souffre moins qu'elle, je laisse de côté le sulfate pour me concentrer sur le malt.
SupprimerEt beaucoup d'attentions de mon cher époux. Pluton je t'ai fait un sms ce matin que tu ne sembles pas avoir vu.
SupprimerAh si seulement j'avais déjà trouvé la pyramide/coussin de lecture que je cherche pour vous, cela vous permettrait - peut-être - de lire un peu (si la douleur vous le permet)! Tous mes vœux de meilleure santé. Estelle+
RépondreSupprimerEstelle, c'est très gentil. Impossible de lire pour l'instant, les calmants me font dormir.
SupprimerEssayez les billets de M. Goux, ils ne sont absolument pas soporifiques !
SupprimerBon rétablissement.
Droopyx
Le col club vous raidit un peu. Vous devriez essayer le col Mao.
RépondreSupprimerC'est le moment de l'épauler...
RépondreSupprimerJ'épaule comme une bête ! Et j'en ai pour six semaines…
SupprimerTrès beau texte même si je déplore les circonstances qui l'ont inspiré. Prompt rétablissement à Catherine
RépondreSupprimerMais que c'est doux de lire ces lignes si bien posées.
RépondreSupprimerPleins de pensées positives à Catherine qui doit en avoir ras la casquette.
Hélène dici
Salutations et encouragements de Damien et moi-même, nous avons pensé à vous aujourd'hui en passant pas très loin de chez vous pour un tour en Normandie (plus exactement là où a été tourné Un singe en hiver).
RépondreSupprimerVous auriez pu vous arrêter pour prendre une tasse de café !
SupprimerNous n'avons pas osé...
SupprimerBen voyons ! Comme si j'allais vous accueillir à coups de tromblon !
Supprimer(Cela dit, Catherine passant son temps à somnoler, vous n'avez pas perdu grand-chose…)
Oui, c'est plus Catherine que je cherchais à épargner, avec ma horde...
SupprimerAh, en effet, j'avais oublié la horde ! Catherine s'en serait très bien remise, mais vous nous auriez traumatisé les deux chats pour au moins une semaine…
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