Décidément, on ne peut jamais être
tranquille chez soi, et les paparazzis ne reculent devant rien, allant
même jusqu'à louer un hélicoptère pour venir traquer le futur écrivain
en bâtiment jusque dans la modeste demeure parentale, et néanmoins
solognote, où, chaque week-end, il vient se remettre des excès de sa
semaine parisienne et essentiellement nocturne !
Cette
maison, Christiane et Daniel l'ont fait construire en 1975. Ils y ont
vécu jusqu'à leur départ pour – ou plutôt leur retour vers, au moins en
ce qui concerne ma mère – les Ardennes, en 1993, mais je ne suis plus
absolument certain de la date. Je n'y ai vécu qu'un peu plus d'un an,
puisque, en octobre 1976, je suis parti en exil à Paris, comme le grand
garçon que j'étais loin d'être.
Mais, jusqu'en 1990,
date de mes retrouvailles avec l'Irremplaçable, j'y suis revenu
quasiment tous les week-ends, sauf lorsque je pouvais jouir de quelque
bonne fortune féminine – quasiment tous les week-ends, donc.
Ma
chambre est à l'étage, au-dessus de la porte-fenêtre du salon. En plus
du "chien assis", il y a une autre fenêtre, donnant sur l'allée
descendant vers le garage, à l'extrême gauche, et sur les sapins et la
mousse du terrain voisin, toujours resté en friches, par bonheur. J'y
suis peut-être, en ce moment même, allongé sur mon lit d'adolescent (une
place, donc), en train de "lire à poings fermés", comme dit mon père
pour se foutre de ma gueule, lorsque je remonte avec un livre, juste
après le déjeuner dominical.
Puisqu'on ne l'aperçoit
pas dans le jardin, lui doit être dans l'atelier du sous-sol, avec le
chien. Quant à ma mère, elle range, lave, essuie, repasse, astique,
récure - puis recommence. En fait, en regardant mieux la photo, il y a
cet écran de fumée bleue, à droite, qui semblerait indiquer que mon père
est occupé à brûler des branches. Oui, il doit être là, caché par les
arbres dont ma mère a obtenu qu'il ne les abatte pas impitoyablement :
en ces temps de sa jeunesse, Daniel était un vrai Attila pour les
sapins, et la Sologne manquait cruellement de Champs catalauniques.
Ai-je
le regret de cette maison ? Non, il me semble. La nostalgie de l'âge
que j'avais lorsque j'y arrivais, le vendredi soir ou le samedi midi,
mon sac de linge sale à la main, et que la voiture rouge m'attendant
devant la gare de La Ferté-Saint-Aubin m'était, chaque fois, un tableau
de grand apaisement ? Pas davantage.
La jeunesse
terminée de mes parents, restée coincée dans ce décor, m'est sans doute
déjà plus douloureuse, tout au moins sensible. Ils ont vécu ici de 43 à
60 ans, soit la période de l'existence que je traverse moi-même
actuellement - campé d'ailleurs à l'exact milieu du gué, dont les
brusques trous d'eau restent à craindre.
Je suis
repassé une fois devant cette maison, depuis, à l'occasion d'une filée
vers le sud. Je m'y suis même arrêté, deux ou trois minutes, accoudé au
portail de bois, afin de l'interroger du regard et des narines.
Elle ne m'a rien dit.
Alors parlez-nous de la maison qui vous parle...j'ai l'impression de lire quelque chose que je connais moi-même...
RépondreSupprimerUne fidèle lectrice
Il ne s'agit pas d'un chien assis mais d'une lucarne ! Ceci vous serve de leçon. Correcteur systématique de mes moindres (quoique nombreuses) erreurs ! En toute amitié, cependant...
RépondreSupprimerTrouvé ceci : « Dans des combles habitables, il est vital de faire entrer de la lumière. Deux types d'ouverture sont possibles : les fenêtres de toit et les lucarnes, qu'on appelle également chien assis. » Sur ce site.
SupprimerAlors, hein, camembert, le Bas-Normand !
On s'en fout un peu du parallélépipède rectangle de votre enfance: à nous non plus il ne dit rien.
RépondreSupprimerCe n'était pas la maison de votre enfance. Les maisons que les parents habitent après qu'on soit parti, ou presque après pour vous, sont un peu comme leurs chats ou chiens suivant ceux qu'on a vus vivre et mourir de vieillesse dans la maison où l'on a passé ses jeunes années, ce n'est pas du tout la même chose.
RépondreSupprimerMais c'est que vous me feriez presque pleurer, espèce de sale con !
RépondreSupprimer"parmi tous les souvenirs ceux de l'enfance sont les pires…"
RépondreSupprimerCette maison ayant été construite, et donc habitée, en 1975, mon enfance n'a rien à voir là-dedans…
RépondreSupprimerCe commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
RépondreSupprimerVous voyez, c'est tout simple…
SupprimerJe n'y avais jamais pensé.
RépondreSupprimerEt ta mobylette, Didier?
RépondreSupprimerBonjour M. Goux, étant un fidèle lecteur de vos billets, depuis seulement quelques mois (je l'avoue ! Honte à moi !!!), j'ai pu constaté votre attachement aux belles lettres et je profite de l'occasion pour vous féliciter quant au contenu de votre miroir virtuel. C'est pour cette raison que je me permets de vous faire deux récriminations qui ne sont pas inopportunes à mon avis. La première concerne un accord oublié, pauvre pupille, (première phrase du second paragraphe) : "...l'ont faite construire...", me semble-t-il. La seconde consiste à vous faire part des lumières d'un ami Charpentier qui m'a aidé à construire mon nid douillet (Suzanne, je vous ai à l'oeil !) : "lucarne" est un terme général pour toute ouverture dans un toit et "chien assis" est une lucarne particulière avec un faitage descendant. Jacques Étienne a donc malheureusement raison cher hôte...
RépondreSupprimerJe vous donne quitus pour le chien assis, n'étant pas moi-même charpentier (sans majuscule initiale sauf si c'est son nom de famille…). Mais pour votre première remarque, c'est vous qui vous plantez : il faut bel et bien écrire "fait construire", en fonction de la règle – assez tordue il est vrai – qui régit l'accord des participes avec les verbes pronominaux. En gros, pour qu'il y ait accord, il faut que la personne (ou la chose) qui est désignée par le participe soit également le sujet du verbe à l'infinitif. Or, dans ce cas, ce n'est pas la maison qui a construit, nous sommes bien d'accord ?
SupprimerUn petit exemple amusant :
Si j'écris : "la femme que j'ai laissé peindre", cela signifie que j'ai autorisé quelqu'un à faire son portrait. Mais si j'écris : "la femme que j'ai laissée peindre", alors cela veut dire que je l'ai autorisée, elle, à se mettre à la peinture. Vous saisissez le truc ?
Petite précision, le "chien assis" est la lucarne retroussée ou demoiselle. Voici une image intéressante : http://www2.culture.gouv.fr/culture/sites-sdaps/sdap80/image/conseil/maison_individuelle/lucarne.jpg
RépondreSupprimerA mon tour, avec un peu de retard (boulot oblige...), de vous donner quitus pour cette règle que je ne connaissais pas (celle concernant les verbes pronominaux comme "se faire construire" ne m'était pas inconnue, par contre celle pour "faire construire" qui est de nature transitive...je l'ignorais), m'accrochant à la position du COD par rapport à l’auxiliaire avoir (accord régulièrement omis dans les médias ou le monde politique...qui ne sont pas une référence à la hauteur d'un Wagner et Pinchon, il est vrai !).
RépondreSupprimerMerci pour l'information. Je boirais un petit jaune à votre santé ce soir !
Il est toujours bon de réviser, ce que j'ai fait d'ailleurs dernièrement concernant les accords des adjectifs de couleurs !
Bien à vous.