Je suis, nul n'en ignore, l'inventeur de la formule : Écrivain en bâtiment. Néanmoins, je n'ai jamais pris la peine de définir ce que j'entendais par là. Et c'est normal : un écrivain en bâtiment ne se définit pas, il pond ; comme un gallinacé femelle.
Pourtant, si l'on prend la peine d'y réfléchir, la catégorie des écrivains en bâtiment possède, tout comme la Légion d'honneur, ses chevaliers de la dernière heure, ses officiers glorieux, ses commandeurs retentissants, et même ses Grand-Croix inaccessibles : nous sommes d'un ordre mineur mais assez rigide.
Notre saint patron, s'il nous en faut un, est évidemment Alexandre Dumas. Il est celui qui fonde l'ordre. Partant de là, nous nous séparons en deux écoles, comme de vulgaires marxistes : il y a les Mousquetaires et les Monte-Cristo – je fais pour ma part, et depuis un demi-siècle, obédience à la seconde école.
Puis viennent les commandeurs. Jean Lartéguy en est un, par exemple. Incapable d'être écrivain-tout-court, mais qui vous repose de Joyce ou de Claude Simon ou de Mme Sarraute – et c'est déjà bien. Michel Tournier, si on est un professeur de gauche, est très bien aussi : les épais romans de sa jeunesse vous font sentir intelligents.
Ensuite, on tombe chez les officiers de l'ordre. J'y mettrais Gérard de Villiers. Difficile de faire mieux que lui, dans son coin de bâtiment : je vous défie de faire un premier chapitre de SAS meilleur que les siens.
En queue de peloton, il y a les chevaliers nouvellement promus, la valetaille dont je fais partie ; ceux qui se sont rendu compte, il y a déjà longtemps, que non seulement ils n'étaient pas écrivains, mais qu'en plus ils ne franchiraient pas le premier grade. Et qui ont compris que l'ordre des écrivains en bâtiment était à l'ordre des écrivains ce que le Mérite agricole est à la Légion d'honneur – en gros.
Ah, SAS ! A l'époque, je ne m'en lassais pas : toujours la même chose, mais j'adorais y revenir !
RépondreSupprimerAvec Sans-Antonio, c'est l'auteur que j'ai le plus lu. Au passage, Frédéric Dard fut l'écrivain le plus lu de la seconde moitié du XXe siècle.
Je ne sais pas ce que vous valez comme écrivain, mais comme bloggueur vous assurez. Le nombre de commentaires en témoigne.
Comme écrivain, je ne vaux rien, puisque je ne suis pas écrivain. On reparlera de Villiers demain, si vous le voulez bien.
SupprimerMichel-Ange fut bien peintre en bâtiment.
RépondreSupprimerArrêtez de vous fustiger, Didier ! Vous en connaissez beaucoup, dans le bâtiment où ailleurs, qui vivent correctement de leurs écrits ? Du talent, vous en avez. La preuve : vous parvenez à le vendre. Ce qui n'est pas rien. Il ne suffit pas d'avoir une âme de pute, encore faut-il un cul qui attire, et pas que des dérangés.
RépondreSupprimerJe resterai fidèle à Tournier, sous les quolibets s'il le faut. (et il est bien vieux...)
RépondreSupprimerSi vous voulez un piston pour la Légion machin, vous me dites, tant que je suis bien avec Hollande. Mais faudrait voir à m'inviter à dîner prochainement, y compris si j'amène un nègre.
RépondreSupprimerHan! Malheureux, tu vas avoir sos racisme sur le dos.
SupprimerÉcris plutôt "transcripteur littéraire".
Insulter Michel Tournier de cette manière, non mais !
RépondreSupprimerMême pas Le Roi des Aulnes...?
Tous les de temps en temps, Didier Goux nous pond un billet sur le thème : "Je ne suis qu'un écrivain en bâtiment".
RépondreSupprimerA lire les commentaires, on comprend pourquoi. C'est parce que ça marche.
O.K. Catherine, je sors vite fait !
Un mot seul est plus fort dans une petite maison bien faite, que dans une grande bâtisse ...
RépondreSupprimerJ'apprécie vos billets et les commentateurs qui vous suivent. Il y a 2,3 sites comme le votre qui sont vitaux
en ces temps difficiles; et son existence même est d'utilité publique.
" Mérite agricole est à la Légion d'honneur – en gros."
RépondreSupprimerUne parcelle, si petite soit-elle, n'empêche pas de faire un excellent blé.
Ah mais, il y a maldonne ! Je ne cherchais nullement à rabaisser qui que ce soit, et d'abord pas moi : j'avais pour simple ambition de mettre un peu d'ordre dans tout cela, de classifier les espèces.
RépondreSupprimerDu reste, se dire écrivain en bâtiment (on pourrait dire aussi “artisan littéraire”, par exemple) n'est pas du tout se rabaisser, c'est s'efforcer de se situer correctement, rien de plus. Et il est sans doute préférable d'être un bon, voire un très bon écrivain en bâtiment qu'un écrivain-tout-court médiocre et prétentieux.
L'expression "artisan littéraire" est plutôt savoureuse.
SupprimerDouble savoir-faire, donc doublement qualitatif.
Oui, admettons. Ça passe pour cette fois mais ne recommencez pas.
Supprimer"j'avais pour simple ambition de mettre un peu d'ordre dans tout cela, de classifier les espèces."
SupprimerC'est bien les réacs ça ! Ils ne conçoivent la classification, la ségrégation, l'ordre qu'à travers des hiérarchies fermées. Et Suzanne qui nous confie si gentiment ses premières parties de jambon et Georges qui disserte si bien SUR la musique que sont-ils ? Des dactylographes amateurs ? Des jaloux non rémunérés, indignes de parler de la cuisine des 5 000 signes quotidiens ? La modestie du dernier barreau n'ôte rien à la réalité de l'échelle que vous places entre deux mondes. La verticale des publiés et l'immense plaine des muets, des bègues, des édentés, des sans-nom, des nègres marrons, des agoutis, des camélidés que l'on peut peindre avec des poils de martre, des chiens si agités qu'on ne sauraient les représenter, des insectes si étranges qu'ils n'entrent dans aucune classification, des maçons et manoeuvres pour qui un bâtiment n'est pas une catégorie mais un gros objet dur dans lequel on se cogne quotidiennement en le faisant. Les blogs ont heureusement libéré toute l'envie irrépressible d'expression, tout le talent littéraire inclassable des blogueurs (Georges, Suzanne, Jacques Etienne, d'autres encore... Légion), tous ces blogueurs en bâtiment (oui, après vous, j'ose le mot !) défont toutes les hiérarchies, toutes les échelles. C'est un séisme expressif qu’aucune échelle ne saurait mesurer, une immense plaque de subduction du logos vivant qui plonge sous la littérature de surface morte et figée des écrivains de papier. Vive la littérature directe et participative, vive Georges et Suzanne qui eux au moins sont vivants, vive l'échange et le dialogue, vive la libération des talents immédiats, non travaillés que recèle CHACUN de nous ! Les blogs sont une chance pour l’Humanité !
La modestie du dernier barreau n'ôte rien à la réalité de l'échelle que vous placeZ entre deux mondes.
SupprimerLéon n'est même pas un dactylographe amateur
Il y des écrivains en bâtiment qui ont peur de monter sur le toit, Mémé Blum en sait quelque chose... L'artisan littéraire devrait s'y remettre !!!
RépondreSupprimerD'accord avec Pierre pour la parcelle d'excellent blé d'utilité publique.
Oui, je rejoins Pierre et Elo, sans compter que "c'est dans les vieilles marmites qu'on fait les meilleures soupes"
RépondreSupprimer"un écrivain en bâtiment ne se définit pas, il pond ; comme un gallinacé femelle."
RépondreSupprimerJe ne sais pas si tu le sais,si tu l'avais à l'esprit en écrivant cette formule, mais c'est exactement ce que disait Robbe-Grillet à propos de Balzac, "il n'écrit pas, il pond".
Les deux figures tutélaires des écrivains en batiment, à mon sens, ce sont Dumas ET Balzac....
C'est très respectable, au demeurant, d'être écrivain en batiment... Ce qui ne l'est pas du tout, c'est d'évoquer sans arrêt "les grands romanciers du XIXème siècle", comme si c'était le summum de la littérature.
C'est un peu comme un restaurateur qui sert des moules et des frites superbes, accompagnées d'un vin de pays excellent, mais qui se mettrait à réclamer trois étoiles au Michelin.
Je n'ai pas le sentiment que Didier est en quête d'une quelconque reconnaissance, mais plutôt cherche à décrire dans quel cadre sa plume s'inscrit.
Supprimerj'avais bien compris.
SupprimerTrès modestement le court dialogue ci-dessus sort amplement du bâtiment. Et par la Grande Porte encore !
SupprimerJ'ose même souhaiter à Madame Goux de fréquentes inscriptions. L'hommage de la plume est le plus exquis qui se puisse imaginer.
SupprimerIl me semblait que l'expression "écrivain du bâtiment" était d'Hemingway, dans ses 10 conseils aux jeunes écrivains : http://follow-your-dream.over-blog.com/article-10-conseils-aux-jeunes-ecrivains-49762963.html
RépondreSupprimerConcernant les SAS, je me souviendrais toute ma vie de ce jour où je pris le train en compagnie mon grand-père. J'avais alors tout juste 18 ans. Comme il me demandait ce que j'étais en train de lire, je lui présentais Ulysse (James Joyce) que je commençais tout juste. Comme j'avais remarqué qu'il tenait entre ses mains un petit livre à la couverture dissimulée par une feuille de papier colorée, je lui retournais la question. "Et toi, qu'est-ce que tu lis ?" Il prit un air gêné pour me répondre : "oh, un livre d'espionnage. C'est divertissant." Je comprenais qu'il était en train de lire un SAS, les mêmes SAS que tout jeune adolescent je piquais en cachette dans sa bibliothèque pour "admirer" les photos de couverture (je ne crois pas en avoir ouvert un seul).
Bon, et pour en revenir à Hemingway, ce serait pas lui qui vous aurait piqué l'expression, des fois ?
On ne saurait traduire "upcomming writers" par écrivains en bätiment.
Supprimerhttp://brettmacfarlane.typepad.com/lemon/2012/04/hemingway-10-lost-lesons-for-young-writers.html
Diable ! j'ignorais tout à fait cela ! Et c'est de bonne foi que j'étais persuadé d'avoir forgé l'expression.
SupprimerHeureusement, lui dit : DU bâtiment. Mon honneur est (presque) sauf…
Ah, et voilà un Léon qui me le sauve encore plus !
SupprimerPar contre le traducteur ou l'auteur de cet article de 1958 a osé.
SupprimerUne petite seconde. Dans le lien que vous fournissez, Léon, l'auteur du billet explique qu'après avoir découvert cette page de journal dans un magasin parisien, il a lui-même traduit "écrivain du bâtiment" par "upcoming writers". Donc cette formule n'est pas d'Hemingway. Il se pourrait bien au contraire qu'Ernest Hemingway ait donné ces conseils en français à un journaliste français qui lui aurait posé la question : "Quels conseils donneriez-vous aux écrivains qui débutent?". Hemingway parlait-il couramment notre langue ? Je l'ignore, mais il a longtemps vécu à Paris.
SupprimerNotons que le lien que vous fournissez est le seul en langue anglaise que Google fournisse pour la recherche "Hemingway ten tips", alors que la recherche "Hemingway dix conseils" offre bien plus de résultats.
Un autre lien anglophone fournit également une liste de 10 conseils d'Hemingway aux jeunes écrivains, mais ils sont complètement différents ou presque : http://top10bay.com/top-ten-writing-tips-of-ernest-hemingway/ !
Je n'ai malheureusement pas le temps de pousser plus avant les recherches mais je ne serais pas surpris que l'on découvre que l'expression "écrivain du bâtiment" est bien d'Ernest Hemingway lui-même. Par contre "écrivain EN bâtiment", ça c'est de Didier Goux, c'est sûr.
Ouf !
Supprimer"écrivain EN bâtiment"
SupprimerForcément, puisqu'il écrit "en case", quand ce n'est pas en salon.
Belle séance de masturbation.
RépondreSupprimerQu'importe, pourvu que le plaisir d'exister soit proclamé à la face de ses laudateurs potentiels !
"MOI" est le sujet préféré de monsieur Goux...
Cui cui, en dehors de votre pseudonyme grotesque, vous êtes en train de devenir pire que pénible : prévisible et sans imagination. Retournez donc à vos marchés.
SupprimerÀ propos de marchés, vous avez acheté les provisions pour demain ? Je ne parle pas de la bouffe, j'ai confiance dans l'Irremp.
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