La dernière chanson du dernier disque enregistré par Félix Leclerc – que je place au-dessus de tous les autres, à l'exception de Charles Trenet –, cette ultime chanson s'intitule Mon fils. Contrairement à ce qu'il serait logique de croire, Leclerc ayant changé de femme et étant devenu (redevenu ?) père sur le tard, elle ne s'adresse nullement à cet enfant qui lui est venu dans sa première vieillesse. En réalité, et il fallait oser, la chanson n'est rien de moins qu'une adresse de Dieu à sa créature. Félix Leclerc savait-il qu'il enregistrait là son dernier disque ? Probablement pas : il date de 1978 (je revois encore très bien la photo illustrant la pochette de cette “galette” achetée dès sa sortie malgré mon manque chronique d'argent), et Leclerc n'est mort que dix ans plus tard, à 74 ans. Il n'empêche : l'ultime vers chanté et enregistré est une magnifique conclusion de l'œuvre d'un homme qui, comme beaucoup de Québécois de sa génération (l'emprise de l'Église était forte, jusqu'en 1960, et suscitait quelques aigreurs), était aussi anticlérical que profondément croyant :
Viens savoir si j'existe
Avant de vous donner le texte de la chanson, trouvé dans les entrailles festivement putrides de Goux Gueule, je dois vous dire que je suis tombé, en en-tête, sur cette annonce, qui m'a donné envie de pleurer toutes les larmes de mon corps, mais heureusement je n'en avais plus de disponibles : Télécharge la musique de “Mon fils” pour ton portable. Félix Leclerc a probablement bien fait de mourir en 1988, finalement. Enfin, voici la chanson :
Je t´ai montré mon fils
Ce que j´ai fait de mieux
Un soleil plein les nues
Des aurores boréales
Des cascades d´étoiles
Tombant dans le néant
Sur les branches du vent
Je t´ai prêté mon fils
Soixante ans d´une vie
Cinq fois celle du cheval
Deux fois celle de Jésus
T´en a passé quarante
À te ronger d´angoisse
À boucher l´horizon
N´y laissant que des fentes
Ne t´ai-je pas donné
Talent santé salaire
Enfants saisons maison
Et femmes à aimer
T´as préféré les routes
Nu comme un épervier
Manteau de la déroute
Sur blessures cachées
Orgueilleux tas de glaise
Tu me mets mal à l´aise
Quand ils ont vu la mer tes yeux
Quand ta langue a goûté le vin
Tu m´as souri je crois
Une des rares fois
Il est temps que tu rentres
Finis les migrations
Les transits les voyages
Il est l´heure couche-toi
Et viens dans mon Royaume
Tu ne partiras plus
Viens pour te reposer
Viens savoir si j´existe
Merci Didier, elle est magnifique cette chanson et parole du Seigneur, vraiment vous nous avez trouvé un bien beau trésor.
RépondreSupprimerOn peut l'écouter ici.
SupprimerLe bal…
RépondreSupprimerJe connaissais la chanson, bien sûr, mais pas ce duo !
SupprimerC'est très beau ! Ce que vous dites sur l'emprise de l’Église au Québec me rappelle le joli livre de Denise Bombardier "Une enfance à l'eau bénite". Parmi les grandes voix du Québec, on ne connaît pas assez en France Monique Leyrac qui a été aussi une merveilleuse interprète de Félix Leclerc.
RépondreSupprimer"le joli livre de Denise Bombardier » wouaaaaaarffffff !
SupprimerSur le thème : "Qui suis-je ? D'où viens-je ? Où cours-je ?", ma chanson largement préférée est celle-ci :
RépondreSupprimerhttp://www.youtube.com/watch?v=Yu1EpsvE1jc
Vous écoutez Félix Leclerc aussi, vous ?
RépondreSupprimerMoi, je préfère "sur les 100 000 façons de tuer un homme, la plus efficace est de le payer à ne rien faire..."
Moi mes souliers ausi.
Oui Monsieur, je l'écoute ! Je le tiens même pour le plus intéressant des chanteurs francophones, après Trenet. Et ça ne date pas d'hier : c'est ma mère qui me l'a fait aimer, il y a environ quarante ans, si ma mémoire est bonne.
SupprimerTiens donc. J'ai découvert Félix Leclerc avec la Super franco-fête que j'ai dû commencer à écouter à l'âge de 5 ans. On chantait les chansons avec mon frérot. J'appréciais au moins autant Gilles Vigneault et Robert Charlebois.
RépondreSupprimerExtraordinaire le petit bonheur. Quand j'étais petit je ne comprenais pas pourquoi ce sale égoïste s'était barré. Même aujourd'hui, cela me reste en travers de la gorge.
Et l'alouette en colère...Ben tiens, aujourd'hui, elle est française l'alouette en colère, et, elle est vraiment très en colère.
Je ne peux pas évoquer la super francofête sans évoquer "quand les hommes vivront d'amour"
RépondreSupprimerhttp://www.youtube.com/watch?v=UZOM4koItSk
Ah j’y étais et à la fin, vous savez au dernier refrain, quand on entend tout le monde devenir hystérique, cest Raymond Lévesque qui entre en scène. Tiens, rien que de vous le raconter j’en ai des frissons.
SupprimerQuelle chance vous avez eu : moi, je n'ai pu que l'écouter sur micro-sillon.
RépondreSupprimer