Bien triste journal. J'ai eu un chien très malade que j'ai fait piquer aussi. J'ai fait venir le vétérinaire à la maison pour qu'il l'endorme sur son tapis, et j'ai été surprise par la rapidité de l'intervention. Une anesthésie indolore et une piqûre dans le cœur, trois secondes et voilà. J'ai regretté de ne l'avoir fait plus tôt, et pensé aux condamnés à mort américains qui agonisent pendant de longues minutes ou aux vieillards mourants qui souffrent longtemps et s'affolent. Pour tout dire, la mort de ma chienne me faisait envie.
Les morts, l'Allegretto de Beethoven et le chien sous la neige, tout cela m'a fait penser aux dernières lignes de la nouvelle de Joyce "The Dead", dans les "Gens de Dublin" :
"Quelques petits coups légers sur la vitre le firent se tourner vers la fenêtre. Il avait recommencé à neiger. Il suivit d'un œil ensommeillé les flocons argentés et sombres qui tombaient obliquement dans la lumière du réverbère. Le temps était venu pour lui d'entreprendre son voyage vers l'Ouest. Oui, les journaux avaient raison : la neige était générale sur toute l'Irlande. La neige tombait sur chaque partie de la sombre plaine centrale, sur les collines sans arbres, tombait doucement sur le marais d'Allen, et, plus loin vers l'ouest, doucement tombait sur les sombres vagues rebelles du Shannon. Elle tombait, aussi, en chaque point du cimetière solitaire perché sur la colline où Michael Furey était enterré. Elle s'amoncelait drue sur les croix et les pierres tombales tout de travers, sur les fers de lance du petit portail, sur les épines dépouillées. Son âme défaillait lentement tandis qu'il entendait la neige tomber, évanescente, à travers tout l'univers, et, telle la descente de leur fin dernière, tomber, évanescente, sur tous les vivants et les morts."
Bien triste journal.
RépondreSupprimerJ'ai eu un chien très malade que j'ai fait piquer aussi. J'ai fait venir le vétérinaire à la maison pour qu'il l'endorme sur son tapis, et j'ai été surprise par la rapidité de l'intervention. Une anesthésie indolore et une piqûre dans le cœur, trois secondes et voilà. J'ai regretté de ne l'avoir fait plus tôt, et pensé aux condamnés à mort américains qui agonisent pendant de longues minutes ou aux vieillards mourants qui souffrent longtemps et s'affolent. Pour tout dire, la mort de ma chienne me faisait envie.
Mort non seulement indolore, mais ignorante d'elle-même. Enfin, on suppose…
SupprimerMais que c'est beau, un chien !
RépondreSupprimerSon regard me fend le cœur.
RépondreSupprimerAntonio Porchia a écrit: "Celui qui ne pleure pas la perte d'un proche n'existe pas vraiment."
RépondreSupprimerCette année sera peut être plus douce.
Elle ne devrait pas avoir trop de mal à l'être.
SupprimerLes morts, l'Allegretto de Beethoven et le chien sous la neige, tout cela m'a fait penser aux dernières lignes de la nouvelle de Joyce "The Dead", dans les "Gens de Dublin" :
RépondreSupprimer"Quelques petits coups légers sur la vitre le firent se tourner vers la fenêtre. Il avait recommencé à neiger. Il suivit d'un œil ensommeillé les flocons argentés et sombres qui tombaient obliquement dans la lumière du réverbère. Le temps était venu pour lui d'entreprendre son voyage vers l'Ouest. Oui, les journaux avaient raison : la neige était générale sur toute l'Irlande. La neige tombait sur chaque partie de la sombre plaine centrale, sur les collines sans arbres, tombait doucement sur le marais d'Allen, et, plus loin vers l'ouest, doucement tombait sur les sombres vagues rebelles du Shannon. Elle tombait, aussi, en chaque point du cimetière solitaire perché sur la colline où Michael Furey était enterré. Elle s'amoncelait drue sur les croix et les pierres tombales tout de travers, sur les fers de lance du petit portail, sur les épines dépouillées. Son âme défaillait lentement tandis qu'il entendait la neige tomber, évanescente, à travers tout l'univers, et, telle la descente de leur fin dernière, tomber, évanescente, sur tous les vivants et les morts."