Cela lui arrive assez rarement, mais ce matin Catherine a eu envie d'un cadenas ; sautant au volant de Liselotte, elle est donc descendue jusqu'à la quincaillerie de Pacy. Lorsqu'elle entre, la boutique est vide de pratique, deux employées discutent mollement de part et d'autre du comptoir. « Bonjour, Mesdames ! », claironne la future cliente ; elle est toute surprise, et charmée, de recevoir une réponse de l'une des créatures. Sans rien demander à personne, elle s'enfonce dans les allées, trouve son cadenas, revient, le pose sur le comptoir devant les deux femmes, ainsi qu'un billet de vingt euros (vingt z'euros, en langue vernaculaire de boutique…) ; puis elle attend. Celle qui est derrière le comptoir continue tout tranquillement de trier et ranger les petits objets épars sous ses yeux ; l'autre, regardant fixement vers la rue, finit par dire : « Il faudra quand même qu'on pense à rentrer les palettes… » À cet instant, ma noble et patiente épouse est saisie par une désagréable impression de totale transparence, le vertige de la non existence l'empoigne. Afin de tenir la bride courte à son pas-être-là (nichtdasein, chez Heidegger), elle donne à nouveau de la voix : « Eh bien, gardez-le, votre cadenas ! » Et elle sort, non sans avoir auparavant rempoché son billet de vingt.
Demain, on tentera notre chance au Bricomarché.
Non, non, non, non, non, ça ce n'est pas vrai ! Personne ne dit « Vingt z'euros », enfin M'sieur Goux, tout le monde dit : « Vingt H'euros. »
RépondreSupprimerIl y a encore mieux : la boulangère de Levallois qui dit vingt z'euros, mais deux h'euros. Je jure que c'est vrai. Charmante, à part ça…
SupprimerC'est bien la preuve que le niveau baisse: on n'entendait jamais ce genre de bêtises à l'époque du franc.
SupprimerC'est dû à une particularité orthographique du patois Levalloisien ou "vingt" s'écrit "vinz" et "deux" deuh". Peu de gens le savent ! Votre amie Mme R. vous le confirmera (enfin, peut-être...).
SupprimerVous voyez bien que cette monnaie pose des problèmes épouvantables, avec le Franc cela n'arrivait pas. Vivement qu'on supprime la supprime.
SupprimerLa prononciation vingt z'euros et deux h'euros est signe d'une maladie : l'europathie :-)
Supprimerhttp://www.leparisien.fr/societe/avec-l-euro-on-perd-les-liaisons-31-01-2009-393318.php
Geneviève
C'est quoi ce cosaque zapomachin dans le titre du blog ? C'est nouveau ?
RépondreSupprimerÀ part ça, espèce de modernoeuds ! Vous allez tuer les centre villes. Je vais vous dénoncer à la justice camusienne pour défense des zones commerciales.
À part ça, j'espère que vous avez donné une baffe à Catherine qui aurait pu partir avec le cadenas et le billet de vingt teuros.
C'est vrai ça, j'aurais dû penser à partir avec le cadenas. Ça les aurait peut-être fait réagir.
SupprimerJ'ai l'impression qu'il n'y qu'en France ou les commerçants n'ont pas encore tous compris que c'est le client qui les fait vivre...
SupprimerLa philosophie allemande est en effet l'un des moyens d'analyser les vicissitudes auxquelles on s'expose en recourant au petit commerce. Mais je me demande ce qu'en aurait pensé Robert-Tugdual Le Squirniec (philosophe breton).
RépondreSupprimerJ'les z'haïs, les Normands.
RépondreSupprimerLes journalistes idem: incapables de savoir comment faire la liaison. Mais ça ne m'étonne pas, c'est la nouvelle vague issue des faramineux collèges-pour-tous.
RépondreSupprimerLa dégradation de la qualité du "service au client" est-elle propre au commerce de proximité? La généralisation de la grande enseigne rendra t-elle l'employé plus engageant et professionnel? A défaut de pouvoir fouetter les employés récalcitrants, faut-il se résoudre à ne plus consommer que par le net?
RépondreSupprimerQuel suspense! Je n'ai jamais attendu un retour de Bricomarché avec autant d'impatience.
Vivement demain.
Bande de connasses ! Ce qui aurait été bien, c'est que Catherine dépose un billet de vingt zeuros, et rempoche ensuite un billet de cent Heuros. Je connais une école de magie près de chez vous si elle décide d'y retourner…
RépondreSupprimer"envie d'un cadenas"...Ou besoin? Parce que envie, drôle d'envie, tout de même.
RépondreSupprimerPopeye
Quelle idée aussi d'acheter un cadenas…
RépondreSupprimerAlors que tout le monde devrait dire "deux ks'euros".
RépondreSupprimerFallait aller chez les bridés aussi, z'etes cons
RépondreSupprimerhttp://youtu.be/TpNYDEd5dx8?t=7m31s
Une amie m'a relaté une expérience similaire dans une boulangerie, pas plus tard qu'il y a quelques jours. Même aventure pour moi dans un labo d'analyses : heure creuse, pas un chat, on me fait poireauter dix minutes pour rien, pour le principe, pour que je comprenne qui c'est le chef ici. Ce n'était pas faute d'infirmière : celle qui finit par venir me piquer est la même qui blablatait avec ses collègues pendant que j'attendais.
RépondreSupprimerC'est la célèbre attitude passive-agressive, tellement de rigueur en France qu'il faut avoir recours à un anglicisme pour la désigner.
Le rayon bricolage du BHV, à Paris, était célèbre pour ses vendeurs, qui fuyaient à l'approche des clients. Un jour, un nouveau manadgé s'est avisé que l'établissement était situé en plein Marais. Il a donc décidé de faire ouvertement du marketing envers la clientèle homosexuelle locale, ce qui passait par l'embauche d'un fort contingent de vendeurs manifestement de la jaquette. (Imaginons un moment le PDG du Printemps déclarant à la presse qu'il va s'adresser prioritairement aux clients blancs... et donc évitant d'embaucher des vendeurs noirs...)
Pendant un temps, les joints 12 x 17 et les tournevis Pozidriv ont été vendus essentiellement par des pédés et par des Polonaises (non, rien à voir), et, du coup, l'interaction commerciale est devenue à peu près saine.
Notez que je n'en tire aucune conclusion anthropologique.
Depuis, les choses sont plus ou moins revenues à la normale.
Après, on s'étonne que les entreprises anglaises embauchent en priorité des Polonais. Pour les homosexuels, je ne sais pas.
Réussir à glisser une référence à Heidegger à propos d'un cadenas, bravo, c'est du grand art !
RépondreSupprimerEn doutiez-vous ? Mécréant !
Supprimer;-)
Le commerce a des raisons que la raison ignore.
RépondreSupprimerEt il faut toujours balayer devant sa porte, n'êtes-vous pas capable, vous-même, dans votre commerce, de fourguer, sans scrupule, à des lecteurs crédules de votre journal peu scrupuleux lui-même, des articles pompés à droite ou à gauche, sur des des chanteurs ou comédiens en vue, sans apporter une once d'information nouvelle.
Que vaut-il mieux au fond, tarder à encaisser un cadenas, ou vendre de la fausse monnaie?
Horace
Dans certains cas, il vaut mieux fermer sa gueule.
SupprimerExpérience similaire chez un quincaillier de centre ville à l'occasion de l'achat d'une ampoule. Non seulement on nous a fait poireauter mais bien mieux encore, les clients habitués avaient le droit de passer devant nous à la caisse...
RépondreSupprimerCa me rappel un magasin de jouets quand j'étais gosse, le vieux qui tenait la boutique n'allumait la lumière du fond du magasin que lorsqu'un client avait par hasard l'idée saugrenue de s'y rendre, et alors il se tenait systématiquement derrière de peur qu'on lui vole quelque chose.
Ah le charme du petit commerce de proximité !
Un quincailler ? Ca existe encore ? Il faut le déclarer aux Monuments historiques !
SupprimerOh mais je pense que l'immeuble dans lequel il se trouve est déjà classé, en tout cas le quartier lui l'est assurément. C'est vrai que le quincaillier lui-même pourrait être déclaré à l'UNESCO.
SupprimerSont ils tous comme ça dans l'Eure ?
RépondreSupprimerLa proportion de commerçants faisant bien leur boulot est assez faible. Remarquez, j'ai déjà vu un libraire en Hollande me faire la grimace parce que je suis français. Au moins avait-il une raison. En France les commerçants ont beaucoup d'amateurisme et semblent ignorer combien leur attitude est anti commerciale.
RépondreSupprimerOn retrouve la même ignorance sur Le bon coin. Recherchant un chiot, je suis stupéfait du nombre d'annonces rédigées en dépit du bon sens et pas vendeuses pour un clou. Celui-là vend un chien pour cause de "double emploi", n'attire pas la sympathie. "L'adorable chien (de pure race)" à tête de corniaud ou bien la photo du toutou noir prise à contrejour, les mails sans réponses pendant une semaine parce que Alison27 se trouve "en vacances dans le midi" et à qui il faut suggérer de vous prévenir à son retour plutôt que vous laisser en suspens, les "croiser" et les Jack Roussel définitivement perdus pour le moteur de recherche, ceux en photo derrière les barreaux et ainsi de suite finissent par me rendre suspicieux comme une propriétaire de roquet.
Ce qu'il y a de formidable avec Marchenoir, c'est qu'au sujet de n'importe quelle anecdote, de l'achat d'un cadenas à la pèche à la ligne, ou de n'importe quelle opinion, de la couleur du citron, à la blanquette de veau, il en déduit aussitôt que les Français sont des imbéciles, que les individus d'une manière générale sont des cons et ne méritent pas l'extraordinaire système ultra libéral qu'il ne cesse pourtant d’appeler de ses vœux.Un jour il se condamnera lui-même pour inappétence concurrentielle, ou, par manque de capitaux personnels, pour insuffisante adaptation au capitalisme
RépondreSupprimerPourquoi "ultra libéral" ? Faites vous partis de ces imbéciles qui rajoute le préfixe "ultra" à tous ce qu'ils ne connaissent pas ?
SupprimerAh non, là il se renouvelle, je trouve. Relisez-le : aucune condamnation des fonctionnaires.
SupprimerCe qu'il y a de formidable avec des gens comme Henri et Polo, c'est qu'ils commencent par poser leurs conclusions, puis tentent de tordre les faits pour les faire coïncider avec leurs conclusions.
SupprimerExcusez-moi d'employer cette méthode absolument révolutionnaire qui consiste à faire l'inverse.
Nous avons ici différents témoignages, en provenance de personnes qui ne se sont pas concertées au préalable, montrant la stupéfiante propension des commerçants français à refuser de vendre ce qu'on veut leur acheter. Ce ne sont pas les premiers témoignages de ce type et ce ne seront pas les derniers.
Figurez-vous que dans la plupart des pays du monde, quand un client manifeste sa volonté d'acheter, les commerçants s'empressent de montrer leur propension à vendre. Je sais, ça paraît extraordinaire pour un Français, mais c'est pourtant la vérité.
Figurez-vous aussi que la quasi-totalité des pays du monde ont moins de fonctionnaires, rapportés à leur population (ou moins de dépense publique rapportée à leur PIB), que la France. Et ça, c'est dans les chiffres. Il doit bien y avoir la Corée du nord, le Danemark et Cuba qui font "mieux", mais de mémoire ça doit être à peu près tout.
Et encore, à Cuba, Raoul Castro a décidé, il y a plusieurs années déjà, de licencier les fonctionnaires en masse, en leur disant de se débrouiller pour trouver un emploi dans le secteur privé. Ce qui est plus qu'on ne peut en dire de la France, où le gouvernement vient d'instituer le communisme par décret (ou plus exactement de le renforcer), en interdisant aux étrangers d'investir dans toute une série d'entreprises françaises, sauf autorisation. Juste au moment où tout le monde se plaint du chômage et du manque de capitaux disponibles pour les entreprises.
Et, oui, figurez-vous que cela prouve que les Français sont des cons, ces deux faits étant le résultat non d'une intolérable oppression gouvernementale, mais d'une volonté populaire largement partagée.
Personne n'a obligé les quincaillères de Pacy-sur-Eure à refuser ostensiblement de vendre un cadenas à Catherine Goux. Ni le Système, ni l'Oligarchie, ni le Capitalisme Ultra-Libéral Mondialisé, ni l'Empire Américain, ni la Pauvreté, ni l'Injustice Sociale, ni le Racisme, ni le Spectacle de la Marchandise, ni mon cul sur la commode. Elles ont décidé ça toutes seules, et il faut bien en tirer les conséquences.
Ou alors, il faudrait croire que la quasi-totalité des habitants du monde développé, qui, eux, ont tendance à vendre des cadenas quand on les leur demande, sont des cons -- sauf les Français. Ce qui est visiblement le point de vue d'un grand nombre de ces derniers. Cela ne plaide pas en faveur de leur santé mentale.
Comme le montre ce billet, la France est non seulement le pays qui détient le quasi-record du monde en matière de fonctionnaires, mais où les employés du secteur privé eux-mêmes se font un point d'honneur de se comporter comme des fonctionnaires. Histoire de bien faire comprendre qu'il n'y en a pas encore assez.
Peut-être, mais on a les meilleurs vins du monde. C'est l'essentiel.
SupprimerJe confirme les dires de monsieur Robert: trouver un vendeur au sous-sol du BHV a longtemps relevé de l'expédition botanique.
RépondreSupprimerAh, le sous-sol du BHV… Si j'avais su, à l'époque, que tant de Réaks s'y retrouvaient, j'aurais poussé mon célèbre hurlement !
SupprimerEn contrepartie, c'était un lieu de drague réputé ( "Vous avez besoin d'un conseil, mademoiselle ? ")
SupprimerAh ! C'était vous ???
SupprimerEn fait l'attitude des deux personnes en charge du commerce de quincaillerie, sis à Pacy-sur-Eure en Normandie orientale n'est pas spécifique au petit commerce de proximité mais aurait pu se produire dans tout type d'établissement recevant du public.
RépondreSupprimerQui n'a jamais expérimenté dans les rayons de grandes enseignes de bricolage, la réponse de l'employé qu'on a finalement trouvé, après de longues minutes de recherche, en train de buller entre deux gondoles : "Ah.. je sais pas, là il faut voir avec mon collègue qui s'occupe du rayon..." , collègue définitivement introuvable...
Le problème est que beaucoup de gens travaillent dans le commerce sans en avoir l'envie. La moindre des choses lorsque l'on est chargé de cette noble tâche qui consiste à accueillir les clients, c'est de les prendre en charge dès leur arrivée, ne serait-ce que d'un regard et d'une courte phrase du type " je suis à vous dans un instant..." si l'on est occupé.
Cette communication permettrait de mettre un peu d'huile et d'éviter, comme dans l'exemple cité par M. Goux, pour l'une de repartir sans cadenas, et pour l'autre de ne pas l'avoir vendu, situation à l'inverse de ce qu'on peut espérer d'une transaction commerciale... du "perdant-perdant" au lieu d'un "gagnant-gagnant".
Il y a même une rumeur comme quoi il y aurait dans beaucoup de secteurs d'activité, des gens qui travailleraient sans en avoir vraiment envie. C'est dingue quand on y pense.
Supprimer"La moindre des choses lorsque l'on est chargé de cette noble tâche qui consiste à accueillir les clients, c'est de les prendre en charge dès leur arrivée, ne serait-ce que d'un regard et d'une courte phrase du type " je suis à vous dans un instant..." si l'on est occupé."
Supprimer> Bref d'être poli, courtois et respectueux. Vous êtes sûr que vous vivez en France? Non je dis ça voyez vous, parce que les cons que vous voyez dans la rue, bein y'a de fortes chances que vous les retrouviez dans vos magasins hein.....
Non, je n'habite plus en France depuis 20 ans effectivement, Je vis maintenant à Hong Kong depuis 15 ans où l'accueil dans les petits commerces, même pour un blanc, est toujours chaleureux et les personnes serviables (facilité si on parle un peu cantonnais, mais je pense que pour les autres aussi, ça se passe plutôt bien).
SupprimerTout s'explique.....
SupprimerÊtre encore à l'âge d'acheter un cadenas pour se promettre un amour éternel en l'accrochant à un pont, Est-ce raisonnable, Madame Goux?
RépondreSupprimerNH
Moi qui ai travaillé un peu en tant que vendeur lorsque j'étais étudiant je peux vous dire que vous omettez un élément.
RépondreSupprimerPrendre en charge le client dès son arrivée je veux bien, mais très souvent cela provoquera une réaction haineuse de celui-ci qui vous répondra sèchement "je regarde, merci !" comme si vous veniez de l'agresser.
Au bout d'un moment vous l'observez tourner en rond dans le magasin, un peu perdu, et probablement en train de regretter de vous avoir envoyer balader, donc vous y retourner.
Là dans la majorité des cas le client se montrera plus ouvert à la sollicitation du vendeur, ou alors si vous avez à faire à un véritable con il vous répondra de façon agressive "j'ai quand même le droit de regarder tranquillement non !?".
Cette dernière remarque avait valu de la part de mon père, commerçant de son état, la réponse suivante "eh bien non, vous n'avez pas le droit, vous êtes ici chez moi, c'est pas marqué entrée libre, donc maintenant vous allez foutre le camp !"
Que des bons souvenirs au final :)
Un commerçant doit faire bonne figure à tout le monde, cons inclus, sinon c'est la faillite assurée.
SupprimerPrendre en compte la présence d'un client n'est pas le non plus lui 'tomber dessus'. On peut par exemple dire : " je suis à vous dans un instant... je vous laisse regarder". C'est qu'une affaire de communication, mais il est vrai que lorsque je viens faire un passage en France de temps en temps, je suis toujours un peu surpris de l'agressivité des gens entre eux, qu'à priori rien n'oppose... je pense que ce sont souvent des problèmes d'ego un peu trop mis en avant.
SupprimerDans le commerce on doit faire bonne figure à tout le monde, cons inclus, sinon on fait faillite.
RépondreSupprimerAu fait: d'où vient ce nom bizarre de commerce de "proximité" (comme les hôpitaux du même nom) ? Tout dépend du lieu où on habite, non ? Il y a des gens qui habitent dans la même rue qu'une grande surface, ou qu'un immense CHU.
RépondreSupprimerPas con....
SupprimerCela vient d'une époque où ces commerces de proximité se trouvaient dans chaque quartier. On était donc toujours à proximité de l'un d'entre eux : d'une quincaillerie, d'un bazar, d'une charcuterie....
SupprimerLes grandes surfaces sont bien à proximité de ses plus proches voisins mais ne sont pas dupliquées dans chaque quartier.
Evidemment tout cela a changé.