Effet secondaire d'un apéritif imprévu ? Probable : il arrive, dans un vieux couple, que l'on se mette à évoquer le passé commun ; ce qui, au moins, prouve qu'on en a un. Dans notre cas, il peut arriver que ce passé commun prenne les allures criardes de cette couverture, qui nous a non seulement nourris mais bien occupés – et durant une vingtaine d'années, ce qui crée des liens.
Des liens désormais défaits, dans la vie “de tous les jours”, mais renforcés tout de même, dans la mesure – et ce fut la découverte de ce soir – où je suis momentanément le seul survivant de cette histoire.
La Brigade mondaine a été inventée (initiée, dirait-on aujourd'hui) en 1975 par trois hommes : Jean-Paul Bertrand, alors directeur financier (ou quelque chose d'approchant) des Presses de la Cité, Gérard de Villiers qu'on ne présente pas, et Bernard Touchais, chef du rewriting de France Dimanche et premier auteur de la glorieuse série.
Morts tous les trois.
À cette époque reculée dont je parle, chaque “opus”, pour parler comme les cons actuels, était relu par Maurice Vincent, ancien policier de la véritable Brigade mondaine, dont le travail consistait à vérifier que l'auteur ne racontait pas tout à fait n'importe quoi. Je me souviens avec un rien d'émotion des remarques que je recevais de ce Vincent-là, à chaque livre que j'écrivais.
Mort.
Ensuite, le nombre de titres se multipliant chaque année, à mesure que les ventes baissaient, on engagea d'autre auteurs. Le premier fut Philippe Muray.
Mort.
Le suivant fut Didier Goux, très provisoirement vivant.
C'est par Didier Goux qu'arriva le troisième, Jean-Philippe Chatrier, dont j'ai déjà parlé.
Mort.
Il y en eut d'autres ensuite, deux ou trois, dont j'espère, la collection étant elle aussi morte, finalement, qu'ils lui ont survécu.
Là-dessus, après ces évocations funèbres, Catherine et moi passâmes à table.
(J'ai choisi comme illustration ce numéro 200, que j'ai écrit, une histoire caverneuse (me semble-t-il) et à base de chant lyrique, dont je ne me souviens plus du tout. Et c'est, de plus, le seul numéro qui manque à ma collection. Mais, bon Dieu, qu'est-ce qui a bien pu arriver à ce pauvre castrat ?)
Rajout de samedi matin : Catherine me fait remarquer à juste titre, en commentaire, que j'ai oublié Loris, l'homme qui dessinait les couvertures.
Mort.
Rajout de samedi matin : Catherine me fait remarquer à juste titre, en commentaire, que j'ai oublié Loris, l'homme qui dessinait les couvertures.
Mort.
T'as oublié Loris.
RépondreSupprimerJe viens de le rajouter.
SupprimerBiba la meurte, cri de guerre de la légion espagnole, vous vous êtes engagé?
RépondreSupprimerVotre espagnol est curieux…
SupprimerOui; c'est "Viva la muerte"; il y a aussi "Legionarios a luchar, legionarios a morir!" (Légionnaires au combat, légionnaires à la mort !).
SupprimerBah ! Comme je vous ai connu de votre vivant je fus un éphémère vague figurant d'un des derniers numéros.
RépondreSupprimerC'est grâce à cela que les écoliers du futur apprendront votre nom.
Supprimer« Hannibal de Bréauté, mort ! Antoine de Mouchy, mort ! Charles Swann, mort ! Adalbert de Montmorency, mort ! Baron de Talleyrand, mort ! Sosthène de Doudeauville, mort ! » Et chaque fois, ce mot « mort » semblait tomber sur ces défunts comme une pelletée de terre plus lourde, lancée par un fossoyeur qui tenait à les river plus profondément à la tombe.
RépondreSupprimerCharlus dans Le Temps retrouvé, c'est bien ça ?
SupprimerJ'ignorais que Philippe Muray avait écrit des Brigades Mondaines!
RépondreSupprimerComme je racontais chez moi, mon grand-père était un lecteur assidu de Brigades mondaines. C'était ça, ou des SAS, ou parfois aussi des romans d'anticipation du Fleuve Noir.
Et il est mort, également. En 2000, ce qui signifie que ce Sortilège du castrat que vous avez choisi comme illustration est sans doute le dernier qu'il ait lu.
Muray en a écrit des dizaines. Pas autant que moi mais presque.
SupprimerHé : l'idée de photos de jolies femmes plus ou moins dénudées pour attirer des lecteurs sur mon blog , elle est de moi .
RépondreSupprimerVous trouvez les couvertures de BM jolies ?
SupprimerCe commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
RépondreSupprimer@Didier Goux: Etonnant ce commentaire de 04:58 qui ne vient pas de moi, sans doute le même abruti qui pollue partout en ce moment. Désolé.
SupprimerJ'avais comme un doute, en effet : ça ne vous ressemblait guère…
SupprimerBon, le ménage est fait.
merci !
Supprimer"était relu par Maurice Vincent, ancien policier de la véritable Brigade mondaine, dont le travail consistait à vérifier que l'auteur ne racontait pas tout à fait n'importe quoi"
RépondreSupprimerC'etait un autre monde car je doute qu'il existe encore dans l'édition de telles instances de controle !
En fait, Maurice Vincent était plus ou moins à l'origine de la collection.
SupprimerVous cassez à juste titre le pénible "opus", mais vous employez de façon contestable le très vilain "effet induit", qui est une expression récente issue des logorrhées de CA d'entreprises, de "boîtes de com" et de sous-direction du management. Que je ne vous y reprenne plus.
RépondreSupprimerVous avez raison, c'est assez laid.
Supprimerplus le temps va passer et moins on connaîtra de gens qui ont rencontré Napoléon
RépondreSupprimerJe suis vivant et vous êtes morts, comme dirait l'autre.
RépondreSupprimerNon seulement ces auteurs sont morts mais en diffusant leur prose insipide et vaguement libidineuse ils ont assassiné le peu d'intelligence qui restait à leurs lecteurs.
RépondreSupprimerQue Dieu leur pardonne...
.
Mais est-ce que vous pouvez concevoir qu'en assassinant l'intelligence (ce qui n'est pas donné à tout le monde), on gagnait en un mois ce que vous seriez incapable de gagner en trois ans, à faire le guignol sur les marchés ? qu'en une semaine de travail intensif, j'engrangeais de quoi me payer l'essentiel, le luxe, le superflu et le superflu du superflu ? Bref, que pendant vingt, j'ai littéralement regorgé d'argent, à un point que vous ne pouvez même pas en rêver, salaud de pauvre sans dents ?
Supprimerpendant vingt ANS : j'ai tapé trop vite…
SupprimerC'est pas pire que Marc Levi, Guillaume Mussot ou BHL...
SupprimerEt l'intelligence des lecteurs a largement été assassinée par l'EducNat...
Moi aussi je veux assassiner l'intelligence.
SupprimerPensez à vous débarrasser de l'arme après perpétration du forfait : les policiers sont d'un tatillon, de nos jours…
SupprimerBrigade mortelle...
RépondreSupprimerDésolé
Duga
Les sortilèges du castrat : en vente sur eBay à 2,50 € voir ici http://www.ebay.fr/sch/sis.html?_nkw=Par%20Michel%20BRICE%20Brigade%20Mondaine%20N%20200%20les%20sortileges%20du%20castrat&_itemId=181430616145
RépondreSupprimer@Roland Gérard
RépondreSupprimerAvec l'abolition de la peine de mort, la hiérarchie des peines pour les écrivains médiocres, s’effondre.
Dubitatif
De mon temps, on appelait ça Brigade MONDIALE, ce qui mettait en rage B. Touchais. Par ton blog, je n'apprends que des morts, Touchais, Chatrier, Muray, le Chinois Fou ... une vraie morgue où ma place est sans doute déjà prête !
RépondreSupprimerJe me demandais qui pouvait bien être Junior. Mais, ayant atterri sur son blog, je commence à avoir une idée, et pense qu'il pourrait bien avoir les mêmes initiales qu'un whisky connu…
SupprimerMais c'est quand même fatigant, ces fucking pseudos !
SupprimerPseudo que je traîne depuis mes débuts dans la presse il y a HOOOOUUUU ! (carte n° 14603 ...).
RépondreSupprimerEh bien, tu vois, il a fallu qu'on arrive à aujourd'hui pour que je l'apprenne !
SupprimerBon, dès que j'ai un nouveau mort, je te tiens au courant…
D'accord, je laisse des instructions en ce sens à mon exécuteur testamentaire
RépondreSupprimerOn ne trolle pas les vieux billets de Didier, bordel.
RépondreSupprimerC'est pas un troll ais un très ancien confrère et collègue…
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