Ayant de lui l'image d'un homme sérieux, ne parlant jamais sans savoir, ni même par simple ouï-dire, j'ai tendance à accorder une foi de charbonnier à ce que je puis trouver dans les livres de Jean-François Revel ; vers qui, de toute façon, me pousse une sympathie spontanée, motivée par son patronyme véritable. C'est resté vrai pour ses mémoires, Le Voleur dans la maison vide – que je relis depuis hier avec une délectation sans mélange (et sur quoi je reviendrai peut-être dans les prochains jours) –, en tout cas jusqu'à la page 218 de l'édition Plon originale. Voici ce qu'on trouve, en cet ultime feuillet du chapitre IV du livre sixième (nous sommes en 1950, Revel vient d'arriver au Mexique, où il va enseigner durant trois ans) :
« Le tabasco, ce jus de piments rouges qui sert à relever les bloody-merries [Revel orthographie ainsi, curieusement] et le guacamole (purée d'avocats), fut inventé et commercialisé, dans ses fioles si reconnaissables, par un Franco-Mexicain, Clemente Jacques […]. J'eus son fils comme élève, ce qui me valut de recevoir en cadeau assez de tabasco pour épicer tout le lac de Chapala si j'avais voulu. Par la suite, une firme agro-alimentaire américaine a racheté le brevet et changé la marque, en effaçant hélas ! la triomphale devise qui en rehaussait les étiquettes : « Esa si que pica! » (« Celle-là, oui, elle pique ! »).
Le problème est que, si l'on consulte la fiche Wikipédia de la sauce piquante en question, on y lit qu'elle fut inventée en 1868 par Edmund McIlhenny, un banquier du Maryland arrivé en Louisiane en 1840. Et l'on trouve reproduite, un peu plus bas, une publicité pour le tabasco datant du tout début du XXe siècle. L'affaire se complique encore lorsqu'on découvre qu'il existe bel et bien, encore aujourd'hui, une société mexicaine du nom de Clemente Jacques, spécialisée dans l'agro-alimentaire, et notamment dans la commercialisation de sa “fameuse recette” de piments jalapeños ; sauf que le Clemente Jacques éponyme aurait fondé sa maison en 1884, ce qui le met un peu âgé pour avoir confié son fils aux talents pédagogiques de Revel au milieu du siècle suivant.
Je crois que je vais me remettre au ketchup.
En revanche pas de confusion possible avec Jacques Clément ! Ouf, ça me soulage !
RépondreSupprimerNi avec Jean-Baptiste.
SupprimerLes textes de Revel sont toujours un plaisir à la (re) lecture et sa pensée me convient très bien
RépondreSupprimerÀ moi t'aussi.
SupprimerJ'aime beaucoup les mémoires de Revel, mais j'espère que vous nous proposerez bientôt un billet sur l'événement majeur de ce printemps morose : le récent come- back foudroyant de Patrick Sansano (et de Muriel Baptiste, of course !).
RépondreSupprimerJ'ai peur que le sujet ne soit un peu trop colossal pour mes maigres forces…
SupprimerJe m'amuse beaucoup à lire sa conversation avec les plus grands esprits du parti de l'In-nocence ; on se croirait dans une pièce de Ionesco !
SupprimerIl était bien meilleur encore lorsqu'il sévissait sur le forum des lecteurs de RC. Chez les In-nocents, on sent qu'il n'ose pas donner sa pleine mesure. Pour le moment.
SupprimerIl est aussi revenu sur le forum des lecteurs, mais là, c'est plutôt vox clamantis in deserto...
SupprimerVoilà bien une petite énigme propre à exciter ma curiosité.
RépondreSupprimerJe m'en vais de ce pas me lancer dans des recherches pour connaître la vérité.
Je fais le serment devant Didier de ne plus consommer une goutte de cette liqueur avant d’avoir lu le résultat de vos recherches.
SupprimerChez McIlhenny, on retient son souffle…
SupprimerVoilà un vrai sujet. Trois jours avant le bac philo où ils nous faire chier avec des sujets sans intérêt, du genre "GdC réfléchit-il avant de faire un billet ?", il est temps d'aborder la relation spéciale de Revel avec le tabasco vs. celles des blogueurs réactionnaires avec le Ketchup.
RépondreSupprimerJ'ai toujours su poser les "vraies questions" et cerner les "vrais problèmes".
SupprimerEn tous cas, belle photo d' Olmèque, si je ne me trompe pas.
RépondreSupprimerVous ne vous trompez pas.
SupprimerAu début des années soixante-dix, j’étais de gauche comme tous les branleurs de mon âge. Sinistre époque… Revel est le premier à m’avoir ouvert les yeux. Que grâce lui en soit rendue !
RépondreSupprimerIl n’y a rien à jeter de son œuvre.
Entièrement d'accord (même si je n'ai pas tout lu).
SupprimerOn n'est pas toujours obligé de croire tout ce que les gens racontent....
RépondreSupprimerCe n'est pas "les gens", c'est Revel !
SupprimerDésespérant: Il n'y a que vous pour relever ce genre d'anomalies ! :)
RépondreSupprimerComme je le disais plus haut, j'ai un don pour soulever les "vrais problèmes".
Supprimer« J'voudrais avoir la foi, la foi d'mon charbonnier
RépondreSupprimerQu'est heureux comme un pape et con comme un panier. »
?
SupprimerOn comprend mieux dès lors pourquoi son fils Mathieu Ricard, brillant biologiste à l'époque, est devenu moine bouddhiste en 1979 : le feu du tabasco n'est pas seulement brûlant, il est aussi vivifiant pour l'esprit...
RépondreSupprimerVous trouvez ça vivifiant, vous, de sombrer dans le bouddhisme ?
SupprimerTrès, ça booste les neurones !
SupprimerNouvelles dimensions, nouveaux horizons...
J'ai appris quelque chose aujourd'hui !!!! Ricard s'est fait booster les neurones ! Ça passe mieux pour la télé...
SupprimerGrâce, notamment, au Tabasco paternel donc...
SupprimerIl s'agit bien d'une tete géante d' olmèque aux trait négroïdes qui firent à certains savants que des navigateurs africains avaient découvert les Amériques avant Colomb.
RépondreSupprimerUn norvégien du nom de Thor machin-chose fit la traversée de l'Atlantique avec un navire en papyrus sous le nom Ra 2.
D'autres virent ces têtes,une reproduction de pilotes d'OVNI, un des derniers Tintin reprend cette idée ( vol 714 pour Sydney) si ma mémoire est bonne.
C'était le Ra 2 de la Méduse ?
SupprimerPuisque l' Amérique était peuplée du temps de Colomb, c'est que d'autres gens l'avaient forcément découverte avant lui...
SupprimerIls seraient passés par le detroit de Béring et à pieds.
SupprimerLes amérindiens avaient des traits plus asiatiques qu' africains.
Il s'agit de Thor Heyerdal.
SupprimerSans vouloir vous faire de peine, Thor Heyerdahl a mené l’expédition du Kon-Tiki pour relier l’Amérique du sud aux Tuamotu afin, croyait-il, de prouver le peuplement des îles du Pacifique par l’est. On sait aujourd’hui qu’il s’est mis le doigt dans l’œil, puisque ledit peuplement s’est fait par l’ouest depuis l’Asie, même si la présence de la patate douce en Polynésie prouve que les insulaires eurent des contacts avec l’Amérique.
SupprimerLa patate douce, ça doit bien aller avec le tabasco. Ceci pour ne pas paraître trop hors-sujet.
Mais quelle idée, de manger des poulets insipides !
RépondreSupprimerHeureusement la Worcestershire sauce et l'Angostura ont des origines plus certaines.
RépondreSupprimerDroopyx
Bah, le Tabasco, il vient pas du steak tartare ?
RépondreSupprimerVous aviez déjà dit la même chose il y a quatre ans et demi !
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