En me réveillant ce matin, je me suis dit que je devrais faire, aujourd'hui, pas séance tenante mais quasi, un billet sur Enrique Vila-Matas, romancier espagnol – et même catalan, ce qui aggrave sensiblement son cas –, dont je viens de lire avec une intense jubilation Paris ne finit jamais. C'était un texte assez délicat à construire et à ne pas rater, car il devait en quelque sorte s'enrouler sur lui-même, en mêlant des événements de ma propre existence à ceux du roman. Mais enfin, j'allais m'y mettre, je le jure…
C'est alors que, un peu plus tard, parcourant distraitement, dans la salle d'attente de la clinique Pasteur, département des échographies, les très décevants mémoires d'Ernesto Sábato (poubelle jaune, direct), Avant la fin, un nom inconnu m'a sauté au visage, celui de Leopoldo Marechal. ¡ Joder ! m'exclamé-je in petto et en silence : qu'est-ce que c'était encore que cet écrivain argentin qui surgissait sans crier gare (sin gritar estación, en patois de là-bas), alors que je n'avais même jamais entendu prononcer son étrange nom ? D'emblée, j'eus envie d'adresser un himmel de protestation comminatoire à Carlos qui, voilà 40 ans, n'avait pas fait correctement son travail de passeur ; je me contins. En lieu et place, je filais droite chez Mme Wiki qui commença par m'apprendre que l'homme avait vécu de 1900 à 1970, qu'il était issu d'une famille paternelle française, avec grand-père communard, que Julio Cortázar l'aimait beaucoup et qu'il avait notamment écrit un volumineux roman au titre curieux : Adán Buenosayres, lequel fut illico commandé, comme bien l'on pense. En réalité, à y réfléchir un peu, ce titre n'a rien de bizarre : il y a des Français qui se prénomment Adam, d'autres dont le patronyme est Paris ; je ne vois donc pas pourquoi un Argentin ne pourrait pas se nommer Adán Buenosayres. (Et je commence à en avoir un peu assez de passer et repasser du clavier français à l'espagnol, simplement pour placer correctement leurs saloperies d'accents toniques.)
Tout cela, malheureusement, ne me dispensera pas de revenir, tôt ou tard, vous parler du livre de Vila-Matas, écrivain raisonnable qui a au moins la délicatesse de nous offrir un patronyme sans accent intempestif. Mais, puisque Paris ne finit jamais, il peut bien attendre encore.
Cher Didier, vous jurez l'espagnol comme nul autre. Quant aux accents, sur la pomme, en général, la touche Alt (+n, suivi du n) suffit à transformer un n en exotique ñ, et un ! en ¡. Les autres accents suivraient-ils la même loi ?
RépondreSupprimerAh mais, pour le tilde et les points (d'exclamation et d'interrogation), je connaissais le truc depuis lulure ! Pour les accents toniques, c'est plus coton : il faut en passer par le clavier espingo…
SupprimerAvez-vous essayé sur votre Mac de garder le doigt appuyé sur la touche d'une lettre (voyelle ou consonne) à accentuer ? Normalement, une petite fenêtre s'ouvre vous offrant toutes les variantes d'accentuation possibles, chacune avec sous sa graphie un chiffre : taper le chiffre souhaité sur votre clavier tout en gardant la touche de la lettre enfoncée.
SupprimerFichtre ! c'est pourtant vrai ! Mon cher, vous êtes mon sauveur, rien de moins !
SupprimerTenez, pour la peine : à â ª æ á ä ã å ā…
Je ne doute pas que vos commentateurs-bretteurs retrouveront les Espagnols avec plaisir, qu'il soient destinés à la poubelle ou pas !
RépondreSupprimer"Sin gritar estación" Hahaha ! second degré ou google traduction ? J'ose espérer l'option number ouane sinon vous perdez tout crédit à la première bodega venue.
RépondreSupprimerEt voilà Maître Goux entraîné dans la folle spirale de la littérature argentine, je l'avais bien venir en citant Borges. Faites gaffe Didier leur démence est en quelque sorte contagieuse, bien que certains voient cette épidémie d'un bon œil...
RépondreSupprimererratum : bien vu venir
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