Lecture très agréable que celle de Monsieur Croche. Dans ces chroniques publiées au début de son siècle, d'abord à la Revue blanche, puis au Gil Blas,
puis encore ailleurs mais j'ai oublié où, Claude Debussy se montre armé d'une
plume volontiers sarcastique et nanti d'un jugement pour le moins
tranché. Le revers de la médaille est que l'ironie est tellement
répandue entre ses paragraphes que, quand il fait des compliments à tel chef d'orchestre ou
loue le morceau de tel compositeur, on se demande toujours à quel degré
il faut prendre les lauriers qu'il distribue, au premier ou au second.
Pour donner une idée de sa manière, voici ce qu'il dit d'un certain
Émile Sauer dont, en mars 1903, le Concert Lamoureux vient de donner un
concerto pour piano et orchestre : « Cet homme qui n'a pourtant pas
l'air méchant a le concerto sans pitié ; par un artifice diabolique, il
paraît devoir finir, mais il recommence des petites choses folles, pas
gaies du tout, où, de temps en temps, intervient une valse infernale,
pendant laquelle M. Émile Sauer projette des mains d'escamoteur, de
façon à inquiéter les araignées mélomanes du plafond. Notez qu'il joue
fort bien du piano, qu'il a une autorité incontestable sur les diverses
façons de faire les gammes ; pourquoi se croit-il obligé d'écrire des
concertos ? Est-ce la conséquence d'un vœu ? Ou bien est-il né comme
cela ? »
Par moment, on songe à Paul Léautaud, quand il revêtait l'habit critique
de Maurice Boissard, même si Debussy n'a tout de même pas son aisance de
style ni son goût parfait en la matière.
Très drôle et caustique en effet : c'est pas du Mercure, c'est du vitriol cette critique.
RépondreSupprimer"Lecture très agréable que celle de Monsieur Croche".
RépondreSupprimerN'est-ce pas une réflexion plutôt désinvolte eu égard aux circonstances qui ont poussé Debussy à créer ce personnage de Monsieur Croche ?
Voici ce qu'en dit Le Dictionnaire de la Musique publié par Bordas en 1979, sous la direction de Marc Honegger :
"... C'est également dans le but d'augmenter ses faibles revenus qu'il se tourna vers la critique musicale. Le personnage de Monsieur Croche, qu'il créa à cette occasion, un "alter ego", inspiré du caractère de Monsieur Teste, inventé par P. Valéry, devint le porte-parole d'amères attaques contre les injustices dont Debussy se sentait la victime..."
Eh bien ! au vu de cet extrait que vous donnez, je suis au moins certain de ne jamais acquérir ce dictionnaire : comment peut-on devenir le "porte-parole d'amères attaques" ?
SupprimerD'autre part, sur le fond, ce que prétend cette phrase n'est pas du tout ce qui ressort de ce que je viens de lire.
Ainsi vous seriez du genre à récuser un ouvrage de plus de 2000 pages pour une expression maladroite ?
SupprimerMais qui pourrait vous en vouloir, en ces temps de Wikipédia où plus personne n'a besoin de dictionnaires ?
D'autre part, sur le fond, le débat semble bel et bien clos aussi, passons donc à autre chose !
Comment vont les poules ?
De toute façon, je n'aime pas ce genre de dictionnaires (qu'ils soient de musique, de littérature, de théâtre, etc.), à moins qu'ils soient écrits par un auteur unique. Sinon, chaque "spécialiste" a à cœur de mettre "son" auteur au-dessus des autres et cela donne généralement un ensemble au mieux insipide, au pis indigeste.
SupprimerQuant aux poules, la rousse est déjà malade et nous avons commencé la ronde des médicaments : ça promet…
Voici une illustration du concerto sans pitié.
RépondreSupprimerJ'écouterai ça plus tard…
SupprimerPar moment vous me faites penser à lui.
RépondreSupprimerCeci étant dit, je suis surprise par sa plume acérée qui contraste par exemple avec la douceur de ce morceau
https://m.youtube.com/watch?v=ZIsQPdC9YnY
Il y a quelques jours, j'ai estropié son nom dans un de mes commentaires. Je ne comprends toujours pas comment j'ai pu faire une bourde pareille, malheureusement je n'ai vu la coquille qu'après.
Hélène dici
Je viens de le joindre : il vous pardonne.
SupprimerC'est volontaire cette paronomase entre "Félicie aussi" (l'inoubliable succès de Fernandel) et votre titre ?
RépondreSupprimerÀ votre avis ?
SupprimerPour ma part, je vous imagine tout à fait Didier, faire comme Boissard, pardon ...Léautaud, taper de la canne avec force éclats de rire !
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