La blurberie ne sera imprimée qu'à titre strictement privée. Car, sinon, en cas d'édition publique, je pense que je serais tenu, par contrat, de soumettre d'abord le manuscrit aux Belles Lettres. De toute façon, il ne s'agira que de billets de blogs déjà parus, et donc tous encore en ligne. Gratuitement…
"Alphonse Daudet supérieur à Flaubert" dixit Desgranges. Vous sursautez ( à très juste titre selon moi) , vous vous promettez de savoir le pourquoi et le comment de ce péremptoire jugement de valeur. Et puis, plus rien... Je suis déçu.
Impressionné par vos capacités de lecture et de découvertes de livres ou d'auteurs que vous n'avez jamais lus. Pour ma part (est-ce l'effet de l'âge et du sentiment du peu de temps qui reste ?) j'ai de plus en plus tendance à relire les livres que j'ai beaucoup aimés; je me suis lancé dans la relecture d'"A la recherche du temps perdu", et je constate qu'elle me procure autant de plaisir, sinon plus, que la première fois, il y a une bonne trentaine d'années: alors, pourquoi se priver d'un plaisir garanti au lieu de se risquer dans des déceptions?
"...Donc lors d’une visite de monsieur Fournel* où je n’avais rien acheté, voyant sa mine déconfite, je lui dis tout à trac : « Ecoutez, monsieur Fournel, je n’ai jamais lu Proust. S’il vous arrivait d’avoir une belle édition de Proust, je vous l’achèterais. » Il est parti, un peu mélancolique, disant : « D’accord, d’accord ! » et je ne l’ai plus revu pendant assez longtemps. Or, un beau jour, il se présente à nouveau : « Je vous ai apporté le Proust que vous m’aviez demandé ». Il était aux anges et souriait. Je me souviens de ses « dents du bonheur » jaunies par le tabac. Il me regardait, toujours aussi bienveillant. Moi-même j’étais très heureuse aussi, car ne rien pouvoir dire sur Proust à personne, commençait à être difficile à assumer. Et c’est ainsi que Proust est entré chez moi sous la forme de huit volumes à couverture en toile bleu marine, pesant chacun en moyenne deux kilos et numérotés 1558 (eh oui, je sais bien !). Je crois que c’est la dernière fois que j’ai vu monsieur Fournel qui avait bien compris que la famille avait tourné ses dépenses vers des produits beaucoup plus vulgaires que ce qu’il pouvait nous offrir. J’ai tout de suite vu que si Proust avait mis une vie entière pour écrire son oeuvre, moi, j’allais mettre une vie entière pour la lire. J’ai souvent entendu les gens parler de livres en les comparant à de la pâtisserie : « Lis ce livre, disent-ils, c’est un régal ! ». Proust, lui, peut se comparer à un énorme gâteau comme on en sert dans les mariages à épate. Donc de temps en temps, je me dis : « Et si je me payais une tranche de Proust ! ». J’attends d’être seule à la maison Je sors le livre. Je l’ouvre sur la table et je commence à lire à voix haute. Et c’est un régal. Je ris. Je pleure. Je goûte la musique des phrases. Je jubile du choix des mots. C’est un véritable enchantement. C’est vrai que parfois je triche et je vais plus loin voir ce qu’il s’y passe. Je reconnais que je n’ai certainement pas pris autant de plaisir à lire tout ce que Proust raconte sur Saint-Loup, que lui n’en a eu à l’écrire. Mais bah ! Ce sont des broutilles que je me pardonne. Peut-être vous demandez-vous où j’en suis de ma lecture ? Je n’ai pas encore terminé de lire « Le côté de Guermantes » et « Sodome et Gomorrhe » m’attend. Je ne suis pas pressée. J’ai entendu dire que Françoise Sagan avait commencé la lecture de la Recherche par la fin. Peut-être que moi aussi je vais me lancer dans « Le temps retrouvé » un de ces jours. J’hésite..."
J'ai beaucoup aimé votre lecture "ébouriffante" de Pline. Un adjectif qu'on retrouve souvent chez Léautaud, et qui m'a toujours amusée, comme le mot "joliment" qu'il emploie fréquemment également.
Un mois de juillet haut en couleurs et fort divertissant à lire. Allez-vous mieux au fait ? Votre Max Hilaire ?
Cet étonnant 31 juillet où l'on apprend que l'auteur de ce blog n'a jamais visionné un seul des épisodes des Brigades du Tigre. Consternation.
RépondreSupprimerJe sais : je suis un garçon très décevant…
SupprimerAprès "consternation" j'aurais bien vu comme réponse "j'suis bidon"
SupprimerOn peut déjà commander cette blurberie?
RépondreSupprimerLa blurberie ne sera imprimée qu'à titre strictement privée. Car, sinon, en cas d'édition publique, je pense que je serais tenu, par contrat, de soumettre d'abord le manuscrit aux Belles Lettres. De toute façon, il ne s'agira que de billets de blogs déjà parus, et donc tous encore en ligne. Gratuitement…
SupprimerPuisque vous nous honorez d'une belle photo de Frère Antoine, voici une petite chanson d'icelui
RépondreSupprimer"Alphonse Daudet supérieur à Flaubert" dixit Desgranges. Vous sursautez ( à très juste titre selon moi) , vous vous promettez de savoir le pourquoi et le comment de ce péremptoire jugement de valeur. Et puis, plus rien... Je suis déçu.
RépondreSupprimerImpressionné par vos capacités de lecture et de découvertes de livres ou d'auteurs que vous n'avez jamais lus.
RépondreSupprimerPour ma part (est-ce l'effet de l'âge et du sentiment du peu de temps qui reste ?) j'ai de plus en plus tendance à relire les livres que j'ai beaucoup aimés; je me suis lancé dans la relecture d'"A la recherche du temps perdu", et je constate qu'elle me procure autant de plaisir, sinon plus, que la première fois, il y a une bonne trentaine d'années: alors, pourquoi se priver d'un plaisir garanti au lieu de se risquer dans des déceptions?
Il y a des lecteurs de Proust de toute espèce.
RépondreSupprimer"...Donc lors d’une visite de monsieur Fournel* où je n’avais rien acheté, voyant sa mine déconfite, je lui dis tout à trac : « Ecoutez, monsieur Fournel, je n’ai jamais lu Proust. S’il vous arrivait d’avoir une belle édition de Proust, je vous l’achèterais. » Il est parti, un peu mélancolique, disant : « D’accord, d’accord ! » et je ne l’ai plus revu pendant assez longtemps. Or, un beau jour, il se présente à nouveau : « Je vous ai apporté le Proust que vous m’aviez demandé ». Il était aux anges et souriait. Je me souviens de ses « dents du bonheur » jaunies par le tabac. Il me regardait, toujours aussi bienveillant. Moi-même j’étais très heureuse aussi, car ne rien pouvoir dire sur Proust à personne, commençait à être difficile à assumer. Et c’est ainsi que Proust est entré chez moi sous la forme de huit volumes à couverture en toile bleu marine, pesant chacun en moyenne deux kilos et numérotés 1558 (eh oui, je sais bien !). Je crois que c’est la dernière fois que j’ai vu monsieur Fournel qui avait bien compris que la famille avait tourné ses dépenses vers des produits beaucoup plus vulgaires que ce qu’il pouvait nous offrir. J’ai tout de suite vu que si Proust avait mis une vie entière pour écrire son oeuvre, moi, j’allais mettre une vie entière pour la lire. J’ai souvent entendu les gens parler de livres en les comparant à de la pâtisserie : « Lis ce livre, disent-ils, c’est un régal ! ». Proust, lui, peut se comparer à un énorme gâteau comme on en sert dans les mariages à épate. Donc de temps en temps, je me dis : « Et si je me payais une tranche de Proust ! ». J’attends d’être seule à la maison Je sors le livre. Je l’ouvre sur la table et je commence à lire à voix haute. Et c’est un régal. Je ris. Je pleure. Je goûte la musique des phrases. Je jubile du choix des mots. C’est un véritable enchantement. C’est vrai que parfois je triche et je vais plus loin voir ce qu’il s’y passe. Je reconnais que je n’ai certainement pas pris autant de plaisir à lire tout ce que Proust raconte sur Saint-Loup, que lui n’en a eu à l’écrire. Mais bah ! Ce sont des broutilles que je me pardonne. Peut-être vous demandez-vous où j’en suis de ma lecture ? Je n’ai pas encore terminé de lire « Le côté de Guermantes » et « Sodome et Gomorrhe » m’attend. Je ne suis pas pressée. J’ai entendu dire que Françoise Sagan avait commencé la lecture de la Recherche par la fin. Peut-être que moi aussi je vais me lancer dans « Le temps retrouvé » un de ces jours. J’hésite..."
Une lectrice de Proust
* Le père de Paul Fournel
Première fois que j'entends parler de ce monsier, je dois bien l'avouer.
SupprimerJ'ai beaucoup aimé votre lecture "ébouriffante" de Pline.
RépondreSupprimerUn adjectif qu'on retrouve souvent chez Léautaud, et qui m'a toujours amusée, comme le mot "joliment" qu'il emploie fréquemment également.
Un mois de juillet haut en couleurs et fort divertissant à lire.
Allez-vous mieux au fait ? Votre Max Hilaire ?
Ma Hilaire a cessé de faire le malin, après cinq à six jours d'antibiotiques…
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