Comme la mémoire est oublieuse ! Et toi qui ne rectifies rien de mes erreurs, naturellement... Hier, rappelle-toi, nous parlions de notre périple italien, que je situais en septembre ou octobre 1985, et j'y faisais une rapide allusion à la «tragédie du Heysel», ainsi que nos amis folliculaires ont immédiatement baptisé cet accident de stade. (Trente-quatre morts tout de même ; et parmi eux pas un seul joueur, ce qui est une manière de double peine.)
Or, tout à l'heure, dans le Journal de Matthieu Galey (qui t'a suivi de très près dans le néant, mais lui était né en 1934 : sacrée différence...), j'ai lu que ce fait-divers avait eu lieu en réalité dans les derniers jours du mois de mai. Par conséquent, c'est au printemps que Jean-Michel et moi t'avons accompagné dans ton dernier voyage terrestre, et non à l'automne ainsi que je l'ai écrit.
Me frappe pour la première fois depuis vingt-trois ans le fait que ta maladie aura donc été exactement encadrée par deux voyages, également effectués en compagnie de Jean-Michel et de moi : le premier en avril 1984 (dans une Espagne où régnait un froid de gueux), juste après ta première chimiothérapie, le second un an plus tard, juste avant la dernière. On peut aussi noter en passant que dans ce mot barbare et hérissé de chimiothérapie, si le côté "chimio" se laisse voir assez rapidement, l'aspect "thérapie" connaît de très fâcheux et trop fréquents ratés, ainsi que tu le sais.
Lors de notre mini-tour d'Espagne (Guadalajara, Madrid, Tolède, Ségovie et Salamanque), Jean-Michel et moi avions vécu une longue matinée d'angoisse, ce jour où tu t'étais éveillé avec de fortes douleurs au ventre. Le cancer était encore une nouveauté, pour nous comme pour toi, et nous imaginions déjà une brusque prolifération de métastases uniquement destinées à nous pourrir ces deux semaines de vacances. En réalité, les douleurs s'étant estompées dans le courant de la journée, pour disparaître totalement le lendemain matin, nous étions tous les trois tombés d'accord pour dire que tu devrais désormais éviter de te bourrer de glaces à longueur de journée, tel un sale gosse soustrait au regard maternel.
Je me souviens aussi que beaucoup de gens jetaient des regards furtifs et vaguement inquiets à ton crâne poli. La mode n'était pas encore venu, chez les jeunes hommes, de la chauvitude militante et volontaire ; en ces temps, la boule à zéro désignait quasi immanquablement le cancéreux sous perfusion - et tu n'avais pas tellement l'âge du rôle.
Avec tout cela, ce détour castillan, je m'aperçois que je n'ai encore rien dit de Léo Ferré, tout morfondu dans sa campagne toscane.
Or, tout à l'heure, dans le Journal de Matthieu Galey (qui t'a suivi de très près dans le néant, mais lui était né en 1934 : sacrée différence...), j'ai lu que ce fait-divers avait eu lieu en réalité dans les derniers jours du mois de mai. Par conséquent, c'est au printemps que Jean-Michel et moi t'avons accompagné dans ton dernier voyage terrestre, et non à l'automne ainsi que je l'ai écrit.
Me frappe pour la première fois depuis vingt-trois ans le fait que ta maladie aura donc été exactement encadrée par deux voyages, également effectués en compagnie de Jean-Michel et de moi : le premier en avril 1984 (dans une Espagne où régnait un froid de gueux), juste après ta première chimiothérapie, le second un an plus tard, juste avant la dernière. On peut aussi noter en passant que dans ce mot barbare et hérissé de chimiothérapie, si le côté "chimio" se laisse voir assez rapidement, l'aspect "thérapie" connaît de très fâcheux et trop fréquents ratés, ainsi que tu le sais.
Lors de notre mini-tour d'Espagne (Guadalajara, Madrid, Tolède, Ségovie et Salamanque), Jean-Michel et moi avions vécu une longue matinée d'angoisse, ce jour où tu t'étais éveillé avec de fortes douleurs au ventre. Le cancer était encore une nouveauté, pour nous comme pour toi, et nous imaginions déjà une brusque prolifération de métastases uniquement destinées à nous pourrir ces deux semaines de vacances. En réalité, les douleurs s'étant estompées dans le courant de la journée, pour disparaître totalement le lendemain matin, nous étions tous les trois tombés d'accord pour dire que tu devrais désormais éviter de te bourrer de glaces à longueur de journée, tel un sale gosse soustrait au regard maternel.
Je me souviens aussi que beaucoup de gens jetaient des regards furtifs et vaguement inquiets à ton crâne poli. La mode n'était pas encore venu, chez les jeunes hommes, de la chauvitude militante et volontaire ; en ces temps, la boule à zéro désignait quasi immanquablement le cancéreux sous perfusion - et tu n'avais pas tellement l'âge du rôle.
Avec tout cela, ce détour castillan, je m'aperçois que je n'ai encore rien dit de Léo Ferré, tout morfondu dans sa campagne toscane.
Que vous êtes bon quand vous écrivez comme ça... Je suis émue !
RépondreSupprimer(Insomnie ?)
Non, j'ai triché ! Le texte a été écrit hier après-midi, mais comme j'avais déjà suffisamment posté, je l'ai gardé pour ce matin.
RépondreSupprimerEt j'ai dormi comme un bébé.
Je le savais bien que vous n'étiez pas toujours de bonne foi !
RépondreSupprimerC'est vrai, au début, quand on se lance plein d'espoir vers la guérison, on parle de chimiothérapie. Plus tard, lassé des séances et des heures blanches d'hôpital, on ne la désigne plus qu'en chimio. La thérapie s'étant allée avec les cheveux, sans doute…
RépondreSupprimer:-)