Depuis avant-hier, je suis replongé dans les œuvres complètes de Flannery O'Connor, achetées il y a un an environ, commencées puis abandonnées très vite, Dieu sait pourquoi (je suppose). L'une des nouvelles du recueil Les Braves Gens ne courent pas les rues s'intitule Les Temples du Saint-Esprit. En une trentaine de pages, elle raconte la journée passée chez leur tante par deux adolescentes, pensionnaires d'un institut religieux, leur soirée à la fête foraine voisine en compagnie de deux jeunes paysans du cru, recrutés pour la circonstance, puis leur retour, le lendemain, au pensionnat.
Ce qui donne tout son prix à cette nouvelle, me semble-t-il, c'est que les différents protagonistes, leurs gestes, leurs paroles, leurs silences, leurs regards, etc. sont tous vus par la petite, cousine des deux adolescentes âgée de 12 ans, bien plus fine et intelligente qu'elles, volontiers sarcastique, bouillonnant d'une violence qu'elle ne sait ni très bien exprimer ni encore canaliser – et qui n'a pas de prénom. Elle sait que ses cousines sont idiotes, mais elle ne peut pourtant se défendre complètement de la fascination que les deux ou trois années qui la séparent d'elles, et l'initiation à certains “mystères" qui lui sont encore interdits, exercent sur elle. Elle les implore et les manœuvre tout à la fois, elle les méprise et les envie.
Or, au bout de quelques pages seulement, il m'est apparu que cette petite ne pouvait être que Nefisa – ou son double américain. Plus j'avançais et plus il me semblait voir se dessiner sous mes yeux le portrait de ma “nièce”, non pas sans doute telle qu'elle est, mais comme j'imagine qu'elle a pu être – jusqu'à un degré de vraisemblance, d'identification, qui finissait par presque faire obstacle à la lecture elle-même.
Expérience curieuse.
Ce qui donne tout son prix à cette nouvelle, me semble-t-il, c'est que les différents protagonistes, leurs gestes, leurs paroles, leurs silences, leurs regards, etc. sont tous vus par la petite, cousine des deux adolescentes âgée de 12 ans, bien plus fine et intelligente qu'elles, volontiers sarcastique, bouillonnant d'une violence qu'elle ne sait ni très bien exprimer ni encore canaliser – et qui n'a pas de prénom. Elle sait que ses cousines sont idiotes, mais elle ne peut pourtant se défendre complètement de la fascination que les deux ou trois années qui la séparent d'elles, et l'initiation à certains “mystères" qui lui sont encore interdits, exercent sur elle. Elle les implore et les manœuvre tout à la fois, elle les méprise et les envie.
Or, au bout de quelques pages seulement, il m'est apparu que cette petite ne pouvait être que Nefisa – ou son double américain. Plus j'avançais et plus il me semblait voir se dessiner sous mes yeux le portrait de ma “nièce”, non pas sans doute telle qu'elle est, mais comme j'imagine qu'elle a pu être – jusqu'à un degré de vraisemblance, d'identification, qui finissait par presque faire obstacle à la lecture elle-même.
Expérience curieuse.
La correspondance de F. O'Connor est vraiment must.
RépondreSupprimerParue chez Gallimard sous le titre L'Habitude d'être.
RépondreSupprimerLes personnages de roman existent vraiment. Ils flottent dans d'espèces de limbes qui nous entourent et nous pénètrent, et, parfois, s'incarnent, se réincarnent, vont d'un livre à un coin de rue ou n'importe où, pour une seconde ou quelques heures ou toute une vie.
RépondreSupprimerMince, j'ai déjà été écrite ? Mes parents risquent-ils un procès pour plagiat ?
RépondreSupprimerDois-je m'excuser d'avoir ainsi perverti une lecture ? (je ne le ferais pas de toute façon, c'est trop flatteur, mais je demande par pure politesse)
Pascal : ce devrait être mon prochain achat... dans lequel vous me confortez, donc.
RépondreSupprimerSuzanne : oui, et c'est une expérience qui peut être troublante, comme ici. Ce pourrait l'être aussi, mais a contrario pour Nefisa, si elle lit la nouvelle d'O'Connor. Car sans doute se dira-t-elle quelque chose comme : " Mais il est naze, le tonton Didi : c'est pas du tout moi, cette petite taspé ! "
Nefisa : Je contacte immédiatemment les héritier de la Flannery, pour voir ce que tu risques.
C'est drôle, j'ai pour ma part terminé hier soir la "bio" d'O'Connor (collection Voix américaine, Belin, un peu scolaire et "étude de textes"). Il parait que la version française de sa correspondance est incomplète, on été "oubliées" nombres de lettres d'importance. Si vous êtes bilingue, préférez l'originale.
RépondreSupprimerSinon, j'ai bien en mémoire cette histoire de gamines. Ses nouvelles vous restent dans le crâne.
Bien à vous,
IS
Je suis hélas "désespérément monoglotte", comme disait Mauriac. Je vais donc devoir me contenter de la seule version à ma portée.
RépondreSupprimerMerci pour la bio, dont j'ignorais l'existence.
C'est bien plus une étude de texte qu'une bio, (signé André Bleikasten), donc plus ennuyeux; pour la bio, il y a apparemment "Loin du paradis : FO'C" par Genneviève Brisac. Que je n'ai pas encore lu.
RépondreSupprimerhttp://www.amazon.fr/Loin-du-paradis-Flannery-OConnor/dp/2879293553/ref=sr_1_3?ie=UTF8&s=books&qid=1243422151&sr=1-3
Flannery O’Connor est géniale.
RépondreSupprimerJe réponds à tout le monde... dès que j'ai dessaoulé.
RépondreSupprimerDessaoulez paisiblement, Cher Didier, dessaoulez...
RépondreSupprimerEn ce qui concerne votre titre, je pense qu'il doit plutôt s'agir de Flaherty au Pôle nord.
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