« La lecture des mazarinades, ces opuscules, libelles, placards orduriers, complaintes irrévérencieuses, dont la folle explosion marque cette période – on en a dénombré plus de 5 000 –, ajoute à la confusion. Christian Jouhaud l'a fort bien montré, ce ne sont pas des textes d'opinion, mais de propagande, des textes “d'action” remplissant une fonction tactique, collant à l'actualité convulsive, s'insérant dans la mise en scène à la fois baroque et festive du combat politique. La loi du genre est l'imprécation, l'invective ou la calomnie. Dans certains de ces textes, la haine de Mazarin – et accessoirement celle de la reine, à laquelle s'accrochent les fantasmes les plus débridés – s'enfle jusqu'au délire. Mais cette violence n'est que défoulement : il devient « inutile de tuer Mazarin puisqu'on l'assassine journellement sur le papier ». Si ces brûlots éphémères offrent peu d'intérêt pour l'histoire des idées politiques, du moins témoignent-ils de l'extraordinaire libération de la parole et de l'écrit en ce bref moment. Chaque faction eut ses officines d'imprimerie, ses colporteurs, ses écrivains à gages ou “engagés” (Scarron, Cyrano, Chapelain, Sarazin). »
Jean-Christian Petitfils, Louis XIV, Librairie Perrin, p. 48.
J'avais d'abord pensé me fendre d'un petit commentaire, à la suite de cet extrait ; et puis à quoi bon ? Chacun aura compris seul de qui et de quoi il s'agit. On ne fait pas tomber Mazarin en vociférant sur le Pont Neuf.
La gauchosphère parfaitement décrite en somme ! Excellent.
RépondreSupprimerC'est une blague ? Et le commentaire de Corto aussi, je suppose ?
RépondreSupprimer"Méfie-toi des hommes de petite taille : ils sont butés et arrogants." (Mazarin, Bréviaire des politiciens )
RépondreSupprimerDorham : comment ça, une blague ? Vous ne trouvez pas le tableau ressemblant ?
RépondreSupprimerSébastien : alors, si même Mazarin se retourne contre Sarkozy, on ne peut plus rien pour lui !
Si. Il l'est, bien sûr...
RépondreSupprimerMais rassurez-moi : ça concerne bien sûr tout le monde. L'époque en quelque sorte...
Montaigne disait déjà que "l'écrivaillerie semble être quelque symptôme d'un siècle débordé."
RépondreSupprimerFaudrait voir à vous torturer les méninges, Goux, parce que se référer à la Fronde et à Mazarin pour expliquer l'anti sarkozisme, c'est un peu comme comme suivre des études de médecine en proctologie pour expliquer les dégâts du pet foireux...
RépondreSupprimerTiens, on pourrait aussi y voir une critique de la réacosphère dont les billets assassins n'ont pas encore ébrèché sérieusement le système. Encore que, ça vient peut-être tout doucement.
RépondreSupprimerCui-cui : la proctologie explique très bien la possibilité du pet foireux. C'est juste que les connaissances de base vous font défaut.
RépondreSupprimerExcellent et pertinent.
RépondreSupprimerGoux, est-il nécessaire de suivre 7 longues années d'études en médecine + 2 années de spécialisation en proctologie pour constater qu'un pet foireux peut tâcher une culotte ?
RépondreSupprimerL'important est la conclusion, pas le déroulement.
En ce qui me concerne, je ne pousserais pas le perfectionnisme à cette extrémité.
Par ailleurs, la Fronde, mouvement de révolte des classes supérieures contre la monarchie, a coûté très cher à la noblesse.
En 2012 je rappelle que le petit peuple sait lire, écrire et réfléchir et le roi est élu au suffrage universel pour 5 ans.
Monsieur François Mitterrand aurait certainement pu écrire cette même lettre à Anne Pingeot n'es-ce pas >>> .. sa muse, celle aussi qui lui inspira la belle pyramide de verres >>>
RépondreSupprimerLettres à la reine du 11 mai 1651 :
Mon Dieu, que je serais heureux et vous satisfaite si vous pouviez voir mon cœur, ou si je pouvais vous écrire ce qu'il en est, et seulement la moitié des choses que je me suis proposé. Vous n'auriez pas grand-peine, en ce cas, à tomber d'accord que jamais il n'y a eu une amitié approchante à celle que j'ai pour vous. Je vous avoue que je ne me fusse pu imaginer qu'elle allât jusqu'à m'ôter toute sorte de contentement lorsque j'emploie le temps à autre chose qu'à songer à vous : mais cela est, à tel point qu'il me serait impossible d'agir en quoi qui en pût être, si je ne croyais d'en devoir user ainsi pour votre service.
Je voudrais aussi vous pouvoir exprimer la haine que j'ai contre ces indiscrets qui travaillent sans relâche pour faire que vous m'oubliez et empêcher que nous ne nous voyions plus [...] La peine qu'ils nous donnent ne sert qu'à échauffer l'amitié qui ne peut jamais finir.
Je crois la vôtre à toute épreuve et telle que vous me dîtes ; mais j'ai meilleure opinion de la mienne, car elle me reproche à tout moment que je ne vous en donne pas assez de belles marques et me fait penser à des choses étranges pour cela et à des moyens hardis et hors du commun pour vous revoir [...] Si mon malheur ne reçoit bientôt quelque remède je ne réponds pas d'être sage jusqu'au bout, car cette grande prudence ne s'accorde pas avec une passion telle qu'est la mienne [...]
Ah ! que je suis injuste quand je dis que votre affection n'est pas comparable à la mienne ! Je vous en demande pardon et je proteste que vous faites plus pour moi en un moment que je ne saurais faire en cent ans : et si vous saviez à quel point me touchent les choses que vous m'écrivez, vous en retrancheriez quelqu'une par pitié, car je suis inconsolable de recevoir des marques si obligeantes d'une amitié si tendre et constante, et d'être éloigné.
Je songe quelquefois s'il ne serait pas mieux pour mon repos que vous ne m'écrivissiez pas, ou que, le faisant, ce fût froidement ; que vous dissiez [...] que j'ai été bien fou à croire ce que vous m'avez mandé de votre amitié, et enfin que vous ne vous souvenez plus de moi comme si je n'étais au monde. Il me semble qu'un tel procédé, glorieux comme je suis, me guérirait de tant de peines et de l'inquiétude que je souffre et adoucirait le déplaisir de mon éloignement. Mais gardez-vous bien d'en user ainsi ! Je prie Dieu de m'envoyer la mort plutôt qu'un semblable malheur, qui me le donnerait mille fois le jour : et si je ne suis pas capable de recevoir tant de grâces, il est toujours plus agréable de mourir de joie que de douleur.
On pourrait l'appeler Mazarine cette lettre.... Elle est si jolie, si douce..et crédible.