dimanche 10 septembre 2017

Nos dimanches Dávila, 3


– Ce n'est pas parce que les critiques adressées au christianisme paraissent fondées qu'on cesse de croire, c'est parce qu'on cesse de croire que ces critiques paraissent fondées.

– En fin de compte, qu'est-ce que le moderne appelle “Progrès” ? Ce qui paraît commode aux imbéciles.

– Les esprits mous dégradent la courtoisie, obligation de respecter les goûts d'autrui, en tolérance obligatoire du mauvais goût.

– Le prophète n'est pas un confident de Dieu, mais une guenille secouée par le souffle des bourrasques sacrées.

– C'est le protestantisme qui est à l'origine de cette intériorisation du christianisme en une simple idiosyncrasie, ce qui permet de demander à l'individu quelle est sa religion, après lui avoir demandé quelle est sa couleur préférée et avant de lui demander quelle actrice il admire le plus.

– La compassion, en ce siècle, est une arme idéologique.

– La destruction des provinces est un des événements lamentables de ce siècle. Provincial était antonyme de provincialiste.

– L'homme moderne est alternativement visqueux et dur comme pierre. Quand il cesse d'être sentimental, il devient impitoyable.

– Le pur réactionnaire n'est pas un nostalgique qui rêve de passés abolis, mais le traqueur des ombres sacrées sur les collines éternelles.

– Rien de plus dangereux que de heurter les préjugés de qui affirme n'en avoir aucun.

– Pauvreté des âmes qui ne se sentent pas avant tout héritières du passé.

– L'instruction ne guérit pas la bêtise, elle lui donne des armes.

17 commentaires:

  1. « L'instruction ne guérit pas la bêtise, elle lui donne des armes. » Celle-là, il faudrait l’afficher rue de Grenelle.
    A part ça, il y a une petite faute dans la première citation.

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  2. "La compassion, en ce siècle, est une arme idéologique."

    Elle est à l’œuvre. Jusque dans les délires verbaux du Pape. Elle nous détruira.

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    1. Vous exagérez : « les délires verbaux du Pape ». Ne m'obligez pas à citer Balavoine : « Aimer est plus fort que d'être aimé ».

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  3. Soupe décidément bien prétentieuse. Je n'en boirai pas dimanche prochain.

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  4. L'homme moderne sait d'avance qui mérite qu'il soit sentimental, et qui mérite qu'il soit impitoyable.

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  5. "Le pur réactionnaire n'est pas un nostalgique qui rêve de passés abolis"

    En êtes-vous bien certain ? Je crois, au contraire, que c'est une excellente définition du réactionnaire, qu'il soit de droite ou de gauche.
    (quant à la suite de la phrase, j'avoue honnêtement n'y avoir rien compris.)

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    1. Vous n'y avez rien compris parce qu'elle ne veut rien dire. Davila essaie de rendre le concept de "réactionnaire" plus intéressant qu'il n'est avec de la poésie à trois balles.

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    2. @ JF Brunet; le réactionnaire traque les vérités éternelles, sous les apparences de changement et les fables progressistes. Il ne s'intéresse donc pas au passé en tant que tel, mais aux réalités permanentes,que la modernité nie alors que le passé les (re)connaissait. Est-ce plus clair?

      Pierre.

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    3. Ne vous fatiguez pas à expliquer quoi que ce soit à M. Brunet : il a évidemment très bien compris ce que l'aphorisme disait. Seulement, il aime bien, de temps en temps, venir se soulager ici de son excès de bile.

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    4. Ah pardon, dans ce cas... Je présumais la bonne foi de sa part; dans la mesure où on sait que c'est le réactionnaire qui est toujours de mauvaise foi.
      Merci du renseignement!
      Pierre

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    5. à Monsieur Pierre: Je vous remercie de m'expliquer et votre interprétation de Davila me convainc concernant l'"éternel" que vous appelez aussi "le permanent » (mais que vient faire le « sacré » là-dedans ?). Il reste que déclarer les changements au cours de l’histoire humaine des « apparences de changements » est un jeu sur les mots. L’humanité se définit autant par les changements, l’histoire, que par les traditions et la mémoire ; Une « réalité permanente » de l’humanité est de nier les réalités permanentes. Le réactionnaire pur est aussi aporétique que le progressiste pur. Et Davila me semble plus astucieusement polémique que nourrissant.

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    6. @JF Brunet; vous n'avez peut-être pas bien saisi(si vous me permettez) ce que j'appelle les "vérités permanentes", indifférentes aux changements historiques, sociaux et mentaux que nul ne songe à nier. Et nous parlons bien de "vérité", pas de "réalité"; les deux mots ne sont pas synonymes. Maintenant, je voulais surtout dire qu'il est un peu facile de prétendre que Davila est de mauvaise foi; peut-être se trompe-t-il (c'est une chose), mais il est honnête intellectuellement (ce qui est une autre chose). C'était cela surtout, le sens de mon intervention. Le réactionnaire n'est pas forcément un être mal intentionné et truqueur, qui joue à faire des bons mots pour embêter les autres.
      Pierre.

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  6. Allons bon, Dávila n'a pas fait recette, hier, dirait-on.

    Pourtant, ce "Rien de plus dangereux que de heurter les préjugés de qui affirme n'en avoir aucun" me semble frappé au coin de la plus juste observation. (J'en ai encore des frissons rétrospectifs.)

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    1. C'est un écrivain pour happy few

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    2. Mais personne n'"affirme" avoir des préjugés, c'est-à-dire ne s'en targue (et certainement pas Davila lui-même) ou alors c'est pour immédiatement se lancer dans un éloge paradoxal du "préjugé", et se situer ainsi au-dessus de ce qu'on entend banalement par "préjugé". Encore un coup tordu.

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  7. J'attends dimanche et Davila avec impatience !

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.