Alissa Zinovievna Rosenbaum, dite Ayn Rand, 1905 – 1982. |
Sur le site de Contrepoints, Damien Theillier
(“Monsieur Crevette”, pour les initiés…), professeur de philosophie, libéral voire libertarien en acier
trempé – et néanmoins homme hautement fréquentable –, donne à ses
lecteurs quinze conseils de livres à emporter en vacances. Quatorze
d'entre eux ne m'intéressent nullement, dans la mesure où ce sont des
ouvrages traitant principalement d'économie, ou d'économie politique, ou
d'autres domaines du même ordre, qui tous me plongent dans un ennui
profond, presque belle-au-bois-dormantesque. Mais, au milieu de ceux-là,
il encourage à lire La Grève d'Ayn Rand, en présentant celle-ci
comme une grande romancière. Là, je regimbe, mon cher Damien, je regimbe
même nettement !
Je l'avoue : je n'ai pas lu ce roman-ci ; mais sur les conseils
enthousiastes des époux Theillier, dispensés un jour que je déjeunais chez eux, en me forçant à ne boire que de l'eau car il fallait bien que je ramenasse la voiture à la maison ensuite, je me souviens d'avoir acquis son autre
roman, Fountainhead, adapté au cinéma par Vidor (avec Gary Cooper) sous le titre français de Le Rebelle.Quelques jours plus tard, parvenu à grand-peine, et avec moult
énervements, au bout de cet indigeste pavé, je m'étais fait la réflexion que Mme Rand était peut-être
un penseur d'importance, un authentique luminaire libertarien, mais qu'elle ne serait jamais romancière ; en
tout cas, qu'elle ne l'était nullement au moment où elle avait écrit et
publié cette chose. Je pourrais développer, mais je n'en ai guère
l'envie. En tout cas, je doute fort qu'elle se soit soudainement muée en
grand écrivain de romans, entre son premier et son deuxième livre,
celui que recommande si chaudement Damien Theillier : son Rebelle était
si pâteux, si démonstratif, le personnage principal en était si faux, si
horripilant, que je ne pense pas qu'elle ait pu faire beaucoup mieux
ensuite, la distance étant vraiment trop grande entre ce que j'ai eu le
malheur de lire et ce que j'appelle un vrai roman.
Je continuerai donc à faire grève de cette Grève-là, n'en déplaise à l'un de mes deux philosophes préférés. Mais enfin, vous
ferez, mes chers douze, exactement comme vous voudrez.
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