Ivan IV, dit le Terrible, 1530 – 1584. |
« Seule la monarchie peut sauver la Russie ! » Voilà ce qu'affirme – nous sommes en 1921 ou 1922 – un jeune Cosaque, ex-officier subalterne de l'Armée du Don, à Grigori Mélékhov, le personnage principal de cet extraordinaire roman qu'est Le Don paisible, à l'instant terminé. Ce même officier, qui se nomme Kaparine, affirme en avoir reçu la divine révélation. Pour le prouver, il s'empare de sa badine de cavalier et trace sur le sable les mots “marteau” puis “faucille”. « Et maintenant, dit-il triomphalement à Mélékhov, lisez à l'envers. Vous avez lu ? Vous comprenez ? Le trône seul peut mettre fin à la révolution et au pouvoir des bolchéviks. »
Évidemment, là, le lecteur français patauge complètement. Par chance, le camarade Antoine Vitez – traducteur admirable, soit dit en passant – le tire d'embarras grâce à une note. Par laquelle on apprend que, en russe, les deux mots tracés par Kaparine se disent molot et serp (il est d'ailleurs amusant que, changeant de langue, une faucille devienne serpe…). Si on les accole et les lit à l'envers, cela donne donc prestolom.
Et prestolom, en russe, cela veut dire… “par le trône”.
CQFD, et bien le bonjour à tous les claquemurés.
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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.