À l'heure où le Canada, sous la houlette du pitoyable, catastrophique et post-humain Justin Trudeau, s'enfonce dans une sorte d'ethnolâtrie asilaire, il ne m'a pas paru abusif de vous remettre ce petit billet qui, malgré ses trois ou quatre ans de cave, n'a pas encore tourné vinaigre (quoique…). Voici donc :
À Jean le Huron… et à sa squaw.
On nous répète à l'envi que se méfier a priori des étrangers, les
tenir pour suspects et potentiellement dangereux tant qu'ils n'ont pas
dûment donné la preuve de leur innocuité, on nous serine, donc, que c'est très
mal, que cela fait de nous de patentés suppôts du nazisme, dont la
nauséabonderie délétère devrait d'ailleurs suffire à faire fuir
n'importe quel étranger aux narines tant soit peu délicates – mais
passons.
Il est donc entendu que l'étranger est notre ami, qu'il ne vient vers
nous que dans l'espoir de s'enrichir culturellement à notre contact ; le
présupposé reste vrai même lorsque l'étranger est une demi-douzaine et
que chacun tient négligemment à la main la chaîne de sa mobylette : la
perspective d'un réel déplaisant ne doit en aucun cas faire pâlir
l'image sainte que l'on nous somme d'adorer, ou au moins d'accueillir
comme un autre nous-même, voire un nous-même amélioré.
C'est d'ailleurs ce qu'ont fait les Indiens des Indes occidentales
lorsque les Colomb, Cortès et autres Pizarro ont débarqué dans leurs
îles puis sur leur continent : accueil bienveillant, ouverture à
l'autre, curiosité interethnique, rien n'y manquait. On sait le résultat
de cette largeur d'esprit : massacres, épidémies, réserves. Si ces
braves emplumés avaient pu bénéficier des apports du fascisme, du repli
sur soi, de la xénophobie agissante et des heures les plus sombres de
toute histoire, qu'eussent-ils fait, voyant débarquer ces peu nombreux
étrangers cuirassés et coiffés de casques ridicules ? Ils les auraient
gaillardement massacrés jusqu'au dernier avant même qu'ils ouvrent la
bouche, puis auraient envoyé caravelles et galions par le fond, tandis
que les squaws auraient préparé un grand barbecue festif sur la plage
pour arroser ça. À la rigueur ils auraient esclavagisé quelques spécimens pour les envoyer couper beaucoup bois quand hiver très rude. Et ils étaient tranquilles pour au moins un siècle, à
chasser le bison et scalper les voisins. Au lieu de ça, ils ont préféré
jouer aux progressistes, aux multicul', aux vous-n'aurez-pas-ma-haine :
c'est bien fait pour eux.
La règle sera donc la suivante, et elle est d'or : soyez xénophobes, mes
frères, par principe et résolument ; cela peut vous sauver la vie, et
accessoirement le pucelage de vos filles, comme l'histoire des hommes le
montre d'abondance. Et ce n'est qu'une fois prouvée sa bénévolence que
l'étranger pourra, très éventuellement, être convié à dîner à la maison.
Mais on aura garde de ne mettre à sa disposition, à table, que des
couteaux aussi peu affutés que possible. Parce que, tout de même : un
étranger reste un étranger. Parole de Geronimo.
« Je sais où je vais le mettre »
RépondreSupprimerAh, je vous en prie, restez correct !
Ah, si les Gaulois avaient massacré,à leur arrivée, les Romains, puis les Francs, on n'en serait pas là !
RépondreSupprimerEux au moins ont une réserve, mais le peu de nous qui restera sera parqué où par exemple ? 🥴
RépondreSupprimerHélène
Excellent ! Et si sage.
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup "les apports du fascisme", je crois que je vais les savourer toute la soirée.
RépondreSupprimerC'était tout le sujet de "une histoire de lynx" de levi-strauss, son dernier livre.
RépondreSupprimerLes indiens sont les hommes, ils cohabitent avec trois autres espèces d'animaux: les ours, les loups, les lynx. Arrivent une nouvelle espèce, les européens. Tout naturellement, ils s'écartent pour leur faire de la place car la Nature est bien faite. Et c'est là tout le tragique de l'histoire. Faire un peu de place.
Levi-Strauss insistait sur le fait que la disparition des indiens était inscrite dans leur culture. Chose bizarre, il terminait toujours en parlant de l'Islam.
(petit rappel: le libéralisme, plus précisément le droit libéral, est l'art d'ajuster l'Espace aux besoins de tous. Tragique. Non ?)
Vous n’auriez pas pompé cet article dans Le Monde?
RépondreSupprimerBah, votre billet avait tourné vinaigre dès sa première parution car mis à part l'aspect cocasse de la comparaison, naturellement le raisonnement ne tient pas. Les indiens avaient bien criblé de flèches colons et progéniture... mais Pizarro et ses amigos étaient autrement mieux armés et ils sont revenus en force. Aujourd'hui nous nous vantons de posséder la menace atomique et nous nous trouvons les bras ballants devant un troupeau de barbus en djellabas.
RépondreSupprimerIls ne seraient pas "revenus en force" si leur premier voyage avait été sans retour…
SupprimerDu reste, les conquistadores n'ont jamais été si nombreux qu'on se le figure ; en tout cas au début. Or, c'est le début qui est décisif.
( point Godwin) Hitler n'est pas de votre avis.
SupprimerIl y a aux Etats-Unis plus d'Indiens aujourd'hui qu'au 16ème siècle, ils vivent beaucoup plus vieux qu'à l'époque et en bien meilleure santé.
RépondreSupprimerCes critères ne sont importants qu'aux yeux des zombis post-modernes que nous sommes devenus, pour qui une société idéale ne peut ressembler à autre chose qu'à une vaste clinique (avec aires de jeux pour les 'tits nenfants…).
SupprimerÀ peu près tout le monde, sur la planète, vit aujourd'hui beaucoup plus vieux et en meilleure santé qu'au 16ème siècle, et même qu'au XIX ème siècle- et les progrès de la médecine n'en sont pas la cause principale.
SupprimerPourquoi "à l'anglaise" ? En français, les deux orthographes (zombi et zombie) sont également courantes et admises, il me semble.
SupprimerLes Amérindiens ont surtout été victimes de la variole, ou petite vérole, dont Louis XV périt. Et aussi, de l'eau-de-feu comme ils disaient, pour bien nommer des produits d'alambic, comme le ouissequi, le gin, le Calvados de Normandie, et la pire des saloperies : le Cognac de Jarnac, qui vous prend par traitrise !
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