Ces jumelles qu'il braque durant près de trois cents pages sur les ans 40 et leurs joyeusetés ne l'empêchent pas, souvent, de jeter un rapide regard vers l'avenir, c'est-à-dire vers nous maintenant. Regard rapide mais presque toujours juste, et dont l'acuité est renforcée par ce qui constitue sa marque d'écrivain et que je définirais volontiers, si on insistait, comme une ironie indulgente – voire bienveillante.
Donc, pour illustrer mon propos – et justifier tant soit peu mon titre –, je m'en vas vous recopier deux courts passages du dit roman. Le premier s'est imposé tout naturellement, vu que nous sortons à peine d'une splendide “quinzaine anti-Le Pen” et qu'une autre se profile à l'horizon proche. Voici donc ce qu'écrivait A.B. il y a 45 ans :
« On parle de fascisme, de nazisme aujourd'hui sur les murs, dans les petits journaux… il ne passera pas, on se regroupe ! C'est plutôt du mimodrame. Il est bel et bien mort le fascisme. Mussolini pendu à son crochet de boucherie… le popolo qui vient lui glavioter le cadavre. Rudolf Hess, gâteux octogénaire, seul dans sa forteresse de Spandau gardé par une quadruple armée. Dans sa forme ostentatoire, évidente, nationaliste, il est bien crevé, le fascisme. On n'agite son fantôme que pour faire peur aux petits enfants. Il ne peut revenir, intolérant, féroce, implacable que sous une défroque tout à fait inattendue. Les survivants, les nostalgiques de la Collabo s'imaginent-ils que le règne de l'ordre, du travail dieu, du racisme, risque d'être instauré par leurs pires ennemis ? Le retournement ironique de l'Histoire, la grande farce. Hitler est asiate aujourd'hui… roi nègre ! »
Comme le fascisme c'est plutôt une histoire d'homme, et que je suis paritaire à m'en inonder les braies, voici maintenant un petit paragraphe pour ces dames :
« Dans le militantisme, j'ai pu constater, les nanas refilent aisé le double six aux hommes. Dès qu'elles sont vraiment convaincues de l'existence de Dieu ou du sens de l'Histoire, elles y vont bon poids… à toutes les messes, les réunions, les meetings, les cellules, les pèlerinages… Maintenant qu'elles ont trouvé une cause vraiment à elles, leur libération du joug du mâle… on n'a pas la partie belle, je vous le prédis, mes frères en biroute. Elles vont nous vaincre à la rage, la longueur du temps… à l'arsenic, à l'usure, au Code pénal… elles utiliseront tout, les vaches ! Et ça ne s'arrêtera pas, leur victoire, à l'égalité des droits. En vérité, je vous l'affirme, elles ont déjà gagné… l'avenir est à elles ! On sera réduits tous esclaves… exterminés après le service comme les bourdons par les abeilles. Ça va être ça, mes petits potes… le fin du fin de la lutte finale, de la dialectouille ! la véritable égalité. Le vrai communisme en sa phase ultime ! »
Et nous allons, si vous le voulez bien, nous quitter là-dessus : il faut que j'aille libérer Paris, moi…
J'ai toujours trouvé incompréhensible que les antifascistes de tant de pays aient adopté le slogan des antifranquistes espagnols " I No pasaràn !", c'est à dire le slogan des perdants ... Ça fait très Paul Reynaud, a posteriori : " Nous gagnerons parce que nous sommes les plus forts !"
RépondreSupprimerE.Arié
C'est curieux à quel point vous pouvez avoir l'esprit faux. Vous auriez préféré quoi, comme slogan, pour les antifa et les antifran ? « On va l'avoir dans le fion », histoire de se mettre en règle avec l'avenir ?
SupprimerQuant à Paul Reynaud, eh bien, ma foi, il n'avait pas tort, puisque "nous" avons gagné…
Ah, il est certain qu'avec " Nous avons parfaitement réussi notre manœuvre de retraite stratégique " , tout le monde aurait compris sans qu'il ait à perdre la face...Il aurait même pu rajouter " La situation se présente si bien que le gouvernement peut se permettre de prendre quelques jours de vacances à Bordeaux ".
SupprimerJe crois que rien n'est aussi démoralisant pour la population que le contraste entre les déclarations triomphalistes et ceci qu'elle constate.
E.Arié
Ah ça, il est certain que sans Céline, pas de Boudard ! Mais ça vaut aussi pour un certain nombre d'autres : Dard, Simonin, and so on…
RépondreSupprimer"No pasaran" n'est que la traduction espagnole d'un slogan français, celui de Pétain à Verdun: "ils ne passeront pas !"
RépondreSupprimerMoi aussi j'ai apprécié le style. Et le skud sur les greluches. Bon le fond je suis trop vieux pour m'y aventurer.
RépondreSupprimerVu il y a 3 ans un spectacle sur des écrits inconnus de Céline, dont un où il disait que, chaque siècle, il y a 2 ou 3 écrivains après lesquels personne ne peut plus écrire comme avant : il est évident qu'il pensait à lui (j'aimerais savoir qui étaient les 2 autres, dans son esprit... Peut-être Proust et Didier Goux?)
RépondreSupprimerE.Arié
On voit bien que Boudard n'a pas connu Zemmour et tout ça... (smiley, hein !, je précise au cas où vous auriez des lecteurs débiles en plus des séniles).
RépondreSupprimerBoudard est mort en 2000. Donc, il a très bien pu connaître Zemmour !
SupprimerD'ailleurs, c'est peut-être cette rencontre qui lui a été fatale…
Cela dit, je remarquer que cela fait au moins trois heures que vous n'avez pas publié de nouveau billet : faudrait voir à pas s'endormir sur le rôti, hein !
SupprimerHé ho ! J'ai fait trois billets en trois jours, en moyenne. 16 depuis le début du mois et nous sommes le 17ème jour.
SupprimerIl n'empêche que, depuis six grandes heures maintenant, rien, pas une nouveauté, nib !
SupprimerVous faiblissez, mon vieux, vous faiblissez…
Vous avez oublié qu'il y a une dizaine ou une quinzaine d'années, je faisais 3 billets par jour en moyenne rien que sur un blog...
SupprimerAppelons donc cela : une seconde jeunesse…
SupprimerCa y est ! Un de plus.
SupprimerUNE de plus, pas UN !
Supprimer( je croyais que sur ce blog, il était interdit de critiquer les autres ?)
E.Arié
Une billet de blog ? Faudrait pas vieillir...
RépondreSupprimerJe vous parle des commentaires, pas du billet !
Supprimer( je crains que cela n'ait aucun rapport avec votre âge)
E.Arié
Il ne s'agit pas de MON âge...
SupprimerC’est pas marrant de tomber nez à nez avec ces pétoires chaque fois que je viens chez vous.
RépondreSupprimerSi vous aviez un joli bouquet de fleurs ?
Hélène
Vous n'avez qu'à vous imaginer qu'ils partent tous "la fleur au fusil"…
SupprimerVoilà excellente note, vous m'avez encore obligé a farfouiller ma réserve pour dénicher ce Boudard
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