« Les rubriques un temps envisagées par Lorrain nous éclairent sur le sens, somme toute ambigu et incomplet, qu'il donnait à son titre. “Poussières” suggère une discontinuité, comme des confetti de la durée, un émiettement aléatoire et pulvérulent du temps sitôt que le jour – systématiquement marqué par une date, ou plutôt par une date comme signe ostensible et dérisoire du quotidien dans son apparition/disparition, et donc comme pseudo-référence “vérifiable”, et d'autant moins vérifiable que ces dates sont souvent inexactes, ce que prouve l'examen des pré-originales… »
On pourrait gloser durant six pages sur ces six lignes, non ? S'extasier d'apprendre, grâce à M. Dupont, que le mot “poussières” puisse suggérer une discontinuité, par exemple. S'ébahir de ce qu'un jour puisse être marqué par une date “ou plutôt par une date” ; et que cette date – c'est inouï – soit le signe du quotidien, lequel a en outre l'extraordinaire capacité d'apparaître puis de disparaître. Et pas n'importe quel signe encore : un signe “ostensible et dérisoire” : voilà deux adjectifs qui vous posent leur signe un peu là !
Hélas, c'est pour apprendre, juste après, que ce signe, tout ostensible et tout dérisoire qu'il soit, ne sera jamais qu'une pseudo-référence, laquelle, comme beaucoup de pseudo-références, est non seulement vérifiable-entre-guillemets, mais en outre “d'autant moins vérifiable”.
Enfin, comme M. Dupont est un grand coquet, il prend bien garde de ne pas affubler d'un s final ses confetti, pour affirmer très haut qu'il connaît l'origine italienne du mot. On suppose que lorsqu'il en trouve un seul au revers de sa veste, il parle alors d'un confetto. Et aussi d'un spaghetto, s'il est à table et qu'il en a oublié un au fond de son assiette.
Il est vrai que ses confettis à lui sont aléatoires et pulvérulents, ce qui autorise bien des fantaisies : les confetti de M. Dupont, ce ne sont pas les confettis du vulgaire.
Vous ne connaissez pas toutes les joies délicates du masochisme littéraire !
RépondreSupprimerHilarant. Du grand Didier Goux. Finalement, c'est quand on est méchant qu'on est le meilleur !
RépondreSupprimerEh oui ! mais on n'a pas tous les jours un Dupont à se mettre sous les crocs.
SupprimerLe problème avec les préfaces c'est qu'au lieu d'éclairer un texte, elles ont souvent pour effet de l'obscurcir ce qui les rend plus qu'inutiles, comme le sont les notes de bas de page, nocives.
RépondreSupprimerD'un autre côté, elles offrent l'occasion à des universitaires plus ou moins distingués d'arrondir leurs fins de mois et d'étoffer la liste de leurs publications et ainsi d'améliorer leurs perspectives de carrière. Ce qui n'est pas rien.
Il y a autre chose que, certaines fois, on aurait envie de leur arrondir !
SupprimerBeau billet bien pêchu !
RépondreSupprimerSi les poussières suggèrent une discontinuïté, les pointillés suggèrent une nébuleuse ?
Ma qué ! Qu’est ce qu’il raconte ?
Hélène
D'accord, mais alors : une nébuleuse pulvérulente : je ne marcherai pas à moins !
SupprimerEt encore, on ne connait pas les efforts qu'il a déployés pour que l'imprimeur n'ajoute pas un s subrepticement.
RépondreSupprimerVous pourrez expliquer à mes collègues que le pluriel de scénario n'est scénarii ? Merci.
J'avais déjà renoncé à l'expliquer aux miens, de collègues…
SupprimerPar contre, écrire scenarii ( sans accent, puisqu'on prétend utiliser un mot italien) pour scénarios est un signe flagrant de pédantisme.
SupprimerE.Arié
Et je crois qu'en italien, le pluriel de scenario est scenari avec un seul "i' à la fin.
SupprimerE.Arié
Ce serait même plus grave que ça ! D' après Google traduction ( à prendre avec des pincettes), le mot "scenario " n'existerait pas en italien, le singulier de "scenari" serait " sceneggiatura"!
RépondreSupprimerE.Arié
J'aimerais que l'inconscient qui a réveillé Arié se dénonce séance tenante !
RépondreSupprimerM'enfin ! Ma synthèse finale, en 2 lignes, passée à la trappe ! Et vous ne me ferez pas croire qu'elle n'a rien appris à personne !
RépondreSupprimerE.Arié