mercredi 10 mai 2023

Cet obscur et taraudant désir des femmes


 Y cherchant une chose précise que je n'y ai jamais trouvée, je relisais rapidement ce matin le Mensonge romantique et vérité romanesque de René Girard. Au passage, lors de cet inutile “survol”, je me disais qu'il était bien dommage que Girard n'ait jamais, à ma connaissance, soumis à l'éclairage de ses hypothèses les récents avatars du féminisme. Peut-être faut-il y voir un effet de prudence…

Quelqu'un d'autre en tout cas, un genre de disciple, pourrait le faire à sa place, ce serait sûrement fort instructif. Notamment en partant de cette idée que les haines s'exacerbent à mesure que le “modèle obstacle” se rapproche, c'est-à-dire que les différences, très réelles au départ, s'amenuisent à ce point qu'elles deviennent purement fantasmagoriques. 

Et de même que chez Proust, les snobs trépignent d'autant plus hystériquement que le “monde”, objet de tous leurs rêves, a moins de réalité, et même plus aucune, de même ces dames sont-elles plus “vent debout” que jamais contre un patriarcat totalement en miettes, si tant est qu'il ait jamais existé sous nos latitudes. 

Lorsqu'elles dressent inlassablement le portrait de l'homme en tyran oppresseur, violeur et sanguinaire, elles ne font qu'exprimer leur obscur mais taraudant désir de prendre sa place – ou plus exactement la place, largement imaginaire désormais, où elles l'ont installé, ce trône de toutes les abjections d'où elles l'empêchent de descendre pour mieux s'offrir le plaisir de l'y crucifier avant d'elles-mêmes s'y asseoir.

7 commentaires:

  1. Je comprends rien à vot' truc sur les différences fantasmagoriques. Je vais demander à mon copain FalconHill. Pour le reste, je vais voir avec Elodie.

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    1. N'en parlez pas à la miss, malheureux : vous allez nous la mettre de mauvais poil !

      DG

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  2. C'est un des rares Girard que je n'ai pas lu (probablement à cause de "romanesque" dans le titre :-) ) mais je peux vous dire que ça n'augure rien de bon, la "crise mimétique" se termine invariablement en carnage.

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  3. "L'homme en tyran oppresseur, violeur et sanguinaire" je pense aussi que c'est fantasmagorique et qu'en fait tout est beaucoup plus complexe. Ces "taraudées du désir de prendre sa place" refoulent, selon moi des désirs de soumission qu'elle n'avoueront jamais et je note qu'étrangement les trois donzelles les plus vent debout, Panot, Rousseau, Autain s'affublent chaque jour des lèvres les plus rougeoyantes ( le sang ?), appel sexuel plus qu'évident destiné à attirer les regards des hommes et marquant par là une forme de soumission... Bon, je dis ça.....

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    1. Après ça, ne venez pas pleurer si vous vous retrouvez crucifié en place publique, les gonades en pendentif autour du cou !

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  4. Eric Hauessler, "le philosophe", avec lequel j'ai parfois de longues discussions en attendant l'ouverture d'Emmaus, a écrit " Des figures de la violence" en introduction à la pensée de René Girard, un livre publié à l'Harmattan. Un de ses disciples, donc...

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    1. Je vais aller voir ça. (Même si, un peu vaniteusement, j'estime ne plus avoir trop besoin d'être initié à la pensée de Girard.)

      DG

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.