dimanche 28 avril 2024

Ces monstres qui tant t'acculent

 


Quand on pense qu'il existe des abonnés netlicards qui ignorent quels bijoux cinématografico-télévisuels sont à leur disposition ! Je pense par exemple à cette mini-série (6 épisodes) coréenne : Parasyte : The Grey. Le pitch vaut le détour, comme on dit chez Michelin.

Au début, il se met à pleuvoir sur un coin de Corée des sortes de boules de billard hérissées de pointes ; lesquelles s'ouvrent bientôt pour laisser sortir des genres de limaces véloces, qui n'ont rien de plus pressé que de s'introduire dans l'oreille du premier humain qui passait bêtement pas là. 

(On nous signalera par la suite que d'autres boules de billard grosses de limaces ont aussi atterri en Europe et aux Amériques, Nord et Sud, mais curieusement on n'en entendra plus parler du tout.)

La limace prenant le contrôle de l'humain, on se dit que les scénaristes du Matin Calme sont en train de nous refourguer ces bons vieux Bodysnatchers, mâtinés d'une pointe d'Alien. On n'aura pas tort…

Les limaces sont drôlement fortes, il faut leur reconnaître ça. À peine installées dans un cerveau humain (ou ce qui en tient lieu), elles sont, quasiment dans la seconde suivante, capables d'exploser la tête de leur hôte, puis d'en faire jaillir quatre ou cinq yeux ainsi que de musculeux tentacules de dix ou quinze mètres de long ; lesquels peuvent prendre n'importe quelles forme et consistance, acquérir instantanément le tranchant d'un fer de hache, la dentition acérée d'un museau de barracuda, le moelleux d'un fondant aux fraises, que sais-je encore, comme des T 1000 venus directement de Terminator II. On voit que l'affaire est sérieuse...

Qu'est-ce que ces parasites fichent là ?

Ce que ces parasites sont venus faire chez nous : nous bouffer. Boulotter de l'humain est apparemment leur seul moyen de survie, ces imbéciles étant en outre incapables de se reproduire, alors qu’ils présentent, à la moindre alerte, de nombreux membres turgescents et pénétrants.

Contre eux, une espèce d’unité spéciale de la police, Grey, s’est mise en place : des limaçophobes déterminés et surarmés (car les parasites, c’est leur bon côté, se laissent très facilement tuer par balles ou même au couteau de cuisine). L’unité est bien sûr dirigée par une femme : on a beau être coréen, on est netflicard avant tout. 

En face d’elle, une autre jeune femme qui, pour des raisons assez nébuleuses, est devenue une mutante. C’est-à-dire qu’elle a bien été parasitée par une limace auriculaire, mais que, désormais, les deux cohabitent dans le même corps, limace et pétasse prenant les commandes chacune à son tour, tout à fait gentiment.

Que dire de plus ? Que, contre toute attente, l’intrigue est plutôt bien construite (une fois qu’on a admis le principe de base, qui est stupide), mais heureusement persillée par des invraisemblances de détail et des naïvetés qui permettent au spectateur de rire un bon coup, tandis que, sur l’écran, les parasites agitent leurs corps humains pour envoyer dans toutes les directions leurs gros et visqueux tentacules cérébraux afin de massacrer leurs futurs repas.

Qui va gagner, des humains ou de leurs envahisseurs limaciers ? On s’en fout complètement : je rappelle qu’il s’agit de Coréens, c’est-à-dire des êtres qui nous sont à peine moins étrangers que les escargots décoquillés qui leur bouffent les lobes cérébraux. Ce qui est amusant c’est de les regarder se démener, les uns et les autres, en s’efforçant de croire au scénario qu’ils ont eu la faiblesse d’accepter.

Ça se gâte pourtant vers la fin, lorsque les scénaristes en question, saisi d'un étonnant prurit intellectuel, décident qu’ils ont un message à faire passer, une vision du monde à transmettre, une philosophie à divulguer. 

Mais je n’en dirai pas plus, au cas, bien improbable, où quelqu’autre que moi se risquerait à tenter l’aventure…

15 commentaires:

  1. Un jour, votre biographe se demandera comment vous êtes arrivé à regarder cela.

    Et Netflix baisse : ils décrivent le grand remplacement, maintenant...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Proust ne ratait jamais un tour de chant de Félix Mayol et il était aux anges quand celui-ci entonnait "Viens Poupoule"...

      DG

      Supprimer
    2. Avec votre "Viens Poupoule", vous avez réussi à me convaincre du talent d'Aya Nakamura. Quelle horreur !

      Supprimer
    3. Vois pas trop le rapport, mais bon...

      DG

      Supprimer
  2. on voit bien que ce billet a été écrit du bout des doigts avec ces polices de caractères différents. la fibre ne vous réussit pas, on dirait. Capthaka

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Rien à voir avec la fibre : au moment de la panne de Ternette, j'ai continué ce texte dans un document Word, d'où le changement de police.

      Supprimer
  3. J’aurais aimé faire un commentaire rimé, navrant et graveleux avec le titre (Satan m’habite parfois, misérable limace que je suis), mais je ne veux pas que Goux gueule ou que Google l’embête, l’accule.
    GJG

    RépondreSupprimer
  4. Jamais pu apprécier ce genre de dégueulasseries, même à prétention humoristique... 🤮

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Le film n'a aucune prétention humoristique...

      DG

      Supprimer
  5. Faut pas voir des films ridicules
    Ce Neflix t’accule
    Et t’encule.
    GJG

    RépondreSupprimer
  6. Martin-Lothar1 mai 2024 à 15:15

    S’assoir ici pour discuter « debout »
    dans le journal d’avril, lu jusqu’au bout :
    Mais adverbe ET adjectif EST « Debout »,
    Invariable à tous les bouts, mon cher Goux ;
    Et c’est ce que j’ai lu sans trop de frousse
    Dans mon très vieux Lexis de chez Larousse.
    L’adjectif a le droit d’être invariable
    Et comme vous, d’être viable. Que diable !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je ne lis peut-être pas tout le journal de Didier (ses propos sur la littérature me laissent froid) mais, au moins, je commente au bon endroit.

      Supprimer
    2. Tiens, en effet, n'avions point remarqué cette erreur d'aiguillage...

      DG

      Supprimer
    3. Martin-Lothar1 mai 2024 à 18:46

      Journal interdit sans un compte Google
      Mais Didier publie et Jégou gueule ?
      GJG (Décasyllabeur ringard et laborieux)

      Supprimer

La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.