vendredi 15 janvier 2010

Toujours présent, jamais là

Ce journal 2007 (voilà trois fois que je recommence ce billet, incapable de trouver le ton, la phrase, le mot même – qui sonnent à peu près juste), ce journal 2007 présente une manière de rupture par rapport à tous ceux qui l'ont précédé, depuis l'année 2000 inclusivement. Et, ce, avant même d'en avoir tourné la première page. La photographie de la jaquette (je ne m'en lasse pas : mon côté gamin...) a été prise par Renaud Camus, en Italie. La mer, des voitures au parking, un trottoir – et Pierre, comme surgissant. Surgissant d'où ? Et pourquoi maintenant ? C'est ce qu'il serait intéressant de savoir. Depuis 1999, année de son entrée dans la vie de l'écrivain qui nous occupe, Pierre a radicalement bouleversé le journal ; mais il l'a fait en creux, comme une sorte de “ point aveugle”. Pierre, dans le journal de Renaud Camus, c'est celui qui est toujours présent, mais pour ainsi dire jamais là. Il ne prend jamais – presque jamais – la parole, on ne sait pas trop ce qu'il pense, ce qu'il aime ou déteste, sinon par raccroc, de biais, comme en passant. D'autre part, et ce n'est pas sa moindre influence, grâce (ou à cause, diront certains) de lui, le journal est devenu pudique, le sexe s'en est retiré en se concentrant sur lui seul.

Et voilà qu'il apparaît en couverture, sur cette jetée, au coin de ce qui pourrait être un café, en tout cas une boutique. Pour ceux qui l'ont croisé, il est tout à fait reconnaissable. Mais, la photo étant floue, tremblée, incertaine, il n'est pas pour autant identifiable. Il est là sans y être – comme avant, finalement. « Je suis Pierre, mais attrape-moi si tu peux... »

On ne prendra pas le risque de la psychanalyse de bazar – ou de comptoir, ce qui nous conviendrait déjà mieux –, mais est-il indifférent que cette apparition de Pierre se produise l'année même de la disparition de Mme Camus ? Laquelle fournit très explicitement le titre de ce volume, ainsi qu'il est expliqué succinctement en quatrième de couverture : beau chassé-croisé dans la vie de l'auteur, ramassé en une silhouette que l'on devine souriante et cinq mots exclamatifs de la désormais absente.

Évidemment, si l'on venait nous expliquer que la photographie a été choisie avant le mois d'août 2009, ce billet tomberait complètement à l'eau. Et, après tout, il ne mérite sans doute pas davantage.

10 commentaires:

  1. Cher Didier,

    J'ai une question un brin potache et dont la réponse n'intéressera que moi : "inclusivement", vous doutiez de la justesse d'"incluse" ?

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  2. Mettons cela sur le compte d'une panne de cerveau !

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  3. "Laquelle fournit très explicitement le titre de ce volume, ainsi qu'il est expliqué succinctement en quatrième de couverture"
    Merci pour ces précieux renseignements, là nous sommes comblés!
    Le titre m'évoque plutôt la fameuse phrase:"l'immigration, une chance pour la France" d'un abruti dont j'ai oublié le nom!
    Orage

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  4. Vous avez sans doute raison, même si votre explication ne "colle" pas.

    R.Camus dit souvent que sa mère ne veut ni voir, ni entendre parler de son ami Pierre. Elle est d'une génération gênée par l'homosexualité, on peut la comprendre. Il y a eu le journal et le récit des aventures, des nuits aux bains-douches, et Tricks, mais ce n'est pas pareil, il ne vivait pas avec, maritalement, dans la maison où il reçoit sa mère. J'aime bien, dans le journal, la rencontre de l'auteur avec le jeune Pierre frais comme un petit matelot, qu'il va attendre à la gare. La torture de la drague insatisfaisante, des rendez vous manqués, des rencontres sans lendemain prend fin, pour une histoire d'amour conjugal, le rideau du sexe-à-raconter est tiré. D'un point de vue de lecteur égoïste, on y perd (et c'est mesquin de le penser,comment ça, on n'a pas son pesant de petits malheurs salaces et on renaude ? Mais bon, tant pis, pour nous, et tant mieux, mille fois tant mieux pour lui!)

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  5. R.Camus... Muray... Comment ne pas être en accord -ou, pour le moins,ne pas pouvoir rétorquer aux contre-pouvoirs du pouvoir - qui sont l'élégance de la démocratie et le poil à gratter de la politique.
    Le titre est éloquent.

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  6. Photo prise en Italie. Je comprends alors son aspect pasolinien

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  7. Renaud Camus, c'est le fils d'Albert ??
    Oh ça va quoi, c'est juste pour faire râler tout le monde..
    J'ai bien le droit faire du trollisme littéraire aussi, non ?

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  8. Son grand-père, Emanu, son grand-père !

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  9. Je l'ai acheté ce matin, et mon commentaire d'hier est complètement à l'ouest;ça m'apprendra.

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  10. Camus c'est qu'une tarlouze. Il finira au camps avec un triangle rose cousu sur son torse de fiotte.

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.