Harry Mulisch m'a entraîné chez Multatuli, lequel viens de me ramener vers Cees Nooteboom par une double volonté, de ne pas quitter encore les Pays-Bas et de revenir vers le présent – un présent de plus en plus large, épais, profond ; un présent qui englobe la totalité de mon existence ; un présent d'un demi-siècle.
Rituels (Rituelen), paru à Amsterdam en 1980, est un roman assez court – d'après mes rapides calculs, il a exactement le volume d'un Brigade mondaine... –, divisé en trois parties inégales (30, 110, 110). Les deux plus importantes en volume se passent respectivement en 1953 et 1973 ; quant à la plus courte, curieusement intitulée Intermède alors qu'elle ouvre le roman, elle se situe en 1963 ; ce qui, du coup, justifie son titre.
En dehors d'Inni Wintrop, le principal personnage, celui qui entraîne le livre, il en est deux autres, père et fils, qui sont éponymes (ah ! ah !) des deux dernières parties : Arnold et Philip Taads. Ce sont des hommes qui s'éloignent, pour reprendre la très lapidaire quatrième de couverture du dernier roman de Renaud Camus, Loin. Quant à Wintrop, il aime à se décrire comme “un trou”, une absence, et il prend comme un compliment la remarque à lui faite un jour par un de ses amis : « Tu ne vis pas, tu te laisses distraire. » Je suis arrivé au moment de l'histoire où Wintrop fait la connaissance d'Arnold Taads, et ne puis donc rien dire encore de ce qui va advenir. Mais je peux donner cette esquisse de portrait, que l'on rencontre à la page 15 de l'édition folio :
« Inni Wintrop, aujourd'hui plutôt dégarni, mais en ce temps-là pourvu d'une toison d'or drue, rebelle et longue pour l'époque, se distinguait de nombre de ses contemporains en ce qu'il ne se sentait pas la force de passer une nuit seul, possédait un peu d'argent et avait parfois des visions. En outre, il faisait épisodiquement commerce de tableaux, tenait la rubrique astrologique du quotidien Het Parool, savait par cœur une foule de poèmes néerlandais et suivait au jour le jour le marché des valeurs et celui des matières premières. Quant aux convictions politiques de toute nature, il voyait en elles des formes plus ou moins bénignes d'aberration mentale, et il s'était réservé dans la vie le rôle du dilettante, au sens italien du mot. (...) S'il avait jamais possédé la moindre ambition, il eût été le premier à se traiter de “raté”, mais il en était totalement dépourvu, il considérait la vie comme un club un peu bizarre dont il était devenu membre par hasard et dont on pouvait être radié sans explications. Il avait déjà résolu de quitter ce club dès que la réunion deviendrait trop ennuyeuse. »
Et pour faire écho à cette dernière phrase, je vous livre en conclusion provisoire celle par laquelle s'ouvre le roman, et qui devrait ravir mon ami Hervé Ikspé par sa concision impassible et cocasse :
« Le jour où Inni Wintrop attenta à sa vie, l'action Philips cotait 149,60. »
Je retourne lire.
Rituels (Rituelen), paru à Amsterdam en 1980, est un roman assez court – d'après mes rapides calculs, il a exactement le volume d'un Brigade mondaine... –, divisé en trois parties inégales (30, 110, 110). Les deux plus importantes en volume se passent respectivement en 1953 et 1973 ; quant à la plus courte, curieusement intitulée Intermède alors qu'elle ouvre le roman, elle se situe en 1963 ; ce qui, du coup, justifie son titre.
En dehors d'Inni Wintrop, le principal personnage, celui qui entraîne le livre, il en est deux autres, père et fils, qui sont éponymes (ah ! ah !) des deux dernières parties : Arnold et Philip Taads. Ce sont des hommes qui s'éloignent, pour reprendre la très lapidaire quatrième de couverture du dernier roman de Renaud Camus, Loin. Quant à Wintrop, il aime à se décrire comme “un trou”, une absence, et il prend comme un compliment la remarque à lui faite un jour par un de ses amis : « Tu ne vis pas, tu te laisses distraire. » Je suis arrivé au moment de l'histoire où Wintrop fait la connaissance d'Arnold Taads, et ne puis donc rien dire encore de ce qui va advenir. Mais je peux donner cette esquisse de portrait, que l'on rencontre à la page 15 de l'édition folio :
« Inni Wintrop, aujourd'hui plutôt dégarni, mais en ce temps-là pourvu d'une toison d'or drue, rebelle et longue pour l'époque, se distinguait de nombre de ses contemporains en ce qu'il ne se sentait pas la force de passer une nuit seul, possédait un peu d'argent et avait parfois des visions. En outre, il faisait épisodiquement commerce de tableaux, tenait la rubrique astrologique du quotidien Het Parool, savait par cœur une foule de poèmes néerlandais et suivait au jour le jour le marché des valeurs et celui des matières premières. Quant aux convictions politiques de toute nature, il voyait en elles des formes plus ou moins bénignes d'aberration mentale, et il s'était réservé dans la vie le rôle du dilettante, au sens italien du mot. (...) S'il avait jamais possédé la moindre ambition, il eût été le premier à se traiter de “raté”, mais il en était totalement dépourvu, il considérait la vie comme un club un peu bizarre dont il était devenu membre par hasard et dont on pouvait être radié sans explications. Il avait déjà résolu de quitter ce club dès que la réunion deviendrait trop ennuyeuse. »
Et pour faire écho à cette dernière phrase, je vous livre en conclusion provisoire celle par laquelle s'ouvre le roman, et qui devrait ravir mon ami Hervé Ikspé par sa concision impassible et cocasse :
« Le jour où Inni Wintrop attenta à sa vie, l'action Philips cotait 149,60. »
Je retourne lire.
Ahhhh, je vous l'avais bien dit, Cees Noteboom...
RépondreSupprimerDans l'Histoire suivante, il y a un professeur de latin qui vous plairait beaucoup...
Quelle histoire ?
RépondreSupprimerC'est un court roman, qui s'appelle "L'Histoire suivante".
RépondreSupprimerEt vous n'avez pzs trouvé le temps de me répondre au sujet des possédés entre 2 détours aux petits coins?
RépondreSupprimerRétablissez vous bien vite.
Suzanne : c'est noté ! L'absence de guillemets ou d'italique fut fatal à mon entendement...
RépondreSupprimerAmiral : c'est que j'avais totalement oublié (l'âge, que voulez-vous...). Je vais tâcher de caser cela le prochain week-end, entre les différentes choses que j'ai à écrire et qui ont la priorité car elles sont payées.
J'espère que vous allez mieux.
RépondreSupprimerCarine : assez bien pour être au boulot, en tout cas...
RépondreSupprimerAh merde ! Pissez un peu sur l'ordinateur, ça leur apprendra.
RépondreSupprimerJe compatis.
RépondreSupprimerDécidément, ça devient une habitude ces temps-ci.
COM-PA-SSI-TU-DE !
(notez cette très belle allitération en SS )
Bon, on va pas en faire un fromage, d'une vulgaire infection urinaire, quand-même ! Je vous jure qu'on a connu pire, dans les tranchées ! Compatissez à bon escient, Carine !
RépondreSupprimerGeorges:
RépondreSupprimerJe compatis si je veux, quand je veux!
Non?
RépondreSupprimerNon !
RépondreSupprimerEt puis d'abord, arrêtez de coller vos points d'exclamation ou d'interrogation aux mots, comme ça, ça m'énerve. Vous avez peur de gâcher de l'espace ?
RépondreSupprimerOui...
RépondreSupprimerBin ça se colle la ponctuation, normalement, non?
RépondreSupprimerFaut que je regarde dans le Grévisse.
RépondreSupprimerNon, Carine, "ça ne se colle pas", la ponctuation à deux signes.
RépondreSupprimerAu temps pour moi (quelle idiotie cette expression, orthographiée de la sorte ! )
RépondreSupprimerGeorges :
RépondreSupprimeret à 3 signes ? Par exemple ceci...
et vos : vous les séparez aussi? Oups "aussi ?"
comme ci: ou comme ça : ?
Et bien Georges a encore raison.
RépondreSupprimerhttp://vdl19.pagesperso-orange.fr/Pages_Astuces/regles_ponctuation.htm
Non, Carine, les trois points sont un seul signe typographique, donc pas d'espace avant eux (lui). D'ailleurs, avec un traitement de texte, on ne fait pas ... mais … (Je veux dire qu'on tape une seule fois une touche qui sert à fabriquer les trois points et non pas trois fois sur la touche qui sert à fabriquer le point.)
RépondreSupprimerMerci Georges.
RépondreSupprimerEuh, je ne connais pas la touche-à-faire-trois-points...
Tiens, moi non plus je ne l'ai pas, la touche-à-faire-trois-points. En revanche, sur Word, lorsque je tape trois points, ils se transforment tout seuls en trois-points...
RépondreSupprimerMais si vous l'avez, Didier, tout le monde a la touche à faire trois points, sur un Mac : [alt/;]…
RépondreSupprimerCela dit, mon explication est complètement idiote, puisque le point-virgule et les deux points sont également un seul signe typographique, et ils réclament pourtant une espace (fine) AVANT eux. L'explication par la géométrie serait peut-être plus convaincante ? Le point-virgule et les deux points sont verticaux, les trois points horizontaux…
Mieux vaut demander à Bernard Lombart qui va nous sortir son Lacroux de survie, si l'on veut du solide…
RépondreSupprimer… … … … ÇA MARCHE ! Alors, là, merci pour ça. Je sens que ma vie de blogueur va en être transformée…
RépondreSupprimer(Oh ! non, pas le colonel, s'il vous plaît !)
Et, sinon, vous avez un moyen pour faire les espaces fines, sur Mac ?
… … …
RépondreSupprimerouahhh quelle journée !
merci aussi pour ça, Georges !
RépondreSupprimerMais enfin, qu'est-ce que vous avez contre Bernard Lombart, il est très calé, vous savez !
RépondreSupprimerEn même temps, comme on dit sur la bloge, je ne vous rends pas vraiment service, avec ces trois-points. On en prend très vite l'habitude, et on se retrouve (avec certains logiciels qui ne gèrent pas la chose) avec des caractères loufoques à l'autre bout du tuyau : l'accusation d'alcoolisme arrive très vite ensuite (n'est-ce pas, Fredi ?) !
Pour les espaces fines, je ne sais pas les faire sur Internet, si c'est bien votre question. Parfois (pas toujours) des insécables, oui, mais des fines, même à, l'eau, nada…
En revanche, il me semble que les fines sont possibles dans Word (mais là vous êtes plus calé que moi, je me sers de moins en moins de ce gros bousin).
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